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Les particules hors échappement représentent désormais la majorité des émissions de particules (PM10)

  • Réf. : 2022_08_a01
  • Publié le: 17 août 2022
  • Date de mise à jour: 17 août 2022
  • France

L’Ademe a publié, le 20 avril 2022, les résultats d’une étude sur les émissions de particules émises non pas par l’échappement mais par l’abrasion des freins, des pneus et de la chaussée.

L’étude rappelle que les émissions de particules à l’échappement ont nettement baissé avec la généralisation des filtres à particules. Ainsi, en proportion, la part des particules (PM10) émises hors échappement par l’abrasion des freins, des pneus et de la chaussée est de plus en plus importante au point d’être devenue la source majoritaire des émissions de particules du transport routier en Europe en 2019 d’après le JRC.

 

L’éclairage du Citepa

Les émissions de particules hors échappement en France

En France, les émissions dues à l’abrasion croissent avec le trafic depuis 1990, alors que les émissions dues à l’échappement sont en régression depuis 1993, en raison d’une meilleure gestion de la combustion et de la mise en place des filtres à particules depuis 2010 (PL) et 2011 (VP et VUL). A cela s’ajoute également le fait que, selon la granulométrie, la contribution des émissions liées à l’abrasion n’est pas la même.

Ainsi, comme le montrent les graphiques ci-dessous, pour les émissions de PM10 des véhicules particuliers thermiques en France métropolitaine, la part liée à la combustion a diminué fortement depuis 1990, au point où la part hors échappement est devenue majoritaire. Ainsi, en 2020, davantage de PM10 ont été émis par l’usure des freins et pneus des véhicules particuliers thermiques ainsi que par l’abrasion de la route liée au passage de ces véhicules que par la combustion des combustibles par ces véhicules. Pour ce qui est des particules PM2,5, plus fines, les émissions liées à l’échappement restent encore légèrement supérieures à celles liées à l’usure en 2020, mais les émissions liées à la combustion ont aussi été très fortement réduites. Enfin, les particules très fines (PM1,0) sont surtout émises à l’échappement et très peu via l’usure.

Par ailleurs, compte tenu de leur faible part dans le parc des véhicules roulant, les émissions de particules liées aux véhicules électriques restent encore très faibles comparées à celles des véhicules thermiques.

Source Citepa, rapport Secten éd. 2022.

 

L’étude de l’Ademe s’est penchée sur le différentiel entre véhicules thermiques et électriques. Du point de vue des particules émises par l’abrasion des freins, les véhicules électriques en émettent moins du fait du freinage régénératif. Du point de vue des particules émises au niveau des pneus et de la chaussée, en revanche, les véhicules électriques en émettent davantage du fait de leur masse généralement plus importante. Au total, ces deux différences se compensent et l’étude conclut qu’il n’y a pas d’écart significatif sur les émissions totales de particules véhicules électriques à forte autonomie et les véhicules thermiques neufs actuels, qui n’émettent quasiment plus de particules à l’échappement. En revanche les véhicules thermiques émettent d’autres substances (CO2, NOx, COVNM…) que les véhicules électriques n’émettent pas.

Les auteurs en concluent que pour réduire la pollution par les particules liées au trafic routier, l’électrification est indispensable mais non suffisante, d’autre pratiques peuvent y contribuer : allégement des véhicules, développement de l’écoconduite et des modes actifs, diminution du trafic, …

L’étude s’est aussi intéressée à l’impact sanitaire et environnemental de ces particules émises hors échappement. Elle souligne que même s’il reste difficile de quantifier la part des particules hors échappement responsable des effets sanitaires de l’exposition aux concentrations de polluants atmosphériques liés au trafic, des études suggèrent que les particules hors échappement, en raison notamment de leurs teneurs en éléments métalliques comme le cuivre, le baryum, le zinc ou le fer, ont un effet néfaste sur la santé. Par ailleurs, les effets à long terme de ces particules sur les écosystèmes, notamment par accumulation, sont peu documentés.

Enfin, l’Ademe examine les évolutions règlementaires qui pourraient impacter ces émissions de particules. Elle note que la future réglementation Euro 7 / VII (2025 – 2026) pourrait inclure un volet sur les émissions de particules de frein (d’abord en phase de test et contrôle puis avec des seuils d’émissions), qui ne pourrait ne concerner d’abord que les véhicules légers. En revanche, pour les particules liées à l’usure des pneus, l’Ademe note qu’il est peu probable qu’ils soient pris en compte dans la future réglementation Euro 7 / VII car des études sur la caractérisation et la distribution en taille de ces particules sont encore nécessaires.

 

En savoir plus

Communiqué

Note d’expertise de l’Ademe – Émissions des véhicules routiers, les particules hors échappement : https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/5384-emission-des-vehicules-routiers-les-particules-hors-echappement.html

 

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