Systèmes d’échange de quotas d’émission : rapport 2020 sur l’état et tendances des marchés (Banque mondiale)

Le 27 mai 2020, la Banque mondiale a publié son rapport annuel sur l’état et les tendances concernant la tarification du carbone dans le monde en 2019. Il présente notamment un état des lieux des marchés carbone et analyse les tendances observées et projetées en matière de prix de quotas d’émission de CO2.

Ce bilan montre qu’en 2019, 78 administrations (46 administrations nationales et 32 administrations infranationales [villes, États et régions]), contre 74 en 2018 (source : bilan 2019 de la Banque mondiale), ont mis un place un système de tarification du carbone à travers le monde : 31 systèmes d’échange (28 en 2018) (principalement mis en œuvre au niveau infranational) et 30 taxes carbone (mises en œuvre essentiellement au niveau national). Ces 61 initiatives de tarification du carbone couvrent environ 12 Gt CO2e, soit 22% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (source : Banque Mondiale). Ces chiffres sont en légère hausse par rapport à 2018.

En 2019, les recettes de ces initiatives se sont élevées à un total de 45 milliards de $ US. Quant aux prix pratiqués, ils vont de moins d’un dollar US par tonne de CO2e ($ US/tCO2e) (taxe carbone au Mexique et en Pologne) à 119 $ US/tCO2e (taxe carbone en Suède). Pour moins de la moitié des émissions de GES couvertes par ces initiatives, les prix sont en dessous de 10 $ US/tCO2e. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le prix mondial moyen du carbone n’est que de 2 $ US/tCO2e (source : FMI, déc. 2019), alors que d’après le consensus scientifique international, les prix optimaux de ces mécanismes, compatibles avec l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris, se situent entre 40 et 80 $ US/tCO2e en 2020 et entre 50 et 100 $ US/tCO2e en 2030 (source : Carbon Pricing Leadership Coalition ou CPLC [2017] : Report of the High-Level Commission on Carbon Prices [dit rapport Stern-Stiglitz], p.3). Or, souligne le nouveau bilan de la Banque mondiale, moins de 5% des émissions de GES actuellement couvertes par un prix du carbone entrent dans ces fourchettes de prix.

Voir rapport intégral.

Climat-air – la vision pour l’UE de la nouvelle Présidente de la Commission européenne

Le Parlement européen a élu le 16 juillet 2019 l’allemande Ursula von der Leyen la future Présidente de la Commission européenne (par 383 voix pour, 327 contre). Elle prendra ses fonctions au 1er novembre 2019. Le sujet climat a joué un rôle déterminant.

Dans son programme pour l’Europe, elle présente une vision à long terme, notamment en souhaitant que l’Europe devienne le premier continent à parvenir à la neutralité climatique d’ici 2050. Elle promet de proposer un « Green New Deal » (Nouvel accord vert) au cours de ses 100 premiers jours de fonction. Ce Deal inclura une proposition législative fixant l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050.
Par ailleurs, elle proposera d’étendre le système d’échange de quotas d’émission (SEQE) de gaz à effet de serre de l’UE pour couvrir le secteur maritime et de réduire progressivement les allocations gratuites aux compagnies aériennes. Elle proposera également d’élargir le SEQE aux secteurs du transport routier et de la construction.
Elle introduira une taxe carbone aux frontières pour éviter les fuites de carbone.
Enfin, elle met l’accent le le renforcement du niveau d’ambition de l’objectif climat 2030 (actuellement : réduction d’au moins 40% des émissions de GES par rapport au niveau de 1990). Elle souhaite faire passer cet objectif à 50% et d’ici 2021, elle présentera un plan visant à accroître cet objectif à 55%, plan basé sur des études d’impact socio-économiques et environnementales. Le Parlement européen avait préconisé un objectif de réduction de 55% dans une résolution non contraignante adoptée le 14 mars 2019.
Quant au sujet pollution de l’air, peu évoqué dans son programme, elle préconise une ambition zéro pollution et elle présentera une stratégie transversale visant à protéger la santé des Européens contre la dégradation de l’environnement avec des mesures pour améliorer entre autres la qualité de l’air. Elle n’a pour autant pas précisé de mesures concrètes, ni de calendrier pour la présentation de cette future stratégie.  
Voir programme pour l’Europe d’Ursula von der Leyen, communiqué de la Commission et son allocution devant le Parlement européen.