Les outils OSSEAN produits par le Citepa pour le compte du MASA sont disponibles !

Le Citepa a produit pour le compte du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) un outil simplifié de simulation des émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques du secteur agricole cohérent avec les méthodologies de calcul utilisées dans les inventaires nationaux d’émission, édition 2023. Il permet de comptabiliser les effets simulés (scénarios) et observés (inventaires) de l’action publique sur une même base. Cet outil baptisé OSSEAN dispose d’un nouveau module pour la consommation énergétique en agriculture et a également été décliné au niveau régional.

Les outils OSSEAN sont disponibles en téléchargement ici : lien

Aperçu de l’interface de scénarisation de l’outil OSSEAN

*Outil de Simulation Simplifié des Emissions Agricoles Nationales

État des lieux des stratégies de décarbonation des grandes entreprises françaises grâce à la méthodologie ACT Evaluation : un premier bilan

Résultat de l’étude pour le secteur industriel. « Le score moyen de performance s’établit à 8,9/20, avec des disparités significatives entre les entreprises (notes allant de 6,3 à 11). Si la majorité des acteurs obtiennent un score narratif « C », cela souligne des efforts tangibles mais aussi un potentiel d’amélioration conséquent. ». Source : actinitiative.org 

Dates clés 

  • Début du projet : 26 juin 2024 
  • Présentation publique des livrables : 14 janvier 2025 

Contexte et objectifs
La décarbonation des secteurs industriels et énergétiques est cruciale pour atteindre les objectifs climatiques globaux et respecter le Pacte vert pour l’Europe. Toutefois, un décalage persiste entre les projections actuelles et les cibles fixées. C’est dans ce contexte que l’ADEME, en partenariat avec le CDP, a lancé un projet ambitieux : évaluer les stratégies climatiques de grandes entreprises françaises à travers l’initiative ACT (Accelerate Climate Transition). 

L’objectif de ce projet est triple : 

  1. Dresser un état des lieux de la publication d’informations avant l’entrée en vigueur de la directive CSRD. 
  1. Assurer la fiabilité et la robustesse des méthodologies ACT. 
  2. Produire des évaluations individuelles à destination des entreprises pour guider leurs efforts de décarbonation. 

Méthodologie et acteurs impliqués 

Les évaluations ont été divisé en trois lots sectoriels comportant une dizaine d’entreprises : Immobilier, transport et industrie. Les ingénieurs du département Industrie et Empreinte du Citepa (Romain Bort, Niels Montanari et Vincent Monti) ont réalisé les évaluations des stratégies des entreprises industrielles. 

Grands enseignements de l’étude
L’étude met en lumière une prise de conscience croissante des enjeux climatiques par les entreprises françaises, accompagnée de premiers résultats tangibles. Parmi les avancées notables : 

  • La définition d’objectifs de réduction des émissions à moyen terme, souvent alignés sur les ambitions de décarbonation globale. 
  • Des progrès dans la réduction des émissions directes issues des opérations internes. 

Cependant, des défis persistent, notamment dans : 

  • Le suivi et la gestion des émissions indirectes (amont et aval), qui manquent souvent d’objectifs clairs et précis. 
  • La structuration des plans de transition, où les liens entre les actions menées et les objectifs fixés restent parfois flous. 

Ces résultats montrent que, malgré des efforts louables, des marges d’amélioration existent pour renforcer la cohérence et l’efficacité des stratégies de décarbonation. 

Livrables et prochaines étapes 

Le projet a donné lieu à la publication de rapports d’études pour chacun des secteurs à l’étude. Les conclusions de ce premier volet ont été présentées lors d’un webinaire le 14 janvier 2025 disponible en rediffusion. 

Par suite de cette première phase, le Citepa a remporté l’appel d’offre pour la deuxième étape du projet. En 2025, l’équipe Industrie et Empreinte du Citepa réalisera les évaluations ACT d’une trentaine d’entreprises Françaises au côté de l’ADEME. 

Pour toute question ou besoin concernant les évaluations ACT, vous pouvez contacter Romain Bort à l’adresse : romain.bort@citepa.org. 

 

En savoir plus 

Les résultats de l’évaluation interactifs : https://actinitiative.org/fr/resultats-evaluation/ 

Actu-Environnement : https://www.actu-environnement.com/ae/news/strategie-climat-entreprises-immobilier-transport-industrie-45266.php4 

Baromètre du Citepa : aperçu des trois premiers trimestres de l’année 2024

Cet article se concentre sur l’évolution mensuelle des GES totaux en CO2e, le détail par gaz, mais aussi par substance et pour chaque polluant atmosphérique est donné dans les fichiers du baromètre mensuel.

 

Contexte

En complément de ses estimations annuelles, le Citepa met à jour, tous les trois mois, son baromètre des émissions mensuelles et propose une lecture de la tendance annuelle sur les 12 derniers mois.

La mise à jour du baromètre publié ce 27 décembre inclut de nouvelles estimations sur le 3e trimestre 2024 et permet ainsi d’avoir une estimation de bilan d’une grande partie l’année 2024.

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre (GES) avaient baissé de 5,8% par rapport à 2022 (inventaire proxy 2023 de Secten juin 2024), avec une réduction de tous les grands secteurs émetteurs. Cette dynamique, multifactorielle, doit se poursuivre pour maintenir une trajectoire de décarbonation compatible avec les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone. La trajectoire de réduction pour atteindre la nouvelle cible provisoire de 270 Mt CO2e en 2030 hors puits de carbone indiqué dans le projet de SNBC 3 (lire notre article) implique une réduction nécessaire de 4,7%/an (soit -16 Mt CO2e /an en moyenne) entre 2022 et 2030.

 

En bref

Les émissions de GES de la période couvrant les trois premiers trimestres 2024 est en baisse de -2,4% par rapport à cette même période en 2023, hors puits de carbone. En regardant plus en détail, on observe une baisse aux deux premiers trimestres (respectivement -5% et -2,2%) puis une légère hausse au 3ème trimestre (+0,5%).

 

Bilan intermédiaire de 2024 sur les neuf premiers mois de l’année 

Au total, sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’année 2024, la baisse des émissions de GES par rapport aux neuf premiers mois de 2023 est de -2,4% hors puits de carbone. A titre de comparaison, entre les neuf premiers mois de 2023 par rapport à ceux de 2022, la baisse était de -6%. La tendance sur 12 mois glissants actuellement est de -3,1% (année mobile).

Ces premiers chiffres relatifs à 2024 indiquent une poursuite de la baisse des émissions de GES mais d’un niveau de réduction moins fort qu’en 2023 (sur trois trimestres).

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e (hors puits de carbone)
des trois premiers trimestres de chaque année et évolution interannuelle

 

A quels secteurs attribuer cette baisse ?

Au 1er semestre 2024, tous les grands secteurs contribuaient à la réduction des émissions de GES, avec en tête la production d’énergie (-2,9 Mt CO2e), les bâtiments (-1,6 Mt CO2e) mais aussi l’industrie (- 1,4 Mt CO2e) et les transports (-1,3 Mt CO2e). Pour le 3e trimestre, la situation est différente : si les secteurs de la production d’énergie et de l’industrie contribuent toujours à la dynamique de réduction des émissions (respectivement -0,9 Mt CO2e et -0,2 Mt CO2e), une hausse est observée pour les bâtiments (+1 Mt CO2e) ainsi que les transports (+0,3 Mt CO2e).

 

Un rythme différent pour ce 3ème trimestre

Les émissions de GES ont légèrement augmenté au 3ème trimestre 2024, de +0,5% par rapport au 3ème trimestre 2023 (hors puits de carbone). Ainsi les émissions au 3ème trimestre de 2024 se stabilisent à un niveau relativement faible, inférieur aux niveaux observés avant 2023.

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e (hors puits de carbone)
au 3ème trimestre de chaque année

 

Une tendance différenciée selon les secteurs

Alors que la tendance à la baisse se poursuit pour l’industrie de l’énergie (-0,9 Mt CO2e, soit -12,9%) sur l’ensemble de ce 3ème trimestre par rapport au 3ème trimestre 2023, une augmentation des émissions est observée au mois de juillet pour le transport routier (+0,7 Mt CO2e) ainsi qu’au mois de septembre notamment pour les bâtiments (+0,7 Mt CO2e), par rapport au même mois de 2023.

 

Poursuite de la décarbonation de la production d’électricité

Pour le secteur de l’énergie, comme pour le premier semestre, la réduction des émissions du 3ème trimestre est portée par la production d’électricité (-0,8 Mt CO2e). Cette baisse traduit le moindre recours aux combustibles fossile dans la production d’électricité avec une part passant de 4,6% au 3ème trimestre 2023 à 1,9% pour ce 3ème trimestre 2024[1].

Mix énergétique – production d’électricité en %

 

Emissions du secteur des bâtiments

Même si au total sur les neuf premiers mois les émissions de GES du bâtiment sont en baisse (-1,4%), une hausse de +1 Mt CO2e est observée au 3ème trimestre (+11,8%). Cette augmentation est due à la hausse des émissions associée au chauffage des bâtiments résidentiels et tertiaires au mois de septembre 2024 (+0,7 Mt CO2e).

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e des bâtiments
au 3ème trimestre de chaque année et évolution interannuelle

 

Transport routier

Les émissions du transport routier sont, elles aussi, à la hausse pour ce 3ème trimestre et notamment au mois de juillet (+0,7 Mt CO2e). A noter toutefois que ces émissions se stabilisent à un niveau faible en comparaison avec les 3èmes trimestres de 2019 à 2022.

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e du transport routier
au 3ème trimestre de chaque année

 

Aérien

Les émissions du transport aérien domestique sont, quant à elles, en baisse de -4,1% entre le 3ème trimestre 2024 et le 3ème trimestre 2023. Si l’on compare les émissions des neuf premiers mois de chaque année depuis 2019, on constate qu’après un effet rebond post-Covid en 2022, sans atteindre le niveau de 2019, les émissions connaissent une baisse de plus en plus forte (-3,5% pour 2023 et -4,2% pour 2024).

 

Industrie manufacturière

L’industrie manufacturière continue de voir ses émissions de GES à la baisse. Après avoir connu une réduction de 2,8% au 2nd trimestre 2024, par rapport au 2nd trimestre 2023, le rythme de réduction s’est ralenti avec une baisse au 3ème trimestre de -1,3%. Au total, sur les neuf premiers mois de l’année, ce secteur connaît une baisse de 3,3%, avec -1,6 Mt CO2e. D’après les indicateurs de production utilisés pour cette estimation, le sous-secteur des minéraux non-métalliques, matériaux de construction (ciment, verre…) participe le plus à cette baisse avec -0,9 Mt CO2e sur les neuf premiers mois 2024, comparativement à ceux de 2023.

 

Agriculture

Seule une partie des évolutions des émissions du secteur agricole est estimée dans le baromètre. La quasi-stagnation des émissions (+0,3%) au cours des neuf premiers mois reste un aperçu partiel. L’analyse des inventaires annuels consolidés permettra de préciser cette estimation.

 

Qu’est-ce que le baromètre des émissions mensuelles du Citepa ?

En complément de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, qui fournit chaque année N le bilan des émissions de l’année N-2, et en complément des émissions annuelles pré-estimées pour l’année N-1, le Citepa propose des estimations mensuelles des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques dans l’année en cours. En cohérence avec les émissions annuelles, le baromètre permet de suivre l’évolution des émissions au fil des mois de l’année en cours, et de comparer les émissions mois à mois avec l’année précédente. Les chiffres de GES présentés dans ce communiqué sont relatifs à la France périmètre UE (Métropole et territoires d’Outre-mer inclus dans l’UE).

Il s’agit d’une estimation provisoire des émissions. L’évolution de certains sous-secteurs n’est pas estimée (une partie des émissions de l’agriculture, des déchets, des gaz fluorés ainsi que le puits de carbone). Les prochains résultats de l’inventaire annuel du Citepa, dont la publication est prévue au courant du 2nd trimestre 2025, permettront d’affiner ces résultats en base annuelle. A noter de plus, que la prochaine édition du baromètre, proposant une estimation de l’année 2024 complète, est prévue pour fin mars 2025.

 

Pour en savoir plus : https://www.citepa.org/fr/barometre/

[1] Données en temps réel RTE – Production d’électricité en France

Emissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique dans les territoires d’Outre-mer 1990-2022

Evolution des émissions entre 1990 et 2022, hors HFC (%)

Le Citepa a mis à jour les résultats d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants atmosphériques des territoires d’Outre-mer de la France avec 2022 en année supplémentaire. Ces résultats sont dans le même format que l’inventaire Secten pour chacun des onze territoires (hors Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et Clipperton dont les émissions sont négligées du fait de très peu d’activité humaine). Au total, les territoires d’Outre-mer ont augmenté leurs émissions de GES de 62% sur la période 1990-2022 avec une baisse de 5% entre 2021 et 2022.

La mise à jour des résultats 1990-2022 est désormais disponible sur la page Outre-mer du Citepa.

Empreinte carbone de la France : le SDES publie une mise à jour des données 1990-2023

Le 5 novembre 2024, le Service statistique du Ministère de la Transition Ecologique (SDES) a publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte carbone de la France couvrant la période 1990-2023. Avec cette mise à jour, des améliorations méthodologiques ont été appliquées, ce qui entraîne un recalcul à la hausse de l’empreinte sur toute la série temporelle.

Contexte

L’empreinte carbone est une estimation des émissions de GES associées à la demande finale française hors exportations. Elle se compose des émissions de la France (correspondant aux émissions des résidents français), hors exportations, et des émissions associées aux importations. Tous les gaz à effet de serre sont désormais considérés (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).

En octobre 2020, le HCC (Haut Conseil sur le Climat) avait publié un rapport sur le sujet, préconisant des pistes d’évolution méthodologique du calcul de l’empreinte carbone de la France. Depuis lors, le SDES anime un groupe de travail consacré aux améliorations du calcul de l’empreinte, auquel le Citepa participe, ainsi que l’Insee. En 2021, le SDES avait publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte, que le Citepa avait commentée, avec notamment une révision à la baisse des émissions importées de CH4 sur l’ensemble de la série temporelle. La nouvelle mise à jour publiée en novembre 2024 s’inscrit dans ce contexte d’amélioration méthodologique, et l’estimation de l’empreinte carbone est désormais, depuis 2024, co-produite par l’Insee et le SDES.

Nouvelle méthode

Contrairement à l’approche territoriale de l’inventaire national, réalisé par le Citepa, et rapporté au titre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, le calcul de l’empreinte carbone d’un pays n’est pas encadré par des normes ou des règles internationales ou nationales.

L’estimation de l’empreinte carbone de la France est réalisée à partir des données d’émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l’inventaire territorial calculé par le Citepa (« compte d’émissions dans l’air (inventaire au format Air Emissions Accounts – AEA », dit aussi format Namea) et des Tableaux Entrées Sorties (TES) de la comptabilité nationale produits par l’Insee. Cette estimation se base sur une modélisation macro-économique (calcul « input-output »), méthode aussi privilégiée par d’autres organismes statistiques internationaux.

D’après la note méthodologique du SDES publiée en accompagnement de la nouvelle édition de novembre 2024, dans le cadre du partenariat avec l’Insee, une révision globale de la méthode d’estimation a été appliquée, toujours avec une approche macro-économique. Les sources de données ont été revues, et le mode de calcul a été amélioré.

L’ancienne méthode, dite « SRIO » (Single Region Input Output) était fondée sur les TESS (tableaux entrées sorties symétriques) français et européens et estimait les émissions importées en faisant l’hypothèse que les biens et services importés sont produits dans les conditions techniques et économiques du dernier pays exportateur. Cette méthode surestimait la part des émissions issue de l’UE, où l’économie est plus décarbonée que les pays exportateurs dehors de l’UE.

La méthode révisée est fondée sur un tableau international entrées sorties (TIES) symétrique développé par Eurostat : le modèle Figaro (avec une approche « MRIO » pour Multi Region Input Output). Il permet de retracer plus finement les chaînes de productions des biens et services concernant différents pays, ce qui affine la localisation de l’origine géographique des émissions. Cette méthode est nommée « SNAC simplifié » (Simplified single national accounts consistent method). Les données d’émissions des pays hors UE sont désormais estimées par Eurostat en exploitant la base de données de l’AIE et celle d’EDGAR, plus robuste que les calculs précédents.

Le principal changement de la méthode d’estimation de l’empreinte est qu’elle n’utilise plus la même base de données économiques : au lieu des TESS français et de l’UE, les comptes nationaux pour les informations françaises et TIES Figaro pour les informations mondiales, avec 45 pays + un ensemble « reste du monde » ventilé en 64 branches de la nomenclature NACE, sont désormais utilisés). Ce changement explique, selon les années, de 38% à 89% du recalcul à la hausse de l’empreinte (hors émissions directes des ménages).

Au total, compte tenu de l’ensemble des changements méthodologiques appliqués, l’empreinte carbone est revue à la hausse sur l’ensemble de la série temporelle, de 4 à 19 % selon les années. La tendance d’évolution générale de l’empreinte reste cependant comparable : augmentation de 1990 à 2008, décroissance depuis 2009 (-1,5 % par an en moyenne).

Parmi les autres modifications méthodologiques expliquant un recalcul de l’empreinte, le SDES met en avant :

  • la diminution de la part relative du poste « déplacement », les émissions des services de transport de marchandises payés par le consommateur (marges de transport) étant désormais rattachées aux biens transportés et non au poste « déplacement » ;
  • l’augmentation de la part relative du poste « Administration, Santé, Enseignement, Action sociale », due aux nouveaux traitements appliqués aux émissions associées aux investissements, qui représentent 20 % de l’empreinte. Les services publics incluent désormais l’ensemble des investissements réalisés par les administrations (hors génie civil), auparavant allouées à d’autres postes en fonction de la destination de l’investissement.

Résultats actualisés

Selon cette nouvelle estimation, en 2023, l’empreinte carbone de la France est de 644 Mt CO2e soit 9,4 tonnes par personne (contre 10,3 tonnes en 2019). Elle se décompose en 362 Mt CO2e d’émissions importées, 180 Mt CO2e d’émissions intérieures et 101 Mt CO2e d’émissions directes des ménages.

Entre 2019 et 2020, l’empreinte carbone avait diminué fortement (-10,3 %), en lien avec la crise sanitaire. En 2021, elle avait connu un rebond (+7,4 %), puis une quasi-stabilisation en 2022 (+0,8 %). En 2023, l’empreinte carbone baisse à nouveau (-4,1 % avec -27 Mt CO2e). Cette baisse en 2023 s’explique par une diminution des émissions importées (-5,5 %, avec -21,0 Mt CO2 éq) et dans une moindre mesure par une baisse des émissions intérieures, hors ménages (-1,4  % avec -2,5 Mt CO2 éq).

En savoir plus

Page dédiée à cette publication

Publication du SDES

Annexe méthodologique

Répartition de l’empreinte carbone entre individus

Le Citepa et l’ABC (Association pour la transition Bas Carbone) ont réalisé avec l’appui financier et la collaboration de l’ADEME, une étude sur la répartition de l’empreinte carbone des Français. Les premiers résultats de cette étude avaient été publiés en septembre 2023. Ils montraient l’influence majeure du revenu dans la répartition de l’empreinte entre Français, par rapport à d’autres critères comme la région.

Emissions de gaz à effet de serre et de polluants en France : aperçu des deux premiers trimestres de l’année 2024 avec le baromètre du Citepa

Cet article se concentre sur l’évolution mensuelle des GES totaux en CO2e, le détail par gaz, mais aussi par substance et pour chaque polluant atmosphérique est donné dans les fichiers du baromètre mensuel.

 

Contexte

En complément de ses estimations annuelles, le Citepa met à jour, tous les trois mois, son baromètre des émissions mensuelles et propose une lecture de la tendance annuelle sur les 12 derniers mois.

La mise à jour du baromètre publié ce 26 septembre inclut de nouvelles estimations sur le 2e trimestre 2024 et permet ainsi d’avoir une estimation de bilan de la première moitié de l’année 2024.

En 2023, les émissions de GES avaient baissé de 5,8% par rapport à 2022, avec une réduction de tous les grands secteurs émetteurs. Cette dynamique, multifactorielle, doit se poursuivre pour maintenir une trajectoire de décarbonation compatible avec les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone. La trajectoire de réduction pour atteindre la nouvelle cible provisoire de 270 Mt CO2e en 2030 hors puits de carbone (présentée en 2023 en amont de la future SNBC3) implique une réduction nécessaire de 4.7%/an (soit -16 Mt CO2e /an en moyenne) entre 2022 et 2030.

 

En bref

La première moitié de l’année 2024 est en baisse de 3,6% par rapport à cette même période en 2023, hors puits de carbone. En regardant dans le détail, la baisse est plus forte au premier trimestre (-4,9%) qu’au deuxième (-2,1%). Comme au premier trimestre, le secteur de l’énergie en tête, mais aussi de l’industrie et des transports, expliquent la baisse du 2e trimestre. En revanche le secteur des bâtiments connaît une baisse beaucoup moins forte au 2e trimestre qu’au premier.

 

Bilan intermédiaire de 2024 sur la 1ère moitié de l’année : la baisse des émissions se poursuit

D’après le baromètre du Citepa, les émissions de gaz à effet de serre ont continué de baisser au deuxième trimestre 2024, comme au premier trimestre. Au total, sur l’ensemble des six premiers mois de l’année 2024, la baisse des émissions de GES par rapport aux six premiers mois de 2023 est de – 3,6% hors puits de carbone. Pour comparaison, entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023, la baisse était de – 5,6%. La tendance sur 12 mois glissants est de – 4,8% (année mobile).

Le niveau d’émissions de ce premier semestre 2024 est le plus bas atteint sur ces dernières années, dans la continuité de la réduction observée après 2021, en dessous du niveau de 2020.

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e (hors puits de carbone) au premier semestre de chaque année

 

A quels secteurs attribuer cette baisse ?

Au premier trimestre 2024, tous les grands secteurs participaient à la réduction des émissions de GES, avec en tête la production d’énergie (- 1,9 Mt), les bâtiments (- 1,5 Mt) mais aussi l’industrie (- 1 Mt) et les transports (- 0,9 Mt). Pour le 2e trimestre, la situation est différente : si le secteur de la production d’énergie est toujours le premier secteur contribuant à la baisse des émissions (- 1 Mt), arrivent, avec une réduction plus faible qu’au premier trimestre, les transports et l’industrie (- 0,4 Mt CO2e chacun). Pour les bâtiments, le niveau de réduction est beaucoup plus faible qu’au premier trimestre (- 0,1 Mt).

 

Un rythme moins élevé au deuxième trimestre qu’au premier

Les émissions de gaz à effet de serre ont continué de baisser au deuxième trimestre 2024, de – 2,1% par rapport au deuxième trimestre 2023 (hors puits de carbone), soit un niveau moins élevé que la baisse observée au 1er trimestre 2024 (- 4,9% par rapport au 1er trimestre 2023). A noter que le 1er trimestre a plus de poids dans les émissions annuelles que le 2e, du fait d’émissions du chauffage plus élevée.

 

Une baisse du rythme de réduction différenciée selon les secteurs

Tous les secteurs ont un rythme de réduction des émissions plus faible au 2e trimestre qu’au 1er, mais dans des proportions différentes. Pour le secteur de l’énergie, le niveau de réduction relative au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023, – 14%, reste proche de celui observé au 1er trimestre 2024 versus 1er trimestre 2023 (- 16%). Pour les transports, après une réduction de 3% au 1er trimestre 2024 versus 1er trimestre 2023, on observe une réduction de – 1,2 % au 2e trimestre 2024 versus 2e trimestre 2023. La différence est encore plus marquée pour les bâtiments, passant de – 6,8% au premier trimestre à – 0,7% au deuxième trimestre.

 

Poursuite de la décarbonation de la production d’électricité

Comme pour le premier trimestre, la réduction des émissions observée au 2e trimestre 2024 est d’abord due au secteur de la production d’énergie. En plus de la hausse de production de renouvelables et nucléaire, le recours aux combustibles fossiles a atteint un niveau très bas au 2e trimestre (1,4%, principalement au gaz), avec un arrêt de la production des centrales au charbon.

Mix énergétique – consommation d’électricité

 

Une plus faible réduction des émissions du bâtiments

Le rythme de réduction observé au 2e trimestre 2024 (par rapport au 2e trimestre 2023) est beaucoup plus faible (-0,7%) qu’au premier trimestre (-6,8%). Il faut cependant noter que les niveaux d’émissions du secteur des bâtiments aux deuxièmes trimestres des années 2024, 2023 et 2022 (11 Mt CO2e en moyenne) est plus bas que le niveau de ces mêmes trimestres pour les années 2019, 2020 et 2021 (14 Mt CO2e en moyenne).

Comparaison des émissions de GES en Mt CO2e des bâtiments au deuxième trimestre de chaque année

Transport routier

Les transports représentent la 2e baisse en millions de tonnes au 2e trimestre avec -0,4 Mt CO2e (-1,2%), après l’industrie de l’énergie. Le transport routier explique l’essentiel de cette baisse qui reste moins forte qu’au 1er trimestre (-3%). D’après ces premières estimations basées sur des données de ventes de carburants, la baisse des émissions est plus marquée pour les véhicules Diesel.

 

 

Aérien

Les émissions du transport aérien domestique sont aussi en baisse entre le 1e semestre 2024 et le 1e semestre 2023. Si l’on compare les émissions des premiers semestres de chaque année depuis 2019, on constate qu’après un effet rebond post-Covid au 1er semestre 2022, sans atteindre le niveau de 2019, les émissions connaissent une réduction de plus en plus forte (-2,1% pour S1 2023, -4,3% pour S1 2024)

 

Industrie manufacturière

Ce secteur avait connu une baisse de 5% au premier trimestre 2024, par rapport au premier trimestre 2023. Au 2e trimestre, ce rythme de réduction s’est ralenti avec -2,6%. Au total, sur la 1e moitié de l’année, ce secteur connaît une baisse de 4%, avec -1,3 Mt CO2e. D’après les indicateurs de production utilisés pour cette estimation, le sous-secteur des minéraux non-métalliques, matériaux de construction (ciment, verre…) participe le plus à cette baisse avec – 0,6 Mt CO2e.

 

Agriculture

Seule une partie des évolutions des émissions du secteur agricole sont estimées dans le baromètre. La quasi-stagnation des émissions (-0,1%) au premier semestre reste un aperçu partiel. L’analyse des données consolidées sur l’année entière permettra de préciser cette estimation.

 

Qu’est-ce que le baromètre des émissions mensuelles du Citepa ?

En complément de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, qui fournit chaque année N le bilan des émissions de l’année N-2, et en complément des émissions annuelles pré-estimées pour l’année N-1, le Citepa propose des estimations mensuelles des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques dans l’année en cours. En cohérence avec les émissions annuelles, le baromètre permet de suivre l’évolution des émissions au fil des mois de l’année en cours, et de comparer les émissions mois à mois avec l’année précédente. Les chiffres de GES présentés dans ce communiqué sont relatifs à la France périmètre UE (Métropole et territoires d’Outre-mer inclus dans l’UE).

Il s’agit d’une estimation provisoire des émissions. L’évolution de certains sous-secteurs n’est pas estimée (une partie des émissions de l’agriculture, des déchets ainsi que le puits de carbone). Les prochains résultats de l’inventaire annuel du Citepa, dont la publication est prévue au courant du second trimestre 2025, permettront d’affiner ces résultats en base annuelle. A noter de plus, que les deux prochaines éditions du baromètre, proposant respectivement une estimation des trois trimestres 2024 puis de l’année 2024 complète, sont prévues pour fin décembre 2024 puis fin mars 2025.

 

Pour en savoir plus

Accéder aux données détaillées 

Mise à jour 2024 des émissions de Gaz à Effet de Serre en Outre-mer

Le Citepa évalue chaque année les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques par secteur et par polluant sur l’ensemble de l’Outre-mer et pour chacun de ses 11 territoires (format Secten). La mise à jour des résultats 1990-2022 est désormais disponible sur la page Outre-mer du Citepa.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de 62% en Outre-mer sur la période 1990-2022 avec des disparités selon les territoires, seuls deux territoires voient leurs émissions baisser : la Guyane (-4%) et St-Pierre-et-Miquelon (-60%). Les émissions de GES des territoires d’Outre-mer inclus dans l’UE comptent pour 2% des émissions de la France et celles des territoires non-inclus dans l’UE pour environ 1%.

Publication des textes clés de la stratégie française climat énergie : SNBC, PPE, PNACC

La Stratégie Française Energie Climat (SFEC) comprend la mise à jour des principaux documents de planification de la politique nationale de transition écologique :

  • la loi de programmation énergie-climat (LPEC), qui devait initialement être adoptée avant le 1er juillet 2023, puis tous les cinq ans, conformément à l’article 2 de la loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat et à l’article L. 100-1 A du Code de l’énergie. Plusieurs fois reportée, un projet de loi a été proposé, puis fortement modifié, avant d’être abandonné, comme l’a confirmé, Roland Lescure l’ancien Ministre de l’Industrie et de l’Energie, dans un entretien au Figaro du 10 avril 2024 ;
  • la mise à jour de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC-3), devant proposer de nouveaux budgets carbone en cohérence avec l’objectif de l’UE de -55% d’ici 2030 ;
  • la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)
  • le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3)

Le 25 octobre 2024, le Premier Ministre et la Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques (MTECPR), ont présenté le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3).

Le 4 novembre 2024, le MTECPR a présenté le projet de mise à jour de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC-3) et la Programmation pluriannuelle de l’Énergie (PPE-3). Ces deux textes sont mis en consultation jusqu’au 15 décembre 2024.

Aperçu de la SNBC-3

Le projet de SNBC-3, s’appuyant sur un travail de modélisation réalisé avec le Citepa, propose ainsi une mise à jour de l’objectif national de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 (par rapport à 1990), contre 40% précédemment. Il s’agit d’un objectif visant les émissions brutes (hors puits de carbone). Le puits de carbone, correspondant au secteur de l’utilisation des terres, des changements d’affectation des terres et de la forêt (UTCATF), est considéré à part du fait de ses spécificités et de son incertitude. C’est le faible niveau de puits de carbone ces dernières années qui avait entraîné le non-respect du dernier budget carbone 2019-2023 sur les émissions nettes (voir rapport Secten, éd. 2024).

Dans le projet de SNBC-3 mise en consultation, la répartition de l’effort, en absolu et en relatif, entre secteurs est présentée. Elle indique ainsi une réduction, entre 1990 et 2030, de 68% pour le secteur de l’industrie, de 65% pour la production d’énergie, de 57% pour les déchets, de 62% pour les bâtiments, de 27% pour les transports et de 25% pour l’agriculture. Les puits de carbone sont modélisés en 2030 à un niveau similaire au niveau actuel (-19 Mt CO2 contre -18Mt CO2 en 2022).

Les leviers d’action identifiés et quantifiés dans la modélisation concernent la maîtrise de la demande en transport, le développement des transports en commun et des mobilités douces, l’évolution des régimes alimentaires, la décarbonation des vecteurs de chauffage, la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments (sobriété), l’électrification des usages, la décarbonation des procédés de production industriels, le recyclage de matières premières, la réindustrialisation verte, la réorientation des déchets vers les filières de valorisation matière et énergétique…

La figure ci-dessous présente les nouveaux budgets carbone proposés dans la SNBC-3 pour la période 2024-2028 comparés à ceux fixés par la SNBC-2 pour la même période.

Aperçu de la PPE-3

En matière de mix énergétique, la PPE est ainsi mise à jour avec l’objectif de passer d’une consommation énergétique à 60% carbonée à une consommation énergétique à 60% décarbonée d’ici à 2030. A l’instar de ce qui avait été présenté dans le PNEC soumis à la Commission européenne (lire notre article), l’objectif ne vise donc pas spécifiquement les énergies renouvelables mais vise la production décarbonée dans son ensemble, incluant donc le nucléaire.

Aperçu du PNACC

Les objectifs du PNACC-3 sont de planifier les actions à mener d’ici 2030 pour s’adapter progressivement au réchauffement climatique attendu d’ici 2100 ; et de mettre en œuvre les 51 mesures concrètes qui ciblent les populations et les territoires les plus à risques, en veillant à ne pas accroître ou créer d’inégalités.

Le nouveau plan repose, pour la première fois, sur une Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC – lire notre article). Cette trajectoire repose sur le scénario tendanciel selon les données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). En France métropolitaine, ce scénario prévoit une hausse des températures moyennes de +2°C en 2030, de +2,7°C en 2050 et de +4°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle.

Le PNACC-3 repose sur cinq axes :

  • protéger la population ;
  • assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels ;
  • adapter les activités humaines ;
  • protéger notre patrimoine naturel et culturel ;
  • mobiliser les forces vives de la nation.

Prochaines étapes

La consultation s’appuie sur une plateforme en ligne. En parallèle, des événements dédiés auront également lieu durant les six semaines de la consultation.

A l’issue de cette concertation publique, le Gouvernement analysera des avis des citoyens, des acteurs institutionnels et des entreprises, et en publiera une synthèse.

En savoir plus

Dossier de presse SNBC-3 et PPE-3

Dossier de presse PNACC

Nouvelle mise à jour des émissions de GES en Outre-mer

Le Citepa évalue chaque année les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques par secteur et par polluant sur l’ensemble de l’Outre-mer et pour chacun de ses 11 territoires (format Secten).
La mise à jour des résultats 1990-2022 est désormais disponible sur la page Outre-mer du Citepa.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de 62% en Outre-mer sur la période 1990-2022 avec des disparités selon les territoires, seuls deux territoires voient leurs émissions baisser : la Guyane (-4%) et St-Pierre-et-Miquelon (-60%). Les émissions de GES des territoires d’Outre-mer inclus dans l’UE comptent pour 2% des émissions de la France et celles des territoires non-inclus dans l’UE pour environ 1%.