Mise en place d’une plateforme RISQ Transparency et d’un outil Gaz fluorés au Pakistan

Après une collaboration de près d’un an, le Citepa a développé, en partenariat avec l’OiEau une plateforme de Transparence adaptée aux besoins du Pakistan et axée sur trois aspects de son engagement envers l’Accord de Paris : Atténuation, Adaptation avec le développement d’un module amont dédié au calcul des émissions de Gaz fluorés. En septembre 2023, une équipe du Citepa a participé au lancement official de la TRANSPARENCY PLATFORM du Pakistan à Islamabad.

Le séjour fut également l’occasion de former les équipes sur place aux différents modules développés. Le Pakistan est désormais prêt pour son rapport biennal 2024. Ce projet illustre à la fois l’accompagnement du Citepa envers les pays signataires de l’Accord de Paris et la mise en place de nouveaux outils pour la réalisation et le rapportage des émissions de gaz à effet de serre.

Etat de la couche d’ozone : mise à jour 2022 de l’évaluation scientifique quadriennale (OMM/PNUE)

Le 9 janvier 2023, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) ont conjointement publié une synthèse de l’édition 2023 de l’évaluation scientifique de l’appauvrissement de la couche d’ozone [ozone stratosphérique]. Cette 10e évaluation quadriennale a été réalisée avec la collaboration de l’Agence américaine de l’étude des océans et de l’atmosphère (NOAA), de l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA), ainsi que de la Commission européenne. Elle a été élaborée et approuvée par 230 scientifiques de 30 pays (dont la France) au sein du Groupe d’experts sur l’évaluation scientifique (Scientific Assessment Panel ou SAP). La 9e évaluation en la matière avait été publiée par l’OMM et le PNUE en 2018, (lire notre brève), la 8e évaluation en 2014 (lire notre article) et le 7e en 2010 (lire notre article), la première ayant été publiée en 1989. La réalisation d’une telle évaluation scientifique est prévue « au moins tous les quatre ans » par l’article 6 du Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone (1987).

 

Que retenir de cette 10e évaluation ?

 

Ce que le Protocole de Montréal a réussi à réaliser

  • les actions mises en œuvre dans le cadre du Protocole de Montréal ont continué à faire baisser les concentrations atmosphériques des substances qui appauvrissent la couche d’ozone (SAO) et à permettre la poursuite de la reconstitution de la couche d’ozone stratosphérique ;
  • les concentrations atmosphériques de SAO chlorées et bromées mesurées dans la troposphère ont continué à baisser depuis la 9e évaluation en 2018 ;
  • la baisse des émissions de SAO du fait du respect des obligations découlant du Protocole de Montréal permettrait d’éviter un réchauffement compris entre +0,5°C et +1,0°C d’ici 2050 par rapport au scénario extrême où il y aurait une hausse incontrôlée des émissions de SAO de 3 à 3,5% par an ;
  • la reconstitution de la couche d’ozone progresse dans la stratosphère supérieure. La colonne d’ozone total en Antarctique poursuit sa reconstitution malgré une variabilité interannuelle importante de l’ampleur et de la durée du trou d’ozone. En dehors de la zone de l’Antarctique (de 90°N au 60°S), la reconstitution limitée depuis 1996 fait l’objet d’une confiance faible de la part des scientifiques ;
  • selon les projections, la colonne d’ozone total devrait se reconstituer à ses niveaux antérieurs à 1980 [année de référence] d’ici 2066 environ dans l’Antarctique, d’ici 2045 environ dans l’Arctique et d’ici 2040 environ pour les autres zones (60°N-60°S). L’évaluation de l’appauvrissement de la colonne d’ozone total des différentes régions du globe demeure peu ou prou inchangée depuis le 9e bilan en 2018 ;
  • selon les projections, le respect des obligations découlant de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal (adopté en 2016 – lire notre dossier de fond) devrait permettre d’éviter un réchauffement de 0,3°C à 0,5°C d’ici 2100 (estimation hors émissions de HFC-23 – lire notre article).

 

 

Les problèmes scientifiques et politiques actuels

  • l’identification des émissions inattendues de CFC-11 de 2013 à 2018 a conduit à des enquêtes scientifiques (voir rapport de l’OMM publié en 2021) et à des actions politiques en réponse. Grâce à des observations, à des analyses et à des estimations, il a été possible de localiser la région constituant la source d’au moins la moitié de ces émissions inattendues (Chine orientale). Ces émissions ont nettement baissé de 2017 à 2019 ;
  • des émissions d’autres SAO dont la source n’est pas connue ont été identifiées (CFC-13, CFC-112a, CFC-113a, CFC-114a, CFC-115 et le tétrachlorure de carbone [CCl4], ainsi que HFC-23). Certaines de ces émissions non élucidées proviendraient vraisemblablement des fuites de matières premières ou seraient des sous-produits. Pour le reste de ces émissions non élucidées, l’origine n’est pas connue ;
  • en dehors des régions polaires, selon les observations et les travaux de modélisation, l’ozone présent dans la stratosphère supérieure continue à se reconstituer. En revanche, l’ozone présent dans les couches inférieures de la stratosphère n’a pas montré de signes d’une reconstitution ;
  • le réseau existant de stations de surveillance de l’atmosphère fournit des mesures des concentrations mondiales en surface des SAO à longue durée de vie et de HFC provenant d’émissions anthropiques. Toutefois, les lacunes de la surveillance atmosphérique régionale limitent la capacité de la communauté scientifique à identifier et à quantifier les émissions de SAO de nombreuses régions sources ;
  • plusieurs instruments spatiaux (satellites,…) fournissant des mesures mondiales à résolution verticale des composés atmosphériques liés à l’ozone (par exemple le chlore réactif, la vapeur d’eau et les traceurs de transport à longue durée de vie) doivent être retirés du service d’ici quelques années. Si ces instruments ne sont pas remplacés, la capacité de surveiller et d’expliquer l’évolution de la couche d’ozone stratosphérique à l’avenir sera entravée ;
  • pour la première fois, Groupe d’experts sur l’évaluation scientifique (SAP) a examiné les impacts potentiels sur l’ozone stratosphérique de l’injection d’aérosols stratosphériques (stratospheric aerosol injection ou SAI), qui a été proposée comme une option possible de géo-ingénierie pour atténuer le réchauffement climatique et ce, conformément au cahier des charges défini pour le rapport d’évaluation 2022 du SAP. L’évaluation a identifié d’importantes conséquences potentielles, telles que l’aggravation du trou d’ozone en Antarctique et le retard dans la reconstitution de l’ozone. De nombreuses lacunes et incertitudes concernant les connaissances empêchent une évaluation plus solide à l’heure actuelle ;
  • parmi les préoccupations croissantes concernant l’ozone au 21e siècle figurent les impacts :
    • de nouvelles augmentations des concentrations de protoxyde d’azote (N2O), de méthane (CH4) et de CO2,
    • de l’expansion rapide de la consommation de SAO et de HFC comme matières premières et des émissions qui en résultent,
    • du changement climatique sur la colonne d’ozone total dans les zones tropicales,
    • des incendies de forêt et des éruptions volcaniques,
    • de la fréquence accrue des lancements de fusées civiles,
    • des émissions d’une nouvelle flotte d’avions commerciaux supersoniques proposée.

 

 

Ce qu’il faut prendre en compte dans l’élaboration des futures politiques

  • si les émissions de SAO utilisées comme matières premières, telles qu’elles sont actuellement estimées, devaient être éliminées dans les années à venir, le retour des concentrations du chlore stratosphérique effectif équivalent (Equivalent Effective Stratospheric Chlorine ou EESC) des latitudes moyennes à leur niveau de 1980 pourrait être avancé de près de quatre ans, en grande partie grâce à la réduction des émissions de CCl4, et ainsi réduire le forçage climatique total dû aux SAO ;
  • l’élimination des émissions futures de bromure de méthyle (CH3Br) provenant des applications de quarantaine et de pré-expédition actuellement autorisées par le Protocole de Montréal permettrait d’accélérer de deux ans le retour des concentrations d’EESC des latitudes moyennes à leur niveau de 1980 ;
  • les émissions de SAO chlorées à très courte durée de vie d’origine anthropique, et surtout celles de dichlorométhane (CH2Cl2), continuent de croître et contribuent à l’appauvrissement de la couche d’ozone. L’élimination de ces émissions permettrait d’inverser rapidement cet appauvrissement ;
  • une réduction de 3% des émissions mondiales de N2O d’origine anthropique, en moyenne sur la période 2023-2070, entraînerait une augmentation de la colonne d’ozone total mondial, en moyenne annuelle, d’environ 0,5 DU (unités Dobson – voir encadré ci-dessous) sur la même période et une diminution d’environ 0,04 Wm-2 du forçage radiatif (voir encadré ci-dessous), en moyenne sur la période 2023-2100 ;
  • les émissions mondiales de HFC-23 (lire notre article), qui sont en grande partie un sous-produit de la production de HCFC-22 (lire notre article), sont jusqu’à huit fois plus importantes qu’initialement projeté et risquent d’augmenter si les mesures de réduction ne sont pas mises en place lors de la production de HCFC-22 ou si l’utilisation de HCFC-22 comme matière première ne diminue pas ;
  • les émissions actuelles cumulées, pondérées en fonction du PRG, des CFC et des HCFC sont comparables à celles des HFC. Pour réduire les émissions futures des CFC et des HCFC, il faut s’attaquer aux émissions provenant des réserves, à celles issues de la production et de la consommation toujours autorisées en tant que matières premières et à celles des sous-produits.

 

Définitions : unité Dobson et forçage radiatif

Unité Dobson

L’unité Dobson (DU pour Dobson unit) est une unité de mesure de la masse surfacique de l’ozone atmosphérique, spécifiquement dans la couche d’ozone de la stratosphère.

Une unité Dobson correspond à une couche d’ozone qui aurait une épaisseur de 10 µm  dans les conditions normales de température et de pression1. Une unité Dobson est équivalente à 2,69 × 1020 molécules d’ozone par mètre carré (soit 2,69 × 1016 par centimètre carré), ou à 0,4462 millimole d’ozone par mètre carré.

La valeur de 220 unités Dobson a été choisie comme limite en deçà de laquelle on peut considérer qu’il existe un trou dans la couche d’ozone, car des valeurs d’ozone de moins de 220 unités Dobson n’ont pas été relevées avant 1979 dans les observations historiques au-dessus de l’Antarctique.

L’unité Dobson tient son nom de Gordon Dobson, qui était chercheur à l’université d’Oxford et qui, dans les années 1920, a construit le premier instrument permettant de mesurer l’ozone.

Source : wikipedia

 

Forçage radiatif

Le forçage radiatif (appelé parfois forçage climatique), exprimé en watt par mètre carré (W/m2), est le changement du bilan radiatif (rayonnement descendant moins rayonnement montant) au sommet de la troposphère (10 à 16 km d’altitude), dû à un changement d’un des facteurs d’évolution du climat, comme les concentrations de GES. Un forçage radiatif positif a tendance à réchauffer la surface du globe tandis qu’un forçage radiatif négatif a tendance à la refroidir (sources : MEDDE/SCEE/ONERC, septembre 2013 & Giec, 4AR/WGI/SPM, 2007).

 

Organisation Météorologique Mondiale (OMM) / Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) / Agence américaine de l’étude des océans et de l’atmosphère (NOAA) / Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA) / Commission européenne (2022). Scientific assessment of ozone depletion – 2022. Executive summary. 9 janvier 2023. Consulter le communiqué et la synthèse du rapport

Secrétariat de l’ozone (au sein du site du PNUE)

Etat de la ratification de l’amendement de Kigali (au 20 janvier 2023)

 

Ozone stratosphérique – 32e réunion des Parties au Protocole de Montréal

La 32e réunion des Parties au Protocole de Montréal (adopté en 1987) sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone, réunion dite MOP-32, se tient du 23 au 27 novembre 2020 en visio-conférence. La MOP se réunit tous les ans. En parallèle à la MOP-32, se tient également la 12e Conférence des Parties à la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone (adoptée en 1985), qui est le texte-mère du Protocole de Montréal (comme l’est la Convention Climat vis-à-vis du Protocole de Kyoto et de l’Accord de Paris). La Conférence des Parties à la Convention de Vienne se réunit tous les trois ans (cette année, il s’agit de la 12e réunion).

Parmi les sujets à l’ordre du jour de la MOP-32 figurent le budget pour 2021 et la question de la reconstitution du Fonds multilatéral pour la mise en œuvre du Protocole de Montréal pour la période 2021-2023.

A noter que la 12e Conférence des Parties à la Convention de Vienne et la MOP-32 sont les premières sessions d’un accord multilatéral sur l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) à avoir lieu pour prendre des décisions via visio-conférence.

Voir les pages de la réunion MOP-32, les documents de la réunion, la couverture quotidienne détaillée de la MOP-32 (par l’Institut International du Développement Durable, IISD), les pages de l’ONU Environnement (ex-PNUE) sur le Protocole de Montréal, le communiqué du Secrétariat de l’ozone (au sein de l’ONU Environnement), le classement des Parties et le Manuel du Protocole de Montréal (14e édition, 2020, en français).

 

Participez à l’enquête sur les prix des Gaz fluorés et de leurs alternatives (2e trimestre 2020)

Le Citepa réalise pour la Commission Européenne une étude sur l’évolution des prix des réfrigérants mis sur le marché, qu’il s’agisse de HFC ou d’alternatives.

Participez à l’enquête pour le 2e trimestre 2020.

Vos réponses seront traitées de manière confidentielle.

La participation à cette étude vous permet d’avoir un accès anticipé aux résultats trimestriels de l’étude, qui vous seront envoyés par mail.

Pour plus d’informations : stephanie.barrault@citepa.org

Ratification, par l’UE, de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal : décision (UE) 2017/ 1541 du 17 juillet 2017

Décision (UE) 2017/ 1541 du Conseil du 17 juillet 2017 relative à la conclusion, au nom de l’UE, de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal sur les SAO [adopté le 15 octobre 2016 (lire notre dossier complet sur ce sujet) et intégrant les HFC audit Protocole du point de vue de leur production et de leur consommation] (JOUE L 236 du 14/09/2017).

Gaz fluorés à effet de serre Règlement (UE) n° 517/2014 du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014

Le règlement (UE) n° 517/2014 du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014 relatif aux gaz fluorés à effet de serre (GFES) (JOUE L 150 du 20 mai 2014) vient remplacer le règlement existant en la matière, à savoir le règlement (CE) n° 842/2006. Le nouveau texte vise à réaliser des réductions supplémentaires importantes de ces gaz de synthèse utilisés dans les applications industrielles. L’évolution majeure du règlement est la réduction progressive de la quantité de HFC mise sur le marché par l’allocation de quotas.

 

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