Coopération internationale et confiance climatique : la France et la Chine unissent leurs expertises pour améliorer la mesure et la transparence des émissions de gaz à effet de serre
Par : Shouwen Zhang
_
© Citepa
_
Lors de la COP30 à Belém et sur le pavillon français le vendredi 15 novembre, le Citepa, le National Institute of Metrology of China (NIM) ainsi que la France China Foundation, ont présenté avec la participation de Suez-Aria Technologies, les axes d’un programme inédit de coopération scientifique dédié à la transparence et à la mesure des émissions de gaz à effet de serre — notamment le méthane des décharges et le CO₂ du secteur de l’acier.
Ce partenariat, initié en 2024 par la signature d’une lettre d’intention à Pékin, vise à rapprocher deux approches complémentaires : la métrologie, mesure avec des instruments de précision liés à de la modélisation (Lidar, satellites) et les lignes directrices Giec de l’inventaire des émissions carbonées, essentiels au bilan mondial de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et au cadre de transparence renforcé de l’Accord de Paris. Les résultats de ces comparaisons méthodologiques réalisées in situ en Chine et en France, à chaque fois par des équipes françaises et chinoises, devraient alimenter une autre convention signée cette fois ci entre le Citepa et le NCSC (département du ministère chinois de l’Environnement en charge des inventaires d’émissions chinois).
_
Mieux mesurer en toute transparence
Le secteur des déchets et la sidérurgie figurent parmi les sources les plus incertaines dans les inventaires nationaux. Les émissions diffuses de méthane varient fortement selon le climat, l’âge et la nature des déchets. Quant aux émissions de CO₂ de l’acier, elles nécessitent une synergie entre mesures industrielles continues (CEMS) et modèles d’inventaire.
La coopération franco-chinoise répond à un objectif simple : comparer, harmoniser et renforcer les méthodes de quantification, afin d’améliorer la précision et la transparence des données d’émissions.
Plusieurs approches innovantes sont mobilisées :
• modélisation IPCC pour la décomposition du méthane ;
• Lidar, satellite, drone et mesures au sol pour détecter et quantifier les flux ;
• méthodes de dispersion atmosphérique, comme Scan360 et mesures continues sur les sites sidérurgiques en Chine et en France.
Ces méthodes, appliquées de manière croisée par les équipes françaises et chinoises, permettent de confronter les modèles aux observations directes, et d’identifier les marges d’amélioration des facteurs d’émission nationaux.

© Citepa
_
Vers une amélioration des inventaires nationaux et d’entreprises
Au-delà de la comparaison entre méthodes, le partenariat ouvre la voie à un inventaire ou à des bilans d’émissions, plus robustes, précis et transparents reliant :
• la mesure sur site,
• la déclaration environnementale des grandes entreprises (Gerep, EU-ETS, MACF)
• le scope 1 des Beges des industriels,
• et la consolidation bottom-up des inventaires.
Cette articulation favorise une meilleure compréhension des sources, une réduction des incertitudes et une transparence accrue dans la prise de décision publique — autant de conditions nécessaires à la mise en œuvre de politiques climatiques ambitieuses, à l’échelle de l’entreprise et des nations.
_
Un modèle de coopération internationale
La France et la Chine partagent une conviction : la lutte contre le changement climatique repose sur la rigueur scientifique, l’ouverture et la coopération.
En combinant leurs approches, les deux pays démontrent qu’il est possible d’unir expertise technologique, métrologie et inventaires nationaux pour améliorer la qualité des données et accélérer l’action climatique.
Les résultats de cette coopération — qu’il s’agisse de nouveaux protocoles de mesure, de comparaisons méthodologiques ou de facteurs d’émission actualisés — pourront inspirer d’autres pays confrontés aux mêmes défis, et contribuer aux travaux internationaux sur le méthane (methane pledge, CCAC, Protocole de Göteborg) et le CO₂ (CSRD, CS3D, MACF, bilan mondial).
Ensemble, la France et la Chine attestent que l’innovation technique, lorsqu’elle s’appuie sur la transparence et l’échange scientifique, devient un levier puissant pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Ce programme constitue une étape majeure vers des inventaires plus précis, une confiance renforcée et une transition bas-carbone accélérée.
