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Adaptation Atténuation CCNUCC et Accord de Paris Energie Fiscalité, coûts et économie Politique et règlementation
Publié le 14 novembre 2025

Journal de la COP-30 | Jour 5 : 14 novembre

Par : Mark Tuddenham

Modifié le : 18/11/2025
Réf . : 2025_11_10

Retrouvez les documents de référence qui permettent de comprendre les enjeux de la COP de Belém et de suivre ses négociations :

© UN Climate Change – Zô Guimarães

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Ajouté : Mise à jour samedi 15 novembre 2025 à 18h00

Sections « Retour sur la cinquième journée », « Autres temps forts de la 5e journée » et « Dans les coulisses ».

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Sommaire


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Programme de la cinquième journée

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs ordres du jour respectifs adoptés le 10 novembre 2025 (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 1).

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Consultations

Des consultations vont être menées sur plusieurs volets de négociation. Le Citepa reviendra sur ce sujet dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 5e journée ».

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Événement mandaté

MRV dans le cadre du régime pré-Paris – pays en développement (SBI)

14 nov. 2025 : 19e atelier sur « l’échange non coercitif des points de vue » (facilitative sharing of views ou FSV) dans le cadre de la démarche MRV (suivi, déclaration et vérification) des pays en développement. Ainsi, les rapports biennaux de mise à jour (Biennal Update Reports ou BUR) de quatre pays en développement sont soumis à cet exercice : Bhutan, Honduras, Niger et Arabie saoudite.

Voir message aux Parties (daté du 21 août 2025).

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Contexte : les rapports de mise à jour biennaux et le processus de consultation et d’analyse internationales (ICA)

Au titre de la décision 1/CP.16 (paragraphe 60) adoptée à Cancún en 2010, en fonction de leurs capacités et du soutien fourni pour la communication d’informations, les PED devaient soumettre des rapports de mise à jour biennaux (Biennal update reports ou BUR). Ceux-ci devaient contenir :

  • des mises à jour des inventaires nationaux d’émissions de GES,
  • des informations sur les actions de réduction mises en œuvre,
  • des besoins en soutien international, et
  • le soutien international effectivement reçu.

La décision 2/CP.17, adoptée à la COP-17 à Durban en 2011, a fixé l’échéance pour les pays en développement pour soumettre leur premier rapport de mise à jour biennal : 31 décembre 2014.

Au total, au 5 novembre 2025, sur les 154 Parties hors annexe I de la CCNUCC (pays en développement), 115 ont soumis leur premier BUR [date limite : 31 décembre 2014], 46 leur 2e BUR [date limite : 31 décembre 2016], 28 leur 3e BUR [date limite : 31 décembre 2018], 15 leur 4e BUR [date limite : 31 décembre 2020] et 5 Parties  leur 5e BUR [date limite : 31 décembre 2022]. Cela démontre notamment un manque de ressources financières et de capacités institutionnelles et techniques des pays en développement pour élaborer ces outils de MRV, d’où l’importance de la démarche du renforcement des capacités.

Voir liste des pays en développement ayant soumis leur premier, 2e, 3e, 4e et 5e BUR.

Par ailleurs, la décision 1/CP.16 (paragraphe 63) [adoptée à la COP-16 à Cancún en 2010] a lancé, au sein de l’organe subsidiaire pour la mise en œuvre (SBI) un processus de consultation et d’analyse internationales [processus dit ICA ou International Consultation and Analysis] des rapports de mise à jour biennaux de façon discrète, non punitive et dans le respect de la souveraineté nationale. L’ICA visait à accroître la transparence des actions de réduction et de leurs effets par le biais d’un examen réalisé par des experts techniques en concertation avec la Partie concernée, conduisant à l’élaboration d’un rapport de synthèse. La décision 2/CP.17 a défini les modalités et lignes directrices pour l’ICA (annexe IV).

Le processus ICA était composé de deux étapes :

Le processus ICA a contribué au renforcement des capacités des PED, ce qui a conduit à une amélioration de la qualité de leurs BUR.

Le FSV était organisé sous forme d’ateliers qui se déroulent sous l’égide du SBI.

Dix-sept ateliers ont eu lieu avant les sessions SB-62 :

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Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence brésilienne a organisé cinq doubles journées thématiques qui auront lieu durant la Conférence (comme le font tous les ans les Présidences des COP) :

14-15 nov. : énergie, industrie, transports, commerce, finance, marchés carbone, GES hors CO2.

Voir communiqué de la Présidence du 5 août 2025.

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Retour sur la cinquième journée

Tour d’horizon des sujets ayant fait l’objet de négociations sur le fond

Les Parties ont mené des négociations sur plusieurs sujets sur la base de leurs ordres du jour respectifs adoptés le 10 novembre 2025 (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 1), et notamment sur :

  • Les Parties ont mené des négociations sur plusieurs sujets sur la base de leurs ordres du jour respectifs adoptés le 10 novembre 2025 (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 1), et notamment sur :
    • le fonds pertes et préjudices,
    • le dialogue sur l’alignement des flux de financement (article 2.1(c),
    • le programme de travail sur l’atténuation (MWP),
    • l’article 6.2,
    • l’objectif mondial sur l’adaptation (GGA),
    • le programme de travail sur la transition juste (JTWP).

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Financement

Fonds pertes et préjudices

Lors des consultations informelles de la COP/CMA, le co-facilitateur Jose Delgado Jimenez (Autriche) a invité les Parties à faire part de leur avis sur le projet de texte de décision, soulignant que les projets de décision de la COP et de la CMA sur ce sujet sont les mêmes sauf que la décision de la CMA comporte un paragraphe supplémentaire relatif au nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat post-2025 (NCQG).

L’AOSIS et le groupe des PMA ont souligné la nécessité de mettre l’accent sur l’accès direct et le versement rapide de l’argent issu du fonds.

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Article 2.1(c) : alignement des flux de financement avec une trajectoire de développement bas-carbone

Pour des éléments de contexte, lire notre Journal de la COP-30 – Jour 4.

Lors des consultations informelles de la CMA, le co-facilitateur Ralf Bodle (Allemagne) a présenté une note informelle présentant les éléments d’un projet de décision et a invité les Parties à faire part de leur avis sur les futurs travaux concernant l’article 2.1c.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient élaborer un projet de décision.

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Le programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP)

Pour des éléments de contexte sur le programme MWP, se reporter au Guide du Citepa pour mieux comprendre la COP-30.

Lors des consultations informelles des SB, le co-facilitateur Maesela John Kekana (Afrique du Sud) a invité les Parties à indiquer si elles étaient d’accord ou non de soumettre la note informelle (version du 14 nov. 2025 @ 08h00) à la CMA pour examen au cours de la 2e semaine de la COP-30.

L’AOSIS, les PMA, l’EIG et le Japon ont insisté pour que l’objectif de +1,5 °C soit explicitement mentionné. Le groupe arabe, les pays en développement partageant la même vision (LMDC) et la Russie s’y sont opposés. Le groupe arabe a déclaré qu’il n’est pas scientifiquement approprié de mentionner le maintien de l’objectif de +1,5 °C, car celui-ci a déjà été dépassé.

L’AOSIS, le Belize et la Nouvelle-Zélande ont souligné l’importance de reconnaître le rôle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans la production des meilleures données scientifiques disponibles pour appuyer l’action climat efficace. Le groupe arabe s’y est opposé, faisant valoir que le MWP n’était pas le dispositif approprié pour aborder cette question et que celle-ci était traitée dans le cadre des négociations du SBSTA sur la recherche et l’observation systématique.

Au terme des discussions, les Parties ont convenu de soumettre la note informelle à la CMA pour examen.

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Article 6.2

Pour des éléments de contexte, lire notre Journal de la COP-30 | Jour 1.

Au cours des consultations informelles dans le cadre de la CMA, co-facilitées par Peer Stiansen (Norvège) et Pacifica Achieng Ogola (Kenya), les discussions ont porté principalement sur le rapport annuel du Secrétariat de la CCNUCC concernant la mise en œuvre des recommandations relatives à l’article 6.2 (publié le 5 novembre 2025).

Les co-facilitateurs ont invité les Parties à soumettre leurs contributions écrites pour éclairer l’élaboration d’un projet de texte.

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L’objectif mondial sur l’adaptation (GGA)

Pour des éléments de contexte sur le GGA, se reporter au Guide du Citepa pour mieux comprendre la COP-30.

Lors des consultations informelles dans le cadre des SB, la co-facilitatrice Tine Kobilšek (Slovénie) a présenté une nouvelle version du projet de texte (version du 14 nov. 2025 @13h15), soulignant la nécessité de transmettre le texte à la CMA sous forme de conclusions des SB. Les Parties ont fait remarquer que certaines de leurs propositions n’avaient pas été suffisamment prises en compte et ont proposé des modifications supplémentaires du texte et ont demandé que divers paragraphes soient mis entre crochets (ce qui indique des éléments non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte).

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Le programme de travail sur la transition juste (JTWP)

Pour des éléments de contexte sur le JTWP, se reporter au Guide du Citepa pour mieux comprendre la COP-30.

Au sein du groupe de contact dans le cadre du SBI, le coprésident Joseph Teo (Singapour) a présenté une nouvelle version de la note informelle. Si la plupart des Parties ont salué la prise en compte équilibrée des points de vue, les pays en développement partageant la même vision (LMDC) ont toutefois déploré ce qu’ils ont qualifié de « représentation biaisée » des contributions apportées par les Parties sur les mesures unilatérales restrictives pour le commerce liées au climat.

En ce qui concerne les modalités institutionnels, l’UE a proposé un plan d’actions pour une transition juste, qui serait hébergé par le Secrétariat de la CCNUCC et comporterait des activités et des fonctions clairement définies dans le temps, basées sur les éléments du JTWP, notamment la facilitation de l’échange de connaissances, le renforcement des capacités et la garantie de la participation des acteurs non-étatiques. Le co-président Teo a noté que le plan présentait certains recoupements avec le mécanisme de transition juste proposé par le G-77+Chine (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 4) et a invité les Parties à se consulter les uns les autres.

L’AOSIS, les PMA, l’EIG, l’Australie, le Japon et le Royaume-Uni ont soutenu des éléments de texte sur le lien intrinsèque entre la poursuite des efforts visant à limiter le réchauffement à +1,5°C et la recherche de trajectoires de transition juste. Les PMA et le Groupe arabe ont soutenu une formulation alternative faisant référence au « lien intrinsèque entre la poursuite des efforts visant à limiter le réchauffement bien en dessous de +2°C et, si possible en dessous de +1,5°C, le renforcement des mesures d’adaptation et le respect des obligations des pays développés en matière de moyens de mise en œuvre [financement climat, transfert de technologies et renforcement des capacités] afin de permettre aux pays en développement de faire face aux changements climatiques dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté, tout en reconnaissant que ces résultats sont poursuivis par le biais de voies de transition justes déterminées au niveau national ».

L’AOSIS, les PMA, l’EIG, le Canada et le Royaume-Uni ont appuyé des éléments de texte invitant le JTWP à intégrer les résultats du bilan mondial (GST) qui sont pertinents pour une transition juste. En revanche, les PMA et le groupe arabe s’y sont opposés, Le groupe arabe s’est également opposé à la formulation s de texte sur la transition vers l’abandon des combustibles fossiles, déplorant que cette formulation soit « contraire à l’esprit de l’Accord de Paris » qui reconnaît les circonstances nationales.

Les discussions se sont poursuivies dans la soirée.

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Autres temps forts de la cinquième journée

Moins de représentants du secteur des énergies fossiles présents à Belém qu’à Bakou

Le 14 novembre 2023, l’ONG Global Witness a publié, comme tous les ans, une analyse du nombre de représentants du secteur de la production des combustibles fossiles (à l’origine du réchauffement climatique) qui participent à la COP-30 et ce, sur la base de la liste officielle provisoire des participants établie par le Secrétariat de la CCNUCC (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 3). Cette analyse est désormais réalisée par la coalition d’ONG Kick Big Polluters Out (KBPO).

Selon l’estimation qui a nécessité un travail de vérification approfondie et minutieuse par toute une équipe de chargés d’études, de décodeurs et d’analystes de données, cette année (2025), l’autorisation à participer à la Conférence a été accordée à 1 602 représentants du secteur des combustibles fossiles (lobbyistes ou non), contre 1 773 en 2024 lors de la COP-29 (lire notre article) et 2 456 en 2023 lors de la COP-28 (lire notre article) et 636 en 2022 lors de la COP-27 (lire notre article).

Selon les auteurs de l’analyse, bien que le nombre de participants à la COP30 soit globalement moins important qu’à la COP-29 en Azerbaïdjan et à la COP-28 à Dubaï, la proportion de représentants du secteur des énergies fossiles a augmenté pour atteindre près d’un délégué sur 25 présents à Belém.

Par ailleurs, l’analyse montre que si ces 1 602 représentants devaient constituer une délégation, elle serait la deuxième plus grande après celle du pays hôte de la COP-30, le Brésil (3 805) (lire notre Journal de la COP-30 | Jour 3).

Par ailleurs, selon l’analyse 2025, il y a plus de représentants du secteur de la production des combustibles fossiles à Belém que tous les délégués réunis des 10 pays africains les plus vulnérables (au total 1 061), pays en première ligne face aux impacts du dérèglement climatique.

Lire le communiqué de Global Witness (du 14 nov. 2025) qui comporte une section sur la méthodologie appliquée pour réaliser cette analyse.

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Dans les coulisses

Vers une feuille de route de sortie des combustibles fossiles ?

Selon Carbon Brief (Belém Briefing Day 5), Après que le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a appelé à l’élaboration d’une « feuille de route » pour sortir des énergies fossiles avant l’ouverture de la COP (lors de la séquence des Chefs d’Etat et de Gouvernement les 6-7 novembre), les rumeurs vont bon train sur la forme que cette feuille de route pourrait prendre. Selon Climate Home News, plusieurs pays soutiennent l’appel de Lula. Au total, selon le décompte de Carbon Brief, 64 pays soutiennent une telle feuille de route : Brésil, le groupe d’intégrité environnementale (EIG, six pays), France, Danemark, Royaume-Uni, Allemagne, Kenya, le groupe AILAC (huit pays), l’AOSIS (39 pays), Australie, Portugal, Mongolie, Suède et Irlande.

D’après un projet de document consulté par Carbon Brief, la Colombie coordonnerait sa propre déclaration sur la transition vers l’abandon des énergies fossiles. A suivre.

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En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-30

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-63, et publiée le 31 octobre 2025. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 10 au 14 novembre 2025 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 31 oct. 2025)

Cette année, en raison des contraintes budgétaires, le programme jour par jour en détail (Daily programme) est supprimé

Liste des évènements parallèles (side events) à Belém

Registre des NDC

CCNUCC : Nationally determined contributions under the Paris Agreement – Synthesis report by the secretariat, 28 octobre 2025

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Les premiers rapports biennaux en matière de transparence (BTR)

CCNUCC : Biennial transparency reports and national inventory reports – Synthesis report by the secretariat, 31 octobre 2025

CCNUCC : Progress in the process to formulate and implement national adaptation plans – Report by the secretariat, 21 octobre 2025

Présidence brésilienne

Site web de la Présidence brésilienne

Communiqué de la Présidence sur la séquence de haut niveau (sommer sur le climat), publié mle 24 oct. 2025

 

Suivi et analyses réalisés et publiés par des institutions politiques, instituts de recherche et cercles de réflexion :

Couverture quotidienne de la Conférence par l’Institut International du Développement Durable (IISD)

Parlement européen (2025). The COP30 Climate Change Conference Part I: Framework of COP negotiations and main expected issues, octobre 2025

Carbon Brief : Interactive: Tracking negotiating texts at the COP30 climate summit, 7 novembre 2025. Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat, publie la version 2025 de son outil de suivi interactif annuel qui présentera les avancées ou l’absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-30. Il montrera le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge).

Carbon Brief : Interactive: Who wants what at the COP30 climate change summit, 5 novembre 2025. Tableau interactif présentant les positions des différents pays et groupes de négociation sur les volets clés des négociations, ainsi que sur les questions clés dans le cadre de ces volets.

 

Adaptation Atténuation CCNUCC et Accord de Paris Energie Fiscalité, coûts et économie Politique et règlementation