Le coût économique de la pollution de l’air évalué à près de 2 750 € par Parisien – Airparif
Par : Sophie Sanchez
Impacts économiques de la pollution de l’air en Île-de-France. Source : Airparif, septembre 2025. Ce graphique intègre tous les polluants de l’air.
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Alors que cette année va être marquée par le dixième anniversaire de l’Accord de Paris, Airparif a publié le 26 septembre 2025 une évaluation inédite de l’impact économique de la pollution de l’air en Île-de-France. Cet impact, incluant les effets sanitaires et non sanitaires ainsi que les actions de lutte contre la pollution de l’air, s’élève à 28 Md € par an.
À l’inverse, sur une période de dix ans, les actions d’amélioration de la qualité de l’air ont permis d’éviter un impact économique de 61 Md € (pour les seules particules fines PM2.5) pour un coût engagé dans ces actions dix fois inférieur, précise Airparif. Au-delà des bénéfices sanitaires, patrimoniaux et agricoles, cette amélioration présente également des co-bénéfices significatifs sur le plan climatique.
Ces résultats, martèle l’organisme indépendant de surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France, constituent des éléments clés pour éclairer la décision publique à l’heure de la mise en application des normes de la nouvelle directive européenne visant à protéger la santé des populations, et dont le non-respect aurait aussi des conséquences financières.
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Airparif, association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France
En France, la surveillance de la qualité de l’air est confiée à des associations indépendantes, les AASQAs (associations agréées de surveillance de la qualité de l’air). Ces associations, à dimension régionale, composent le dispositif de référence au niveau national.
Ainsi en Île-de-France, Airparif assure des missions de surveillance, d’analyse et d’expertise mais également d’alerte, d’information et de formation sur le champ de la qualité de l’air incluant le lien entre air – climat et énergie.
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Impacts sanitaires et non sanitaires
L’évaluation inédite d’Airparif sur l’impact économique de la pollution de l’air en Île-de-France estime ce coût à 28 Md € par an, soit à 2 200 € par Francilien, en tenant compte des effets sanitaires (maladies chroniques et mortalité prématurée) et non sanitaires, tels que la dégradation des bâtiments ou les pertes agricoles. À l’échelle métropolitaine, les impacts économiques représentent 17 Md € soient 2 345 € par habitant du Grand Paris. Pour la capitale, ils sont évalués à 5,7 Md €, soit près de 2 750 € par Parisien.
- Les impacts sanitaires regroupent aussi bien les décès prématurés attribuables à la pollution que les coûts liés aux maladies chroniques (consultations, traitements, hospitalisations, accompagnement social, aménagement du domicile, absences au travail, baisse de productivité ou difficultés d’accès à l’emploi, retraites anticipées, etc.). (soit 26,4 Md€). Ils comprennent à la fois des coûts matériels directs (liés au système de santé) et les impacts immatériels (liés aux décès prématurés ou à la perte de bien-être pour les patients et leurs proches) ;
- S’y ajoutent les coûts non sanitaires qui regroupent la perte de rendements agricoles et la dégradation des bâtiments. Certains impacts, comme l’érosion de la biodiversité, la contribution au changement climatique ou la dépréciation du patrimoine immobilier, n’ont pas pu être chiffrés de manière précise en raison de l’absence de données consolidées, précise Airparif. Les coûts identifiés sont estimés à 327 M€ par an, mais demeurent probablement sous-évalués.
En comparaison, souligne Airparif, le coût des actions annuelles consacrées à la réduction de la pollution atmosphérique en Île-de-France sont estimées à – seulement, a-t-on envie d’ajouter – environ 1,51 Md €. Et le coût de la surveillance de la qualité de l’air ne dépasse pas 80 centimes d’euros par Francilien et par an.
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Efficacité des politiques publiques
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Rapport entre les dépenses engagées pour surveiller et améliorer la qualité de l’air et l’impact évité de la pollution de l’air aux particules fines. Source : Airparif, septembre 2025. Ce graphique prend uniquement en compte les particules fines.
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Les politiques de réduction mises en place depuis plusieurs décennies démontrent leur efficacité. La qualité de l’air s’améliore depuis plusieurs décennies pour tous les polluants réglementés, à l’exception de l’ozone, du fait des politiques publiques mises en place à différentes échelles (européenne, nationale et locale), relève Airparif.
Entre 2010 et 2019, le nombre de décès prématurés liés aux particules fines (PM2.5) a nettement diminué pour passer de de 10 350 à 6 220, permettant donc d’éviter un impact économique de 61 Md €. Ce faisant, les bénéfices des actions menées sont dix fois supérieurs aux investissements engagés (5 Md € sur dix ans, évoluant de 468 M€ en 2010 à 875 M€ en 2019).
L’amélioration de la qualité de l’air en Île-de-France contribue à la protection de la santé publique, en réduisant l’incidence de nombreuses maladies chroniques et en contribuant à l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé, résume Airparif. Elle génère également des co-bénéfices climatiques.
Cette dynamique s’inscrit dans le contexte de la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air ambiant adoptée en 2024 (lire notre article), qui prévoit d’ici 2030 un renforcement des valeurs limites pour plusieurs polluants afin de mieux protéger la santé des populations, à la lumière des avancées scientifiques et des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Anticiper la mise en conformité est essentiel pour limiter les risques sanitaires, économiques mais aussi juridiques, souligne encore l’organisme.