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Publié le 09 octobre 2025

Le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace directe pour la compétitivité de l’Europe – AEE

Par : Sophie Sanchez

Modifié le : 09/10/2025
Réf . : 2025_10_03

Secteurs d’activité affectés par le changement climatique par zone géographique en 2025 – Source : Agence européenne pour l’environnement (AEE), septembre 2025

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Wopke Hoekstra

Commissaire européen au climat, à la neutralité carbone et à la croissance propre

« Le présent rapport renforce l’urgente nécessité pour l’Union de maintenir ses ambitions fortes en matière de climat. L’Europe, qui est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, a été la première à constater les effets dévastateurs du changement climatique, comme en témoignent les graves incendies de forêt qui ont fait des ravages cet été. Les coûts de l’inaction sont énormes et le changement climatique constitue une menace directe pour notre compétitivité. Il est essentiel de maintenir le cap pour préserver notre économie. »

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L’Agence européenne pour l’environnement (AEE), une des agences de l’Union européenne (UE), a publié le 29 septembre 2025 son « Rapport sur l’état de l’environnement en Europe en 2025 », le 7e rapport de ce type depuis 1995 (un tous les cinq ans, conformément à son règlement).

Le rapport souligne que le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace directe pour la compétitivité de l’Europe.

La gestion de la crise climatique nécessite une double approche : renforcer la résilience et atténuer le changement climatique. C’est pourquoi le rapport recommande « vivement » une intensification de la mise en œuvre des politiques et des actions favorisant la durabilité à plus long terme déjà approuvées dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe qui « offre une trajectoire claire de transition ». L’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 nécessite une gestion plus efficace et raisonnée des terres, de l’eau et d’autres ressources naturelles, insistent également les experts.

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Évolution alarmante du climat

En ce qui concerne le changement climatique, l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, comme le rappelle l’AEE. « Le climat évolue à un rythme alarmant, menaçant la sécurité, la santé publique, les écosystèmes, les infrastructures et l’économie », constate l’institution. La fréquence et l’ampleur croissantes des catastrophes liées au climat, et le fait de savoir que le climat continuera à changer malgré les efforts d’atténuation ambitieux de l’Union, soulignent « l’urgente nécessité d’adapter la société et l’économie européennes, tout en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte ».

Les précipitations sont de plus en plus violentes, plusieurs régions ayant été touchées par des inondations catastrophiques ces dernières années. En 2023, les inondations en Slovénie ont entraîné une perte de 16 % du produit intérieur brut. En 2024, les inondations à Valence (Espagne) ont fait plus de 250 victimes, déplore l’organisme.

En outre, les vagues de chaleur extrême, autrefois rares, sont de plus en plus fréquentes et ont des conséquences mortelles : on estime que plus de 70 000 personnes sont décédées en Europe en raison de la chaleur en 2022. Entre 1980 et 2023, plus de 240 000 décès ont été causés par des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans les 27 pays de l’Union européenne (UE-27), précise l’AEE.

Le rapport souligne également que le changement climatique est un facteur important de perte de biodiversité et de dégradation des écosystèmes marins, d’eau douce et terrestres. Il accroît également les risques pour la sécurité hydrique en exacerbant la pénurie d’eau, la sécheresse et les inondations, compromettant ainsi la résilience hydrique.

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162 milliards d’euros de pertes pour la période 2021-2023

Les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes ont causé des pertes économiques estimées à 738 milliards d’euros dans l’UE-27 entre 1980 et 2023, dont plus de 162 milliards d’euros pour la seule période 2021-2023, précise l’AEE. Cela signifie que les pertes économiques annuelles moyennes liées aux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes entre 2020 et 2023 ont été 2,5 fois plus élevées qu’au cours de la décennie précédente, entre 2010 et 2019, calcule encore l’organisme.

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L’Union européenne, leader mondial en matière d’efforts climatiques

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Tendances en matière d’émissions de gaz à effet de serre par secteur – Énergie, industrie, transport national, bâtiments, agriculture, UTCATF (puits de carbone) (*) – 2005 à 2030 – Source : AEE, septembre 2025

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Pour autant, l’Union européenne (UE) a accompli des progrès importants dans la lutte contre le changement climatique et fait figure de leader dans ce domaine, se félicite l’AEE.

L’UE a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37 % depuis 1990 et jusqu’à 2023 (lire notre article), principalement grâce à la réduction de la consommation de combustibles fossiles et au doublement de la part des énergies renouvelables depuis 2005. Les experts soulignent que cette évolution démontre comment l’action climatique peut stimuler la compétitivité et la sécurité énergétique en réduisant la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles importés et en augmentant la part des énergies renouvelables produites localement. Une mise en œuvre efficace des politiques peut favoriser le changement et permettre de réaliser des progrès mesurables vers la durabilité et la neutralité climatique d’ici 2050, fait encore valoir l’AEE.

(*) Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF en français, LULUCF en anglais)

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Atténuation et adaptation

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Bénéfices liés à un climat stable / risques liés au changement climatique – Source : AEE, septembre 2025

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La gestion de la crise climatique nécessite une double approche : renforcer la résilience et atténuer le changement climatique, insiste l’AEE. C’est pourquoi le rapport « recommande vivement une intensification » de la mise en œuvre des politiques et des actions favorisant la durabilité à plus long terme déjà approuvées dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe et préconise de « changer radicalement » les systèmes de production et de consommation, en veillant à décarboner l’économie, à effectuer une transition vers une économie circulaire, à réduire la pollution et à assurer une gestion raisonnée des ressources naturelles. L’Europe « doit continuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à augmenter les absorptions de carbone » tout en accélérant la mise en œuvre de mesures d’adaptation afin d’éviter les coûts et les conséquences futurs liés au changement climatique. Ce alors que les Vingt-Sept ne sont pas parvenus fin septembre 2025 à s’accorder sur un objectif contraignant de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035 (lire notre article).

Le document rappelle que le cadre juridique de l’UE, établi en vertu de la loi européenne sur le climat (règlement (UE) 2021/1119lire notre article), fixe un objectif contraignant de neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard, avec un objectif intermédiaire de réduction des émissions nettes de GES d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Dans le même temps, la loi européenne sur le climat reconnaît que, bien qu’elle soit essentielle, l’atténuation ne suffit pas à elle seule. L’adaptation est reconnue comme un élément clé de la réponse mondiale à long terme de l’Europe au changement climatique et exige des États membres et de l’UE qu’ils renforcent leur capacité d’adaptation, leur résilience et réduisent leur vulnérabilité au changement climatique.

À noter, l’AEE précise à cet égard que le plan d’adaptation au changement climatique de l’UE est actuellement en cours d’élaboration et devrait être publié fin 2026.

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En savoir plus

State of Europe’s environment not good: threats to nature and impacts of climate change top challenges | Press releases | European Environment Agency (EEA)

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