La BEI double les financements dédiés à l’adaptation au changement climatique pour les porter à 30 milliards d’euros entre 2026 et 2030
Par : Sophie Sanchez
D.R.
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« Accélérer et simplifier les investissements verts », et renforcer ainsi « la compétitivité, la sécurité énergétique et le leadership technologique de l’Europe », tel est l’objectif affiché par la Banque européenne d’investissement.
L’institution financière, dont les actionnaires sont les États membres de l’Union européenne (UE), a présenté, le 30 septembre 2025, la deuxième phase de la feuille de route de la banque du climat. Ce plan prévoit le doublement des investissements en faveur de l’adaptation au changement climatique, et des procédures simplifiées.
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« La banque du climat »
La BEI, qui a « opéré une transformation » pour passer d’une « banque de l’UE soutenant l’action climatique » à la « banque du climat », entend être le bailleur de fonds de référence à l’appui de la « révolution industrielle verte ».
En 2020, la BEI avait publié la première feuille de route de la banque du climat. Elle s’était engagée à dépasser 50 % de financements verts à l’horizon 2025.
C’était le fruit d’un processus d’évolution constant. En 2007, la BEI avait émis les premières obligations vertes au monde. En 2015, l’institution avait défini sa première stratégie en matière d’action pour le climat suite à la COP 21 à Paris. En 2019, elle avait décidé de cesser progressivement de financer des projets énergétiques recourant aux combustibles fossiles sans dispositifs d’atténuation.
À cet égard, le groupe BEI précise avoir soutenu depuis 2020 plus de 560 milliards d’euros d’investissements verts – dont environ 90 % au sein de l’Union européenne (UE) – et être sur la bonne voie pour atteindre son objectif global consistant à mobiliser au moins 1 000 milliards d’euros en faveur d’investissements verts au cours de l’actuelle décennie.
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Deuxième feuille de route
L’établissement a publié la deuxième feuille de route de la banque du climat et a annoncé, dans ce cadre, le doublement des financements en faveur de l’adaptation au changement climatique pour les porter à 30 milliards d’euros entre 2026 et 2030. Lors d’une réunion organisée à Chypre (qui, comme le relève le communiqué, est le pays d’Europe le plus pauvre en eau), le conseil d’administration a souligné « l’importance de l’adaptation pour la sécurité et la prospérité collectives », tout en mettant aussi en avant « sa rentabilité économique évidente ».
Investir dans l’adaptation est à la fois essentiel et judicieux sur le plan économique, souligne la BEI : les événements météorologiques extrêmes en Europe, ne serait-ce que durant l’été 2025, ont occasionné au moins 43 milliards d’euros de pertes économiques à court terme (lire notre article), tandis que l’on estime que chaque euro dépensé dans la prévention et l’adaptation permet d’éviter cinq à sept euros de futurs dégâts et coûts de reconstruction.
Ce soutien revu à la hausse se concentrera sur l’agriculture, la gestion du cycle de l’eau, les entreprises, les villes, les régions et les communautés vulnérables, en étroite collaboration avec la Commission européenne et les partenaires nationaux, régionaux et du secteur privé. Afin d’aider les clients à faire advenir leurs projets, le groupe BEI renforcera considérablement l’assistance technique, en particulier à l’appui des populations les plus vulnérables du monde, telles que les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés, les communautés à faible revenu, les peuples autochtones, les femmes, les migrants, les jeunes et les personnes âgées.
Avec la deuxième phase de la feuille de route, le groupe BEI réaffirme son engagement à affecter plus de la moitié de ses financements annuels à l’action en faveur du climat et à la durabilité environnementale. Ses dirigeants restent ainsi déterminés « à consacrer plus de 50 % [des] financements à des objectifs climatiques et environnementaux – en soutenant au moins 1 000 milliards d’euros d’investissements verts au cours de cette décennie – et à aligner toutes les nouvelles opérations sur l’Accord de Paris ».
Pour faciliter l’accès à ces financements verts, l’institution promet en outre une « simplification radicale » : éliminer les lourdeurs administratives en s’appuyant sur l’auto-évaluation et les règles et rapports existants, les valeurs de référence, les normes réglementaires et les règles des contreparties, ainsi que sur un recours accru à des mécanismes de vérification efficaces de l’admissibilité aux financements verts, avec des outils numériques comme le Green Checker.
Outre l’adaptation, cette deuxième phase mettra également un accent accru sur la compétitivité, la sécurité et la baisse des prix de l’énergie pour les entreprises et les ménages grâce à la fourniture d’une énergie propre abordable et produite localement. Sur la seule année 2025, le groupe BEI souligne à cet égard avoir prévu 11 milliards d’euros de nouveaux financements pour les réseaux énergétiques.
En parallèle, le groupe BEI engagera 17,5 milliards d’euros pour soutenir 350 000 PME européennes en matière d’efficacité énergétique. Il s’agit d’aider les PME qui ont recours à des technologies éprouvées d’économie d’énergie à réduire leur facture énergétique et à renforcer ainsi leur résilience et leur compétitivité.
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En savoir plus
Lire le communiqué de presse de la BEI
Outil Greenchecker d’évaluation de l’admissibilité des investissements et des entreprises au titre des produits intermédiés verts de la BEI