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One Planet – Polar Summit : La France a accueilli un sommet scientifique international pour renforcer la mobilisation pour les glaciers et les pôles

  • Réf. : 2023_11_a03
  • Publié le: 9 novembre 2023
  • Date de mise à jour: 11 novembre 2023
  • France

A l’initiative de la France, le premier sommet mondial consacré aux pôles et aux glaciers s’est tenu à Paris du 8 au 10 novembre 2023 au Muséum national d’histoire naturelle. Le sommet, baptisé « One Planet – Polar Summit », s’inscrit dans la suite des sommets One Planet précédents (ceux de 2017, de 2018, et de 2019, ainsi que ceux sur la biodiversité de 2021, sur les océans de 2022 [One Ocean Summit] et sur la forêt de mars 2023 [One Forest Summit).

Ce sommet a été organisé avec la collaboration de 16 institutions scientifiques internationales spécialisées, telles que l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), la Commission océanographique intergouvernementale (COI), le Service mondial de surveillance des glaciers (World Glaciers Monitoring Service ou WGMS) et l’Institut Alfred Wegener (AWI).

 

Contexte scientifique et objet du sommet

Alors qu’ils sont des espaces stratégiques pour garantir l’équilibre du climat de la Terre, voire la force motrice du système climatique et qu’ils abritent une biodiversité unique et essentielle, dont dépendent de nombreuses espèces, les pôles Nord et Sud sont les plus exposés aux conséquences du changement climatique. Indissociables de l’océan, l’Arctique et l’Antarctique jouent, en effet, un rôle central dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité.

Aujourd’hui, sur les continents comme sur l’océan, les parties gelées de la planète fondent et s’amenuisent. La température dans les milieux polaires augmente plus fortement qu’ailleurs et ils sont les plus durement impactés par la crise environnementale induite par les activités humaines. Si le changement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre constitue la principale cause de déclin des glaciers et de la banquise, d’autres pressions anthropiques telles que les pollutions, la surexploitation des ressources naturelles et des habitats accélèrent leur dégradation.

L’état des mondes glaciaires et des hauts plateaux témoigne de l’effondrement de la cryosphère (voir encadré ci-dessous) à l’échelle mondiale, qui impacte notamment les écosystèmes et les ressources en eau.

Cryosphère 

La cryosphère est définie par le Giec comme étant la totalité de l’eau se présentant sous une forme solide, à la surface et sous la surface des terres émergées et des océans, comprenant les glaces de mer, les glaces de lac, les glaces de cours d’eau, le manteau neigeux, les glaciers et les nappes glaciaires, et la couche de sol gelé (dont le pergélisol).

Source : Giec, glossaire, vol. 1er du 5e rapport d’évaluation, août 2018.

 

L’objet de ce sommet était donc de sonner l’alerte sur l’état de dégradation des glaciers et d’inciter à une mobilisation forte et concertée de la communauté internationale pour permettre aux écosystèmes et aux populations touchés par ces changements irréversibles de s’adapter. Il visait notamment à installer un mouvement de coopération internationale sur l’étude, la prévention et l’adaptation face à l’érosion accélérée de la cryosphère, qui inclut les pôles (Arctique, Antarctique), les calottes glaciaires, le permafrost, où sont stockées des quantités massives de CO2 et de CH4, et les glaciers.

 

Déroulement

Le sommet s’est articulé autour de deux temps forts :

Un forum scientifique les 8-9 novembre 2023 : Pour la première fois, chercheurs et scientifiques de plus de quarante nations glaciaires et polaires ont partagé leurs observations avec les experts du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Ils ont également échangé avec les représentants d’institutions internationales, d’ONG, du secteur privé, de populations autochtones et de communautés locales, de même qu’avec les dirigeants politiques des pays concernés.

Lors de ce forum scientifique, le premier rapport international scientifique actualisé sur la cryosphère prise dans son ensemble, a été remis aux responsables politiques afin d’intensifier la recherche sur ce sujet, mieux protéger l’environnement dans ces espaces et lancer de nouvelles actions en matière d’adaptation au changement climatique, notamment à l’élévation du niveau de la mer. Il s’agit de la première mise à jour du rapport spécial sur la cryosphère et les océans publié par le Giec le 25 septembre 2019 (lire notre brève) dans le cadre de son 6e cycle d’évaluation.

Des séquences, produisant également des rapports et recommandations, ont par ailleurs réuni les explorateurs et opérateurs des régions polaires et glaciaires, les ONG et fondations engagées sur la protection de la cryosphère, et des représentants des populations autochtones et communautés locales.

Les Ministres chargés de la Recherche et de l’Environnement se sont réunis le 9 novembre 2023 pour souligner de nombreuses initiatives de coopération bilatérales ou plurilatérales, mais aussi lancer, avec le soutien de l’Unesco et de l’Organisation météorologique mondiale, la décennie de la recherche polaire.

 

Un segment politique de haut niveau le 10 novembre 2023 a réuni les dirigeants et personnalités des sphères glaciaires et polaires, en présence du Président de la République. Ils ont entendu les constats et les projections de la communauté scientifique internationale sur la fonte des glaces, les recommandations d’acteurs de la société civile. Ce segment a débouché sur une déclaration politique commune des dirigeants des Etats réunis, sous forme d’un « appel de Paris pour les glaciers et les pôles », visant à structurer la coopération internationale autour de la science et la préservation de l’objectif +1,5°C à 20 jours avant la COP-28. L’appel de Paris a été approuvé par 31 pays (Allemagne, Australie, Bangladesh, Belgique, Bulgarie, Cap Vert, Chili, Chypre, Comores, Corée du Sud, Croatie, Espagne, Estonie, France, Guinée, Inde, Italie, Japon, Kirghizistan, Libéria, Macédoine du Nord, Monaco, Monténégro, Pakistan, Pérou, Royaume-Uni, Singapour, Suisse, Tuvalu, Ukraine, Uruguay) et deux organisations internationales (l’Organisation des Nations Unies pour la Science, l’Education et la Culture, Unesco et l’Organisation Météorologique Mondiale, OMM).

 

La stratégie nationale polaire de la France 

La France s’est dotée en 2022 de sa première Stratégie nationale polaire donnant de nouveaux moyens pour la recherche scientifique et fixant des objectifs à l’échelle internationale. C’est dans ce cadre que la France a organisé le sommet sur les pôles et les glaciers, qui fait l’objet du présent article.

 

En savoir plus

Communiqué du Gouvernement

Communiqué du MTE

Programme des trois jours

Lien pour suivre le sommet direct en ligne

Page du site One Planet consacrée au sommet

Suivez le lancement de la réunion de haut niveau avec les Chefs d’Etat et de Gouvernement

Suivez la présentation de l’Appel de Paris pour les glaciers et les pôles par le Président de la République

Texte de l’Appel de Paris

Dossier d’information sur le sommet

Stratégie polaire de la France

Lire le billet du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) : « Les pôles au cœur de l’urgence climatique » (une synthèse pédagogique des impacts du changement climatique sur les pôles)

Lire la tribune rédigée par Bruno David (ancien Président du MNHN), Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, publiée dans Le Monde du 9 octobre 2023 : « La France doit faire son retour parmi les grandes nations polaires ».

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