La dernière édition de l’inventaire Floréal est disponible

Le principe de cet inventaire financé par le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt est d’affecter les émissions rapportées dans l’inventaire national Citepa à des secteurs d’activité agricoles au moyen de facteurs d’allocation, avec une approche « top-down ». On obtient rapidement des ordres de grandeurs lorsque l’on s’intéresse à une filière en particulier.

Retrouvez trois graphiques, ci-dessous, pour illustrer les possibilités fournies par Floréal :

🌾 Figure 1 : Les émissions totales de CO2e de l’agriculture sont réparties selon les différents postes émetteurs et selon les filières. En 2021, 14% des émissions de GES agricoles proviennent des épandages d’engrais minéraux et amendements, dont plus de 60% sont imputables aux céréales.

📉 Figure 2 : Depuis la base de données Floréal on peut retrouver l’évolution des émissions de GES ou polluants d’une filière en particulier. Pour la filière céréales en France, les émissions de GES sont en baisse de 10% sur la période 1990-2021 avec la part de la production d’intrant en France qui est en repli (baisse du facteur d’émission et accroissement du sourcing à l’international).

🌍 Figure 3 : Afin de tenir compte du commerce international et d’aller vers un résultat d’empreinte, une approche « filières » a été développée pour les céréales, bovins lait et bovins viande. On voit ainsi pour la filière céréales les émissions réalisées sur le territoire français (celles de la figure 2), les émissions réalisées à l’extérieur du territoire liées au commerce de produits (imports d’intrants, import-export de produits finis), et enfin les émissions associées à des filières conjointes de production (en l’occurrence les émissions des productions animales consommatrices de céréales).

Enfin un ensemble de données et graphiques sont disponibles dans l’onglet « GRAPH » des tables en ligne à cette page. Ceci permet d’accroître la transparence sur les données d’activité de cet inventaire et de mieux percevoir les hypothèses contenues derrière les facteurs d’allocation.
Pour plus de détail sur la méthodologie, le périmètre et les limites de l’inventaire Floréal consultez le rapport.

Comment la filière bois peut-elle contribuer à la neutralité carbone 2050 ?

Le 1er février 2021, la Fédération Nationale du Bois (FNB, organisation professionnelle des acteurs de la mobilisation et de la transformation du bois en France) a annoncé son « Plan Ambition Bois 2030 ». La filière a ainsi défini 10 engagements pour la formation, l’investissement, l’innovation, etc. pour une mobilisation plus forte du bois, une offre diversifiée et un taux de recyclage accru. Il s’agit ainsi d’une « transition vers la neutralité carbone et de participer à l’effort collectif de décarbonation complète de l’économie ».

Cet objectif de croissance de l’utilisation du bois français s’inscrit aussi :

  • dans le contexte de la mise en place de la réglementation environnementale RE2020, remplaçant la réglementation thermique existante (RT 2012) en matière de construction, pour diminuer l’impact carbone global (matériaux, efficacité thermique…) ;
  • dans le contexte d’un objectif politique de gestion forestière plus forte pour le développement du stockage de carbone dans les produits bois à longue durée de vie, objectif inscrit notamment dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone révisée de 2020 (lire notre article), mais qui rejoint aussi la Stratégie nationale de mobilisation de la biomasse de 2018 [voir arrêté et notre brève) (dispositif introduit par la Loi sur la Transition énergétique, LTE, de 2015) ou le programme national de la forêt et du bois (PNFB) de 2014, fixant les orientations de la politique forestière sur la période 2016-2026 (voir éclairage ci-dessous).

 

[icon name= »asterisk » class= » » unprefixed_class= » »] L’éclairage du Citepa

Le rôle du bois dans la neutralité carbone et dans les émissions actuelles en France 

La filière forêt-bois représente un enjeu majeur dans la mise en œuvre de l’objectif de la SNBC d’atteindre à la neutralité carbone en 2050. Sur le puits de carbone de près de 80-82 Mt CO2e /an nécessaire à cet horizon, 70 Mt CO2e environ est permis par le secteur UTCATF (Utilisation des Terres, Changements d’Affectation des Terres et Forêt), dont le principal composant est actuellement l’absorption nette de carbone par les arbres en croissance dans les forêts.

La SNBC-2 prévoit ainsi, en 2050, un puits d’environ -82 Mt CO2e composé surtout du puits forestier (35 Mt CO2e), des produits bois (bois de construction, meubles, papier, carton…) (20 Mt CO2e), des autres terres (sols agricoles, etc.) (10 Mt CO2e) ; le tout complété par 15 Mt CO2e de captage et stockage de carbone (CSC) (source SNBC-2, p. 185). Actuellement, le carbone stocké dans les produits bois (non indéfiniment, le calcul prend en compte le bilan entre les produits en fin de vie et les nouveaux produits) a diminué fortement depuis 1990 et ne permet de stocker que 1 Mt CO2e en 2018. L’objectif est donc de développer au maximum les produits bois à longue durée de vie (bois de construction) pour arriver à renverser la tendance.

 

Plus d’informations : rapport Secten, éd. 2020. – voir le chapitre sur le secteur UTCATF

 

A l’opposé des produits bois à longue durée de vie qui stockent du carbone hors de l’atmopshère, des produits à courte durée de vie (papier, carton…), ou encore le bois de chauffage (bûches, granulés…) émettent directement dans l’atmosphère le carbone auparavant stocké dans les arbres. Cette émission ne s’annule pas parce que, il y a longtemps, ce carbone a été capté par l’arbre : brûler du bois émet du CO2 (et d’autres gaz à effet de serre, GES) et ce n’est pas une opération neutre pour le climat. Le recours massif à la biomasse énergie, porté dans le cadre de la politique climat de l’UE, est d’ailleurs régulièrement critiqué par des ONG et des scientifiques, comme récemment par une lettre ouverte de 500 scientifiques du 11 février 2021.

 

Pour en savoir plus sur ce point précis, lire notre analyse :

 « la biomasse énergie est-elle neutre en carbone ? », supplément au rapport Secten éd. 2020.

 

Enfin, un nouveau produit du Citepa, Floréal, permet de disposer d’une estimation de l’impact de la filière forêt bois en termes d’émissions de GES et de polluants. En réaffectant les émissions des sous-secteurs de l’inventaire national selon une logique de filière économique et non selon les besoins de rapportage officiel, cela permet d’avoir le bilan suivant, pour 2018 :

  • 0,56 Mt CO2e ont été émis par les engins sylvicoles et tronçonneuses ;
  • 0,55 Mt CO2e ont été émis par les scieries ;
  • 2,4 Mt CO2e ont été émis par l’industrie du papier et du carton ;
  • -50 Mt CO2e ont été absorbés par la forêt (bilan net entre croissance, mortalité, récoltes de bois, feux);
  • – 1 Mt CO2e ont été stockés par dans les produits bois (bilan net entre nouveaux produits et produits en fin de vie) ;

 

Le produit Floréal traite des filières agricoles et forestière. Plus d’information sur Floreal.

 

 

Floréal – un inventaire inédit des émissions et absorptions des secteurs agricoles et forestiers : résolution fine, transparence, approche filière

Après trois années de travail pour le compte du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dans l’optique d’augmenter les outils de compréhension et de décision relatifs aux enjeux de pollution atmosphériques et de changement climatique, le Citepa propose un nouveau format d’inventaire dédié au secteur AFOLU (Agriculture, forêt et autres utilisations des terres) : l’inventaire Floréal. Cet inventaire présente de manière inédite les émissions et absorptions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques des secteurs agricoles et forestiers sur la période 1990-2018, grâce à une résolution thématique fine et une compilation des résultats orientée filière (agricole et forêt bois).

L’inventaire Floréal reprend les résultats d’émissions des inventaires nationaux, mais ces émissions sont allouées, réparties ou présentées différemment pour mieux cerner l’ensemble de l’activité agricole et forestière. Ce format de rapportage des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques complète ainsi les formats officiels de rapportage pour les Nations Unies et le format Secten très souvent utilisé au niveau français. Il permet de mieux comprendre la correspondance entre les différents rapportages.

Côté périmètre, Floréal inclut les émissions de secteurs non directement agricoles (productions d’engrais, industries agro-alimentaires, consommations énergétiques), ce qui permet de mieux appréhender les émissions d’une filière dans sa globalité. De plus, par la définition de filière (animale « bovin lait » ou végétale « céréalière » par exemple), la complémentarité élevages-cultures est traitée avec attention : une partie des émissions ayant lieu lors de la production des cultures végétales est associée à l’élevage, par type de production fine.

L’ensemble des résultats, la base de données et le rapport méthodologique sont disponibles et téléchargeables sur la page dédiée à l’inventaire Floréal.

Résultat issu de l’inventaire Floréal : les émissions du secteur agriculture, associées au secteur UTCATF (cultures et prairies), en 2018