L’OMS appelle à réduire de 50 % les effets de la pollution atmosphérique sur la santé d’ici à 2040
Par : Sophie Sanchez
© WHO – World Health Organization
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La deuxième conférence mondiale sur la pollution atmosphérique et la santé qui s’est tenue à Carthagène, en Colombie, du 24 au 28 mars 2025, a appelé toutes les parties prenantes à s’engager à prendre des mesures volontaires pour réduire de 50 % les effets de la pollution de l’air sur la santé d’ici à 2040. Cet objectif fera l’objet d’un suivi au niveau national et sera agrégé pour obtenir une estimation globale des progrès accomplis, les valeurs de 2015 servant de référence.
La conférence a été co-organisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement colombien, avec le soutien du gouvernement espagnol et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et de la Banque mondiale, entre autres agences des Nations unies. La précédente édition avait eu lieu du 29 octobre au 1er novembre 2018 (lire notre article).
L’OMS a rappelé que la pollution de l’air est « l’une des plus grandes menaces environnementales pour la santé humaine et contribue de façon déterminante au changement climatique. Environ 7 millions de personnes meurent chaque année du fait de la pollution de l’air, principalement de maladies respiratoires et cardiovasculaires ».
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Appel à l’action de la communauté de la santé
« Aujourd’hui, la pollution de l’air est le premier facteur de risque de morbidité », autrement dit « le premier facteur de risque de tomber malade », a déclaré Maria Neira, directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS à l’occasion de la conférence.
Constatant que les causes du changement climatique et de la pollution atmosphérique se recoupent, Maria Neira a appelé à trouver des solutions en matière d’assainissement de l’air, notamment par le biais des énergies renouvelables, d’un meilleur aménagement urbain et de l’élimination progressive des combustibles fossiles.
« Nous avons beaucoup à gagner pour la santé, pour l’économie et pour la société si nous accélérons cette transition [écologique] », a-t-elle souligné. « Bien que le défi soit immense, des progrès sont possibles. De nombreuses villes et de nombreux pays ont considérablement amélioré la qualité de l’air en appliquant des limites de pollution plus strictes », a-t-elle ajouté. « L’air pur n’est pas un privilège ; c’est un droit humain reconnu par l’Assemblée générale des Nations unies. Nous devons agir ensemble de toute urgence pour passer plus rapidement de la production électrique à partir du charbon vers les énergies renouvelables, en développant les transports publics et durables, en mettant en place des zones à faibles émissions dans les villes et en s’attachant à promouvoir l’énergie propre pour la cuisine et l’énergie solaire dans les établissements de santé. »
De fait, afin d’accélérer les actions en faveur de l’air pur, de l’accès aux énergies propres et de l’atténuation du changement climatique, l’OMS avait publié avant la conférence un « Appel à l’action de la communauté de la santé », exhortant les gouvernements, les décideurs, les donateurs et le secteur privé à « assainir l’air pour tous » par les moyens suivants :
– appliquer des mesures énergiques pour arrêter de polluer l’air, en réduisant les émissions à la source et en mettant pleinement en œuvre les lignes directrices mondiales de l’OMS relatives à la qualité de l’air ;
– assurer une transition juste et inclusive vers une énergie propre et l’élimination progressive des combustibles fossiles ;
– renforcer les actions en faveur de la qualité de l’air, le contrôle et la surveillance, ainsi que la capacité institutionnelle à limiter la pollution de l’air et à atténuer le changement climatique ;
– accroître le financement national et international pour faire de l’air pur une priorité dans les agendas politiques et de santé nationaux et mondiaux ;
– et créer une main-d’œuvre intersectorielle dotée des compétences et des capacités nécessaires pour concevoir et mettre en œuvre des politiques de lutte contre la pollution de l’air.
Ainsi plusieurs pays comme le Brésil, l’Espagne, la Chine et le Royaume-Uni ont présenté des feuilles de route nationales visant à réduire de moitié les effets de la pollution atmosphérique sur la santé d’ici à 2040.
Le Fonds pour la lutte contre la pollution atmosphérique, une organisation philantropique mondiale située à Londres qui travaille avec les gouvernements, les bailleurs de fonds, les entreprises et les militants, s’est engagé à verser 90 millions de dollars supplémentaires au titre des programmes de lutte contre le changement climatique et de santé
Les villes membres du réseau C40 se sont engagées à renforcer la surveillance de la qualité de l’air et à promouvoir des investissements plus importants dans les stratégies de lutte contre la pollution atmosphérique.
En outre, « dans une démonstration d’unité sans précédent », souligne l’OMS, plus de 47 millions de professionnels de la santé et des soins, de groupes de patients, de membres d’organisations de la société civile (OSC) et de particuliers ont exprimé leur soutien à la demande, s’engageant à montrer l’exemple.
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En savoir plus
UN Conference Calls for Halving Health Impacts of Air Pollution by 2040 – SDG Knowledge Hub
L’OMS publie ses nouvelles lignes directrices pour la qualité de l’air – Citepa