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Après la Chine, le Japon et la Corée du Sud annoncent un objectif de neutralité carbone

  • Réf. : 2020_10_b13
  • Publié le: 29 octobre 2020
  • Date de mise à jour: 29 octobre 2020
  • International

Le 26 octobre 2020, le premier ministre du Japon, Yoshihide Suga, a déclaré que son pays se fixait pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le 28 octobre 2020, deux jours après, le président de la Corée du Sud, Jae-in Moon, a annoncé à son tour, dans un discours au Parlement, que son pays s’engageait dans une démarche pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

 

Les émissions de gaz à effet de serre au Japon en en Corée du Sud

Au Japon

Le Japon est le 5e pays émetteur de CO2 dans le monde (1 198 Mt CO2 en 2018, source : JRC/Edgar, 2019), ou 6e si on compte l’UE-28 d’un bloc. En 2018, les émissions de GES du Japon étaient de 2,5% inférieures au niveau de 1990 (source : CCNUCC, 2020). Dans sa note d’analyse publiée le 11 février 2020 (lire notre article sur le sujet), sur les tendances en matière d’émissions mondiales de COprovenant de la combustion des combustibles fossiles en 2019, l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) présentait la situation du Japon. Le pays aurait vu ses émissions énergétiques de CO2 baisser de 4,3% entre 2018 et 2019, soit la baisse la plus forte depuis 2009 en raison notamment de la remise en service de réacteurs nucléaires (ayant été mis à l’arrêt depuis l’accident de Fukushima [mars 2011]), ce qui a contribué à une hausse de 40% de la production d’électricité d’origine nucléaire, faisant diminuer le recours aux centrales thermiques. En 2018, d’après l’AIE, pour sa consommation brute d’énergie primaire, le Japon dépendant à 89% des énergies fossiles (dont 39% de pétrole, 27% de charbon), à 7,2% des sources renouvelables et à 4% du nucléaire.

En Corée du Sud

La Corée du Sud est le 8e pays émetteur de CO2 au monde (695 Mt CO2 en 2018, source : JRC/Edgar, 2019). Comme au Japon, le secteur énergétique du pays dépend principalement des combustibles fossiles, en grande partie importés. Le pays est aussi marqué par l’usage industriel de sa consommation d’énergie. Les émissions de CO2 énergétiques ont cru en continu depuis 1990, suivant une forte croissance économique (source ; AIE).

 

Le premier ministre japonais n’a pas indiqué de calendrier précis pour la mise en œuvre de cet objectif, mais il a insisté sur les solutions technologiques (batteries solaires de nouvelle génération), le passage des énergies fossiles vers les énergies renouvelables et nucléaire. Pour la Corée du Sud, c’est aussi une transition de la production d’énergie vers les énergies renouvelables qui est au cœur de l’action climat du pays.

 

Engagements précédents

Le Japon, marqué par la catastrophe nucléaire de Fukushima, avait en novembre 2013 revu à la baisse son ambition climat 2020 (objectif de -3,8% entre 2005 et 2020 (voir p.17 de notre dossier de fond sur la COP-19), au lieu de l’objectif initial de -25% entre 1990 et 2020, fixé en janvier 2010 dans le cadre des engagements de réduction 2020 pris à Copenhague et à Cancún). Dans sa deuxième Contribution Déterminée au niveau National (NDC) soumise le 31 mars 2020, le Japon a repris le même objectif de réduction inscrit dans sa première NDC soumise le 8 novembre 2016, à savoir : une réduction de 26% d’ici 2030 par rapport à 2013 (c’est-à-dire -25,4% par rapport à 2005 et -18% par rapport à 1990).

En Corée du Sud, cette annonce s’inscrit dans le cadre d’un « New Deal » coréen, présenté en juillet 2020 et qui vise à développer les infrastructures, l’énergie propre et les véhicules propres (notamment électriques et hydrogène), avec un plan de 37 milliards de dollars sur la période 2020-2025. En 2012, le pays avait annoncé la mise en place d’un système d’échange de quotas d’émissions (le premier du genre en Asie), qui a été mis en œuvre en 2015. Le pays avait annoncé, en 2009, pendant la COP-15, un objectif de réduire de 30% ses émissions en 2020 par rapport à un scénario tendanciel (« business-as-usual »). La nouvelle annonce coréenne, venant renforcer ces précédentes annonces, a été faite à la suite d’une visite diplomatique du président de la COP-26, Alok Sharma, ministre britannique du Commerce, de l’Energie et de l’Industrie.

 

Quels pays ont un objectif de neutralité carbone ?

Outre l’UE dans son ensemble pour 2050, certains Etats-membres ont un objectif individuel de neutralité (la plupart pour 2050) : France (lire notre article sur la SNBC-2), Allemagne, Espagne, Suède, Irlande, Danemark, Autriche, Hongrie, Portugal, Slovaquie, Finlande. C’est aussi le cas pour d’autres pays européens hors-UE (Royaume-Uni, Suisse, Norvège, Islande) et dans le monde (Bhoutan, Canada, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Chili, Uruguay, Costa Rica, Singapour, Îles Marshall, îles Fidji) (voir article de Climate Home News mis à jour le 28 octobre 2020). En septembre 2020, la Chine créait la surprise en annonçant à son tour un objectif de neutralité carbone pour 2060 (lire notre analyse).

 

En savoir plus

Communiqué des Nations Unies sur l’annonce du président Coréen

Communiqué des Nations Unies sur l’annonce du premier ministre japonais

Discours du premier ministre japonais devant l’Assemblée, comprenant l’annonce de neutralité carbone (en japonais)

Page consacrée au New Deal coréen (뉴딜) (en coréen)

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