Lancement d’une 2e campagne de mesures des particules ultrafines en Ile-de-France

Airparif, l’association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, a annoncé le 7 juillet 2021 avoir lancé une deuxième campagne de mesure des particules ultrafines (PUF, comprises entre 1 et 100 nanomètres, ce qui correspond à la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN), soit les PM0,1, en Île-de-France. Cette nouvelle campagne, qui s’inscrit dans une étude plus large (prévoyant trois campagnes de mesure au total), est axée sur le trafic routier et intervient après une première campagne de mesure de trois mois (voir encadré ci-dessous).

Contexte

En 2018 et 2019, l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait émis des avis* sur les enjeux sanitaires de ces PUF, en tant que polluant dit « émergent », et sur la nécessité de mieux les surveiller.

Le 1er décembre 2020, Airparif avait lancé une étude exploratoire comportant une campagne de mesure des PUF en Île-de-France (lire notre brève). L’étude, qui s’étalera sur quatre ans et qui s’appuiera sur trois campagnes de mesure successives, vise à renforcer la surveillance opérationnelle des PUF, en appui aux évaluations d’impact sanitaire et aux politiques publiques. La première campagne de mesure, qui a duré trois mois (de décembre 2020 à février 2021), avait pour objectif de mesurer les PUF dans l’air ambiant francilien durant la période hivernale en situation de fond.

Actuellement, contrairement aux particules de taille plus grossières (PM10) et aux particules fines (PM2.5), les PUF ne font pas l’objet d’une obligation de surveillance réglementaire. A noter que dans l’inventaire national des émissions réalisé par le Citepa, un niveau plus fin, (PM1.0) est estimé.

Les objectifs de cette étude lancée le 1er décembre 2020 sont principalement :

  • d’évaluer la variabilité spatiale et temporelle des PUF (niveaux en nombre [et non en masse comme les autres particules] et classe granulométrique) dans différents environnements : en situation de fond (loin des sources de pollution ; le long du trafic routier ; et à proximité des aéroports ;
  • d’évaluer l’influence des différentes sources de PUF (chauffage au bois, trafic routier, trafic aérien…) sur les profils granulométriques mesurés, en vue d’identifier « l’empreinte » (différences de répartition par taille des particules) en fonction des environnements surveillés (situation de fond, de proximité au trafic routier ou de proximité au trafic aérien) ;
  • d’étudier la composition chimique des particules, en mesurant la composante carbone suie (ou black carbon, composante aussi estimée spécifiquement dans l’inventaire national réalisé par le Citepa), afin de distinguer les particules issues du chauffage au bois et celles issues de la combustion (trafic routier).

 

Cette deuxième campagne de mesure est destinée à évaluer, pendant l’été cette fois, les concentrations en nombre de PUF à proximité du trafic routier. Dans ce cadre, trois stations de mesure du réseau de surveillance d’Airparif seront équipées d’un analyseur de comptage et de tri de type SMPS (Scanning Mobility Particle Sizer), appareil permettant de mesurer les particules dans l’air ambiant sur 136 classes granulométriques (sur la gamme 5 – 400 nm). Ces stations reflètent une diversité de conditions de circulation des axes routiers : la première située le long du boulevard périphérique, la deuxième dans Paris intra-muros, et la troisième en grande couronne francilienne, en plus du site urbain de fond de référence Paris Centre Les Halles.

La composition chimique des particules sera étudiée grâce à des mesures complémentaires du carbone suie (ou black carbon, BC), afin de distinguer finement deux sources principales : la combustion de biomasse (chauffage au bois) et la combustion d’énergie fossile (trafic routier).

 

 

Prochaines étapes

Un rapport intermédiaire doit être publié six mois après la fin de la campagne de mesure pour en rendre publics les premiers résultats. Ces derniers pourront éventuellement permettre d’identifier des zones nécessitant une surveillance approfondie ou permanente.

La troisième et dernière campagne de mesure de l’étude sera effectuée à proximité des aéroports franciliens (Roissy-Charles de Gaulle et Orly).

L’étude complète doit s’achever en 2024.

 

En savoir plus

Voir l’actualité d’Airparif

*avis du 28 juin 2018 (lire notre article) et du 16 juillet 2019 (lire notre article).

 

 

Systèmes d’échange de quotas d’émission : rapport 2020 sur l’état et tendances des marchés (Banque mondiale)

Le 27 mai 2020, la Banque mondiale a publié son rapport annuel sur l’état et les tendances concernant la tarification du carbone dans le monde en 2019. Il présente notamment un état des lieux des marchés carbone et analyse les tendances observées et projetées en matière de prix de quotas d’émission de CO2.

Ce bilan montre qu’en 2019, 78 administrations (46 administrations nationales et 32 administrations infranationales [villes, États et régions]), contre 74 en 2018 (source : bilan 2019 de la Banque mondiale), ont mis un place un système de tarification du carbone à travers le monde : 31 systèmes d’échange (28 en 2018) (principalement mis en œuvre au niveau infranational) et 30 taxes carbone (mises en œuvre essentiellement au niveau national). Ces 61 initiatives de tarification du carbone couvrent environ 12 Gt CO2e, soit 22% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (source : Banque Mondiale). Ces chiffres sont en légère hausse par rapport à 2018.

En 2019, les recettes de ces initiatives se sont élevées à un total de 45 milliards de $ US. Quant aux prix pratiqués, ils vont de moins d’un dollar US par tonne de CO2e ($ US/tCO2e) (taxe carbone au Mexique et en Pologne) à 119 $ US/tCO2e (taxe carbone en Suède). Pour moins de la moitié des émissions de GES couvertes par ces initiatives, les prix sont en dessous de 10 $ US/tCO2e. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le prix mondial moyen du carbone n’est que de 2 $ US/tCO2e (source : FMI, déc. 2019), alors que d’après le consensus scientifique international, les prix optimaux de ces mécanismes, compatibles avec l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris, se situent entre 40 et 80 $ US/tCO2e en 2020 et entre 50 et 100 $ US/tCO2e en 2030 (source : Carbon Pricing Leadership Coalition ou CPLC [2017] : Report of the High-Level Commission on Carbon Prices [dit rapport Stern-Stiglitz], p.3). Or, souligne le nouveau bilan de la Banque mondiale, moins de 5% des émissions de GES actuellement couvertes par un prix du carbone entrent dans ces fourchettes de prix.

Voir rapport intégral.