Presque tous les habitants des villes européennes restent exposés à des niveaux de pollution atmosphérique bien supérieurs aux seuils recommandés par l’OMS
Par : Sophie Sanchez

Mortalité attribuable à une exposition prolongée aux PM2,5 – 2023 – Source : Agence européenne de l’environnement, décembre 2025
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La pollution atmosphérique demeure le principal risque environnemental pour la santé des Européens. Un peu plus de 180 000 décès dans l’Union européenne (UE) étaient en effet attribuables en 2023 à l’exposition à des concentrations de particules fines (PM2,5) dépassant les niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon la dernière évaluation de l’impact sanitaire de la qualité de l’air rendue publique le 1er décembre 2025 par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).
Cette évaluation a été dévoilée à l’occasion du Forum européen pour un air pur, qui s’est tenu les 1er et 2 décembre 2025 à Bonn, en Allemagne et a réuni des décideurs politiques, des scientifiques et des représentants de la société civile originaires de toute l’Europe afin d’échanger sur les efforts visant à améliorer la qualité de l’air.
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Contexte
L’analyse de l’AEE couvre 41 pays européens, dont les 27 États membres de l’UE, d’autres pays membres ou coopérants de l’AEE et des micro-États européens supplémentaires. La Turquie n’est pas incluse dans les estimations concernant les PM2,5, car le nombre de stations de surveillance de fond disponibles était trop faible pour produire des cartes de concentration pour les particules fines. Par conséquent, les estimations pour les PM2,5 ont été réalisées pour 40 pays.
L’AEE estime le nombre de décès attribuables à l’exposition à la pollution atmosphérique depuis 2014. Elle s’appuie sur les recommandations de l’OMS en matière d’impacts sanitaires, telles que définies dans les lignes directrices de 2021 sur la qualité de l’air (lire notre article). Comme les années précédentes, les impacts sanitaires des différents polluants atmosphériques ne doivent pas être additionnés pour éviter les doubles comptes, en raison de certains chevauchements dans les données. Cela s’applique tant à la mortalité qu’à la morbidité.
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Des décès prématurés qui pourraient être évités
La note d’information de l’AEE intitulée « Incidence de la pollution atmosphérique sur la santé humaine en Europe : état de la charge de morbidité, 2025 » confirme la tendance observée depuis dix-neuf ans : l’impact estimé sur la santé attribuable à une exposition à long terme à trois polluants atmosphériques majeurs (particules fines, dioxyde d’azote et ozone) continue de diminuer.
Ainsi les décès prématurés attribuables aux particules fines (PM2,5) ont chuté de 57 % dans l’UE entre 2005 et 2023. L’objectif du plan d’action « zéro pollution » de l’UE (lire notre article), visant une réduction de 55 % de l’impact en la matière, a donc été atteint pour 2023. Émises par le chauffage au bois, le trafic routier, l’agriculture ou les activités industrielles, les PM2,5, qui pénètrent profondément dans l’organisme, ont l’impact le plus élevé sur la morbidité.
Cependant, presque tous les habitants des villes européennes (95 %) restent exposés à des niveaux de pollution atmosphérique bien supérieurs aux seuils recommandés par l’OMS, comme le déplore l’organisme.
À cet égard, selon les estimations de l’AEE, réduire la pollution atmosphérique aux niveaux recommandés par l’OMS aurait permis d’éviter 182 000 décès attribuables à l’exposition aux particules fines (PM2,5), 63 000 à l’exposition à l’ozone (O3) et 34 000 à l’exposition au dioxyde d’azote (NO2) dans l’Union européenne en 2023.
Les conséquences des maladies liées à la pollution atmosphérique sont considérables, rappelle l’AEE. Certaines maladies causées ou aggravées par la pollution de l’air, comme l’asthme, entraînent une détérioration de la santé. D’autres pathologies comme les maladies ischémiques du cœur et le cancer du poumon, se traduisent par des décès prématurés. En outre, de nouvelles preuves suggèrent que la pollution atmosphérique pourrait également provoquer la démence.
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Diminution de 66,4% en France du taux de décès prématurés attribuables aux PM2,5
En France, le taux de décès naturels toutes causes confondues attribuables à une exposition à long terme à des particules fines (nombre de décès prématurés attribuables pour 100 000 habitants âgés de 30 ans ou plus) supérieures à 5 µg/m3 aurait diminué de 66,4 % entre 2005 et 2023 (passant respectivement de 101,7 à 34,2), ce qui se traduirait par 14 741 décès attribuables en 2023.
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De nouvelles règles européennes en matière de qualité de l’air
L’AEE rappelle que la directive révisée relative à la qualité de l’air ambiant (directive (UE) 2024/2188 – lire notre article), entrée en vigueur en décembre 2024, rapproche les normes européennes de qualité de l’air des recommandations de l’OMS, les valeurs-guides, en soutenant de nouvelles réductions des effets de la pollution atmosphérique sur la santé dans les années à venir.
Pour autant, la pollution atmosphérique demeure le principal risque environnemental pour la santé des Européens – suivie d’autres facteurs tels que l’exposition au bruit, aux produits chimiques et aux effets croissants des vagues de chaleur liées au climat -, en provoquant des maladies chroniques et des décès prématurés, en particulier dans les villes et les zones urbaines. Les pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est subissent les impacts sanitaires les plus importants en raison de niveaux de pollution élevés.
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Pour en savoir plus
L’OMS publie ses nouvelles lignes directrices pour la qualité de l’air – Citepa