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CO2-carbone suie : les liens entre les effets des actions de réduction sont démêlés

  • Réf. : 2014_12_a3
  • Publié le: 1 décembre 2014
  • Date de mise à jour: 21 juin 2019
  • UE

Le 3 novembre 2014, les résultats d’une étude analysant les liens entre la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à longue durée de vie [surtout le CO2] et des forceurs climatiques à courte durée de vie (voir encadré ci-dessous) ont été publiés dans la revue scientifique de l’Académie des Sciences des Etats-Unis (PNAS).

Les forceurs climatiques à courte durée de vie

Le carbone suie (black carbon ou BC), composante des particules, est issu de la combustion incomplète des combustibles fossiles et de la biomasse. Les principales sources d’émission sont le trafic routier, les poêles à bois et les feux de forêt. Le carbone suie a des impacts significatifs sur la santé humaine et sur le climat. Dans ce cadre, il est classé comme forceur climatique à courte durée de vie (SLCF), tout comme l’ozone troposphérique (O3) et le méthane (CH4).

Durée de vie dans l’atmosphère des principaux SLCF par rapport au CO2

Quant aux HFC, puissants GES (lire notre article sur ce sujet), ils n’ont pas d’impact sur la qualité de l’air, mais certaines espèces sont des SLCF, notamment le HFC-134a, principal HFC émis, et le HFC-1234yf.

L’analyse a été réalisée par une équipe internationale de neuf chercheurs sous la direction de Joeri Rogelj [Institut des Sciences du Climat et de l’Atmosphère au sein de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich (ETH)]. Parmi les chercheurs-contributeurs figurent l’américain Drew T. Shindell [il a dirigé plusieurs études sur le BC (lire notre premier article sur ce sujet) / (lire notre deuxième article sur ce sujet)], ainsi que Zbigniew Klimont (lire notre article sur ce sujet) et Markus Amann [tous deux de l’Institut International pour l’Analyse des Systèmes Appliqués (IIASA) et par ailleurs inter-locuteurs privilégiés du CITEPA, notamment dans le cadre des travaux réalisés pour la CEE-NU et la Commission européenne].

Les chercheurs montrent que les sources d’émission des SLCF et du CO2 sont, dans bien des cas, les mêmes. Cependant, ce lien étroit CO2-SLCF n’a pas souvent été pris en compte dans les projections d’émission à long terme élaborées dans le cadre des travaux scientifiques menés jusqu’ici.

Selon ces chercheurs, les effets sur le climat, à court et à long terme, de plusieurs mesures de réduction des émissions de SLCF s’amenuisent systématiquement dans les scénarios où les émissions suivent une trajectoire respectant l’objectif de 2°C. Bien que la réduction, à long terme, des émissions de CH4 et des HFC fasse partie intégrante des scénarios 2°C, le principal impact de la mise en œuvre d’actions « précoces » est sur les températures à court terme. Celle-ci n’apporte qu’une faible contribution, à plus long terme, à la limitation de la hausse des températures moyennes mondiales à 2°C.

Par ailleurs, les chercheurs soulignent que des mesures supplémentaires à court terme visant le carbone suie n’auront qu’un faible impact sur le réchauffement maximal dans les scénarios 2°C parce que les principales sources d’émission de ce SLCF auront déjà été progressivement éliminées par l’action sur le CO2.

L’analyse met en évidence l’importance cruciale d’appréhender, de façon intégrée, l’action sur le CO2 et les SLCF. En clair, les chercheurs concluent que si les liens entre les mesures de réduction à court terme (SLCF) et à long terme (CO2) ne sont pas pris en compte de façon cohérente, les bénéfices pour le climat des actions visant les SLCF seront considérablement et systématiquement surestimés dans les scénarios 2°C.

Ces résultats renforcent le constat déjà énoncé dans la lutte contre le changement climatique (voir encadré ci-dessous) que les mesures de réduction visant les SLCF ne doivent pas se substituer aux mesures de réduction des émissions  du principal GES. La seule solution pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à long terme est de mettre en œuvre, rapidement et dans la durée, des actions de réduction des émissions de CO2.

Ces conclusions rejoignent celles des travaux de plusieurs autres organisations ou instituts de recherche : l’évaluation du PNUE/OMM du 14/06/2011(1), l’étude de l’IGSD du 15/01/2013 (lire notre article sur ce sujet), la table ronde du Parlement européen du 22/06/2010 (lire notre article sur ce sujet), etc.


(1)
Voir SD’Air n°179 p.159.

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