COP-30 à Belém sous Présidence brésilienne : déroulement et enjeux
Par : Mark Tuddenham

D.R.
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La Conférence de l’ONU sur le Climat se tient du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, Brésil. La COP-30, qui fait partie de cette Conférence, est une COP à forts enjeux où la priorité absolue sera de faire le point sur la troisième série des contributions nationales (NDC) soumises à la CCNUCC, de prendre acte du déficit d’ambition et de définir une feuille de route pour le réduire d’ici 2030. L’accent devrait également être mis sur la concrétisation de la mise en œuvre des engagements politiques de Dubaï (au premier rang desquels la transition vers la sortie des combustibles fossiles), sur la concrétisation de la feuille de route pour parvenir à l’objectif des 1 300 Md$/an d’ici 2035, ainsi que sur l’adoption des 100 indicateurs de suivi de l’objectif global en matière d’adaptation.
Rappel de l’articulation des différents organes de la CCNUCC

Les organes subsidiaires SBSTA et SBI sont des organes techniques mis à disposition de la COP, de la CMP et de la CMA.
Une COP à forts enjeux dans un contexte mondial difficile
Contexte
Contexte géopolitique, politique et économique
La Conférence de Belém intervient à un moment difficile, comme celle de l’année dernière à Bakou, celle de Dubaï (Emirats arabes unis) en 2023 et celle de Charm el-Cheikh (Egypte) en 2022. Le monde est sérieusement ébranlé par des guerres et tensions géopolitiques, de multiples conflits internationaux (en Ukraine, Palestine, au Liban…), ce qui a eu pour conséquence de reléguer le sujet de la crise climatique au second plan dans l’ordre des priorités des gouvernements nationaux. Dans ce paysage géopolitique fracturé, la priorité est désormais de plus en plus accordée à la sécurité et la défense.
Par ailleurs, la COP-30 intervient dans le contexte de la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays européens (Allemagne, Autriche, France, Italie, Pays-Bas, Suède…) et par des prises de position et promesses d’agir contre plusieurs leviers de l’action climat (réduction voire coupe dans les financements publics de la transition, soutien aux énergies fossiles…). Ainsi, ces deux dernières années ont vu surgir un « backlash » (retour de baton) contre la transition écologique et énergétique en Europe (y compris en France), avec pour conséquence une résistance à la dynamique enclenchée en 2015 lors de la COP-21 à Paris, un recul de l’ambition et des politiques climat et environnement, et une remise en cause des engagements climat, et des normes et réglementations environnementales.
En outre, la COP-30 intervient dans le contexte de l’opposition frontale de Trump à l’action climat, avec pour conséquence :
- la décision de l’administration Trump 2 de retirer les Etats-Unis de l’Accord de Paris pour la 2e fois (retrait qui sera effectif le 20 janvier 2026, un an après la notification) et de mettre fin au financement climat international ;
- un virement à 180° dans la politique climat nationale et internationale menée par l’administration Trump 2 ;
- son mépris total pour le multilatéralisme climat (« America First »), illustré en dernier lieu par son discours à la tribune lors du débat général de la 80e Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre 2025 à New York où il a pesté contre le dérèglement climatique en le taxant de : « la plus grande arnaque jamais menée contre le monde » (« The greatest con job perpetrated by the world »). Voir vérification des propos prononcés par Trump et correction des fausses informations publiées le 24 sept. 2025 par Climate Home News ;
- la posture « anti-science » de l’administration Trump 2 ;
- la suppression, dans une véritable « purge », des pages web sur le climat et la biodiversité sur des sites clés de l’administration fédérale (Maison blanche, EPA, Ministères des Affaires étrangères/Défense/Transports, etc.) ;
- le détricotage de la politique climat nationale mise en place depuis la prise de fonction de Biden en 2021 (démantèlement du « New Green Deal », de l’ « Inflation Reduction Act »,…) ;
- la relance massive de l’exploration et de l’exploitation (donc production) du pétrole et du gaz (« Drill baby drill »).
A noter que les Etats-Unis pourront toujours participer à la CMA-7 (Belém) en tant que Partie avec son droit de parole et de vote car leur retrait ne deviendra effectif que le 20 janvier 2026. Il est fort probable qu’il n’y ait pas de délégation de l’administration Trump 2 à Belém, celle-ci n’ayant envoyé aucun négociateur à Bonn en juin 2025 pour participer aux sessions SB-62. Par contre, des acteurs non étatiques américains seront bel et bien présents (représentants des Etats fédérés progressistes, du secteur privé et des ONG). Selon l’alliance « America is all in » (« Les Etats-Unis sont pleinement mobilisés »), plus de 100 représentants des autorités infranationales vont participer à la Conférence.
Enfin, s’ajoute à cela la crise économique mondiale : priorité à la compétitivité des entreprises, faible croissance mondiale, crise de la dette, inflation, contraintes et coupes budgétaires des Gouvernements nationaux, baisse du pouvoir d’achat des citoyens, etc.
En clair, la COP-30 sera sans doute la COP où le défi à relever pour la diplomatie climat est le plus difficile en 30 ans de COP.
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Contexte scientifique
La Conférence de Belém intervient après la publication, ces dernières semaines, et surtout ces derniers jours, de nombreux rapports, études ou analyses réalisés par les organisations internationales qui font référence en la matière (PNUE, OMM,…). Ces publications montrent une fois de plus que les voyants scientifiques sont de plus en plus au rouge, la trajectoire des émissions de GES continuant à augmenter, et la fenêtre d’opportunité pour limiter le réchauffement à +1,5°C étant en train de se refermer. Citons en particulier :
- l’édition 2025 du rapport annuel du PNUE, Emissions Gap Report qui va être publié le 4 novembre 2025). Le Citepa reviendra avec plus de détails après sa publication ;
- la cinquième synthèse des NDC, réalisée par le Secrétariat de la CCNUCC (publié le 28 octobre 2025), cette synthèse est basée sur les 64 NDC 3.0 (couvrant 64 Parties et environ 30% des émissions mondiales de GES) soumises à la CCNUCC via le registre NDC du 1er janvier 2024 au 30 sept. 2025. Donc cette synthèse ne fournit qu’un premier bilan qui est très partiel car les NDC de 131 Parties manquent à l’appel. En plus, elle prend en compte la NDC des Etats-Unis (soumise fin déc.2024 sous Biden) alors que l’administration Trump 2 n’a aucune intention de la mettre en œuvre. Par conséquent, les résultats présentés dans cette nouvelle synthèse sont à considérer avec une grande précaution. Sur cette base, selon les projections de la CCNUCC, l’ambition collective des 64 NDC 3.0 soumises demeure insuffisante pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à +1,5°C et respecter l’objectif de l’Accord de Paris. Ainsi, le niveau d’émissions totales de GES, sur la base de la mise en œuvre de ces NDC 3.0 et sur la base des objectifs annoncés ou des NDC soumises entre le 30 sept. et le 28 oct. 2025, baisserait d’environ 10% en 2035 par rapport au niveau de 2019 (source : déclaration de Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la CCNUCC, 28 oct. 2025). Et ce, alors que selon le rapport de synthèse des trois volumes du 6e rapport d’évaluation du Giec publié le 20 mars 2023 (lire notre brève) pour respecter l’objectif de +1,5°C d’ici 2100, il faut réaliser une réduction collective des émissions de GES, non pas de 10%, mais de 43% en 2030 et de 60% en 2035 (par rapport aux niveaux de 2019) pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C. A noter que ce premier bilan des NDC 3.0 soumises n’avance pas de projections d’émissions mondiales totales en 2030 et en 2035 par rapport à 2019 sur la base des 64 NDC soumises, mais plutôt des projections d’émissions totales des 64 Parties à ces horizons (base 2019) ;
- l’édition 2025 du Bulletin GES de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) sur les concentrations atmosphériques des trois principaux GES persistants (à longue durée de vie) : CO2, CH4 et N2O (publié le 14 octobre 2025). En 2024, les concentrations moyennes mondiales de chacun de ces gaz ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle (1750) ;
- dans son bulletin climat mensuel pour le mois de septembre 2025, publié le 9 octobre 2025, le programme européen Copernicus a annoncé que le mois de septembre 2025 est le 3e mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré (après sept. 2023, +1,74°C et sept. 2024, +1,54°C) : la température moyenne mondiale mensuelle était de +1,47°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900) pour le mois de septembre. Par ailleurs, septembre 2025 est l’un des six mois sur les derniers 27 mois pour lequel la température moyenne mondiale à la surface n’a pas dépassé de +1,5°C la moyenne pré-industrielle (1850-1900) [les cinq autres : juillet 2024, mai 2025, juin 2025, juillet 2025 et août 2025]. La température moyenne mondiale sur 12 mois, entre oct. 2024 et sept. 2025, a été de +1,51°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle ;
- l’édition 2025 des Perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook, WEO) de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) va être publié le 4 novembre 2025. Le Citepa reviendra avec plus de détails après sa publication.
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Contexte de la CCNUCC
La COP-30 est :
- la COP de l’ambition . C’est une COP charnière pour l’ambition avec la remise de la 3e série des NDC des Parties (appelées NDC 3.0) dont la période de mise en œuvre doit aller jusqu’en 2035 ;
- la COP de la mise en œuvre. La COP-30 doit marquer le moment où on passe à la phase de mise en œuvre. La décennie 2015-2024 était celle de la négociation des règles de l’Accord de Paris. A présent qu’enfin elles sont toutes formellement adoptées par la CMA, Belém lance une nouvelle décennie où la CMA va désormais focaliser ses travaux sur l’état de mise en œuvre concrète de ce dont ont convenu les Parties dans l’Accord de Paris (objectifs, obligations et autres dispositions) ;
- la COP des forêts tropicale Le Président de la COP-30 a décidé de tenir la conférence en pleine Amazonie pour souligner l’importance, d’une part, des forêts tropicales dans le système climatique mondial, et d’autre part, les liens entre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité
Mais c’est également une COP symbolique :
- la COP-30 marque les 10 ans de l’Accord de Paris, adopté le 12 déc. 2015,
- la COP-30 marque 30 ans de COP : la COP-1 a eu lieu à Berlin du 28 mars au 7 avril 1995,
- la COP-30 a lieu dans le pays où tout le processus de la CCNUCC a commencé il y a 33 ans….au Brésil, à Rio avec le Sommet de la Terre et l’adoption de la Convention Climat (et celles sur la biodiversité et la désertification),
- la COP-30 intervient à mi-parcours de la décennie « cruciale » pour renforcer l’action climat, « en rectifiant le tir » afin de combler l’écart entre la science et l’ambition.
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La Présidence de la COP-30
Conformément à la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU, la COP de 2025 a eu lieu en Amerique latine et Caraïbes (groupe composé de 33 pays). La COP-28 avait approuvé via la décision 17/CP.28 la proposition du Brésil d’accueillir la COP-30.
La Présidence azerbaïdjanaise de la COP-29 prend fin à l’ouverture de la COP-30. Le Brésil détiendra la Présidence jusqu’à l’ouverture de la COP-31 (prévue au 9 novembre 2026).
Diplomatie climat : une Présidence chevronnée et très communicante
La Présidence d’une COP a un rôle stratégique crucial à jouer :
- dans le pilotage neutre et habile des négociations, surtout lors des négociations politiques pendant la 2e semaine de la Conférence après la fin des négociations techniques de la première semaine au sein des deux organes subsidiaires SBSTA et SBI ; et
- dans le renforcement de l’ambition des Parties en matière d’action climat.
A la différence de l’Azerbaïdjan qui avait acquis peu d’expérience en diplomatie climat, le Brésil bénéficie d’une Présidence chevronnée. Le Président, André Aranha Corrêa do Lago, Secrétaire chargé du Climat, de l’Energie et l’Environnement auprès du Ministère des Affaires étrangères, est un vétéran de la diplomatie climat : il est très respecté de la communauté internationale « climat », il connaît très bien le processus multilatéral, il dispose d’un large réseau diplomatique et il est très à l’aise pour parler à tous les « camps » (Chine et autres grands pays émergents, Russie, Etats-Unis, UE, petits Etats insulaires, pays les moins avancés,…).
La directrice générale de la COP-30 est Ana Toni, secrétaire nationale pour le changement climatique au Ministère de l’Environnement et du Changement climatique.
Le Président do Lago a été très actif au cours de cette année en termes de communication : il a adressé pas moins de huit lettres aux parties prenantes (et ce, à la différence flagrante de la Présidence de la COP-29 qui a été quasiment absente).
- 10 mars : première lettre (aux Parties)
- 8 mai : 2e lettre (aux Parties)
- 23 mai : 3e lettre (aux Parties)
- 20 juin : 4e lettre (aux Parties)
- 12 août : 5e lettre (aux peuples)
- 19 août : 6e lettre (aux Parties)
- 29 août : 7e lettre (au secteur privé)
- 23 oct. : 8e lettre (aux Parties), consacrée entièrement à l’adaptation.
Vision et priorités de la Présidence
La Présidence de la COP-30 a fixé trois priorités globales pour Belém :
- renforcer le multilatéralisme et le régime de lutte contre le changement climatique dans le cadre de la CCNUCC,
- relier ce régime à la vie réelle des gens,
- accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris en stimulant l’action et les changements structurels :
Selon do Lago (source : 3e lettre aux Parties),« les résultats du Bilan mondial [(Global Stocktake), obtenus à Dubaï en déc. 2023, via la décision 1/CMA.5] constituent notre boussole de mise en œuvre de l’Accord de Paris » pour faire avancer sa mise en œuvre intégrale et accélérer l’action climat mondiale. Il a ajouté que « le bilan mondial est notre NDC mondiale ». A noter qu’il a soigneusement évité d’aborder le sujet qui fâche dans cinq de ses huit lettres aux parties prenantes : les combustibles fossiles (et dans les 3e et 4e lettres, il a simplement cité le paragraphe 28(d) de la décision 1/CMA.5). Cela s’explique sans doute par sa peur de revenir en arrière par rapport aux acquis politiques de Dubaï et de braquer la Chine, l’Inde, la Russie,..
Lancement d’un « mutirão » mondial contre le dérèglement climatique
Dans sa 2e lettre, il a annoncé la mise en place d’un « mutirão » mondial contre le dérèglement climatique. Il s’agit d’un concept issu des peuples indigènes du pays signifiant une communauté qui se rassemble pour travailler et se soutenir sur une tâche commune. Le concept de mutirão rappelle ceux des indaba (COP-17), du comité de Paris (COP-21), du dialogue de Talanoa (COP-23), des Majlis (COP-28) et des Qurultay (COP-29).
Lancement de quatre « cercles de Leadership » (« Leadership circles »)
Le Président de la COP-30 a également lancé quatre « Leadership Circles » (cercles de pilotage) :
- « Cercle de Présidences [des COP] » réunissant toutes les Présidences depuis la COP-21 (France, Maroc, Iles Fidji, Pologne, Chili, Royaume-Uni, Egypte, Emirats et Azerbaïdjan) pour fournir à la Présidence de la COP-30 des conseils sur le processus politique (processus, mécanismes, parties prenantes au sein de la CCNUCC) et sur la mise en œuvre de l’action climat (Président : Laurent Fabius).Les Présidences actuelles des Conventions sur la biodiversité (CDB) et sur la désertification (UNCCD) ont été invitées à rejoindre ce Cercle de Présidences ;
- « Cercle des Ministres des Finances », présidé par le Ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad ;
- « Cercle du Bilan éthique mondial » (Global Ethical Stocktake Circle), dont la mission est d’accroître la sensibilisation mondiale via des dialogues inclusifs à travers diverses régions ;
- « Cercle des peuples » pour donner la parole aux peuples indigènes, aux communautés traditionnelles, etc.
Nomination de 29 envoyés spéciaux
Le 14 mai 2025, la Présidence de la COP-30 a nommé 29 envoyés spéciaux à travers le monde ayant pour mission de renforcer l’engagement, le dialogue, la communication et l’inclusivité auprès des régions stratégiques et secteurs prioritaires en amont de Belém. Ils remplissent cette mission à titre volontaire. Ils constituent le point focal pour l’échange d’informations avec les régions/secteurs qu’ils représentent mais ils constituent également le point d’entrée pour la remontée des demandes et exigences vers la Présidence de la COP-30 :
Sept envoyés spéciaux pour les régions/zones géographiques stratégiques :
- Europe (Laurence Tubiana), Océanie (Jacinda Ardern, ancienne PM de la Nouvelle-Zélande), Amérique du Nord (Jonathan Pershing (expérience solide de la diplomatie climat internationale), Amérique latine et Caraïbes (Patricia Espinosa, ancienne Secrétaire exécutive de la CCNUCC), Moyen Orient, Asie du Sud, Afrique ;
22 envoyés spéciaux pour les secteurs clés :
- société civile ; forêts ; syndicats ; droit humains et transition juste ; secteur privé de l’Amazonie ; énergie ; santé ; intégrité des données ; les femmes ; société civile de l’Amazonie ; égalité raciale et communautés urbaines marginalisées ; culture et industries créatives ; bioéconomie ; autorités infranationales de l’Amazonie ; secteur privé ; océans ; sport ; planification familiale ; solutions urbaines ; agriculture ; Forum brésilien sur le changement climatique ; peuples indigènes.
Lancement d’une réflexion sur l’évolution du processus de la CCNUCC
Dans sa 3e lettre aux Parties du 23 mai 2025, ayant à l’esprit les appels réguliers à la réforme du processus de la CCNUCC, la Présidence brésilienne a invité toutes les Parties à réfléchir sur l’avenir de ce processus. Dans le processus, « on passe d’une phase centrée sur la négociation à une phase centrée sur la mise en œuvre ». La Présidence a ainsi invité les Parties, sous l’égide du Président du SBI, à réfléchir sur les approches et initiatives visant à accroître l’efficacité du processus de la CCNUCC pour renforcer l’ambition et la mise en œuvre. Un grand défi à relever pour améliorer le processus est de réduire :
- le nombre excessif de sujets à l’ordre du jour des organes COP/CMA/SBSTA/SBI,
- le nombre de sujets qui se recoupent,
- les contraintes et obstacles en termes de programmation qui empêchent la participation efficace des petites délégations.
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Consultations de la Présidence
Dans sa 6e lettre aux Parties du 19 août 2025, André Aranha Corrêa do Lago a annoncé le lancement de consultations de la Présidence avec les Parties pour faire avancer les discussions sur des sujets clés à forts enjeux politiques et/ou techniquement complexes afin de préparer les travaux de la COP-30 sur la base d’un processus inclusif, transparent et prévisible. Ces consultations visent également à constituer un forum de débat pour permettre aux Parties d’aborder des sujets qu’ils jugent prioritaires et qui ne sont pas inscrits à l’ordre du jour formel des négociations.
Ces consultations sont menées en collaboration avec la Présidence de la COP-29 (Azerbaïdjan) et les Présidents des 2 organes subsidiaires (SBSTA et SBI) :
- 1ère consultation : 25 sept. 2025 en marge de l’UNGA-80,
- 2e consultation : 15 oct. 2025 à Brasilia à la suite de la réunion pré-COP,
- poursuite des consultations à distance jusqu’à la COP-30,
- le Président do Lago reprendra les consultations en présentiel à partir du 1er jour de la COP-30 (10 nov. 2025).
Parallèlement à ces consultations, le Président va mettre en place pour Belém des binômes ministériels, comme à l’accoutumé lors des COP, à savoir deux Ministres (l’un(e) provenant d’un pays industrialisé et l’autre d’un pays en développement) chargés de piloter des consultations supplémentaires sur cinq éléments fondamentaux pour parvenir à un accord global sur l’ensemble des principaux enjeux de Belém
- atténuation
- adaptation
- moyens de mise en œuvre (financement, transfert de technologies, renforcement des capacités)
- transition juste
- Bilan mondial (Global Stocktake)
Do Lago va annoncer prochainement la nomination de ces binômes ministériels
Last but not least…
Les trois dernières COP ont eu lieu dans des pays gros producteurs de combustibles fossiles (Egypte en 2022, Emirats arabes unis en 2023 et Azerbaïdjan en 2024). Quant au Brésil, pays hôte de la COP-30, il est le 7e pays producteur de pétrole dans le monde (2,5% du total mondial produit (source : AIE).
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Organisation et déroulement de la Conférence de Belém
Les sessions de négociation formelles
Comme tous les ans, la Conférence de Belém s’articule autour de cinq sessions de négociation formelles qui se déroulent en parallèle :
10 – 15 nov. 2025 : 63èmes sessions des deux organes subsidiaires de la CCNUCC :
- organe subsidiaire pour la mise en œuvre (SBI-63) – voir ordre du jour provisoire,
- organe subsidiaire pour le conseil scientifique et technologique (SBSTA-63) – voir ordre du jour provisoire.
10 – 21 nov. 2025 : sessions des trois organes de prise de décision formelle :
- 30e Conférence des Parties à la Convention Climat (COP-30) – voir ordre du jour provisoire et annotations,
- 7e Réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-7) – voir ordre du jour provisoire et annotations, ordre du jour provisoire et annotations +ajout et ordre du jour supplémentaire,
- 20e Réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP-20) – voir ordre du jour provisoire et annotations.
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Séquence de haut niveau (Chefs d’Etat et de Gouvernement ; Ministres)
6 – 7 nov. 2025 : 1ère partie de la séquence de haut niveau, dont le Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat (World Leaders’ Climate Action Summit). A noter que sur décision du Président de la COP-30, cette première partie de la séquence de haut niveau se tient, pour la première fois, trois jours AVANT l’ouverture officielle de la COP-30, à Belém ;
17 – 18 nov. 2025 : 2e partie de la séquence de haut niveau, avec la présence des Ministres chargés des négociations internationales sur le climat (selon les Etats : Ministres de l’Environnement, du Climat et de l’Energie, des Affaires étrangères, etc.).
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Les principaux évènements mandatés
Plusieurs évènements et réunions mandatés (mandated events) par une décision de la COP ou de la CMA (de Bakou, de Dubaï, de Charm el-Cheikh ou d’une année antérieure) auront lieu à Belém. Voici les principaux évènements par enjeu clé :
Financement climat
- 15 nov. 2025 : 3e dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat dans le cadre de la CMA.
Atténuation
- 19 nov. 2025: table ronde ministérielle de haut niveau sur l’ambition pré-2030 (CMA-7).
Adaptation
- 18-19 nov. 2025 : Dialogue de haut niveau de Bakou sur l’adaptation.
Transition juste
- 18 nov. 2025: 3e table ronde annuelle ministérielle sur la transition juste dans le cadre du programme transition juste (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4) (CMA-6).
Article 6
- 10 et 12 nov. 2025: 2e réunion du dialogue sur l’ambition : 1ère partie et 2e partie
- 11 nov. 2025 : atelier sur les approches non fondées sur le marché sous l’égide du Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché (GCNMA) (article 6.8). Voir note de cadrage.
MRV dans le cadre du régime pré-Paris
- 14 nov. 2025: 19e atelier sur « l’échange non coercitif des points de vue » (facilitative sharing of views ou FSV) des rapports biennaux actualisés (Biennal Update Reports ou BUR) dans le cadre de la démarche MRV (suivi, déclaration et vérification) des pays en développement (SBI-63).
MRV dans le cadre du régime de Paris
- 15 nov. 2025: 2e examen multilatéral des progrès (Facilitative, Multilateral Consideration of Progress ou FMCP) – 1ère partie + 2e partie (cf. article 9).
- 13 nov. 2025: dialogue ministériel sur la transparence : le premier cycle du cadre de transparence renforcée (Enhanced Transparency Framework ou ETF, cf. article 13). Événement de la Présidence.
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Journées thématiques
En dehors des négociations formelles dans le cadre de la COP, de la CMA et de la CMP, la Présidence brésilienne a organisé cinq double-journées thématiques qui auront lieu durant la Conférence (comme le font tous les ans les Présidences des COP) :
10-11 nov. : adaptation, villes, infrastructure, eau, déchets, collectivités infranationales, bioéconomie, économie circulaire, science, technologies et IA.
12-13 nov. : santé, emploi, éducation, culture, justice et droits humains, intégrité de l’information, travailleurs.
14-15 nov. : énergie, industrie, transports, commerce, finance, marchés carbone, GES hors CO2.
17-18 nov. : forêts, océans, biodiversité, peuples indigènes, communautés locales et traditionnelles, enfants et jeunesse, santé, petites et moyennes entreprises.
19-20 nov. : agriculture, filière agro-alimentaire et sécurité alimentaire, pêche, petites exploitations agricoles, femmes, genre, tourisme.
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Focus et enjeux de la Conférence de Belém
La Conférence de l’ONU sur le climat à Belém sera une COP à forts enjeux où la priorité absolue sera de faire le point sur la troisième série des contributions nationales (NDC) soumises à la CCNUCC, de prendre acte du déficit d’ambition et de définir une feuille de route pour le réduire d’ici 2030. L’accent devrait également être mis sur la concrétisation de la mise en œuvre des engagements politiques de Dubaï (au premier rang desquels la transition vers la sortie des combustibles fossiles), sur la concrétisation de la feuille de route pour parvenir à l’objectif des 1 300 Md$/an d’ici 2035, ainsi que sur l’adoption des 100 indicateurs de suivi de l’objectif global en matière d’adaptation. A présent que l’ensemble des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris est adopté, 10 ans après l’adoption de l’Accord de Paris, sa mise en œuvre constitue désormais le focus des négociations climat.
Le Citepa présente ci-après les huit enjeux majeurs de cette Conférence à Belém :
Premier enjeu de Belém : l’atténuation
- Renforcer l’ambition 2035 : niveau d’ambition individuelle
Le principal enjeu pour la CMA-7 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Ces nouvelles NDC dans cette troisième série ont été baptisées les NDC 3.0). Celles-ci devraient être alignées, dans leur ensemble, avec une trajectoire d’émissions de GES compatible avec les objectifs +1,5°C et +2°C, en s’appuyant sur les enseignements tirés du premier Bilan mondial, dont la phase politique s’est déroulée à Dubaï lors de la CMA-5. En amont de la CMA-7 à Belém, de fortes attentes de la société civile et des ONG vis-à-vis d’un nécessaire renforcement de l’ambition des NDC sont observées.
Les pays ou régions grands émetteurs qui n’ont pas soumis leur NDC (Chine, UE, Inde,…) devraient le faire pour Belém. De même, les pays ou régions grands émetteurs qui n’ont pas renforcé leurs objectifs climat dans leur NDC-2 devraient soumettre rapidement une NDC 3.0 avec des objectifs renforcés/
- Renforcer l’ambition 2035 : niveau d’ambition collective
Outre les NDC 3.0 des Parties à titre individuel, l’impact collectif de l’ensemble des NDC 3.0 sera d’une importance majeure à Belém. Aujourd’hui, il existe encore un écart important entre la science et l’ambition 2030, c’est-à-dire entre, d’une part, les projections d’émissions de GES à l’horizon 2030 basées sur les engagements de réduction des NDC-2, et d’autre part le niveau d’ambition collective nécessaire en 2030 pour ramener les émissions mondiales sur une trajectoire compatible avec les objectifs +1,5°C et +2°C.
La COP-30 (ou plutôt la CMA-7) sera donc le moment de vérifier si les Parties ont intégré dans leur NDC les acquis politiques du bilan mondial, et surtout la transition vers la sortie des combustibles fossiles.
Questions cruciales sur l’ambition à examiner à Belém :
- comment [et dans quel volet des négociations – voir plus loin] aborder le problème de l’écart entre la science (objectif +1,5°C) et l’ambition collective des Parties (projections d’émissions en 2035 sur la base des objectifs de réduction nationaux inscrits dans ces NDC 3.0) ?
- les Parties vont-elles parvenir à reconnaître collectivement et explicitement cet écart ?
- comment combler cet écart ? Autrement dit, comment renforcer l’ambition collective ?
- comment assurer la mise en œuvre effective des NDC 3.0 et des objectifs déjà fixés par les NDC-2 ?
En clair, les Parties à l’Accord de Paris devraient prendre acte du déficit d’ambition collective des NDC et définir une feuille de route ou établir un processus pour réduire, voire combler ce déficit (« rectifier le tir » comme dit le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres) : cela passe forcément par le renforcement des NDC 3.0.
- Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP)
Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023), à Bonn (juin 2024) et à Bakou (novembre 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement sur le mandat même de ce programme de travail. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-7 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets, tant en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C, qu’en matière de mise en oeuvre.
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2e enjeu de Belém : le financement climat
Les négociations à Belém vont se dérouler dans le contexte du nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat pour la période post-2025, objectif fixé à Bakou dans la dernière ligne droite des négociations le 23 novembre 2024.
- Concrétiser le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat (NCQG) pour la période post-2025
Le deuxième enjeu prioritaire pour la Présidence à Belém, après celui du renforcement de l’ambition, est de concrétiser la feuille de route vers la réalisation de l’objectif global des 1 300 Md$/an d’ici 2035 (et de son objectif central de 300 Md$/an d’ici 2035), fixés par la décision 1/CMA.6 adoptée à Bakou au terme de la CMA-6. Cet enjeu est indispensable pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord qui a été sérieusement érodée, d’une part, puisque les pays du Nord ont atteint l’objectif des 100 Md$/an avec deux ans de retard et d’autre part, car les pays du Sud sont fortement déçus du montant final de l’objectif central en matière de financement climat : 300 Md$/an d’ici 2035). Des avancées concrètes sur le sujet clivant du soutien financier par les pays industrialisés aux pays en développement est un préalable pour débloquer les négociations afin d’avancer dans les autres axes de négociation (atténuation en tête). Le financement climat joue un rôle crucial dans le renforcement de l’ambition des pays en développement (notamment en matière de transition énergétique).
Conformément à la décision 1/CMA.6 (§ 27), les Présidences de la CMA-6 et de la CMA-7 sont chargés d’établir un rapport synthétisant ce travail et de le présenter lors la CMA-7. Ce rapport devrait :
- apporter des éléments de réponse aux questions de savoir comment réduire le déficit de financement climat et comment renforcer l’accès au financement, et
- clarifier les rôles et responsabilités pour atteindre les 1 300 Md$/an.
Une feuille de route crédible et robuste constituerait un gage de confiance : elle devrait être largement axée sur le financement de l’adaptation. Les résultats de ce travail, très attendus par les pays en développement, vont être cruciaux pour rétablir leur confiance vis-à-vis des pays industrialisés (historiquement responsables de la crise climatique), surtout sur le sujet du financement, car ils se sont sentis trahis à Bakou par le montant de l’objectif central (300 Md$/an, sa période cible (2035) et d’autres paramètres (contributeurs, sources de financement, qualité du financement fourni, volets de l’action climat visés,…) fixés par la CMA-6. Sans feuille de route crédible et robuste, la confiance pourra difficilement être rétablie entre pays en développement et pays industrialisés bailleurs de fond.
- Nouveaux engagements des Parties en matière de financement climat
Sur le sujet financement climat, le 2e enjeu pour la CMA-7 à Belém est d’obtenir des pays industrialisés (et des pays émergents) de nouveaux engagements concrets et ambitieux en matière de financement climat international pour les pays en développement, notamment via le Fonds vert pour le climat, et ce, là aussi, pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord. Il s’agira de créer une dynamique politique et diplomatique forte pour inciter les pays développés à accroître le financement climat pour les pays en développement vulnérables. Cela constituerait la véritable clé pour faire avancer les négociations sur les autres sujets problématiques.
- Article 2.1(c)
Sur le sujet financement climat, le 3e enjeu pour la CMA-7 à Belém est de réaliser des avancées concrètes dans le cadre des discussions du dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris. Cet article fixe l’objectif de rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’émissions bas-carbone et résilient aux changements climatiques. Ce dialogue a été mis en place par la décision 1/CMA-4 (Charm el-Cheikh, 2022).
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3e enjeu de Belém : l’adaptation
- Objectif mondial en matière d’adaptation : indicateurs
Le premier enjeu pour la CMA-7 sur le sujet adaptation est de faire aboutir le programme de travail biennal Emirats-Belém (2025-2026), dont la mise en place a été décidée à Dubaï lors de la CMA-5 (décision 2/CMA.5,§39). L’objectif de ce programme est d’identifier et d’élaborer des indicateurs et éléments chiffrés pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation, d’ici 2030, des sept objectifs qualitatifs thématiques (eau ; agriculture et agroalimentaire ; écosystèmes et biodiversité ; santé ; infrastructures et villes ; élimination du pauvreté ; patrimoine culturel) et les quatre objectifs en matière de gouvernance (évaluation des incidences, de la vulnérabilité et des risques ; planification ; mise en œuvre ; suivi et évaluation des efforts d’adaptation) (décision 2/CMA.5,§9 et §10) fixés par le cadre des Emirats pour la résilience climatique mondiale (UAE Framework for Global Climate Resilience) (décision 2/CMA.5,§6) au titre de l’objectif mondial sur l’adaptation (Global Goal on Adaptation ou GGA).
La CMA-7 doit évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des sept objectifs qualitatifs et des quatre objectifs de gouvernance et approuver formellement un ensemble de 100 indicateurs de suivi qui peuvent s’appliquer à l’échelle mondiale et ce, sur la base d’une liste finale des 100 indicateurs potentiels lesquels ont été sélectionnés (et publiés le 9 septembre 2025) par le groupe de 78 experts techniques à partir d’une première liste des 490 indicateurs qu’ils ont recensée et publiée le 23 mai 2025.
- Objectif d’au moins doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025
Le 2e enjeu pour la CMA-7 sur le sujet adaptation est de faire le point sur les progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif pour les pays industrialisés d’au moins doubler, d’ici 2025, leur soutien financier collectif aux pays en développement pour leurs actions d’adaptation (par rapport aux niveaux de 2019), en s’efforçant de parvenir à un équilibre entre les financements pour l’atténuation et l’adaptation. Cet objectif a été fixé par la CMA-3 dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat en 2021 (cf. paragraphe 18 de la décision 1/CMA.3). Cela correspond, en se basant sur le financement consacré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,3 Md$ – source : OCDE, 16 nov. 2023, p.10) à environ 40,6 Md $ en 2025 (lire notre article).
Cette année, cet enjeu est particulièrement important, sachant qu’il s’agit de l’année cible, 2025.
Selon le dernier bilan de l’OCDE, publié le 29 mai 2024, le financement adaptation s’est élevé à 32,4 Md$ en 2022, soit à mi-chemin entre le niveau de 2019 (20,3 Md$) et l’objectif de 2025 40,6 Md$). Il reste donc trois ans pour atteindre cet objectif, (source : OCDE, 29 mai 2024). A noter enfin que les chiffres définitifs pour 2025 ne seront disponibles qu’en 2027 du fait du dispositif de rapportage du financement climat en place. Le bilan 2025 de l’OCDE couvrant l’année 2023 est très attendu.
En attendant, le nouveau Adaptation Gap Report, publié le 29 octobre par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui évalue l’écart entre les flux de financement fournis pour l’adaptation par les pays industrialisés aux pays en développement et les besoins réels nécessaires de ceux-ci pour y faire face, les flux publics multilatéraux et bilatéraux de financement de l’adaptation vers les pays en développement ont baissé entre 2022 et 2023, en passant de 28 Md$ en 2022 à 26 Md$/an en 2023, soit une baisse de 7%. Cette évolution baissière 2022-2023 augure mal de l’atteinte de l’objectif de doublement du financement climat en 2025 (base 2019) fixé par le Pacte de Glasgow pour le climat en 2021
Il faut donc obtenir des pays industrialisés de nouveaux engagements concrets en matière de financement de l’adaptation pour contribuer à la réalisation de cet objectif.
Il faudra également fixer un nouvel objectif en matière de financement de l’adaptation à l’horizon 2030 pour prendre le relais de l’objectif dont l’année cible arrive à échéance en fin de cette année 2025.
- Plans nationaux d’adaptation
Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.
La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).
Au 16 octobre 2025, 68 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 44%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).
A Belém, l’enjeu sera donc de poursuivre ces discussions mais la question du financement de l’adaptation va être omniprésente car les pays en développement ne cessent de souligner qu’ils ont besoin d’un soutien financier, non seulement pour mettre en œuvre leur PNA, mais aussi, et surtout, pour les élaborer. Il faut que les pays industrialisés renforcent leur soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.
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4e enjeu de Belém : les pertes et préjudices
Abonder le fonds pertes et préjudices
A présent que les modalités de fonctionnement et la structure de gouvernance du fonds pertes et préjudices ont été formellement adoptées à Bakou par deux décisions (décision 12/CMA.6 et décision 6/CP.29), le principal enjeu pour la CMA-7 (et pour la COP-30) sur le sujet pertes et préjudices est d’obtenir des pays industrialisés de nouveaux engagements concrets en matière de financement pour alimenter le fonds pertes et préjudices.
A Belém, le fonds pertes et préjudices (FRLD) prévoit de lancer un appel à contributions de financement (qui durera six mois à partir du 1er déc. 2025) afin de procéder à ses premiers versements.
La CMA-7 et la COP-30 doivent également conjointement examiner et adopter le rapport 2025 du Conseil d’administration du fonds à la CMA.
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5e enjeu de Belém : suite à donner au bilan mondial de l’action climat (Global Stocktake ou GST)
- Mise en œuvre concrète des résultats de la phase politique du GST
Le premier enjeu pour la CMA-7 est de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :
- § 28(d) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
- § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
- § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.
Comme à Bakou, lors de la CMA-6, un sujet de blocage probable est la question primordiale de la transition vers une sortie des combustibles fossiles actée par le paragraphe 28(e) de la décision 1/CMA.5. Les Parties vont-elles mener des discussions à Bakou sur ce sujet brûlant ? Lors des sessions inter-COP à Bonn en juin 2024, le sujet a été quasiment totalement absent des négociations. Quoi qu’il en soit, à Bakou, une chose est sûre : d’une part, les pays en développement vulnérables (petits Etats insulaires, pays les moins avancés,…) insisteront sur l’importance d’en discuter, mais d’autre part, ils devront très probablement faire face à une opposition ferme de la part des pays du groupe de négociation LMDC (Chine, Inde, Arabie saoudite,…).
- Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST
Le 2e enjeu pour la CMA-7 sur le sujet bilan mondial est de définir et d’adopter les modalités pratiques du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (prévu par la décision 1/CMA.5, § 97 et 98). Ce dialogue annuel, qui se déroule sur quatre ans (2025-2028), aurait dû être lancé dès la CMA-6 (Bakou) mais il est resté en suspens faute de consensus entre les Parties : aucune décision sur ce sous-volet des négociations sur le bilan mondial n’a donc été adoptée à Bakou. Ce sous-volet des négociations sur le bilan mondial est très important car les résultats de la phase politique du 1er Bilan mondial doivent éclairer les travaux d’élaboration des NDC 3.0 (qui devront couvrir la période jusqu’en 2035), à soumettre par les Parties pour Belém, ou, au plus tard, fin 2025. A Belém, l’enjeu est donc de concrétiser les modalités pratiques de ce Dialogue : périmètre, plan de travail, calendrier, participants, etc. et de rendre ce Dialogue opérationnel, une fois pour toutes, afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2026 et ce, en vue de mettre en œuvre les engagements fixés par le GST-1.
- Processus de déroulement du GST
Le 3e enjeu pour la CMA-7 sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu sur 2027-2028 et dont la phase politique s’achèvera en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) sur la base de l’expérience acquise lors du GST-1 et ce, en vue d’adopter une décision à Belém. A Bakou, lors de la CMA-6, ce sous-volet des négociations sur le bilan mondial est resté en suspens faute de consensus entre les Parties : aucune décision sur ce sous-volet n’a donc été adoptée à Bakou. A Belém, les Parties devront donc définir comment améliorer le processus du Bilan mondial sur la base de l’expérience acquise lors du GST-1.
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6e enjeu de Belém : la transition juste
Modalités de mise en œuvre du programme de travail sur la transition juste
A Belém, l’enjeu sur le sujet de la transition juste est de faire avancer les négociations dans le cadre du du programme de travail sur la transition juste (JTWP) pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du JTWP (périmètre, plan, calendrier, participants,…). A Bakou, lors de la CMA-6, ce volet des négociations est resté en suspens faute de consensus entre les Parties : aucune décision sur ce sous-volet n’a donc été adoptée à Bakou. L’enjeu pour la CMA-7 est donc de finaliser, une fois pour toutes, puis adopter ces modalités de mise en œuvre avant que les discussions techniques de fond sur le JTWP ne puissent démarrer en 2026.
Par ailleurs, la 3e table ronde ministérielle sur la transition juste se tiendra à Belém le 18 novembre 2025.
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7e enjeu de Bakou : la COP-31
Choix du pays hôte de la COP-31 (2026)
Selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU (Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie et région du Pacifique ; Europe de l’Ouest et autres [Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, USA, Israël,…] ; Europe centrale et orientale), la COP-31 se tiendra en Europe de l’Ouest et autres.
Le choix du pays hôte candidat de la COP-31 doit se faire par consensus au sein du groupe régional Europe de l’Ouest et autres, avant d’être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties à la COP-30.
Deux pays ont exprimé leur intérêt pour accueillir la COP-31 : Australie (à Adelaide, propositiion de candidature conjointe avec les pays du Pacifique) et Turquie. A Bakou, les 29 pays du groupe régional Europe de l’Ouest ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur leur choix final : aucun des deux pays ne voulait céder la place à l’autre, chacun campant sur sa position et cette impasse politique perdure à la veille de l’ouverture de la COP-30. Pas plus tard que le 24 septembre 2025, lors du sommet sur le climat à New York, à la tribune, les dirigeants des deux pays, chacun à son tour (la Turquie suivie directement de l’Australie), ont réitéré leur souhait d’accueillir la COP-30.
La décision formelle sur le pays hôte de la COP-31 devra être prise à Belém car la COP-31 aura lieu l’année prochaine. Si les 29 Parties ne parviennent pas à un consensus, c’est à Bonn que la COP-30 se tiendra – le siège de la CCNUCC.
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8e enjeu de Bakou : le budget 2026-2027
Adopter le projet de budget de programme de base de 92,2 M€ pour l’exercice biennal 2026-2027 (+24% par rapport au budget 2024-2025)
Le projet de budget, élaboré par le Secrétariat de la CCNUCC en consultation avec les Parties, a été publié le 17 avril 2025. A Bonn (juin 2025), le SBI-62 s’est mis d’accord sur ce projet de budget et a soumis un projet de décision pour examen et adoption par la COP-30.
Le Journal de la COP-30 : le suivi quotidien des avancées des négociations climat par le Citepa
Chaque jour, pendant toute la durée de la Conférence de Belém sur le Climat, le Citepa publiera son Journal de la COP-30, accessible sur son site web dans la rubrique Actualités et décryptages.
Au programme :
En début de matinée, le journal présentera le programme de la journée
Dans l’après-midi, il fera le point sur les avancées techniques et politiques des négociations, ainsi que sur les éventuels blocages, les annonces et publications clés et autres temps forts de la veille.
Dans la dernière ligne droite des négociations (à partir du 20-21 novembre 2025), le Citepa vous informera des dernières versions des projets de décisions clés, et de leur adoption définitive ou non, avec des mises à jour du Journal de la COP-30 quasiment en temps réel.
Pour être alertés de la mise en ligne du journal, abonnez-vous !
Le Citepa publiera un article présentant un bilan synthétique des résultats de la Conférence courant décembre 2025.
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En savoir plus
CCNUCC/UNFCCC
Page d’accueil du site de la CCNUCC
Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-30
Les cinq sessions de négociation
Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-63, et publiée le 31 octobre 2025. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 10 au 14 novembre 2025 (organisation et programme)
Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 31 oct. 2025)
Cette année, en raison des contraintes budgétaires, le programme jour par jour en détail (Daily programme) est supprimé
Liste des évènements parallèles (side events) à Belém
CCNUCC : Nationally determined contributions under the Paris Agreement – Synthesis report by the secretariat, 28 octobre 2025
Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)
Les premiers rapports biennaux en matière de transparence (BTR)
CCNUCC : Biennial transparency reports and national inventory reports – Synthesis report by the secretariat, 31 octobre 2025
CCNUCC : Progress in the process to formulate and implement national adaptation plans – Report by the secretariat, 21 octobre 2025
Texte de la Convention Climat (version consolidée)
Présidence brésilienne
Site web de la Présidence brésilienne
Rappel des décisions adoptées lors de la Conférence de Bakou (nov. 2024) :
COP-29
▪ décisions 1/CP.29 à 10/CP.29 (en français)
▪ décisions 11/CP.29 à 21/CP.29
CMA-6
▪ décisions 8/CMA.6 à 15/CMA.6
▪ décisions 16/CMA.6 à 23/CMA.6
CMP-19
▪ décisions 1/CMP.19 à 5/CMP.19
SBSTA-61
SBI-61
▪ rapport de la session + addendum
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Données d’émission de GES au niveau mondial et par pays
Commission européenne/base de données EDGAR : GHG emissions of all world countries, 2025 : rapport et tableau par ordre alphabétique des pays (émissions totales et part dans le total mondial avec fichier excel à télécharger)
ClimateWatch (WRI) : données d’émissions historiques
WRI : les 10 premiers pays émetteurs (schéma interactif)
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Suivi et analyses réalisés et publiés par des institutions politiques, instituts de recherche et cercles de réflexion :
Couverture quotidienne de la Conférence par l’Institut International du Développement Durable (IISD)
Parlement européen (2025). The COP30 Climate Change Conference Part I: Framework of COP negotiations and main expected issues, octobre 2025
Paul Watkinson (2025). COP30 : un tournant décisif pour l’action et la gouvernance climatiques, 21 oct. 2025
Iddri : COP 30 : exploiter le puzzle de l’action climatique, 30 oct. 2025
Iddri : A Decade of National Climate Action: Stocktake And The Road Ahead. Deep Decarbonization Initiative (DDPP). 6 octobre 2025. Consulter l’annonce et le rapport
ECIU : COP30, Belém – what to expect, 15 septembre 2025
Energy & Climate Intelligence Unit (ECIU) (2025). Ten Years Post-Paris: global emissions growth in sharp decline. 25 septembre 2025. Consulter l’annonce et la note d’analyse
Energy & Climate Intelligence Unit (ECIU) (2025). Indicators of Global Climate Change 2025 : The latest climate science at a glance — all the key metrics, in one infographic. 25 juin 2025. Infographie de synthèse pédagogique
Carbon Brief : Analysis: Why the $300bn climate-finance goal is even less ambitious than it seems, 3 décembre 2025
Carbon Brief : Analysis: Which countries are historically responsible for climate change? 5 octobre 2021
Carbon Brief : UN report: Five charts which explain the ‘gap’ in finance for climate adaptation, 29 octobre 2025
Carbon Brief : Revealed: Only a third of national climate pledges support ‘transition away from fossil fuels’, 22 octobre 2025
Outil de suivi des NDC soumises du World Resources Institute
Outil de suivi des objectifs et engagements des Etats mis en place par Climate Action Tracker