L’Union européenne en bonne voie pour atteindre ses objectifs en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030
Par : Sophie Sanchez

Principaux objectifs climatiques de l’Union européenne – Source : Rapport sur l’état d’avancement de l’action pour le climat – novembre 2025
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Dan Jørgensen, commissaire à l’énergie et au logement
« Notre rapport annuel sur l’état de l’union de l’énergie est clair: l’UE progresse dans la suppression progressive de sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles importés tout en augmentant la part des énergies renouvelables. Mais nous devons aller plus vite en en accélérant le déploiement, en investissant davantage dans les infrastructures et, à terme, en faisant baisser les prix de l’énergie. Une énergie propre, sûre et abordable est le fondement d’une véritable Union de l’énergie qui assure la prospérité économique, un meilleur environnement et la sécurité de ses citoyens et de ses entreprises. Le moment est venu de saisir les opportunités offertes par la transition mondiale vers une énergie propre.»
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L’Union européenne (UE) continue de progresser vers les objectifs pour 2030 consistant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 et à intégrer au moins 42,5 % d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique, comme le confirment le rapport 2025 sur l’état de l’Union de l’énergie et le rapport d’avancement 2025 sur l’action pour le climat publiés par la Commission européenne le 6 novembre 2025.
Les deux rapports soulignent le rôle crucial de l’énergie propre et abordable et des efforts continus de réduction des émissions pour atteindre les objectifs de l’UE en matière de sécurité, d’indépendance énergétique, de compétitivité et de neutralité climatique, fait valoir la Commission.
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Contexte
Le rapport sur l’état de l’Union de l’énergie est publié chaque année pour faire le point sur les progrès accomplis par l’UE dans ce domaine et est accompagné d’une série de rapports couvrant différents aspects de la transition climatique et énergétique. Cette publication a été combinée cette année avec celle du rapport sur l’état d’avancement de l’action pour le climat.
La première partie du rapport décrit les mesures prises pour mettre en œuvre le plan d’action pour une énergie abordable, réduire les coûts de l’énergie, attirer les investissements et rendre le système énergétique plus résilient aux crises. S’appuyant sur les rapports d’avancement des États membres, la deuxième partie analyse l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’union de l’énergie dans ses cinq dimensions. La dernière partie est tournée vers l’avenir, ouvrant la voie à des actions décisives pour achever l’Union de l’énergie et préparer le cadre d’action en matière de climat et d’énergie pour la décennie à venir.
Le rapport sur l’état d’avancement de l’action pour le climat montre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de réduction des émissions de l’UE, qui couvrent les émissions (historiques) réelles et les émissions futures prévues pour l’UE dans son ensemble et pour chacun des États membres. Il contient également des informations sur différents domaines d’action en matière de climat, les progrès législatifs de l’UE, le financement de la lutte contre le changement climatique et l’adaptation à celui-ci.
Progrès accomplis dans la réalisation des objectifs en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030

Évolution des émissions nettes de gaz à effet de serre de l’Union européenne sur la période 2018-2024 –
Source : Rapport sur l’état d’avancement de l’action pour le climat – novembre 2025
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Comme la Commission européenne l’avait confirmé le 28 mai 2025 dans son évaluation des plans nationaux en matière d’énergie et de climat (lire notre article) et au vu des dernières projections en matière de gaz à effet de serre présentées par les États membres, l’UE continue de progresser vers les objectifs pour 2030 consistant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 et à intégrer au moins 42,5 % d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique.
En effet, les émissions de GES dans l’UE continuent de diminuer : les données provisoires pour 2024 montrent que les émissions nettes totales de gaz à effet de serre, y compris les émissions UTCATF et les émissions maritimes et aériennes internationales, ont diminué de 2,5 % par rapport à 2023. Ainsi concernant l’objectif « Fit for 55 », les projections de mars 2025 prévoient un écart – limité – d’environ 1 point de pourcentage par rapport à l’objectif de l’UE pour 2030, « à condition que les mesures existantes et prévues soient pleinement mises en œuvre dans tous les domaines », comme le souligne toutefois la Commission.
La plus grande contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 2024 a été apportée par le secteur de l’énergie, où les émissions ont chuté d’environ 8,5 %, sous l’effet d’une production record d’énergies renouvelables, d’une baisse de l’utilisation des combustibles fossiles et de prix élevés du carbone dans le cadre du système d’échange de quotas d’émissions (SEQE) de l’UE, ce qui a renforcé l’abandon du charbon – détaille le rapport. Les émissions industrielles ont également légèrement diminué, grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique et à la baisse de la production dans certains secteurs à forte intensité énergétique.
Toutefois, les émissions provenant des transports ont augmenté et celles provenant des bâtiments sont restées relativement stables, ce qui souligne l’importance du futur SEQE 2 (ETS 2) pour accélérer les progrès dans ces secteurs.
Au total, les émissions étaient inférieures de 37,2 % à la fin 2024 par rapport aux niveaux de 1990 (lire notre article), tandis que le PIB était supérieur de 71 %, ce qui signifie que la croissance économique continue de se découpler des émissions. Ce qui confirme que l’UE a continué de dissocier les émissions de la croissance économique, le PIB ayant légèrement augmenté en 2024, tandis que les émissions ont diminué.

Croissance de la capacité solaire et de la capacité éolienne dans l’Union européenne entre 2019 et 2023 – Source : Conseil de l’UE et conseil européen, novembre 2025
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Pour rappel, la consommation et la production d’énergie représentent 75 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE. Il est nécessaire de réduire ces émissions pour lutter contre le changement climatique et atteindre l’objectif de neutralité climatique de l’UE à l’horizon 2050. À cet égard,
la majeure partie de l’électricité produite dans l’UE provient désormais de sources d’énergie propres, bien que les progrès varient d’un État membre à l’autre. La capacité d’énergie renouvelable nouvellement installée en 2024 est estimée à environ 77 GW et le bouquet électrique de l’UE comptait déjà 47 % d’énergies renouvelables en 2024.
En parallèle, la consommation finale d’énergie continue de diminuer, avec une baisse de 3,0 % par rapport à 2022, principalement dans le secteur résidentiel, suivi de l’industrie et des services, soit 17 % de plus que l’objectif fixé pour 2030.
Toutefois, les plans nationaux en matière d’énergie et de climat (PNEC) des États membres montrent que la consommation d’énergie primaire dans l’UE a diminué de 4,1 % entre 2022 et 2023, mais reste supérieure de 22 % à l’objectif de l’UE pour 2030. C’est pourquoi, comme le souligne la Commission européenne, les rénovations économes en énergie devraient être intensifiées, tout comme la décarbonation et l’électrification des systèmes de chauffage.
En outre, la réalisation des objectifs énergétiques de l’UE à l’horizon 2030 nécessitera une adoption beaucoup plus rapide des énergies renouvelables et des améliorations de l’efficacité énergétique dans les années à venir, préviennent les experts de la Commission européenne.
À long terme, une véritable union de l’énergie reposant sur la production d’énergie propre d’origine nationale et une efficacité énergétique accrue réduiront encore davantage la dépendance de l’UE à l’égard des importations de combustibles fossiles, feront baisser structurellement les prix de l’énergie et contribueront à la réalisation de nos objectifs climatiques, fait encore valoir le document. La prochaine décennie sera décisive pour achever l’union de l’énergie et parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050., précise encore la Commission.
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Évolution du mix énergétique de l’UE et de l’efficacité énergétique
En 2023, l’UE a atteint 24,6 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie, en hausse de 1,5 % par rapport à 2022. Les progrès varient considérablement d’un État membre à l’autre, de la Suède (66 % des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique) au Luxembourg, à la Belgique, à Malte et à l’Irlande (moins de 16 %).
Les consommateurs d’électricité de l’UE ont déjà économisé 100 milliards d’euros grâce à la production d’électricité à partir de nouvelles installations solaires photovoltaïques et éoliennes en 2021-2023, précise le document.
En outre, chaque amélioration de 1 % de l’efficacité énergétique réduit les importations de gaz de l’UE de 2,6 %, ce qui signifie que l’efficacité énergétique joue un rôle décisif dans l’augmentation de la sécurité énergétique de l’UE, la baisse des prix de l’énergie et la réduction des factures d’importation de combustibles fossiles d’environ 25 %. La mise en œuvre de mesures d’efficacité énergétique, y compris des mises à jour des règlements relatifs à l’étiquetage énergétique et à l’écoconception, a permis de réaliser des économies estimées à environ 120 milliards d’euros sur les factures énergétiques en 2023, calcule la Commission.
Pour autant, pour faire passer la part de l’électricité dans l’énergie finale de l’objectif de 23 % aujourd’hui à environ 32 % d’ici à 2034 et moderniser considérablement les investissements dans les réseaux, intensifier les efforts en matière d’efficacité énergétique et stimuler l’innovation, la Commission estime que l’UE doit mobiliser 695 milliards d’euros par an de 2031 à 2040 pour des investissements liés à l’énergie, tels que dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la capacité du réseau. Ainsi la proposition de cadre financier pluriannuel ambitieux de l’UE pour la période 2028-2034 vise à renforcer les infrastructures transfrontalières et à canaliser les financements vers les technologies stratégiques en matière d’énergie propre. La prochaine révision du règlement sur la gouvernance de l’union de l’énergie et de l’action pour le climat dans le cadre de l’après-2030 sera essentielle en ce sens.
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Réduction de la demande de gaz
La mise en œuvre du plan REPowerEU a considérablement contribué à réduire la demande de gaz, se félicite la Commission. La transition énergétique et la mise en œuvre des actions prévues dans le plan d’action pour une énergie abordable 2025 devraient remplacer jusqu’à 100 milliards de m3 de gaz naturel d’ici à 2030. Cela correspond à une économie de l’UE de plus de 15 milliards de m3 de gaz par an, ou à une réduction de la demande de gaz de 40 à 50 milliards de m3 d’ici à 2027.
À cet égard, grâce à une action coordonnée de l’UE et à la coopération avec ses partenaires internationaux, l’UE a considérablement réduit la part du gaz russe dans ses importations, qui est passée de 45 % en 2021 à 12 % en août 2025. Les importations de pétrole russe ont également diminué, passant de 27 % au début de 2022 à 3 % au premier semestre de 2025, tandis que les importations de charbon russe ont été complètement supprimées.
Au niveau de l’ensemble de l’UE, la consommation de gaz naturel d’ici à 2040 devrait diminuer de plus de 70 % par rapport à 2021 – principalement en raison de l’amélioration des performances énergétiques du parc immobilier et du passage au carburant principalement électrique, par exemple dans le secteur du bâtiment et à l’électricité dans le secteur industriel.
Les États membres ont alloué environ un cinquième de plus de fonds publics aux subventions aux combustibles fossiles en 2024 (+18 %) qu’en 2021 (année précédant la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine), mais ce chiffre est inférieur de 34 % à celui de 2023 et en baisse de 49 % par rapport à 2022. Le rapport note que la dépendance persistante à l’égard des combustibles importés constitue un risque important pour la sécurité et la résilience énergétiques de l’UE et un frein à la compétitivité en faussant les incitations à investir dans la transition énergétique.
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Vers un cadre intégré pour la résilience face aux effets du changement climatique
Comme le rappelle la Commission européenne, les aléas climatiques compromettent la compétitivité, la sécurité et la prospérité de l’Europe. La résilience au changement climatique devrait de toute urgence faire partie intégrante de toutes les politiques européennes, insiste-t-elle. C’est la raison pour laquelle la Commission prépare un cadre intégré de l’UE pour la résilience au changement climatique, qui sera proposé en 2026. Un principe important est la résilience dès la conception. Cela signifie que tous les investissements vulnérables ou exposés aux impacts climatiques doivent être conçus pour faire face et résister aux risques climatiques qui pourraient se matérialiser au cours de leur vie, sans perte inacceptable de leur valeur ou de leur utilité.