Empreinte carbone de la France : le SDES publie une mise à jour des données 1990-2023

Le 5 novembre 2024, le Service statistique du Ministère de la Transition Ecologique (SDES) a publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte carbone de la France couvrant la période 1990-2023. Avec cette mise à jour, des améliorations méthodologiques ont été appliquées, ce qui entraîne un recalcul à la hausse de l’empreinte sur toute la série temporelle.

Contexte

L’empreinte carbone est une estimation des émissions de GES associées à la demande finale française hors exportations. Elle se compose des émissions de la France (correspondant aux émissions des résidents français), hors exportations, et des émissions associées aux importations. Tous les gaz à effet de serre sont désormais considérés (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).

En octobre 2020, le HCC (Haut Conseil sur le Climat) avait publié un rapport sur le sujet, préconisant des pistes d’évolution méthodologique du calcul de l’empreinte carbone de la France. Depuis lors, le SDES anime un groupe de travail consacré aux améliorations du calcul de l’empreinte, auquel le Citepa participe, ainsi que l’Insee. En 2021, le SDES avait publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte, que le Citepa avait commentée, avec notamment une révision à la baisse des émissions importées de CH4 sur l’ensemble de la série temporelle. La nouvelle mise à jour publiée en novembre 2024 s’inscrit dans ce contexte d’amélioration méthodologique, et l’estimation de l’empreinte carbone est désormais, depuis 2024, co-produite par l’Insee et le SDES.

Nouvelle méthode

Contrairement à l’approche territoriale de l’inventaire national, réalisé par le Citepa, et rapporté au titre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, le calcul de l’empreinte carbone d’un pays n’est pas encadré par des normes ou des règles internationales ou nationales.

L’estimation de l’empreinte carbone de la France est réalisée à partir des données d’émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l’inventaire territorial calculé par le Citepa (« compte d’émissions dans l’air (inventaire au format Air Emissions Accounts – AEA », dit aussi format Namea) et des Tableaux Entrées Sorties (TES) de la comptabilité nationale produits par l’Insee. Cette estimation se base sur une modélisation macro-économique (calcul « input-output »), méthode aussi privilégiée par d’autres organismes statistiques internationaux.

D’après la note méthodologique du SDES publiée en accompagnement de la nouvelle édition de novembre 2024, dans le cadre du partenariat avec l’Insee, une révision globale de la méthode d’estimation a été appliquée, toujours avec une approche macro-économique. Les sources de données ont été revues, et le mode de calcul a été amélioré.

L’ancienne méthode, dite « SRIO » (Single Region Input Output) était fondée sur les TESS (tableaux entrées sorties symétriques) français et européens et estimait les émissions importées en faisant l’hypothèse que les biens et services importés sont produits dans les conditions techniques et économiques du dernier pays exportateur. Cette méthode surestimait la part des émissions issue de l’UE, où l’économie est plus décarbonée que les pays exportateurs dehors de l’UE.

La méthode révisée est fondée sur un tableau international entrées sorties (TIES) symétrique développé par Eurostat : le modèle Figaro (avec une approche « MRIO » pour Multi Region Input Output). Il permet de retracer plus finement les chaînes de productions des biens et services concernant différents pays, ce qui affine la localisation de l’origine géographique des émissions. Cette méthode est nommée « SNAC simplifié » (Simplified single national accounts consistent method). Les données d’émissions des pays hors UE sont désormais estimées par Eurostat en exploitant la base de données de l’AIE et celle d’EDGAR, plus robuste que les calculs précédents.

Le principal changement de la méthode d’estimation de l’empreinte est qu’elle n’utilise plus la même base de données économiques : au lieu des TESS français et de l’UE, les comptes nationaux pour les informations françaises et TIES Figaro pour les informations mondiales, avec 45 pays + un ensemble « reste du monde » ventilé en 64 branches de la nomenclature NACE, sont désormais utilisés). Ce changement explique, selon les années, de 38% à 89% du recalcul à la hausse de l’empreinte (hors émissions directes des ménages).

Au total, compte tenu de l’ensemble des changements méthodologiques appliqués, l’empreinte carbone est revue à la hausse sur l’ensemble de la série temporelle, de 4 à 19 % selon les années. La tendance d’évolution générale de l’empreinte reste cependant comparable : augmentation de 1990 à 2008, décroissance depuis 2009 (-1,5 % par an en moyenne).

Parmi les autres modifications méthodologiques expliquant un recalcul de l’empreinte, le SDES met en avant :

  • la diminution de la part relative du poste « déplacement », les émissions des services de transport de marchandises payés par le consommateur (marges de transport) étant désormais rattachées aux biens transportés et non au poste « déplacement » ;
  • l’augmentation de la part relative du poste « Administration, Santé, Enseignement, Action sociale », due aux nouveaux traitements appliqués aux émissions associées aux investissements, qui représentent 20 % de l’empreinte. Les services publics incluent désormais l’ensemble des investissements réalisés par les administrations (hors génie civil), auparavant allouées à d’autres postes en fonction de la destination de l’investissement.

Résultats actualisés

Selon cette nouvelle estimation, en 2023, l’empreinte carbone de la France est de 644 Mt CO2e soit 9,4 tonnes par personne (contre 10,3 tonnes en 2019). Elle se décompose en 362 Mt CO2e d’émissions importées, 180 Mt CO2e d’émissions intérieures et 101 Mt CO2e d’émissions directes des ménages.

Entre 2019 et 2020, l’empreinte carbone avait diminué fortement (-10,3 %), en lien avec la crise sanitaire. En 2021, elle avait connu un rebond (+7,4 %), puis une quasi-stabilisation en 2022 (+0,8 %). En 2023, l’empreinte carbone baisse à nouveau (-4,1 % avec -27 Mt CO2e). Cette baisse en 2023 s’explique par une diminution des émissions importées (-5,5 %, avec -21,0 Mt CO2 éq) et dans une moindre mesure par une baisse des émissions intérieures, hors ménages (-1,4  % avec -2,5 Mt CO2 éq).

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Page dédiée à cette publication

Publication du SDES

Annexe méthodologique

Répartition de l’empreinte carbone entre individus

Le Citepa et l’ABC (Association pour la transition Bas Carbone) ont réalisé avec l’appui financier et la collaboration de l’ADEME, une étude sur la répartition de l’empreinte carbone des Français. Les premiers résultats de cette étude avaient été publiés en septembre 2023. Ils montraient l’influence majeure du revenu dans la répartition de l’empreinte entre Français, par rapport à d’autres critères comme la région.

Mise en place d’une plateforme RISQ Transparency et d’un outil Gaz fluorés au Pakistan

Après une collaboration de près d’un an, le Citepa a développé, en partenariat avec l’OiEau une plateforme de Transparence adaptée aux besoins du Pakistan et axée sur trois aspects de son engagement envers l’Accord de Paris : Atténuation, Adaptation avec le développement d’un module amont dédié au calcul des émissions de Gaz fluorés. En septembre 2023, une équipe du Citepa a participé au lancement official de la TRANSPARENCY PLATFORM du Pakistan à Islamabad.

Le séjour fut également l’occasion de former les équipes sur place aux différents modules développés. Le Pakistan est désormais prêt pour son rapport biennal 2024. Ce projet illustre à la fois l’accompagnement du Citepa envers les pays signataires de l’Accord de Paris et la mise en place de nouveaux outils pour la réalisation et le rapportage des émissions de gaz à effet de serre.

Accompagnement de la Tunisie dans la compilation de sa 4ème Communication Nationale

En 2023, à la suite de la compilation du 3ème Rapport Biennal Actualisé (RBA) de la Tunisie en 2022, le Citepa en partenariat avec les bureaux d’études tunisiens APEX et ALCOR, a contribué aux travaux de compilation de la 4ème Communication nationale, lancés par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Afin de se préparer aux exigences du nouveau cadre de transparence de l’Accord de Paris et en prévision de la compilation du 1er Rapport Biennal sur la Transparence (RBT) fin 2024, la Tunisie a commencé à développer certains aspects des modalités, procédures et lignes directrices (MPGs) que tous les pays devront appliquer.

En ce qui concerne l’inventaire de gaz à effet de serre (GES), la Tunisie a travaillé sur une série temporelle complète de 1990 à 2022 selon les lignes directrices 2006. Les émissions ont été rapportées au format requis par les MPGs (Common Reporting Tables), grâce au développement de l’outil RISQ-module inventaire, propriété du Citepa. De plus, le Rapport National d’Inventaire (NIR) de la Tunisie a été élaboré conformément aux recommandations de 2024.

Pour le suivi de l’atténuation, la Tunisie a focalisé ses efforts sur le suivi de la mise en œuvre de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) actualisée, couvrant la période initiale de 2021-2022. La partie adaptation a également été développée avec des travaux préparatoires à la définition des indicateurs de suivi et à la mise en place du système de suivi et d’évaluation (M&E) .

Ces avancées significatives permettent à la Tunisie de se préparer efficacement aux obligations de rapportage dès 2024, renforçant ainsi sa position dans le cadre de l’Accord de Paris et son engagement envers la transparence climatique. 

Conseil national de l’air : PREPA, plan national chauffage au bois domestique, condensables

Le Conseil National de l’Air (CNA) s’est réuni le 21 juin 2021, sous la nouvelle présidence de Claire Pitollat (députée des Bouches-du-Rhône), nommée par arrêté du 10 janvier 2023 (JO du 27) en remplacement Jean-Luc Fugit (Président du CNA entre juin 2018 et début janvier 2023). Le CNA s’est réuni en présence de Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique, et Agnès Firmin-Le Bodo, Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.

 

Le Conseil National de l’Air (CNA)

Le CNA, créé en 1997 (par le décret n°97-432 du 29 avril dont les dispositions ont ensuite été intégrées dans le Code de l’Environnement (articles D.221-16 à D.221-21), est un organe de concertation, de consultation et de proposition dans le domaine de la lutte contre la pollution de l’air et de la surveillance de la qualité de l’air. Le CNA est composé de 55 membres : représentants des administrations, établissements publics, élus, personnalités qualifiées (dont le Président du Citepa, Jean-Guy Bartaire et la directrice adjointe du Citepa, Nadine Allemand), industriels et ONG. Le CNA peut soit être saisi pour avis par le MTE, soit être consulté sur des projets de textes législatifs et réglementaires, soit examiner, à son initiative, toute question pertinente (voir Arrêté du 8 janvier 2020 portant nomination au Conseil national de l’air, JO du 24 janvier 2020).

 

 

A l’occasion de cette réunion, un panorama des principaux dossiers d’actualité en matière de qualité de l’air a été réalisé :

 

[icon name= »asterisk » class= » » unprefixed_class= » »] L’éclairage du Citepa

La prise en compte de la part condensable des particules émises par le chauffage au bois

La méthodologie d’estimation des émissions associées à la combustion du bois dans les équipements de chauffage domestique a été profondément revue dans l’édition 2023 de l’inventaire national d’émissions de polluants réalisé par le Citepa. Cette mise à jour a été permise grâce, d’une part, à une meilleure connaissance de l’évolution dans le temps des performances des appareils utilisés dans le secteur domestique ; et grâce, d’autre part, à la prise en compte des particules condensables dans les facteurs d’émission désormais utilisés, prise en compte recommandée par la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (CLRTAP) de la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies (CEENU) et la Commission européenne.

 

Les particules dites condensables sont des particules émises sous forme gazeuse dans les fumées mais qui condensent rapidement sous l’effet du refroidissement et de la dilution des fumées. Les méthodes de quantification des émissions les plus couramment utilisées dans la plupart des pays, ne comptabilisent en effet le plus souvent que la fraction solide de la totalité des particules émises, comme c’est notamment le cas des mesures de concentrations à l’aide d’un filtre chauffé.

 

La dernière édition des lignes directrices européennes (EMEP/EEA 2019) propose des facteurs d’émission dont il est bien précisé que les condensables sont inclus. En prenant en compte les condensables, le Citepa suit d’ailleurs une recommandation de revue par ses pairs de l’inventaire français menée en 2022 sous l’égide de la CLRTAP.

 

Des travaux ont été menés par l’Ineris et le Citepa pour évaluer à partir de facteurs d’émissions nationaux, l’impact de la prise en compte ou non des condensables pour le secteur de la combustion du bois domestique et son impact dans les inventaires nationaux. Ces travaux ont abouti à l’utilisation de facteurs d’émission, pour les particules, plus adaptés au contexte des appareils français et plus récents et couvrant bien les condensables. Ils s’appuient sur de nombreuses campagnes de mesures en conditions réelles d’utilisation menées par l’Ineris depuis 2001 et notamment sur une étude d’ampleur menée sur le renouvellement d’appareils domestiques au bois dans la vallée de l’Arve de 2019.

 

Désormais, les facteurs d’émission de particules solides et condensables sont ainsi issus des études de l’Ineris à l’exception des poêles et inserts anciens pour lesquels un facteur d’émission issu des lignes directrices européennes les plus récentes est utilisé.

 

Le facteur d’émission moyen de particules totales (TSP) incluant les condensables, représentatif du parc national d’appareils domestiques fonctionnant au bois, présente donc un niveau plus élevé en 1990. Il est d’environ 768 g/GJ alors que dans la précédente édition de l’inventaire, il était de 625 g/GJ. Il amorce une baisse sensible seulement à partir de l’année 2005 (contre 1996 auparavant). Ces changements méthodologiques ont entrainé une forte hausse du niveau d’émissions totales de particules, plus particulièrement dans les années les plus récentes.

 

Toutes choses étant égales par ailleurs, la proportion de la contribution de la combustion du bois dans le secteur domestique aux émissions de PM2,5 totales nationales, évolue à la hausse : si la contribution de cette activité évoluait à la baisse dans l’édition 2022 des inventaires nationaux, passant de 47% en 1990 à 42% en 2020, cette contribution est désormais croissante entre 1990 et 2020, passant sur la même période de 52% à 61%.

 

Des évolutions méthodologiques ultérieures pourront tenter de mieux prendre en compte l’impact de l’évolution de l’usage des appareils sur les émissions (allure, allumage, humidité du bois, etc…) en faisant l’hypothèse qu’une meilleure information du public permettra une amélioration des usages (éviter les allures réduites) mais aussi de la mise sur le marché d’appareils ne permettant plus les réglages inadaptés par les utilisateurs de foyers au bois. Cela pourrait avoir un impact important sur l’évolution des émissions de PM.

 

Les prochains résultats des campagnes de mesures portant sur les appareils à granulés pourront également permettre d’affiner la connaissance et les estimations des émissions de ce type de combustibles dans les prochaines éditions des inventaires nationaux.

 

Voir l’annexe I du rapport Secten éd. 2023

Voir la note complète co-rédigée par l’Ineris et le Citepa

 

 

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Communiqué du MTE

La page du site du MTE consacrée aux politiques publiques de réduction de la pollution de l’air.

Perspectives énergétiques mondiales 2021 (WEO) : l’AIE constate l’insuffisance de la transition actuelle et propose quatre grandes mesures

Le 13 octobre 2021, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié l’édition 2021 de ses perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook ou WEO). Ce rapport de référence annuel est un recueil de données, de statistiques et d’informations les plus récentes sur les évolutions en matière de politique énergétique aux niveaux mondial, régional et national. Il fournit notamment une mise à jour des projections, avec un focus sur les 10 prochaines années, en matière de demande, de production, de consommation d’énergie et des émissions de CO2 par combustible, par région et par secteur. Cette édition 2021 se présente comme un guide d’aide à la décision pour les négociations de la COP-26.

 

La transition énergétique mondiale est encore trop lente

  • L’AIE observe l’émergence d’une nouvelle économie mondiale de l’énergie, avec une croissance rapide de l’éolien, du solaire, et des ventes de véhicules électriques. Cette émergence est à la fois le produit d’actions politiques et d’innovations technologiques et facilitée par des coûts actuellement bas.
  • Néanmoins cette transformation est contrebalancée par le rebond de l’usage du charbon et du pétrole dans le cadre de la reprise économique en 2021, et par des investissements publics – via des plans de relance – qui ne réponde qu’à un tiers à l’investissement requis pour lancer véritablement la transition énergétique selon l’AIE. Or le secteur de l’énergie est au cœur de la transition climatique, étant responsable de près des trois quarts des émissions passées.
  • Il n’est pas acquis que les annonces récentes des pays s’engageant vers la neutralité carbone soient effectivement mises en œuvre intégralement. Si elles l’étaient, comme modélisé dans le scénario « Announced Pledges Scenario (APS) » de l’AIE, les émissions mondiales atteindraient un plateau après 2030 puis connaitraient une baisse de -40% environ entre 2030 et 2050. En prenant en compte les mesures déjà en place ou effectivement en développement, comme modélisé dans le scénario « Stated Policies Scenario (STEPS) », l’AIE envisage l’accélération du rythme de la transition énergétique permettant une réduction progressive des émissions liées à l’énergie et ce malgré un quasi doublement de la demande mondiale en électricité d’ici 2050. Néanmoins dans ce scénario, cette réduction d’émission est compensée par une hausse continuelle des émissions dans l’industrie (notamment le ciment et l’acier), les transports de marchandises, principalement dans les marchés émergents et les pays en développement.

Les grands scénarios d’évolution possibles des émissions
d’après les engagements pris depuis l’Accord de Paris

Source : AIE, 2021

 

Les quatre mesures clés de l’AIE pour s’aligner sur la trajectoire +1,5°C

  • Le rapport met en avant quatre mesures clés (dont 40% sont ont un rapport coût-efficacité favorable) qui permettraient de combler l’écart, d’ici à 2030, entre les engagements actuels et une trajectoire compatible avec l’objectif +1,5°C ; et de réaliser des réductions supplémentaires après 2030 :
    • Un doublement, par rapport aux engagement actuels, du déploiement du solaire photovoltaïque et de l’éolien comme appui supplémentaire massif à l’électrification propre ; et une expansion forte d’autres moyens de production d’électricité bas-carbone, comme le nucléaire;
    • Un effort accru sur l’efficacité énergétique et les changements comportementaux pour modérer la hausse de la demande énergétique. En effet, dans le scénario « net zero emission (NZE) » de l’AIE, l’intensité énergétique de l’économie mondiale décroit de 4% par an entre 2020 et 2030, soit plus du double du rythme observé entre 2010 et 2020 ;
    • Une réduction massive des émissions de méthane liées à la production d’énergie fossiles ;
    • Un développement fort de l’innovation en matière d’énergie propre. En effet, près de la moitié des réductions d’émissions en 2050 du scénario NZE proviennent de technologies aujourd’hui encore en phase de démonstration ou de prototypes.

En plus de ces quatre mesures, l’AIE souligne aussi :

  • que la finance constitue le “chaînon manquant” pour accélérer le déploiement de l’énergie mille 4 000 milliards de $ d’ici 2030 de l’investissement dans les projets et infrastructures associés est nécessaire ;
  • que la diminution de la demande charbon, projetée à 10% dans le scénario basé sur les engagements actuels (APS), est de 55% dans le scénario NZE – cet écart pouvant être comblé par la fin progressives des centrales au charbon, passant par l’arrêt de l’approbation de nouvelles constructions de centrales à charbon sans réduction d’émission.

 

 

Des marches énergétiques marqués par l’incertitude et la vulnérabilité

  • D’une part, les investissements actuels étant insuffisants pour répondre aux futurs demandes et enjeux, dans toutes les régions et tous les secteurs. D’autre part, les incertitudes relatives aux politiques énergétiques et à l’évolution de la demande génèrent un risque très fort de volatilité sur les marchés de l’énergie ;
  • Les dépenses consacrées au pétrole et au gaz font partie de très rares exemples où la trajectoire actuelle semble compatible avec le scénario NZE pour 2030 ;
  • L’AIE insiste sur l’immensité des coûts de l’inaction et les risques que fait peser cette inaction sur le secteur énergétique lui-même, très vulnérable aux impacts du changement climatique et notamment aux évènements météorologiques extrêmes ;
  • La transition énergétique est aussi menacée par des prix plus élevés ou plus volatils de certains minéraux et terres rares (lithium, cobalt, nickel, cuivre, terres rares…)

 

 

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Page consacrée au rapport

Résumé

 

 

 

 

Lancement d’une 2e campagne de mesures des particules ultrafines en Ile-de-France

Airparif, l’association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, a annoncé le 7 juillet 2021 avoir lancé une deuxième campagne de mesure des particules ultrafines (PUF, comprises entre 1 et 100 nanomètres, ce qui correspond à la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN), soit les PM0,1, en Île-de-France. Cette nouvelle campagne, qui s’inscrit dans une étude plus large (prévoyant trois campagnes de mesure au total), est axée sur le trafic routier et intervient après une première campagne de mesure de trois mois (voir encadré ci-dessous).

Contexte

En 2018 et 2019, l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait émis des avis* sur les enjeux sanitaires de ces PUF, en tant que polluant dit « émergent », et sur la nécessité de mieux les surveiller.

Le 1er décembre 2020, Airparif avait lancé une étude exploratoire comportant une campagne de mesure des PUF en Île-de-France (lire notre brève). L’étude, qui s’étalera sur quatre ans et qui s’appuiera sur trois campagnes de mesure successives, vise à renforcer la surveillance opérationnelle des PUF, en appui aux évaluations d’impact sanitaire et aux politiques publiques. La première campagne de mesure, qui a duré trois mois (de décembre 2020 à février 2021), avait pour objectif de mesurer les PUF dans l’air ambiant francilien durant la période hivernale en situation de fond.

Actuellement, contrairement aux particules de taille plus grossières (PM10) et aux particules fines (PM2.5), les PUF ne font pas l’objet d’une obligation de surveillance réglementaire. A noter que dans l’inventaire national des émissions réalisé par le Citepa, un niveau plus fin, (PM1.0) est estimé.

Les objectifs de cette étude lancée le 1er décembre 2020 sont principalement :

  • d’évaluer la variabilité spatiale et temporelle des PUF (niveaux en nombre [et non en masse comme les autres particules] et classe granulométrique) dans différents environnements : en situation de fond (loin des sources de pollution ; le long du trafic routier ; et à proximité des aéroports ;
  • d’évaluer l’influence des différentes sources de PUF (chauffage au bois, trafic routier, trafic aérien…) sur les profils granulométriques mesurés, en vue d’identifier « l’empreinte » (différences de répartition par taille des particules) en fonction des environnements surveillés (situation de fond, de proximité au trafic routier ou de proximité au trafic aérien) ;
  • d’étudier la composition chimique des particules, en mesurant la composante carbone suie (ou black carbon, composante aussi estimée spécifiquement dans l’inventaire national réalisé par le Citepa), afin de distinguer les particules issues du chauffage au bois et celles issues de la combustion (trafic routier).

 

Cette deuxième campagne de mesure est destinée à évaluer, pendant l’été cette fois, les concentrations en nombre de PUF à proximité du trafic routier. Dans ce cadre, trois stations de mesure du réseau de surveillance d’Airparif seront équipées d’un analyseur de comptage et de tri de type SMPS (Scanning Mobility Particle Sizer), appareil permettant de mesurer les particules dans l’air ambiant sur 136 classes granulométriques (sur la gamme 5 – 400 nm). Ces stations reflètent une diversité de conditions de circulation des axes routiers : la première située le long du boulevard périphérique, la deuxième dans Paris intra-muros, et la troisième en grande couronne francilienne, en plus du site urbain de fond de référence Paris Centre Les Halles.

La composition chimique des particules sera étudiée grâce à des mesures complémentaires du carbone suie (ou black carbon, BC), afin de distinguer finement deux sources principales : la combustion de biomasse (chauffage au bois) et la combustion d’énergie fossile (trafic routier).

 

 

Prochaines étapes

Un rapport intermédiaire doit être publié six mois après la fin de la campagne de mesure pour en rendre publics les premiers résultats. Ces derniers pourront éventuellement permettre d’identifier des zones nécessitant une surveillance approfondie ou permanente.

La troisième et dernière campagne de mesure de l’étude sera effectuée à proximité des aéroports franciliens (Roissy-Charles de Gaulle et Orly).

L’étude complète doit s’achever en 2024.

 

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Voir l’actualité d’Airparif

*avis du 28 juin 2018 (lire notre article) et du 16 juillet 2019 (lire notre article).

 

 

Floréal – un inventaire inédit des émissions et absorptions des secteurs agricole et forestier : résolution fine, transparence, approche filière

Après trois années de travail pour le compte du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dans l’optique d’augmenter les outils de compréhension et de décision relatifs aux enjeux de pollution atmosphériques et de changement climatique, le Citepa propose un nouveau format d’inventaire dédié au secteur AFOLU (Agriculture, forêt et autres utilisations des terres) : l’inventaire Floréal. Cet inventaire présente de manière inédite les émissions et absorptions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques des secteurs agricole et forestier sur la période 1990-2018, grâce à une résolution thématique fine et une compilation des résultats orientée filière (agricole et forêt bois).

 

Approche

L’inventaire Floréal reprend les résultats d’émissions des inventaires nationaux, mais ces émissions sont allouées, réparties ou présentées différemment pour mieux cerner l’ensemble de l’activité agricole et forestière. Ce format de rapportage des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques complète ainsi les formats officiels de rapportage pour les Nations Unies et le format Secten très souvent utilisé au niveau français. Il permet de mieux comprendre la correspondance entre les différents rapportages.

Côté périmètre, Floréal inclut les émissions de secteurs non directement agricoles (productions d’engrais, industries agro-alimentaires, consommations énergétiques), ce qui permet de mieux appréhender les émissions d’une filière dans sa globalité. De plus, par la définition de filière (animale « bovin lait » ou végétale « céréalière » par exemple), la complémentarité élevages-cultures est traitée avec attention : une partie des émissions ayant lieu lors de la production des cultures végétales est associée à l’élevage, par type de production fine.

 

Résultats

L’ensemble des résultats, la base de données et le rapport méthodologique sont disponibles et téléchargeables sur la page dédiée à l’inventaire Floréal.

Le total des émissions de GES du secteur agriculture en 2018 s’élève à 95 MtCO2e : la décomposition des postes « amont », « à la ferme » et « aval » est présentée sur l’infographie ci-dessous. Sont aussi associées les émissions de GES du secteur des terres (UTCATF), liées aux changements d’affectation des sols et aux pratiques culturales pour les catégories de terres suivantes : Terres cultivées et Prairies. Selon ce découpage, le puits de carbone en prairies compense 8% des émissions totales liées à l’ensemble des filières agricoles (total amont, ferme, aval).

Un exemple de résultat issu de l’inventaire Floreal

Au sein de l’onglet 19.BilanAgriculture_UTCATF du tableur Floreal, des résultats par type de production agricole sont également disponibles et montrent les leviers principaux sur lesquels il est possible d’agir pour limiter l’impact climat et/ou air de l’agriculture : pour les productions céréalières (Blé, Orge, Avoine, Seigle et méteil, Maïs grain, Sorgho, Triticale, Riz et Autres céréales) dont le total d’émission de GES s’élève à 21 Mt CO2e en 2018, c’est l’épandage des engrais azotés minéraux qui constitue le premier poste émetteur de GES. Afin de réduire ces émissions de N2O liées aux engrais, l’enjeu principal consiste à optimiser la fertilisation azotée, en lien avec les préconisations d’apports adaptés aux besoins des cultures (bien prendre en compte le précédent, les apports organiques, les couverts, le système de culture et le type de sol pour ajuster au mieux la dose apportée). Cette optimisation est déjà bien avancée et il est donc aujourd’hui difficile de prévoir une réduction forte de la fertilisation azotée dans les années futures. Des postes non directement agricoles sont également à considérer : en amont la production d’engrais est responsable de 8% des émissions de la filière céréalière, en aval ce sont les consommations énergétiques dans les industries agro-alimentaires céréalières (travail des grains, fabrication de produits amylacés, fabrication de pains et pâtes…) qui contribuent à 22% des émissions de la filière.

Il faut cependant noter que, dans la version actuelle de Floréal, le bilan de ces filières est incomplet : les émissions de la distribution, de la consommation des produits agricoles, ainsi que toutes les phases de transport (des intrants vers les exploitations agricoles, des cultures vers les IAA par exemple) ne sont pas incluses dans ce périmètre.

Les émissions de GES (exprimées en MtCO2e) de la filière céréalière en 2018

 

L’inventaire Floréal n’aborde pas l’intégralité de la vie des produits agricoles et forestiers (par exemple, la distribution, la consommation,…), éléments qu’il faudrait également évaluer pour tendre vers une approche « empreinte » ou « analyse du cycle de vie ».

Emissions de polluants atmosphériques de l’UE-28 : l’AEE publie son inventaire au titre de la Convention de Genève

9 juillet 2018 : publication par l’Agence européenne pour l’environnement de son rapport d’inventaire des émissions de polluants atmosphériques de l’UE-28 pour la période 1990-2016 au titre de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (dite Convention de Genève), adoptée en 1979 sous l’égide de la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies (CEE-NU). Le rapport a été soumis à la CEE-NU.

Voir rapport de l’AEE.

Perspectives énergétiques mondiales en 2040

Le 10 novembre 2015, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook ou WEO).

Le WEO : un document de référence

Le WEO est un recueil des données et informations les plus récentes sur les évolutions de politique énergétique aux niveaux mondial et national. Il fournit des projections à l’horizon 2040 en matière de demande, de production, de consommation d’énergie et d’émissions de CO2 [issues de la combustion des combustibles fossiles] par combustible, par grande zone géographique (Europe, Asie,…). Trois scénarios sont envisagés par l’AIE [scénario central (Politiques nouvelles), scénario Politiques existantes et scénario 450 (ppm CO2e)]. Tous les chiffres cités ci-dessous se réfèrent au scénario central.

Demande en énergie : la demande mondiale en énergie devrait croître d’un tiers (et de plus de 70% pour l’électricité) sur la période 2013-2040. Les pays en développement [au premier rang desquels l’Inde, la Chine, le Moyen Orient et l’Asie du Sud-Est] sont les pays moteurs de cette croissance.

Electricité : au début des années 2030, les énergies renouvelables (EnR) devraient dépasser le charbon comme source principale de production d’électricité et représenteraient plus de la moitié de la hausse totale de la production sur la période 2013-2040. A l’horizon 2040, les EnR représenteraient 50% de la production d’électricité dans l’UE, 30% en Chine et au Japon et plus de 25% aux Etats-Unis et en Inde. La part du charbon dans la production mondiale d’électricité devrait passer de 41 à 30% d’ici 2040.

Emissions de CO2 : la hausse des émissions de CO2 liées à l’énergie ralentira fortement d’ici 2040. En raison d’une production accrue d’EnR [et de l’énergie nucléaire], et de l’amélioration de l’efficacité des centrales thermiques, les émissions de CO2 liées à la production d’électricité augmenteront, d’ici 2040, à un cinquième du rythme auquel augmentera la production d’électricité elle-même [alors que leur rythme de croissance respectif était le même sur les 25 dernières années].

Alors que le rythme de croissance des émissions de CO2 liées à l’énergie était de 2,4% par an entre 2000 et 2013, il devrait passer à un rythme bien plus modeste sur la période 2015-2020 (0,6%/an) et à 0,5%/an dans les années 2020 et 2030.

L’AIE souligne cependant que ces efforts ne suffiront pas pour ramener les émissions de CO2 sur une trajectoire compatible avec l’objectif de 2°C : la trajectoire d’émis-sions projetées impliquerait une hausse des températures moyennes mondiales de 2,7°C en 2100. Les émissions de CO2 liées à l’énergie atteindront 36,7 Gt en 2040, soit une hausse de 16% par rapport aux niveaux de 2013. Il faut donc qu’un infléchissement majeur de cette trajectoire intervienne rapidement pour respecter l’objectif de 2°C.

Investissements : les investissements annuels dans les technologies à faibles émissions de carbone devraient s’accroître. Cependant, les 7,4 billions [1012] de $ cumulatifs qui seront investis dans les EnR jusqu’en 2040 représentent seulement environ 15% des investissements totaux dans l’approvisionnement énergétique mondial.