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Sommet mondial sur l’adaptation : une feuille de route est définie pour 2030

  • Réf. : 2021_02_a05
  • Publié le: 16 février 2021
  • Date de mise à jour: 17 février 2021
  • International

Les 25 et 26 janvier 2021 s’est tenu le Sommet 2021 sur l’Adaptation (Climate Adaptation Summit ou CAS2021), organisé par les Pays-Bas, à la tête de la Commission Mondiale sur l’Adaptation (voir encadré ci-dessous).

 

Contexte

L’Accord de Paris établit la parité juridique entre les deux volets de la lutte contre le changement climatique : atténuation et adaptation. Il vise aussi à rééquilibrer le déséquilibre, en termes de financement international, entre les actions d’adaptation et celle d’atténuation. Les Contributions Déterminées au niveau National (CDN, NDC en anglais), au cœur du régime de Paris, présentent les engagements des Etats sur ces deux volets à la fois.

Lors du Sommet Action Climat de 2019 (lire notre article), un appel à l’action a été lancé pour mettre l’adaptation au changement climatique au cœur de l’urgence climatique. Un autre rapport, préparé par la Commission Mondiale sur l’Adaptation (Global Commission on Adaptation, créée le 18 octobre 2018 par Ban Ki-moon, alors Secrétaire Général des Nations Unies, et établi par Mark Rutte, Premier Ministre des Pays-Bas, avec 22 autres dirigeants), intitulé « Adapt Now » (s’adapter maintenant) y a été présenté. Le Sommet CAS2021 conclut une année d’actions menées par la Commission Mondiale sur l’Adaptation.

 

Si la crise du Covid-19 met à nu la vulnérabilité sous-jacente de nos systèmes économiques et sociaux, elle permet également de mettre en évidence un certain nombre de constats applicables sur des enjeux globaux et notamment sur la lutte contre le changement climatique : interdépendance des pays, importance de la science et des avis d’experts, effet de levier des efforts de solidarité, nécessité de réactivité et de flexibilité dans la mise en œuvre de solutions. Dans ce contexte, le Sommet pour l’Adaptation a été l’occasion de souligner l’importance de prendre en compte le changement climatique dans les efforts de redémarrage en cours de définition.

 

Une feuille de route ambitieuse a été formalisée

Mobilisant plus de 30 dirigeants mondiaux, 50 Ministres et 50 organisations internationales, des scientifiques, le secteur privé, la société civile, des représentants de la jeunesse, et plus de 18 500 participants inscrits, le Sommet sur l’Adaptation a permis la définition d’une feuille de route ambitieuse sur l’adaptation (Adaptation Action Agenda) à l’horizon 2030. Cette feuille de route doit contribuer à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris en matière d’adaptation et de résilience – et à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, via notamment :

  • L’accompagnement des plus vulnérables ;
  • L’intégration des risques climatiques dans toutes les décisions politiques, d’investissement et budgétaires – aux niveaux national et local ;
  • La promotion de partenariats multi-acteurs ;
  • La stimulation de l’innovation, via de nouveaux instruments financiers et le transfert de connaissances ;
  • L’augmentation du volume et de la prévisibilité du financement – avec un accès facilité.

La feuille de route couvre tous les secteurs et zones géographiques, au travers d’une série d’actions structurée en 12 secteurs tel que représenté dans le tableau suivant.

Cartographie des actions

Source : Summit Paper : Delivering an adaptation action agenda

 

D’un point de vue sectoriel, l’eau et les infrastructures font l’objet d’une attention particulière :

  • L’accélération des interventions d’adaptation pour le secteur de l’eau sera promue par un pôle d’adaptation de l’eau – en utilisant le secteur de l’eau comme un catalyseur du dialogue mondial sur le changement climatique.
  • L’intégration de la résilience climatique dans les plans d’infrastructure de 20 pays d’ici 2030 sera soutenue par des partenaires dans le but de renforcer la résilience de plus de 500 millions de personnes pour un accès amélioré à des services d’infrastructure fiables, propres et abordables ;
  • Des outils innovants et inclusifs seront mis en œuvre, comme le Climate Risk Overview – un outil en ligne mondial couvrant les zones côtières les plus exposées au monde ;
  • La nouvelle Coalition pour des Investissement Résilients (Coalition for Climate Resilient Investment, CCRI), portée par le secteur privé, s’est engagée à renforcer la prise en compte du changement climatique dans la prise de décision d’investissements.

 

Un certain nombre d’initiatives concernent également le secteur de l’agriculture, dans un objectif de renforcement de la sécurité alimentaire. Le Programme Alimentaire Mondial (The World Food Programme), le World Resources Institute, le World Business Council on Sustainable Development et le Centre Mondial pour l’Adaptation (Global Center on Adaptation) et l’Université de Colombia ont lancé un programme de services d’information climatiques (Blueprint for Climate‐Informed Digital Advisory Services) visant à couvrir 100 millions de petits exploitants agricoles. Un nouveau Fonds a été mis en place (The Rural Resilience Programme, 2RP) par le Fonds International pour le Développement Agricole (International Fund for Agricultural Development, IFAD) incluant un programme pour l’adaptation des petits exploitants agricoles (Adaptation for Smallholder Agriculture Programme, ASAP+) qui vise à améliorer la résilience climatique de 10 millions de personnes vulnérables dans de nombreux pays, en particulier les femmes et les jeunes.

D’un point de vue géographique, l’Afrique reste prioritaire. Un nouveau programme d’accélération pour l’adaptation en Afrique – lancé par la Banque africaine de développement (BAD) – a été lancé avec des actions en matière de sécurité alimentaire et d’infrastructure ainsi que de nouveaux mécanismes et outils financiers. Royal DSM, Africa Improved Foods (AIF) et les gouvernements de l’Éthiopie et du Kenya ont annoncé l’extension à 10 pays africains d’un programme initialement mis en place sur le Rwanda, pour l’amélioration des chaînes de valeur tant du point de vue de la résilience qu’en termes de retombées pour les producteurs.

En transverse, la priorisation des solutions fondées sur la nature (SFN, NBS en anglais) pour l’adaptation (Adaptation basée sur les écosystèmes – EbA en anglais) est fortement encouragée dans tous les secteurs à travers le développement de mécanismes dédiés :

  • un nouveau Fonds Global pour l’Adaptation basée sur les écosystèmes (Global Ecosystem‐based Adaptation) est mis en place par le PNUE et l’UICN, avec le soutien de l’Allemagne et de l’UICN, avec une première capitalisation de 15 millions d’euros, et lancera un premier appel à des propositions en 2021 ;
  • des travaux sont par ailleurs en cours sur la dimension économique de ce type d’approches afin de capter davantage d’investissements publics et privés ;
  • un projet innovant sur les modalités d’évaluation monétaire des infrastructures fondées sur la nature a été approuvé par le Fonds Spécial pour le Changement Climatique (Special Climate Change Fund ou SCCF) du Fonds Mondial pour l’Environnement (GEF).

 

La nécessité d’un passage à l’échelle a été soulignée

Un certain nombre de mécanismes ont été présentés comme autant d’opportunités de démultiplication d’initiatives en place. Il s’agit notamment d’initiatives portées par des acteurs locaux – le rôle clé des villes étant particulièrement mis en avant – telles que le programme 1 000 Cities Adapt Now, les Principes sur l’adaptation menée localement, la Race to Resilience des champions du climat, un mécanisme de préparation de projets pour des projets urbains de solutions fondées sur la nature,… Un accent particulier a été mis sur les modalités de déploiement des systèmes d’alerte précoce (SAP): selon la World Adaptation Commission, une alerte préalable de 24 heures en cas de tempête ou de vague de chaleur peut réduire de 30% les dommages qui en résultent. Le déploiement des SAP sera facilité par différents instruments tel que le partenariat d’action précoce en prévention des risques (REAP) – visant à couvrir 1 milliard de personnes face aux catastrophes liées au climat, ou l’initiative CREWS (Climate Risk & Early Warning Systems) – mise en place lors de la COP-21 en 2015.

 

Une série de mécanismes de soutien et de valorisation sont en cours de mise en place

Des cadres de suivi, de dialogue, de valorisation sont prévus. Il s’agit de se donner les moyens de mettre en évidence les efforts menés et les résultats obtenus tout en visant à partager les connaissances acquises. Un rapport sera produit annuellement pour un aperçu complet des initiatives et des engagements dans le monde. Une nouvelle plate-forme en ligne (State & Trends in Adaptation Knowledge Exchange, STAKE) permettra la mise à disposition d’informations et le partage de connaissances accessibles à tout type d’utilisateurs. La coopération mondiale sera encouragée grâce à un dialogue ministériel et à des partenariats mondiaux et régionaux ; un forum annuel sur l’adaptation au changement climatique organisé avec le soutien du Centre Mondial pour l’Adaptation, fournira une plate-forme pour présenter les résultats atteints et pour annoncer de nouveaux engagements.

En ce qui concerne les possibilités de financement, un certain nombre de mécanismes financiers innovants – y compris des mécanismes pour attirer la finance privée tels que le développement d’obligations vertes dédiées – et les engagements des fonds ont été présentés lors du Sommet sur l’Adaptation.

 

Prochaines étapes

Des avancées sont attendues sur le sujet lors de la COP-26 qui se tiendra à Glasgow (Ecosse) du 1er au 12 novembre 2021.

 

En savoir plus

Site du Sommet

Communiqué de synthèse

Communiqué détaillé

Résumé des résultats

Fiche questions/réponses

Déclaration conjointe sur l’accélération de l’adaptation dans les villes

Intervention du Président de la République au Sommet

 

 

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