CITEPA

Contact
 image

Journal de la COP-28 | Jour 13 – 13 décembre : clôture de la Conférence après l’adoption formelle des décisions

  • Réf. : 2023_12_a15
  • Publié le: 13 décembre 2023
  • Date de mise à jour: 27 décembre 2023
  • International

Retour sur le treizième jour de la COP-28

Au terme de deux semaines de négociations intenses et « seulement » près de 23 heures au-delà de l’heure de clôture officielle, la COP-28 s’est achevée le 13 décembre 2023 à 17h11 (heure locale à Dubaï [14h11 heure française], contre un dépassement de 44h à la COP-25 (Madrid, 2019,  la COP qui a battu tous les records de dépassement des 28 COP jusque-là) et de 39,5h à la COP-27 (Charm el-Cheikh, 2022, la 2e COP la plus longue). Ainsi, la COP-28 représente le 13e dépassement le plus long de l’ensemble des 28 COP à ce jour (sources : Carbon Brief, Citepa/Journal de la COP-27 | Jour 15 et Carbon Reporter, 14 nov. 2021).

Etant donné le mécontentement exprimé la veille, mardi 12 décembre, par un très grand nombre de Parties, à l’égard de la 3e version du projet de décision sur le bilan mondial (Global Stocktake) proposée par le Président de la COP-28, diffusée aux Parties dans l’après-midi du 11 décembre (version du 11 déc. 2023 @16h30), l’accord final sur la 4e et dernière version diffusée par le Président de la COP-28 vers 07h15 le 13 décembre, dégagé seulement quelques heures plus tard a surpris bon nombre de Parties et d’observateurs.

 

Plénière de clôture de la COP-28

La plénière de clôture de la COP-28 a eu lieu dans la matinée. Elle a été diffusée ici.  Lors de cette plénière, Anne Rasmussen (Iles Samoa), représentante de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), a exprimé son insatisfaction par rapport au texte final de la décision sur le bilan mondial (Global Stocktake ou GST), et en particulier au manque d’ambition et au langage faible, surtout sur les combustibles fossiles. Elle a déclaré : « Nous sommes arrivés à la conclusion que la correction de la trajectoire d’émissions de GES nécessaire [au cours de cette décennie cruciale] n’a pas été assurée [par la décision sur le GST] ». Elle a également déploré qu’il n’y ait aucune référence au pic d’émissions nécessaires au plus tard en 2025. Elle a souligné que ce premier bilan mondial est le seul qui permettrait de garder l’objectif de +1,5°C à portée de main (car le 2e GST n’est prévu qu’en 2028, date à laquelle il serait trop tard pour mettre la planète sur une trajectoire d’émissions de GES compatible avec cet objectif). L’intervention de Anne Rasmussen a été accueillie par de longs applaudissements, une ovation debout et des cris d’encouragements, venus de la société civile au fond de la salle (source : tweet d’IISD du 13 déc. 2023).

Au petit matin du 13 décembre 2023, Carbon Brief a publié un récapitulatif des textes en discussion et leur état et les textes qui restaient alors en suspens:

  • consensus entre les Parties pour adoption finale [agreed],
  • pas de consensus entre les Parties pour adoption finale [not agreed],
  • reporté (jusqu’à la 60e session du SBSTA et du SBI) [postponed].

 

Dernières versions des de cinq projets de décision clés avant leur adoption formelle

Après une longue nuit de négociations, à 6h ce matin le 13 décembre, 12h après l’heure de clôture officielle de la COP-28 (18h mardi 12 déc. 2023), de nouvelles versions de cinq projets de décision clés, élaborées par le Président de la COP-28, ont été mises en ligne. Les Parties les ont ensuite étudiées au sein de leurs groupes de négociation avant de faire connaître leurs réactions.

  • Objectif mondial sur l’adaptation –  nouvelle version du projet de décision (proposition du Président du 13/12/2023, 21 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2023/L.18)
  • Bilan mondial (Global Stocktake) –  nouvelle version du projet de décision (proposition du Président du 13/12/2023, 21 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2023/L.17)
  • Article 6.8 (approches non fondées sur le marché) –  version finale du projet de décision (proposition du Président du 13/12/2023, 4 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2023/L.13)
  • Programme de travail pour renforcer le niveau d’ambition en matière d’ambition et les mesures de mise en oeuvre correspondantesprojet de décision (proposition du Président de la COP-28, 13 déc. 2023, 3 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2023/L.16)
  • Programme de travail sur la transition justeprojet de décision (proposition du Président de la COP-28, 13 déc. 2023, 3 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2023/L.14). Ce programme de travail s’appelle le programme de travail sur la transition juste Dubaï-EAU [Emirats arabes unis].

Reste alors les deux projets de décision sur l’article 6.2 (approches coopératives) et l’article 6.4 (mécanisme de développement durable) qui sont encore en discussion.

Une fois que ces nouvelles versions ont fait l’objet d’un consensus entre les Parties, elles sont devenues les versions finales des projets de décision et ont ensuite été soumises à l’ensemble des Parties en plénière pour adoption formelle. 

 

Décisions formellement adoptées : 19 décisions ont été adoptées par la COP-28, 20 par la CMA-5 et 7 par la CMP-18

Le 13 décembre 2023 dans la matinée, ces décisions ont été formellement adoptées lors des plénières de clôture respectivement de la COP-28, de la CMA-5 et de la CMP-18. Cette année, il n’y a pas de décision chapeau de la COP/CMA et pour cause : la décision de la CMA-5 sur le bilan mondial (Global Stocktake) fait office de décision chapeau, en établissant une vision d’ensemble, en englobant tous les sujets de négociation clés, et en traçant la voie à suivre au cours de cette décennie cruciale pour « rectifier le tir » afin de rendre la trajectoire d’émissions de GES compatible avec l’objectif de +1,5°C.

Six décisions constituent ce que la Présidence a qualifié de consensus des Emirats arabes unis (UAE consensus) :

  • la décision de la CMA-5 sur le bilan mondial (qui sera très probablement la décision 1/CMA-5) [lire notre zoom ci-dessous]
  • la décision de la COP-28 sur l’opérationnalisation des nouvelles modalités de financement, dont le fonds spécifiques pour les pertes et préjudices (même contenu que la décision de la CMA-5 en la matière),
  • la décision de la CMA-5 sur l’opérationnalisation des nouvelles modalités de financement, dont le fonds spécifiques pour les pertes et préjudices (même contenu que la décision de la COP-28 en la matière),
  • la décision de la CMA-5 sur l’objectif mondial en matière d’adaptation (Global Goal on Adaptation ou GGA),
  • la décision de la CMA-5 sur le programme de travail pour renforcer le niveau d’ambition en matière d’atténuation (MWP),
  • la décision de la CMA-5 sur le programme de travail sur la transition juste.

 

Parmi les autres décisions adoptées par la COP-28 :

  • la décision sur les dates et lieux des futures COP,
  • la décision sur le 6e rapport d’évaluation du Giec (même contenu que la décision de la CMA-5 en la matière),
  • la décision sur le réseau de Santiago (pertes et préjudices) (même contenu que la décision de la CMA-5 en la matière),
  • la décision sur le financement climat à long terme,
  • la décision sur les questions administratives, financières et budgétaires (qui établit le budget du Secrétariat de la CCNUCC pour la période 2024-2025).

 

Parmi les autres décisions adoptées par la CMA-5 :

  • la décision sur le 6e rapport d’évaluation du Giec (même contenu que la décision de la COP-28 en la matière),
  • la décision sur le réseau de Santiago (pertes et préjudices) (même contenu que la décision de la COP-28 en la matière),
  • la décision sur le nouvel objectif collectif chiffré post-2025 en matière de financement climat,
  • la décision sur l’article 6.8 (programme de travail au titre des approches non fondées sur le marché).
  •  

Il s’agit des versions adoptées mais non corrigées avec d’éventuelles erreurs éditoriales (advanced unedited versions ou AUVs). 

Voir toutes les décisions adoptées par la COP-28, la CMA-5 et la CMP-18.

 

Zoom sur la décision sur le bilan mondial

Peu après 8h ce mercredi 13 décembre 2023, les Parties ont adopté la décision sur le bilan mondial, ce qui a été suivi d’applaudissements dans la salle de conférences (source : tweet d’IISD du 13 déc. 2023 @08h13). Comme le souligne le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell : « Bien que nous n’ayons pas complètement tourné la page de l’ère des combustibles fossiles à Dubaï, ce résultat marque clairement le début de la fin » (source communiqué de la CCNUCC du 13 déc. 2023). Le Commissaire européen à l’action climat, Wopke Hoekstra, a déclaré : « Le monde vient d’adopter une décision historique lors de la COP-28 afin d’amorcer une transition irréversible et accélérée pour s’éloigner des combustibles fossiles. Nous avons ainsi atteint l’objectif que nous nous étions fixé : maintenir le seuil de +1,5°C à portée de main et marquer le début de la fin des combustibles fossiles » (source : tweet de Wopke Hoekstra du 13 déc. 2023).

La nouvelle version du projet de décision sur le bilan mondial constituait un texte de compromis pour rallier l’ensemble des Parties. La version définitive adoptée reprend le même contenu.

 

Combustibles fossiles

Dans la version définitive de la décision sur le bilan mondial, le paragraphe sur les combustibles fossiles a été remanié et se lit désormais comme suit :

[paragraphe 28] « La CMA reconnaît en outre la nécessité de réaliser des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre compatibles avec les trajectoires de 1,5 °C et invite [pas d’obligation] les Parties à contribuer aux 
efforts mondiaux, d’une manière déterminée au niveau national, en tenant compte de l’Accord de Paris et de leurs différentes circonstances, trajectoires et approches nationales :

(a) tripler la capacité de production des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030,

(b) accélérer les efforts en vue de l’élimination progressive [phase down] de l’électricité produite à partir du charbon sans CSC  [unabated] [aucune mention de pétrole ou de gaz],

(c) accélérer les efforts à l’échelle mondiale pour mettre en place des systèmes énergétiques à zéro émission nette, en utilisant des combustibles à zéro teneur en carbone ou à faible teneur en carbone bien avant 2050 ou vers cette date,

(d) assurer une transition pour s’éloigner [transitioning away from] des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques [uniquement dans le secteur de la production/transformation d’énergie, mais pas dans le secteur industriel], d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans les pays en voie de développement au cours de cette décennie critique, de manière à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, conformément aux connaissances scientifiques,

(e) accélérer les technologies à zéro émission nette à faibles émissions, y compris, entre autres, les énergies renouvelables, le nucléaire, les technologies de réduction et d’élimination telles que le captage et le stockage du CO2, en particulier dans les secteurs où il est difficile de réduire les émissions, et la production d’hydrogène à faible teneur en carbone,

(f) Accélérer et réduire sensiblement les émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de méthane, d’ici 2030,

(g) accélérer la réduction des émissions provenant des transports routiers par différentes approches, y compris par le développement d’infrastructures et le déploiement rapide de véhicules à zéro émission nulle ou à faibles émissions,

(h) éliminer progressivement, et le plus rapidement possible, les subventions inefficaces aux combustibles fossiles qui ne permettent pas de lutter contre la pauvreté énergétique ou d’assurer des transitions équitables« .

Texte en anglais :

[paragraphe 28] « The CMA further recognizes the need for deep, rapid and sustained reductions in greenhouse gas emissions in line with 1.5 °C pathways and calls on Parties to contribute to the following global efforts, in a nationally determined manner, taking into account the Paris Agreement and their different national circumstances, pathways and approaches:

(a) Tripling renewable energy capacity globally and doubling the global average annual rate of energy efficiency improvements by 2030,

(b) Accelerating efforts towards the phase-down of unabated coal power;

(c) Accelerating efforts globally towards net zero emission energy systems, utilizing zero- and low-carbon fuels well before or by around mid-century;

(d) Transitioning away from fossil fuels in energy systems, in a just, orderly and equitable manner, accelerating action in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science;

(e) Accelerating zero- and low-emission technologies, including, inter alia, renewables, nuclear, abatement and removal technologies such as carbon capture and utilization and storage, particularly in hard-to-abate sectors, and low-carbon hydrogen production;

(f) Accelerating and substantially reducing non-carbon-dioxide emissions globally, including in particular methane emissions by 2030,

(g) Accelerating the reduction of emissions from road transport on a range of pathways, including through development of infrastructure and rapid deployment of zero and low-emission vehicles;

(h) Phasing out inefficient fossil fuel subsidies that do not address energy poverty or just transitions, as soon as possible.« 

 

A noter l’utilisation du verbe « calls on » pour introduire les huit types d’efforts de réduction. Dans le jargon de la CCNUCC, il s’agit d’une invitation ou une demande. Selon Carbon Brief, il s’agit du terme le plus faible pour ce genre de disposition juridique des décisions de l’ONU, bien loin de l’obligation (sources : tweet de Carbon Brief du 13 déc. 2023 et tweet de Carbon Brief du 14 nov. 2021). Ce terme est toutefois plus fort que « could include » utilisé dans la version précédente (version du 11/12/2023 @ 16h30) (source : tweet de Carbon Brief du 13 déc. 2023).

A noter par ailleurs que c’est la première fois qu’une décision de la COP fait référence à l’énergie nucléaire (cf. paragraphe 28(e)). Hier après-midi, selon certaines sources, la délégation allemande aurait exprimé son opposition à l’inclusion d’une référence à l’énergie nucléaire dans le projet de décision sur le bilan global.

Si la décision sur le GST mérite d’être qualifiée d’historique puisqu’elle intègre, pour la toute première fois en 28 ans de COP, le terme « combustibles fossiles » dans leur ensemble (charbon, pétrole et gaz) et non seulement le charbon (comme dans la décision chapeau de la COP-26 et celle de la COP-27), il n’y a ni « phase out fossil fuels« , ni « phase down« , mais « transitioning away from fossil fuels« , qui constitue une formulation de compromis, moins ambitieuse mais qui a néanmoins permis de rallier l’ensemble des Parties, dont les pétro-Etats que sont l’Arabie saoudite et l’Iraq qui s’opposent toujours à toute référence à l’élimination progressive des combustibles fossiles. Sur le plan sémantique, le chercheur allemand, Oliver Geden, de la Fondation Sciences et Politique (Stiftung Wissenschaft und Politik ou SWP), basée à Berlin, pose la question : « quelle est la différence exactement entre ‘transitioning away [from]’  » et ‘phase down’  » ? (source : tweet d’Oliver Geden du 13 déc. 2023). A la différence de « transitioning away from« , « phase out » implique une fin et est donc plus fort, plus concret et plus cadré. Par ailleurs, dans la version précédente du projet de décision (version du 11 déc. 2023 @16h30), la version qui a provoqué tant de critiques, la formulation est plus précise, en ciblant « la réduction de la production et de la consommation des combustibles fossiles« . Quoi qu’il en soit, la décision finale sur le GST envoie un signal fort à la communauté internationale, même si ce n’est pas explicitement dit noir sur blanc : 196 pays ont formellement accepté, du moins sur le papier, d’avancer vers la sortie des combustibles fossiles. 

Selon Laurence Tubiana, co-architecte de l’Accord de Paris et directrice de la Fondation européenne pour le climat : « la fin de l’ère des combustibles fossiles est lancée. On savait que la COP-28 allait être difficile mais au moins ‘l’éléphant dans la pièce’ – l’élimination des combustibles fossiles – a enfin été abordée » (source : tweet de Laurence Tubiana, 13 déc. 2023).

La Ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré : « Cet accord est un bon accord. Pour la première fois, une COP appelle à une sortie des énergies fossiles. C’est une victoire pour la France, pour l’Europe et pour le climat. C’est le résultat de notre mobilisation aux côtés des pays les plus vulnérables » (source : tweet de la Ministre du 13 déc. 2023).

Quant au Secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, dans sa déclaration lors de la plénière de clôture de la COP-28, le 13 décembre, il n’a pas qualifié l’accord sur la mention des combustibles fossiles dans la décision GST d’historique. Il a directement interpellé les détracteurs d’une référence à l’élimination progressive des combustibles fossiles (Arabie saoudite et Iraq en tête), en déclarant « à ceux qui s’opposent à une référence explicite à l’élimination progressive des combustibles fossiles dans le texte de la COP-28 [la décision sur le GST], je veux dire qu’une élimination progressive des combustibles fossiles est inévitable, qu’ils le veuillent ou non » (source : déclaration d’Antonio Guterres du 13 déc. 2023).

Selon Arnaud Gossement, avocat français spécialisé en droit de l’environnement, il semblerait que les huit types d’efforts de réduction, établis au paragraphe 28 (a) à (h), soient énumérés par ordre de priorité, auquel cas l’effort d’assurer une transition pour s’éloigner des combustibles fossiles »  arrive en 4e place, loin derrière le triplement des capacités de production des énergies renouvelables (source : tweet d’Arnaud Gossement du 13 déc. 2023 @08h18). Il ajoute : « la décision n’appelle pas à une sortie des énergies fossiles. Elle appelle les États à contribuer à des efforts globaux pour engager une transition (transition away), avec notamment des énergies de transition dont…les [énergies] fossiles. Ce n’est pas une ‘sortie’  » (source : tweet d’Arnaud Gossement du 13 déc. 2023 @13h55).

Enfin, selon Jean Jouzel, ancien vice-Président du groupe de travail n°1 du Giec, la décision finale sur le bilan mondial est « une sorte d’auberge espagnole » (propos rapportés par Libération). S’il salue le fait que ce document mentionne les énergies fossiles pour la première fois dans l’histoire des décisions des COP climat, « je n’irais pas jusqu’à parler d’une décision historique » (source : Libération du 13 déc. 2023).

 

Autres paragraphes clés

[paragraphe 26] La CMA reconnaît les conclusions du rapport de synthèse du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) selon lesquelles les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur pic entre 2020 et au plus tard avant 2025, selon les scénarios modélisés à l’échelle mondiale qui limitent le réchauffement à +1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité, et dans ceux qui limitent le dépassement à +2 °C et supposent une action immédiate, et note que cela n’implique pas que tous les pays atteignent un pic dans ce délai, et que les délais pour l’atteinte du pic […] doivent être adaptés aux différentes situations nationales. [Voir formulation dans la version précédente (version du 11/12/2023 @ 16h30) : [paragraphe 29] La CMA reconnaît que pour limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité nécessite un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre au plus tard avant 2025 et des réductions rapides, profondes et soutenues de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 par rapport au niveau de 2019, et d’atteindre un niveau de zéro émission nette de CO2 d’ici 2050« ]. Dans cette version précédente, les Parties reconnaissent que pour respecter l’objectif de +1,5°C, il faut réduire les émissions de 43% d’ici 2030, etc. alors que dans la formulation finale adoptée, les Parties ne font que reconnaître les conclusions du Giec en la matière. La notion de la nécessité de réaliser ces réductions a été supprimée].

[paragraphe 27] La CMA reconnaît également que pour limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité, il faut réaliser des réductions profondes, rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 par rapport au niveau de 2019, et d’atteindre zéro émission nette de CO2 [pas de tous les GES] d’ici 2050 [La référence au besoin d’atteindre un pic d’émissions d’ici 2025, dans la version précédente (version du 11/12/2023 @ 16h30), a été supprimée. Voir formulation plus ambitieuse de celle-ci : « [paragraphe 29] La CMA reconnaît que pour limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité nécessite un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre au plus tard avant 2025 et des réductions rapides, profondes et soutenues de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 par rapport au niveau de 2019, et d’atteindre un niveau de zéro émission nette de CO2 d’ici 2050« ].

[paragraphe 28 – voir ci-dessus pour la totalité de ce paragraphe] la CMA reconnaît en outre la nécessité de réaliser des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre compatibles avec les trajectoires de 1,5 °C….

[Les deux paragraphes 26 et 27 et ce début de paragraphe 28 reconnaissent certes les dernières connaissances scientifiques du Giec mais ne les relient pas à l’action à réaliser par les Etats. Il n’y a pas de « la CMA invite/appelle les Parties à réaliser des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions (« invites/calls on » etc.)].

[paragraphe 29] la CMA reconnaît que les combustibles de transition [comprendre le gaz naturel,  donc combustible fossile, NDLR] peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique, tout en garantissant la sécurité d’approvisionnement énergétique [Cette référence aux combustibles de transition ne figurait pas dans la version précédente du projet de texte sur le GST (version du 11/12/2023 @ 16h30) mais figurait bien come une option dans la version du 8/12/2023 @ 15h30 (cf. paragraphe 38 option 1). Elle a sans doute été réinsérée dans la version finale sous pression des Etats producteurs et exportateurs de gaz].

[paragraphe 37]  la CMA […] demande aux Parties, qui ne l’ont pas encore fait, de revoir et de renforcer, d’ici 2024, leurs objectifs 2030 inscrits dans leurs NDC pour être compatible avec l’objectif en matière de température fixé par l’Accord de Paris [aucune mention explicite de l’objectif +1,5°C ou +2°C].

[paragraphe 39] la CMA encourage les Parties à présenter, dans leurs prochaines NDC, des objectifs ambitieux de réduction des émissions couvrant tous les gaz à effet de serre, tous les secteurs et toutes les catégories et compatibles avec l’objectif +1,5 °C, sur la base des données scientifiques les plus récentes, en tenant compte des différentes situations nationales [à noter le choix du verbe « encourage » qui, dans le jargon de la CCNUCC, constitue, selon Carbon Brief, un langage à caractère faible pour ce genre de disposition juridique des décisions de l’ONU, bien loin de l’obligation  (source : tweet de Carbon Brief du 14 nov. 2021)].

[paragraphes 97 et 98]  la CMA décide d’établir un dialogue sur la mise en oeuvre des résultats du bilan mondial et ce, à partir de la CMA-6 (nov. 2024) sur quatre ans, les travaux devant s’achever en 2028, lors de la CMA-10. Le SBI est prié d’élaborer les modalités du programme de travail de ce dialogue lors de sa 60e session (SBI-60, Bonn, juin 2024).

[paragraphe 99]  la CMA décide de convoquer un dialogue ministériel de haut niveau, lors de la CMA-6, sur le besoin urgent d’accroître le financement de l’adaptation, en prenant en compte les résultats du bilan mondial portant sur l’adaptation, et sur le besoin de s’assurer de la mobilisation, par les pays industrialisés, du soutien en faveur de l’adaptation auquel ils se sont engagés (lors de la COP-26 à Glasgow : doublement du financement de l’adaptation d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2019).

[paragraphe 184] la CMA-5 invite le Giec à réfléchir à la meilleure façon d’aligner ses travaux avec le deuxième bilan mondial (2028) et les bilans ultérieurs, et invite également le Giec à fournir des informations pertinentes et opportunes pour le prochain bilan mondial [la version précédente du projet de décision (version du 11/12/2023 @ 16h30), prévoyait que la CMA-5 invite le Giec à élaborer un rapport spécial dans le cadre de son septième cycle d’évaluation (2023-2028/2030) d’ici à la fin de 2026, afin de fournir une évaluation préliminaire des progrès accomplis depuis le premier bilan mondial) [paragraphe 224]. Dans la version définitive adoptée, cette demande a été supprimée].

Voir les versions précédentes du projet de texte sur le bilan mondial :

Version du projet de texte du 11 déc. 2023 @16h30,

Version du projet de texte du 8 déc. 2023 @ 15h30,

Version du projet de texte du 5 déc. 2023 @ 5h00.

 

Le Citepa publiera courant janvier 2024 un article plus détaillé sur les résultats de la Conférence de Dubaï.

 

En savoir plus

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-28  

Communiqué de clôture de la CCNUCC du 13 décembre 2023

Communiqué du Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, du 13 déc. 2023 en français et en anglais

Déclaration du Secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de la clôture de la COP-28, 13 déc. 2023

Site officiel de la Présidence émiratie de la COP-28.

 

Sites spécialisés (centres de réflexion/instituts de recherche)

Voir outil de suivi interactif des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociations mis en ligne le 1er décembre 2023 par Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge).

Carbon Brief : Paris climate talks : Who are in the negotiating groups ? 27 nov. 2015. Article interactif présentant les différents groupes de négociation dans le cadre des négociations CCNUCC.

The Energy Monitor : Can we keep burning fossil fuels and capture the carbon? 11 décembre 2023. 

 

 

 

Article | International | Politique, gouvernance, réglementation | Climat et Gaz à effet de serre | CCNUCC/Protocole de Kyoto/Accord de Paris