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Publication du 1er tome du 5e rapport du GIEC

  • Réf. : 2013_10_a1
  • Publié le: 1 octobre 2013
  • Date de mise à jour: 26 juin 2019
  • International

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu public, le 27 septembre 2013, le résumé pour les décideurs du 1er volume de son 5e rapport d’évaluation (AR5). Ce volume, consacré aux aspects scientifiques du changement climatique, a été rédigé par 259 auteurs dont 16 français. Au cours de quatre jours (23-26 septembre), le Groupe de travail I (WG I) du GIEC a ainsi approuvé ligne par ligne, le résumé à l’intention des décideurs du 1er volume de l’AR5. Le texte final a ensuite été soumis au GIEC lors de sa 36e session plénière, le 26 septembre, pour adoption formelle à l’unanimité, par l’ensemble de ses 195 pays membres.

Les rapports d’évaluation du GIEC

Le mandat du GIEC, établi en 1988, est d’évaluer, de façon objective, les travaux scientifiques, techniques et socio-économiques sur le changement climatique et les options de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), afin d’éclairer les politiques sans pour autant être prescriptif, ni préconiser de choix en termes de politiques à conduire.

Comme les précédents (1990, 1995, 2001, 2007), le 5e rapport d’évaluation est divisé en trois rapports scientifiques complets (placés chacun sous la responsabilité d’un groupe de travail : (I) aspects scientifiques ; (II) impacts, adaptation et vulnérabilité ; (III) atténuation), ainsi qu’un rapport de synthèse. Les trois rapports scientifiques complets comportent chacun un résumé à l’intention des décideurs et un résumé technique. La publication de l’AR5 s’effectuera en quatre étapes sur 2013-2014.

Nouveautés : Par rapport aux rapports d’évaluation précédents, l’AR5 évalue de façon plus détaillée le rôle des nuages et des aérosols, l’évolution du niveau des mers, le cycle du carbone, ainsi que les projections à court et à long terme. Ces nouveaux éléments font désormais chacun l’objet d’un chapitre dédié. Enfin, un atlas des projections climatiques aux niveaux mondial et régional est fourni. Par ailleurs, les quatre scénarios à la base de l’AR5, dits RCP (pour profils représentatifs d’évolution des concentrations de GES), ont été utilisés comme donnée d’entrée pour construire ensuite les projections climatiques (conditions climatiques et impacts liés à chaque profil) et les scénarios socio-économiques à l’horizon 2100.

Les éléments clés du résumé sont présentés ci-après, avec en orange clair les évolutions passées observées et en bleu clair les projections, essentiellement sous forme de fourchettes, en fonction des quatre scénarios RCP.

 Atmosphère : températures

Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850.

La hausse des températures moyennes mondiales sur la période 1880-2012 a été de 0,85°C. Le rythme de réchauffement depuis 1998 a été plus faible qu’entre 1951-2012 avec 0,05°C contre 0,12°C par décennie [le GIEC fait référence ici à la « pause » du réchauffement, en soulignant toutefois qu’en raison de la variabilité naturelle, les tendances basées sur les séries courtes ne reflètent pas en général les tendances climatiques de long terme].


Le GIEC projette une hausse des températures de +0,3 à +4,8°C  pendant le 21e siècle (par rapport à 1986-2005)
.

 Les océans

Les océans stockent plus de 90% de l’énergie accumulée dans le système climatique entre 1971 et 2010.

  • 0,11°C/décennie : réchauffement des océans au niveau mondial jusqu’à 75 m de profondeur entre 1971 et 2010.

 Cryosphère (neige, glace, pergélisol, etc.)

  • 275 Gt/an: rythme moyen de fonte des glaciers (hors glaciers périphériques et calottes glaciaires) sur la période 1993-2009 (contre 226 Gt/an entre 1971 et 2009),
  • +84% : hausse du rythme de fonte des calottes glaciaires du Groenland entre la période 1992-2001 et 2002-2011,
  • 3,5 à 4,1%/décennie (soit 0,45 à 0,51 millions de km2/ décennie) : rythme du recul de l’étendue moyenne annuelle de la banquise arctique sur la période 1979-2012.

Projections :

  • entre 43 et 94% : réduction de l’étendue de la banquise arctique (au mois de septembre),
  • entre 15 et 85% : diminution du volume global des glaciers (hors glaciers périphériques de l’Antarctique),
  • entre 37 et 81% : réduction de l’étendue de la couche supérieure du pergélisol (jusqu’à 3,5 m de profondeur) dans les hautes altitudes de l’hémisphère Nord.

Niveau de la mer

Le rythme d’élévation du niveau moyen de la mer depuis 1850 est plus important que celui des deux millénaires précédents.

  • +3,2 mm/an : rythme moyen d’élévation du niveau de la mer à l’échelle planétaire entre 1993 et 2010 (contre 1,7 mm/an sur la période 1901-2010).

Projections (moyenne sur la période 2081-2100) :

  • entre 26 et 82 cm : élévation du niveau moyen mondial de la mer (par rapport à la moyenne sur 1986-2005).

 Cycle du carbone

Les concentrations atmosphériques de CO2, de CH4 et de N2O dépassent désormais de loin les plus hautes valeurs de concentrations relevées dans les carottes glaciaires sur les 850 000 dernières années. Les rythmes moyens d’accroissement de ces concentrations sont sans précédent depuis 22 000 ans.

  • 34,9 Gt CO2 : émissions annuelles de CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles en 2011, soit un niveau de 54% supérieur à celui de 1990,
  • 1 339 Gt CO2 : émissions de CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles entre 1750 et 2011 + 660,6 Gt CO2/ an : émissions de CO2 liées à la déforestation sur la même période =
    2 000 Gt CO2/an : émissions cumulées totales de CO2 (1750-2011),
  • sur ce total, 44% se sont accumulées dans l’atmosphère, 27,5% dans les écosystèmes terrestres naturels et 28% ont été absorbées par les océans.

Le GIEC a évalué les émissions cumulées de CO2 d’ici 2100 qui soient compatibles avec les concentrations atmosphériques de CO2 associées à chacun des quatre scénarios RCP :

Scénario



Emissions cumulées de CO2 sur 2012-2100 (en Gt CO2) Moyenne

Concentration en GES  (ppm) en 2100

RCP 2.6

991


~490 ppm CO2e

avant 2100

RCP 4.5

2 863


~660 ppm CO2e

RCP 6.0

3 890


~850 ppm CO2e

RCP 8.5

6 184


>1 370 ppm CO2e


Attribution du changement climatique

L’influence humaine sur le système climatique est sans équivoque. Avec une probabilité >95%, l’influence humaine a constitué la cause principale du réchauffement observé depuis 1950. [Ce diagnostic est plus fort que celui du 4e rapport qui formulait ce constat avec une probabilité >90%].

  • plus de la moitié de la hausse des températures moyennes mondiales observées entre 1951 et 2010 est, avec une probabilité >95%, due à l’augmentation des concentrations de GES d’origine anthropique.

 Stabilisation du climat et irréversibilité

Pour limiter le changement climatique, de fortes réductions de GES seront nécessaires dans la durée. Le réchauffement se poursuivra au-delà de 2100 selon tous les scénarios RCP à l’exception du scénario RCP 2.6 (le plus sobre et le plus contraignant en termes d’efforts de réduction à consentir).

  • un niveau plus élevé d’émissions de GES pendant les premières décennies du 21e siècle implique un niveau plus faible ensuite,
  • pour limiter le réchauffement induit par les seules émissions de CO2 d’origine anthropique à un seuil en dessous de 2°C [d’ici 2100] par rapport à la période 1861-1880, les émissions cumulées de CO2 de toutes les sources anthropiques depuis cette période ne devront pas dépasser [d’ici 2100] les niveaux maximaux suivants :


    – 5 275 Gt CO2
(avec une probabilité >33%),

    – 4 441 Gt CO2 (probabilité >50%)

    – 3 670 Gt CO2 (probabilité >66%).

  • lorsque sont pris en compte les forçages hors CO2 (comme selon le scénario RCP 2.6), ces niveaux maximaux sont réduits à environ :

    – 3 230 Gt CO2 (probabilité >33%),

    – 3 083 Gt CO2 (probabilité >50%)

    – 2 936 Gt CO2 (probabilité >66%).

[Ainsi, pour la 1ère fois, le GIEC projette explicitement un budget carbone mondial à ne pas dépasser afin de rester en dessous de l’objectif de 2°C (fixé par l’accord de Copenhague de 2009)].

Le GIEC note néanmoins que les émissions cumulées de CO2 en 2011 s’élevaient déjà à 1 949 Gt CO2 ;

  • un objectif de réchauffement maximal plus strict [que 2°C] nécessitera un niveau plus faible d’émissions cumulées de CO2,
  • la prise en compte des effets de réchauffement induits par des hausses de GES hors CO2, des réductions d’aérosols ou le rejet de GES suite au dégel du pergélisol feront baisser le niveau d’émissions cumulées de CO2 associé à un objectif de réchauffement maximal spécifique,
  • une part importante du changement climatique d’origine anthropique induit par les émissions de CO2 est irréversible sur une échelle de temps de plusieurs siècles à plusieurs millénaires,
  • entre 15 et 40% du CO2 émis restera dans l’atmo-sphère au-delà d’une période de 1 000 ans.

 

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