Les élus américains démocrates présents à la COP blâment la politique anti-climat de Trump qui laisse le champ libre à la Chine
Par : Sophie Sanchez

© America Is All In – Who’s in
Le mouvement America Is All In indique que dix États américains, 368 dirigeants locaux et 178 investisseurs restent attachés aux objectifs de l’Accord de Paris.
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Pour la première fois dans l’histoire des COP, il n’y a pas de délégation fédérale américaine présente à la COP30 au Brésil, les États-Unis ayant annoncé, via la nouvelle administration Trump 2, leur retrait – effectif en 2026 – de l’Accord de Paris – alors qu’il s’agit du deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre (lire notre article). Pour autant, une délégation non officielle forte de près de 100 membres a fait le déplacement à Belém afin de faire passer le message que toute une coalition d’acteurs non-étatiques reste pleinement impliquée dans l’action climatique nationale et internationale.
Ainsi le 30 octobre 2025, le mouvement America Is All In, Climate Mayors et la U.S. Climate Alliance avaient annoncé qu’une délégation américaine de plus de 100 responsables locaux – des gouverneurs, plus d’une dizaine de hauts responsables de six États membres de la Climate Alliance, ainsi que plus de 35 maires et 50 responsables municipaux de 26 États – participerait à la COP30.
De même source, les gouverneurs Tony Evers, co-président de la U.S. Climate Alliance et gouverneur du Wisconsin et la gouverneure du Nouveau-Mexique, Michelle Lujan Grisham, ainsi que des hauts responsables, ont présenté le lundi 3 novembre 2025 le rapport annuel 2025 de la coalition, détaillant comment ses membres « atteignent des réductions record de la pollution climatique, stimulent la croissance économique et construisent l’avenir de l’énergie propre et des technologies propres en Amérique ».
« Lorsque le gouvernement fédéral n’agit pas dans l’intérêt supérieur de notre pays, America Is All In prend les devants pour rassembler les dirigeants américains qui sont prêts, disposés et capables de se rendre au Brésil en force. Nous sommes déterminés à tenir les promesses que nous avons faites au peuple américain et à nos partenaires internationaux », a déclaré Gina McCarthy, coprésidente d’America Is All In, 13e administratrice de l’EPA, l’agence américaine pour la protection de l’environnement, qui a également été la première conseillère nationale pour le climat à la Maison Blanche.
À cet égard, Todd Stern, ancien envoyé américain pour le climat, a précisé au journal The Paper, situé à Shanghai, cité par le site spécialisé Carbon Brief, que la participation de certains dirigeants démocrates américains à la COP30, « même si elle n’a peut-être pas le même impact que l’implication personnelle du président américain, est néanmoins très importante et suffisante pour montrer au monde entier que les États-Unis n’ont pas abandonné la lutte contre le changement climatique et qu’ils restent « à fond » dans cette lutte ».
De fait, les élus démocrates ont de fait des interventions remarquées à Belém. Le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse, le seul élu de niveau fédéral à s’être rendu à la COP30, a dénoncé, selon l’AFP « l’énorme autosabotage que Trump commet, entièrement pour payer en retour ses donateurs de l’industrie fossile » qui ont financé sa campagne de réélection. Pour lui, les États-Unis sont en effet « en train de perdre délibérément » la course aux technologies propres face à la Chine – et, avec elle, « la compétition sur le solaire, l’éolien, le stockage par batteries, les voitures électriques et toutes les technologies associées ». De fait à la COP30, la Chine se présente comme une puissance responsable, leader dans le domaine des technologies propres et vertes.
L’offensive du président Donald Trump en faveur du pétrole et du gaz, qui a qualifié le changement climatique de « canular », « ne représente pas le peuple américain », ajoute Sheldon Whitehouse sur son site officiel. Il ajoute que l’envolée des prix de l’électricité et l’explosion des primes d’assurance habitation aux États-Unis est exacerbée par les Républicains qui entravent les énergies propres et refusent de prendre en compte les risques climatiques.
Toujours selon son site officiel, Sheldon Whitehouse a participé à la COP30 à des discussions sur l’avenir de l’éolien en mer, le transport maritime propre et à des débats sur la réglementation du méthane, la mise en œuvre des politiques de neutralité carbone et les impacts du changement climatique sur les océans du monde. Le sénateur a également plaidé en faveur d’un mécanisme mondial d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), qu’il considère « comme la meilleure voie vers la sécurité climatique ».
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© Climate Acceptance Studios – America Is All In – Intervention du gouverneur de Californie Gavin Newsom lors de la COP30
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Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a lui aussi fait une intervention remarquée. « Trump est temporaire », a-t-il lancé à Belém selon l’AFP, avant de qualifier la marche arrière de Trump sur le climat d’« abomination ». Newsom a promis qu’un président démocrate réintégrerait les États-Unis « sans hésitation » dans l’Accord de Paris : « C’est un engagement moral, c’est un impératif économique », a-t-il encore affirmé.
Tout au long de la journée du 11 novembre, il a multiplié les rencontres avec des responsables brésiliens et européens, vantant le modèle californien, dont l’électricité a été « 100 % propre neuf jours sur dix cette année ». Avec la gouverneure du Nouveau-Mexique Michelle Lujan Grisham, il a présenté les mesures prises par les dirigeants locaux aux États-Unis pour lutter contre le changement climatique et mis notamment en avant les solutions proposées par la Californie et le Nouveau-Mexique et annoncé de nouveaux partenariats.