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Publié le 03 juin 2025

L’UE en bonne voie pour réduire les émissions nettes de GES d’environ 54 % d’ici à 2030 et tangenter l’objectif officiel de 55 %  – Commission européenne

Par : Sophie Sanchez

Modifié le : 03/06/2025
Réf . : 2025_05_09

Déclaration de Wopke Hoekstra, commissaire au Climat, à la neutralité carbone et à la croissance propre

« Les plans nationaux définitifs en matière d’énergie et de climat montrent que l’UE est en bonne voie pour atteindre son objectif en matière d’émissions à l’horizon 2030. Les émissions ont diminué de 37 % depuis 1990, tandis que l’économie a connu une croissance de près de 70 %, ce qui prouve que l’action pour le climat et la croissance vont de pair. Nous devons maintenant nous appuyer sur cet élan. Investir dans les technologies propres et l’innovation est essentiel pour la compétitivité industrielle et ouvre de nouveaux marchés aux entreprises de l’UE. Notre engagement en faveur de la transition propre apporte de la clarté aux investisseurs et renforce la résilience et la prospérité de l’Europe. Il s’agit d’un moment décisif : chaque secteur dans chaque État membre doit contribuer à la mise en œuvre. »

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La Commission européenne a rendu publique le 28 mai 2025 son évaluation des plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat (PNIEC). Elle en conclut que « les États membres de l’UE ont considérablement amélioré ces plans et comblé l’écart par rapport aux objectifs en matière d’énergie et de climat à l’horizon 2030. » En conséquence, « l’UE se rapproche collectivement d’une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme elle s’y est engagée dans la loi européenne sur le climat [règlement (UE) 2021/1119 – lire notre article], et atteint une part d’au moins 42,5 % d’énergies renouvelables ».

Les PNIEC(1) (ou NECP en anglais) sont le principal outil de planification stratégique permettant aux États membres de décrire comment ils atteindront les objectifs généraux et les objectifs spécifiques de l’Union de l’énergie et resteront sur la bonne voie pour atteindre l’objectif collectif de neutralité climatique à l’horizon 2050. Ils contribuent à la prévisibilité des investissements à court, moyen et long terme et constituent un outil essentiel pour mobiliser les investissements massifs nécessaires pour atteindre cet objectif collectif.

Environ la moitié des plans établis par les États membres reconnaissent l’importance de l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles.

Le règlement sur la répartition de l’effort (Effort Sharing Regulation ou ESR en anglais, règlement (UE) 2023/857 – lire notre article) démontre son efficacité : les émissions de GES des secteurs couverts par l’ESR devraient diminuer d’environ 38 % en 2030 par rapport à 2005, soit environ 2 points de pourcentage de moins que l’objectif de 40 % de l’UE.

Les puits de carbone restent un point noir avec un écart d’environ 45 à 60 MtCO2e (équivalent à environ 100 à 140 % de l’objectif d’absorptions supplémentaires) par rapport à l’objectif de 2030.

  • À noter, la dénomination officielle est bien Plans nationaux intégrés énergie-climat, PNIEC, au titre de l’article 3 du règlement (UE) 2018/1999, mais le terme Plan national énergie climat, PNEC, est davantage utilisé.

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Cap maintenu sur les engagements en matière de climat

L’évaluation des PNIEC par la Commission montre que l’UE est actuellement sur la bonne voie pour réduire les émissions nettes de GES d’environ 54 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990, à condition toutefois que les États membres mettent pleinement en œuvre les mesures nationales et les politiques de l’UE existantes et prévues.

L’exécutif européen se félicite que « dans le contexte géopolitique actuel, l’UE maintient le cap sur ses engagements en matière de climat, en investissant avec détermination dans la transition vers une énergie propre et en donnant la priorité à la compétitivité industrielle et à la dimension sociale de l’UE ».

La Commission poursuit en rappelant que des initiatives stratégiques telles que le pacte pour une industrie propre et le plan d’action pour une énergie abordable compléteront les PNIEC(1) en mobilisant des investissements dans la décarbonation industrielle et les technologies propres et en tirant le meilleur parti du potentiel renouvelable et des solutions économes en énergie de l’Europe, ce qui contribuera à faire baisser et à stabiliser les prix de l’énergie au fil du temps.

Les États membres font preuve d’une volonté politique de « réduire [la] dépendance à l’égard des combustibles fossiles importés », d’améliorer la résilience et la sécurité des approvisionnements et des infrastructures énergétiques, d’accélérer l’intégration du marché intérieur de l’énergie et de soutenir ceux qui en ont le plus besoin par des investissements et le développement des compétences.

Gouvernance de l’Union de l’énergie

Le règlement (UE) 2018/1999 du 11 décembre 2018 sur la gouvernance de l’Union de l’énergie et de l’action pour le climat centralise les obligations en matière de planification, de déclaration et de surveillance dans le cadre de la législation climat-énergie de l’UE pour renforcer la cohérence et améliorer le coût-efficacité de ces obligations.
Ce mécanisme de gouvernance est fondé sur deux principaux éléments :
des plans nationaux intégrés énergie-climat (PNIEC ou NECP en anglais) décennaux, à commencer par la période 2021-2030. Ainsi, les États membres devaient soumettre à la Commission leur premier PNIEC avant le 31 décembre 2019 (et leur 2e PNIEC d’ici le 1er janvier 2029, etc.). Ces plans doivent comporter une description, d’une part, des objectifs nationaux et des contributions nationales (réduction des émissions de GES, EnR et efficacité énergétique), et d’autre part, des politiques et mesures prévues ou adoptées pour mettre en œuvre ces objectifs et contributions nationales ;
des stratégies à long terme à un horizon d’au moins 30 ans, dont la première devait être soumise par les États membres avant le 1er janvier 2020.

Le 17 septembre 2020, la Commission a publié une évaluation, à l’échelle de l’UE, des PNIEC des 27 États membres, qui a montré que l’UE était sur la bonne voie pour dépasser son objectif de réduction des émissions de GES alors fixé à au moins 40 % d’ici à 2030. Toutefois, la Commission a conclu que pour atteindre le nouvel objectif de réduction des émissions de GES de -55 % en 2030 (base 1990), avalisé le 21 avril 2021, l’UE devait accroître encore davantage l’efficacité énergétique et la part des EnR.
Les États membres devaient mettre à jour leurs PNIEC pour le 30 juin 2023 sous la forme d’un projet. La Commission a évalué ces projets actualisés et a émis en décembre 2023 des recommandations pour s’assurer que leurs ambitions soient conformes aux objectifs définis pour 2030. Compte tenu de ces recommandations, les États membres étaient ensuite tenus de présenter leurs PNIEC définitifs au plus tard le 30 juin 2024. Les mises à jour se sont révélées très positives.
Les PNIEC en tant qu’outil de gouvernance seront réexaminés pour la période postérieure à 2030 dans le cadre de la prochaine révision du règlement sur la gouvernance de l’Union de l’énergie.

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Principales conclusions de l’évaluation par secteurs à l’échelle de l’UE

Dans le détail, la Commission européenne dresse un bilan approfondi des plans, de leurs forces et de leurs voies d’amélioration.

Les émissions de GES des secteurs couverts par le règlement ESR devraient diminuer d’environ 38 % en 2030 par rapport à 2005, soit environ 2 points de pourcentage de moins que l’objectif de 40 % de l’UE.

Pour rappel, le règlement ESR fixe pour chaque État membre de l’UE un objectif national de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 dans plusieurs secteurs (transports intérieurs (à l’exclusion de l’aviation), bâtiments, agriculture, petite industrie et déchets).

Concernant les puits de carbone, bien que plusieurs États membres aient intensifié leurs efforts dans le secteur des terres par rapport aux projets de plan, il subsiste un écart d’environ 45 à 60 MtCO2e (équivalent à environ 100 à 140 % de l’objectif d’absorptions supplémentaires) par rapport à l’objectif de 2030 prévu par le règlement (UE) 2023/839 sur l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la sylviculture (UTCATF en français, LULUCF en anglais) (lire notre article).

En ce qui concerne l’adaptation au climat, seuls quelques PNIEC nationaux finaux intègrent suffisamment la préparation et la résilience aux impacts climatiques. Un nombre limité de plans envisagent des mesures en termes de résilience de l’eau. La plupart des États membres présentent des contributions nationales conformes à l’objectif contraignant de l’UE pour 2030, qui prévoit une part d’énergie renouvelable d’au moins 42,5 %.

Dans l’ensemble des plans, la sécurité énergétique est renforcée par une consommation de gaz plus faible et des sources d’énergie plus diversifiées, y compris un rôle accru de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité et la production de chaleur, dans plusieurs États membres. Toutefois, il faut continuer à adapter les infrastructures à un système énergétique décarboné, à une électrification accrue basée sur des énergies renouvelables variables et à des menaces en évolution rapide telles que le changement climatique et la cybersécurité.

Dan Jørgensen, commissaire à l’énergie et au logement relève que « Les énergies renouvelables deviennent la principale source d’électricité dans l’UE et nous réduisons notre consommation finale d’énergie. Nous réaliserons la décarbonation, car elle fournit non seulement de l’énergie propre, mais aussi des emplois de qualité, de la croissance et de la sécurité énergétique. Mais nous devons faire davantage pour réduire la demande d’énergie, améliorer l’efficacité énergétique et veiller à ce que ces ambitions se concrétisent tout en achevant notre union de l’énergie ».

Sur le marché intérieur de l’énergie, les États membres ont introduit de nouvelles mesures pour promouvoir la flexibilité, stabiliser les marchés et faciliter la pénétration des énergies renouvelables dans leurs plans finaux. Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour développer les interconnexions transfrontalières et poursuivre l’intégration des marchés.

Les plans finaux mettent davantage l’accent sur la compétitivité de l’industrie, la résilience des chaînes d’approvisionnement, l’innovation et le développement des compétences. Mais, à quelques exceptions près, ils ne contiennent pas d’objectifs suffisamment spécifiques et réalisables dans ces domaines, déplore l’exécutif européen.

Environ la moitié des plans reconnaissent l’importance de l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles. Néanmoins, une liste des subventions existantes pour les combustibles fossiles, des calendriers concrets et des mesures pour les supprimer progressivement font largement défaut, souligne l’exécutif européen.

En ce qui concerne la transition juste, les plans décrivent largement les impacts de la transition énergétique sur les compétences et les besoins de formation, mais pêchent par l’absence d’analyse détaillée des impacts sociaux et sur l’emploi, en particulier pour les ménages, les travailleurs et les régions vulnérables. Des mesures plus concrètes et une indication claire des fonds destinés à atténuer ces impacts auraient été un atout. En outre, les États membres ne fournissent pas une base analytique suffisante pour la préparation de leurs plans sociaux et climatiques.

La plupart des États membres s’attaquent à la pauvreté énergétique et présentent des mesures structurelles ou d’aide au revenu en mettant l’accent sur l’efficacité énergétique, la rénovation des bâtiments et la décarbonation. Dans le même temps, seuls quelques États membres fournissent des définitions claires de la pauvreté énergétique ou fixent des objectifs de réduction spécifiques.

Les estimations d’investissement des États membres se sont considérablement améliorées par rapport aux projets de plans. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour les affiner et élaborer une stratégie globale de mobilisation des financements publics et privés afin d’améliorer la certitude des investisseurs et permettre aux PNIEC de devenir des plans d’investissement efficaces.

Enfin, si la plupart des documents fournissent une vue d’ensemble plus claire du processus de consultation publique pour la préparation des PNIEC définitifs, les processus de participation auraient pu être plus inclusifs et plus efficaces, en fournissant plus d’informations et en allongeant les délais de consultation.

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Prochaines étapes de la décarbonation de l’UE

La Commission fait valoir que son évaluation fournit une base solide pour les discussions sur les prochaines étapes de la décarbonation de l’UE vers 2040 et la neutralité climatique d’ici 2050. La Commission intensifiera ses travaux avec les États membres pour combler les lacunes restantes et mettre en œuvre les orientations supplémentaires qu’elle a exposées. 

La prochaine phase devrait se concentrer sur la transformation des plans en actions pour assurer la stabilité et la prévisibilité. Il s’agit d’orienter les fonds publics pour soutenir efficacement les investissements transformateurs, d’encourager les investissements privés et de coordonner les efforts aux niveaux régional et européen.

Les États membres qui n’ont pas encore présenté leurs plans définitifs – la Belgique, l’Estonie et la Pologne – doivent le faire sans délai. Bien que leurs objectifs globaux aient été inclus dans l’évaluation de l’UE, la Commission européenne examinera chacun de leurs plans individuellement peu de temps après leur soumission formelle. En outre, la Commission travaille à l’évaluation individuelle du PNIEC définitif de la Slovaquie, qui a été présentée le 15 avril 2025.

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En savoir plus

Communication : Évaluation à l’échelle de l’UE des PNIEC définitifs mis à jour

Communication delivering the Union’s 2030 energy and climate objectives – European Commission

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