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La perfluorotributylamine (PFTBA) : découverte au Canada d’un « nouveau » GES puissant et persistant

  • Réf. : 2014_03_a4
  • Publié le: 1 mars 2014
  • Date de mise à jour: 17 juin 2019
  • International

Une équipe de chercheurs nord-américaine, sous la direction de l’Université de Toronto (Ontario, Canada), vient de détecter la présence d’un « nouveau » gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère : la perfluorotributylamine (PFTBA) [N(C4F9 )3 ] qui appartient au groupe de composés des perfluoroalkyles amines (PFA). Les résultats du programme de mesure atmosphérique du PFTBA mené par les chercheurs à Toronto ont été publiés le 27 novembre 2013 dans le journal scientifique de l’Union Géophysique Américaine (AGU), Geophysical Research Letters. L’objet de ce programme était d’évaluer l’éventuel impact de la PFTBA sur le climat comme GES persistant [à longue durée de vie] , au même titre que le CO2 , le N2O, etc.

Les résultats de cette étude montrent que le PFTBA est un gaz fluoré à effet de serre (GFES) puissant et persistant. Jusque-là, les PFA, et surtout la PFTBA, n’ont pas été répertoriées ou caractérisées en tant que GES persistants. La PFTBA est un gaz synthétique utilisé notamment dans l’industrie électronique. D’entrée de jeu, les chercheurs soulignent que les taux de production passés, actuels et projetés de PFTBA n’ont pas été divulgués par ses fabricants. Il est donc difficile d’estimer les quantités de PFTBA utilisées dans les différentes applications industrielles. Par ailleurs, les niveaux d’émission de PFTBA, tributaires de ces pratiques d’application, ne sont pas connus non plus. Cette situation donne donc lieu à de fortes incertitudes quant aux impacts de la PFTBA sur l’environnement.

Les chercheurs ont calculé que la PFTBA a un pouvoir de réchauffement global (PRG) 7 100 fois plus important que celui du CO 2 (sur une période de 100 ans). A titre de comparaison avec d’autres GFES, le PRG de la PFTBA se situe à peu près au même niveau que celui du PFC-14 (6 630) mais loin derrière ceux du HFC-23 (12 400), du NF3 (16 100) (lire notre article sur ce sujet) ou du SF 6 (23 500) [Tous les PRG cités sont sur 100 ans] (Source : GIEC, 2014, AR5, vol 1, tableau 8.A.1).

Quant à la durée de vie dans l’atmosphère de la PFTBA, selon les estimations des chercheurs, elle est d’au moins 500 ans [limite inférieure] , contre plus de 100 ans pour le CO2 , 12,4 ans pour le CH4 et 121 ans pour le N 2 O (Source : GIEC, 2014, AR5, vol 1, tableau 8.A.1). A titre de comparaison avec d’autres GFES, la durée de vie de la PFTBA se situe au même niveau que celle du NF 3 (500 ans), mais en-dessous de celle du CFC-13 (640 ans) et loin derrière celle du SF 6 (3 200 ans) et du PFC-14 (50 000 ans).

Selon les mesures relevées à Toronto, les concentrations dans l’atmosphère de la PFTBA sont faibles ( 0,18 parties par trillion ou ppt [1018] ) par rapport à celles du CO2 (environ 400 ppm) (lire notre article sur ce sujet). Cependant, ils ont calculé que l’efficacité radiative (RE) de la PFTBA serait la plus élevée parmi tous les composés détectés dans l’atmosphère, à savoir 0,86 W/m2 par ppb (partie par milliard). Avant cette étude nord-américaine, le composé ayant la RE la plus élevée décelée dans l’atmosphère était le trifluorométhyl pentafluorure (SF5 CF3) (voir tableau ci-dessous). Sur la base de l’hypothèse d’un niveau de concentration atmosphérique de 0,18 ppt pour la PFTBA, son forçage radiatif est estimé à 1,5.10-4 W/m2 [calculé comme produit de l’évolution des concentrations sur la période 1750-2005 et de la RE].

Comparaison du PFTBA avec d’autres GFES persistants

Enfin, les chercheurs signalent que deux autres PFA (perfluoro-tripropylamine et perfluorotripentylamine) pourraient également être présentes dans l’atmosphère à des niveaux proches de celui du PFTBA. Ils préconisent donc la mise en place d’un programme de mesure plus approfondi afin d’établir avec certitude les con-centrations de fond mondiales de tous les PFA.

onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2013GL058010/abstract

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