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Publié le 21 juillet 2025

Pollution de l’air en Europe : des mesures énergiques nécessaires pour respecter les engagements nationaux pour 2030 – AEE

Par : S Sa

Modifié le : 21/07/2025
Réf . : 2025_07_09

Des progrès significatifs ont été réalisés par l’Union européenne et ses États membres dans la réduction des émissions de polluants atmosphériques, conformément à la directive sur les engagements nationaux de réduction des émissions (EU/2016/2284), dite NEC 2, selon la dernière évaluation publiée le 27 juin 2025 par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).

  • De 2005 à 2023, les émissions de PM 2,5 et de PM 10 ont ainsi baissé respectivement de 38 % et de 36 %.
  • En outre, pour la période 2020-2029, tous les États membres sauf un ont respecté leurs engagements nationaux de réduction des émissions pour les quatre polluants SO2, NOx, COVNM et PM2,5 sur la base des données d’émission pour 2023, les émissions d’ammoniac continuant en revanche à être trop élevées.

Pour autant, des objectifs plus stricts en termes de qualité de l’air entreront en vigueur en 2030 en vertu de la directive révisée sur la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe, directive (UE) 2024/2881 en date du 23 octobre 2024 . Compte tenu de cette échéance, l’Agence européenne pour l’environnement prévient que « les États membres doivent redoubler d’efforts pour respecter leurs engagements nationaux en matière de réduction des émissions pour 2030 et au-delà et que pour nombre d’entre eux, la distance qui les sépare de l’objectif est très importante et nécessite des mesures beaucoup plus énergiques ».

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Tendances passées des émissions de polluants atmosphériques dans l’UE-27, 2005-2023

Au vu de l’évaluation de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), la quantité totale d’émissions de polluants atmosphériques dans les États membres a légèrement diminué en 2023, maintenant ainsi la tendance générale à la baisse observée depuis 2005.

De 2005 à 2023, les émissions de PM2,5 et de PM10 ont baissé respectivement de 38 % et de 36 %. Les émissions de SO2 ont diminué de 85 %. Des réductions importantes ont également été observées pour les NOx (53 %), le carbone noir – ou carbone suie (BC, 50 %), le monoxyde de carbone (CO, 47 %) et les COVNM (35 %).

En revanche, les émissions de NH3 n’ont baissé que de 17 %, soit la plus faible baisse de tous les polluants.

(1) Le carbone suie (black carbon ou BC), composante des particules, est issu de la combustion incomplète des combustibles fossiles et de la biomasse. Les principales sources d’émission sont le trafic routier, les poêles à bois et les feux de forêt. Il appartient aux PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 μm), et se retrouve principalement dans la partie la plus petite de celles-ci, les particules ultrafines (PM0,1), dont le diamètre est égal ou inférieur à 0,1 μm. Le carbone suie a des impacts significatifs sur la santé humaine et sur le climat.

Figure 1 – Évolution des émissions de NH3, de COVNM, de NOx, de SO2, de PM2,5 primaires, de PM10 primaires, de BC et de CO dans l’UE, entre 2005 et 2023. Les émissions sont indexées en pourcentage de leur valeur pour l’année de référence 2005 et rapportées au produit intérieur brut (PIB) en pourcentage de la valeur de 2005.
Source : AEE, juin 2025

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Figure 2Évolution des émissions totales d’autres polluants déclarés au titre de la directive NEC, à savoir les métaux lourds et le benzo(a)pyrène (BaP), dans les États membres de l’UE. Ces émissions sont indexées en pourcentage de leur valeur pour l’année de référence 2005 et rapportées au PIB des États membres en pourcentage de la valeur de 2005. Entre 2005 et 2023, les émissions de nickel (Ni) et d’arsenic (As) ont diminué respectivement de 73 % et de 68 %. Les émissions de mercure (Hg), de plomb (Pb) et de cadmium (Cd) ont diminué respectivement de 57 %, 46 % et 43 %. Les émissions de BaP n’ont diminué que de 28 %.
Source : AEE, juin 2025

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L’AEE souligne que les émissions de polluants atmosphériques dans les États membres de l’UE ont diminué entre 2005 et 2023, alors que le PIB a augmenté de 32 %, ce qui représente un découplage absolu significatif entre les émissions et l’activité économique entre 2005 et 2023. Le découplage le plus important est observé pour le SO2, suivi par les NOx, le BC, le CO et certains métaux (Ni, As et Hg).

Le découplage des émissions par rapport à l’activité économique entraîne une diminution des émissions de polluants atmosphériques pour chaque unité de PIB produite annuellement, ce qui peut résulter d’une combinaison de facteurs, dont le renforcement de la réglementation et de la mise en œuvre des politiques, le changement de combustible, les progrès technologiques et l’amélioration de l’efficacité énergétique ou des procédés.

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État d’avancement des engagements de réduction des émissions pour 2020-2029 et efforts nécessaires pour respecter ces engagements au titre de la directive NEC 2

L’Agence européenne pour l’environnement a établi l’état d’avancement des engagements de réduction des émissions pour 2020-2029 au titre de la directive NEC 2. Les données relatives à l’année 2023 ont été communiquées par les États membres en 2025. Ces données indiquent que 19 États membres ont respecté les engagements de réduction des émissions fixés pour la période 2020-2029 pour les cinq principaux polluants atmosphériques.

En revanche, huit États membres n’ont pas respecté leurs engagements de réduction des émissions pour au moins l’un des cinq principaux polluants atmosphériques. Pour près d’un quart des États membres, le défi le plus important reste la réduction des émissions de NH3.

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Figure 3 – Nombre d’États membres ayant respecté leurs engagements nationaux de réduction des émissions pour 2020-2029 pour les cinq principaux polluants atmosphériques en 2023 et nombre d’États membres devant réduire leurs niveaux d’émissions pour respecter leurs engagements.
Source : AEE, juin 2025

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Retour sur la directive NEC

Afin de lutter contre leurs effets négatifs importants sur la santé humaine et l’environnement, la directive sur les plafonds d’émissions nationaux précise les engagements nationaux à réduire les émissions de cinq polluants atmosphériques : NOx, NH3, SO2, COVNM et PM2,5 comme le rappelle l’AEE. Les obligations de réduction actuelles s’appliquent de 2020 à 2029, tandis que des obligations plus strictes s’appliqueront à partir de 2030.

Les engagements nationaux de réduction des émissions pour la période 2020-2029 ont été transposés du protocole de Göteborg à la convention de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (CEE-ONU) sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (convention sur l’air de la CEE-ONU). Le protocole est actuellement en cours de révision (CEE-ONU, 2024).

La directive NEC est l’un des instruments législatifs dans le cadre du Pacte vert européen (CE, 2019). Soutenant l’ambition de pollution zéro, elle contribue à un environnement sans produits toxiques et à l’atteinte des objectifs de 2030 liés à la pollution de l’air, tels que décrits dans le plan d’action pour une pollution zéro (CE, 2022). Ces objectifs visent à réduire de 55 % le nombre de décès prématurés causés par la pollution de l’air. Ils visent également à réduire de 25 % la superficie des écosystèmes de l’UE où la pollution atmosphérique menace la biodiversité. Dans les deux cas, les objectifs sont comparés aux niveaux de 2005.

En vertu de la directive NEC, les États membres sont en outre tenus d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes nationaux de lutte contre la pollution atmosphérique (PNLPA) (UE, 2016). Ces programmes doivent également comprendre des mesures visant à réduire les émissions des secteurs concernés afin de respecter leurs engagements nationaux en matière de réduction des émissions et d’améliorer la qualité de l’air. Ces programmes doivent s’inscrire dans le cadre d’autres politiques, telles que l’atténuation du changement climatique. La cohérence entre les politiques renforce l’impact des interventions publiques, c’est-à-dire la mise en œuvre des politiques et des mesures.

La CE procède actuellement à la révision de la directive sur les plafonds d’émissions nationaux (CE, 2024). L’évaluation, qui doit être achevée au plus tard le 31 décembre 2025, déterminera dans quelle mesure la directive a atteint son objectif de protection de la santé humaine et de l’environnement en réduisant les émissions nationales des cinq principaux polluants atmosphériques.

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Sur la base des données relatives aux émissions pour 2023, six États membres n’ont pas respecté leurs engagements nationaux en matière de réduction des émissions de NH3. Depuis 2005, dans de nombreux États membres, les émissions de NH3 n’ont que légèrement diminué ou, dans certains cas, ont augmenté. Cette situation souligne la nécessité de mettre en place des politiques plus efficaces pour cibler les émissions du secteur agricole, qui est la principale source d’émissions de NH3 dans l’UE. Les pratiques agricoles visant à réduire les émissions de NH3 comprennent l’amélioration de l’épandage d’engrais et des pratiques de gestion du fumier, ainsi que l’optimisation de l’alimentation du bétail.

Pour chacun des polluants suivants – SO2, NOx, COVNM et PM 2,5 -, tous les États membres sauf un ont respecté leurs engagements nationaux de réduction des émissions pour la période 2020-2029, sur la base des données d’émission pour 2023 (tableau 1).

  • Chypre doit encore réduire considérablement ses émissions de SO2 pour respecter son engagement de réduction, les principales sources de SO2 à Chypre étant l’approvisionnement en énergie et l’industrie manufacturière.
  • En Lituanie, une réduction substantielle des émissions de NOx est nécessaire pour respecter les obligations de réduction, le transport routier étant une source essentielle. En Lituanie, il est également nécessaire de réduire les émissions de COVNM. Les nouvelles technologies et l’amélioration des processus de production dans les principaux secteurs d’émission, tels que l’industrie manufacturière, l’industrie extractive et l’utilisation des produits, peuvent contribuer à réduire davantage les émissions de COVNM de la Lituanie.
  • En ce qui concerne la Roumanie, des réductions supplémentaires des émissions de PM2.5 sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés pour 2020 et 2010.

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Tableau 1. Ampleur des réductions d’émissions (en pourcentage) requises par les États membres de l’UE pour respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions pour la période 2020-2029, sur la base des données de 2023.
Source : AEE, juin 2025

Principales sources de polluants atmosphériques

La figure 4 présente les cinq principaux polluants atmosphériques visés par la directive sur les plafonds d’émission nationaux ; la figure 5, un éventail plus large. Les secteurs économiques contribuant aux émissions de polluants atmosphériques diffèrent selon le polluant ; les variations entre les États membres résultent des différences dans leurs structures économiques.

Figure 4 – Secteurs et activités contribuant aux émissions des cinq polluants atmosphériques réglementés dans les États membres de l’UE en 2023
Source : AEE, juin 2025

Figure 5 – Secteurs et activités contribuant aux émissions du groupe le plus large de polluants atmosphériques dans les États membres de l’UE en 2023
Source : AEE, juin 2025
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Efforts nécessaires pour respecter les engagements nationaux en matière de réduction des émissions à partir de 2030

Des engagements plus stricts entreront en vigueur en 2030. En effet, la directive révisée sur la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe, directive (UE) 2024/2881, entrée en vigueur le 10 décembre 2024, aligne plus étroitement les normes de qualité de l’air de l’Union européenne pour 2030 sur les valeurs-guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et établit des limites et des valeurs cibles plus strictes par rapport aux règles actuelles pour plusieurs polluants à l’origine de troubles respiratoires, dont les particules fines (PM10 et PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2(lire notre article).

Compte tenu de cette échéance, l’Agence européenne pour l’environnement prévient que les États membres doivent redoubler d’efforts pour respecter leurs engagements nationaux en matière de réduction des émissions pour 2030 et au-delà. Sur la base des données de 2023, tous les États membres – à l’exception de la Belgique, de l’Estonie, de la Finlande et des Pays-Bas – doivent réduire les émissions d’au moins un polluant pour respecter leurs engagements pour 2030. Pour de nombreux États membres, l’AEE prévient que la distance qui les sépare de l’objectif est très importante et nécessite des mesures beaucoup plus énergiques. Le plus grand défi sera de réduire les émissions de NH3, de NOx et de PM2,5.

Même si un pays donné a déjà respecté l’engagement de réduction des émissions en 2030 pour des polluants spécifiques, les niveaux et tendances actuels des émissions suggèrent que des mesures supplémentaires doivent être mises en place pour éviter des augmentations qui mettraient en péril ces réalisations.

Figure 6 – Nombre d’États membres respectant leurs engagements nationaux de réduction des émissions pour les cinq principaux polluants atmosphériques pour 2030 et au-delà en 2023 et nombre d’États membres devant réduire leurs émissions pour respecter leurs engagements

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Source : AEE, juin 2025

Tableau 2 – Ampleur des réductions d’émissions (en pourcentage) requises par les États membres de l’UE pour respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions à partir de 2030, sur la base des données de 2023
Source : AEE, juin 2025
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NH3

En ce qui concerne le NH3, 12 États membres ont déjà respecté en 2023 leurs engagements les plus stricts en matière de réduction des émissions pour 2030 (tableau 2). Toutefois, plus de la moitié des États membres doivent encore réduire leurs émissions de NH3 pour respecter leurs engagements pour 2030. Le quatrième rapport sur la qualité de l’air de la Commission européenne (CE, 2025) souligne que la promotion de bonnes pratiques agricoles est essentielle pour réduire les émissions de NH3 provenant de l’élevage intensif, de la gestion du fumier et du lisier et de l’épandage d’engrais.

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PM2.5

12 États membres ont déjà respecté leurs engagements de réduction des émissions de PM2.5 pour 2030 en 2023 (tableau 2). La combustion de biomasse solide et de combustibles fossiles pour le chauffage résidentiel contribue encore de manière significative aux émissions de PM2.5 dans certains États membres. Par conséquent, l’amélioration de l’isolation et la modernisation des systèmes de chauffage, ainsi que l’installation de chaudières à faibles émissions ou le passage à des types de combustibles plus propres restent des actions importantes qui contribueront à réduire les émissions de PM2.5. Outre les efforts supplémentaires dans le secteur de l’énergie, il est également possible de réduire davantage les émissions dans les industries manufacturières et extractives, ainsi que dans le secteur du transport routier. Ce dernier comprend les émissions des moteurs à combustion interne et l’usure des pneus et des freins des véhicules.

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