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En 2023, aucun signe de la nécessaire baisse rapide et forte des émissions mondiales de CO2 d’origine fossile (projections GCP)

  • Réf. : 2024_02_a05
  • Publié le: 21 février 2024
  • Date de mise à jour: 20 février 2024
  • International

Le 5 décembre 2023, le Global Carbon Project (GCP – voir en fin d’article) a publié la mise à jour 2023 de son analyse annuelle des tendances en matière d’émissions mondiales de CO2 (émissions historiques sur la période 1960-2022, projections d’émissions pour 2023), et de concentrations pour 2022). Il s’agit de la 18e édition d’une mise à jour annuelle du budget carbone mondial qui a débuté en 2006. Retour sur les conclusions principales de cette édition 2023.

 

Emissions mondiales de CO2 (combustion des combustibles fossiles) : projections 2023

Selon les projections du GCP basées sur les données provisoires, les émissions mondiales de CO2 fossile devraient atteindre le niveau record de 36,8 Gt CO2 en 2023, en hausse de 1,1% par rapport à 2022 et de 1,4% par rapport au niveau pré-Covid-19 en 2019. Ce total projeté de 36,8 Gt CO2 prend en compte la carbonatation du ciment qui correspond à un puits de CO2 dans l’air. Si cette carbonatation n’est pas prise en compte, le total projeté des émissions mondiales de CO2 pour 2023 s’élève à 37,5 Gt CO2 (voir graphique ci-après).

Les données définitives pour 2022 montrent une hausse de 0,9% par rapport au niveau de 2021, le total mondial s’élevant en 2022 à 36,4 Gt CO2 (en prenant en compte la carbonatation du ciment).

Emissions historiques (1960-2022) et projections 2023 d’émissions de CO2 fossile (en Gt)

Source : GCP, 2023

 

Emissions de CO2 fossile par source

En 2023, les émissions de CO2 liées à la combustion de charbon (41% des émissions mondiales totales de CO2) devraient augmenter de 1,1% (en raison notamment d’une hausse de ces émissions projetée en Chine et en Inde). Inversement, les Etats-Unis et l’UE-27 devraient connaître de fortes baisses de leurs émissions de CO2 liées au charbon.

Les émissions de CO2 liées à la combustion de pétrole (32% des émissions mondiales totales de CO2) devraient croître de 1,5% (en raison notamment de fortes hausses de ces émissions projetées en Chine et en Inde).

Les émissions de CO2 liées à la combustion de gaz naturel (21% des émissions mondiales totales de CO2) devraient croître de 0,5% (en raison notamment d’une hausse de ces émissions aux Etats-Unis, en Chine et en Inde). L’UE-27 devrait connaître une forte baisse de ses émissions de CO2 liées au gaz naturel.

 

Emissions historiques (1960-2022) et projections 2023 d’émissions de CO2 fossile par combustible fossile (en Gt)

Source : GCP, 2023

 

Emissions historiques (1960-2022) et projections 2023 des émissions de CO2 liées à la combustion des combustibles fossiles, par grand émetteur 

Au niveau des pays et grandes régions, la situation est contrastée. Selon les projections du GCP, en 2023, les émissions de CO2 devraient croître de 4,0% en Chine et de 8,2% en Inde (par rapport à 2022), mais baisser de 7,4% dans l’UE et de 3,0% aux Etats-Unis. Quant aux émissions de CO2 liées aux soutes maritimes et aériennes internationales, elles devraient augmenter de 11,9% en 2023.

Emissions de CO2 fossile des quatre premiers grands émetteurs : Chine, Etats-Unis, Inde et UE-27 (en Gt)

Source : GCP, 2023

 

Les six premiers émetteurs de CO2 en 2022 représentaient deux tiers (66,5%) des émissions totales mondiales de CO2 : Chine (30,7%), Etats-Unis (13,6%), Inde (7,6%), UE-27 (7,4%), Russie (4,4%) et Japon (2,8%). A noter que désormais les émissions de CO2 de l’Inde ont dépassé celles de l’UE-27. Quant aux soutes aériennes et maritimes internationales, leur part dans le total était de 2,8% en 2022, soit autant que le Japon (2,8%). Donc, si ces soutes devaient constituer un pays, il serait le 6e émetteur dans le monde ex aequo avec le Japon.

 

Les émissions de CO2 fossile par grand émetteur 1960-2022

Source : GCP, 2023

 

Emissions de CO2 par habitant

La situation est contrastée en fonction des pays et des grandes régions, reflétant leurs différents contextes nationaux. Ainsi, en 2022, les émissions de CO2 par habitant aux Etats-Unis étaient de 14,9 t CO2/hab, bien-au-dessus de celles de la Chine (8 t CO2/hab), de l’UE (6,2 t CO2/hab) ou de l’Inde (2,0 t CO2/hab).

 

Emissions de CO2 fossile par habitant des six premiers émetteurs en 2022 (en t CO2/hab)

Source : GCP, 2023

 

Emissions cumulées de CO2 par pays/grande région depuis 1850

Ce sont les Etats-Unis qui sont le premier pays responsable des émissions cumulées de CO2 sur la période 1850-2022, suivis de l’UE-27 et de la Chine.

Source : GCP, 2023

 

 

Emissions de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres 

Les émissions mondiales nettes de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres (notamment la déforestation) montrent une tendance une légère baisse depuis 20 ans, tendance marquée par de fortes incertitudes qui reste encore à confirmer. Selon les projections du GCP, elles devraient atteindre 4,1 Gt CO2 en 2023. Sur la période 2013-2022, les émissions mondiales nettes de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres ont été en moyenne de 4,7 Gt CO2 par an. Les trois pays où le GCP observe le niveau d’émissions liées aux changements d’utilisation des terres le plus élevé sont le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo (RDC). Ces trois pays sont responsables de plus de la moitié (55%) des émissions mondiales de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres.

Selon les projections du GCP, les émissions mondiales nettes totales de CO2 (fossile et liées aux changements d’utilisation des terres) devraient s’élever à 40,9 Gt CO2 en 2023 (contre 40,7 Gt CO2 en 2022), soit le même niveau qu’en 2019 (année pré-Covid-19) et une hausse de 47% par rapport au niveau de 1990.

 

Emissions nettes de CO2 (fossile et liées aux changements d’utilisation des terres) (en Gt)

Source : GCP, 2023

 

Absorption par les puits naturels

Sur les émissions anthropiques totales de CO2 de la période 2013-2022, environ 47% se sont accumulées dans l’atmosphère alors que 26% ont été absorbées par les océans et 31% par les terres.

 

Concentrations atmosphériques de CO2

Les concentrations atmosphériques de CO2 ont continué à poursuivre leur tendance de long terme à la hausse en 2022 du fait d’émissions continuelles. Les concentrations moyennes mondiales de CO2 devraient atteindre 419,3 ppm en 2023 (+2,4 ppm par rapport à 2022), soit une hausse de 51% par rapport au niveau pré-industriel qui constitue le niveau de référence.

 

Le budget carbone restant

Le budget carbone restant pour une probabilité de 50% de limiter le réchauffement à +1,5°C s’est réduit à 275 Gt CO2, soit l’équivalent de sept ans d’émissions de CO2 à partir de 2024. Le budget carbone se situe à 1 150 Gt CO2 pour respecter l’objectif de +2°C, soit l’équivalent de 28 ans d’émissions de CO2 à partir de 2024.

Un total cumulé de 2 590 Gt CO2 a été émis depuis 1850.

 

Le budget carbone restant au regard des objectifs en matière de réchauffement (en Gt CO2)

Source : GCP, 2023

 

En savoir plus

Page du GCP 2023  |  Messages clés |  Questions fréquemment posées

Communiqué de presse du GCP

Friedlingstein, P. et al. Global Carbon Budget 2023. Earth Systems Scientific Data. Vol. 15, issue 12, pp.5301–5369, 2023. 5 décembre 2023. Consulter. Il s’agit de l’article scientifique intégral qui sous-tend l’analyse du GCP.

Atlas carbone mondial

 

Le Global Carbon Project :

Le GCP fait partie du réseau mondial de scientifiques Future Earth et est un partenaire du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP). Il est un consortium international de 95 instituts de recherche scientifique réparti dans 17 pays qui a été créé en 2001 afin d’aider la communauté scientifique à établir une base de connaissance commune pour servir d’appui aux politiques de réduction d’émissions de GES. Le projet s’est fixé pour objectif d’élaborer une vision complète du cycle global du carbone (flux naturels et anthropiques). Les travaux du GCP sont revus par les pairs à l’instar de ceux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Parmi les principaux partenaires du GCP figure le climatologue français Philippe Ciais du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Le GCP est hébergé depuis mai 2022 par l’université d’Exeter (sud-ouest de l’Angleterre), avec la création d’un bureau dédié, le Global Carbon Budget Office (GCBO).

 

 

 

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