Reprise des négociations climat dans le cadre de la CCNUCC : peu de progrès sur les sujets clés sur fond de profondes divergences entre pays du Nord et pays du Sud sur le financement
Par : Mark Tuddenham
Après deux semaines de négociations intenses (16-26 juin 2025), les 62èmes sessions des deux organes subsidiaires de la CCNUCC (SBI-62 [mise en œuvre] et SBSTA-62 [conseil scientifique et technologique]), connues sous le nom SB-62, se sont terminées à 00h18 vendredi 27 juin 2025, soit 6,5h au-delà de l’heure de clôture officielle (18h vendredi 16 juin 2025). Ces sessions intermédiaires ont marqué la reprise des négociations climat formelles dans le cadre de la CCNUCC pour la première fois depuis la Conférence de Bakou sur le Climat, qui incluait la COP-29 (du 11 au 24 novembre 2024). Elles sont généralement l’occasion d’avancer sur les points techniques des négociations entre deux COP et permettent de faciliter l’avancée des négociations politiques lors des COP.
Lire notre article sur les résultats de la Conférence de Bakou « COP-29 : bilan total très mitigé surtout sur le nouvel objectif de financement et les suites du Bilan mondial », publié le 6 mars 2025.
Rappel de l’articulation des différents organes de la CCNUCC
Les organes subsidiaires SBSTA et SBI sont des organes techniques mis à disposition de la COP, de la CMP et de la CMA.
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Au total, les sessions SB-62 ont réuni en présentiel 9 486 participants dont 3 292 délégués gouvernementaux (équipes de négociation nationales) des 197 Parties à la Convention Climat (CCNUCC), 2 393 représentants d’ONG ayant le statut « d’observateur », ainsi que 308 journalistes (source : IISD, 30 juin 2025).
Outre les sessions plénières et les réunions des deux organes subsidiaires SBI et SBSTA dans le cadre des négociations, une trentaine de réunions et ateliers dits mandatés (car mandatés par des décisions de la COP-29, celles de la CMP-19 et/ou celles de la CMA-6, adoptées lors de la Conférence de Bakou sur le Climat), ont également eu lieu pendant ces deux semaines, voire pendant la période dite de « pré-session » (du 9 au 15 juin 2025).
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Que retenir de ces sessions SB-62 ?
Avant d’entamer les négociations, les Parties ont commencé par l’examen et l’adoption des ordres du jour respectifs du SBI et du SBSTA.
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Adoption des ordres du jour (agendas) respectifs du SBI et du SBSTA et des sujets inscrits (agenda items)
Comme lors des sessions SB-60 (5-15 juin 2023 – lire notre article), le premier jour des négociations, les Parties ne sont pas parvenues à se mettre d’accord sur les ordres du jour respectifs du SBI et du SBSTA. La principale pomme de discorde était la question de savoir s’il fallait ou non ajouter deux sujets supplémentaires à l’ordre du jour des deux organes, soumis par la Bolivie, au nom du groupe de négociation des pays en développement ayant la même vision (Like-minded Developing Countries ou LMDC). Ainsi, le 3 juin 2025, le Secrétariat de la CCNUCC avait reçu deux demandes d’ajout :
- une demande d’ajout d’un sujet à l’ordre du jour du SBSTA-62 et à celui du SBI-62 : « Promouvoir la coopération internationale et répondre aux préoccupations liées aux mesures unilatérales de lutte contre le changement climatique qui ont un effet restrictif sur le commerce » (notamment le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières [Carbon Border Adjustment Mechanism ou CBAM], mis en place par l’UE ; le CBAM à mettre en œuvre par le Royaume-Uni ; ou celui envisagé par le Canada) ;
- une demande d’ajout d’un sujet à l’ordre du jour du SBI-62 : « Application du paragraphe 1 de l’article 9 de l’Accord de Paris ». Cet article oblige les pays industrialisés à fournir un soutien financier pour aider les pays en développement à mettre en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation. Cette demande a été soutenue par le groupe G77+Chine (134 pays au total).
Pour l’explication des différents groupes de négociation, voir annexe 3 de notre dossier spécial COP-27.
L’UE s’est prononcée d’emblée contre l’ajout de ce 2e sujet sur l’article 9.1 et, plus tard, a proposé de modifier cette proposition d’ajout pour inclure non seulement la mise en œuvre de l’article 9.1 de l’Accord de Paris, mais aussi des articles 9.2 (les pays en développement peuvent fournir un soutien financier à titre volontaire) et 9.3 (les pays industrialisés doivent être moteurs dans la mobilisation des financements climat à partir d’une grande diversité de sources). La Chine s’est fermement opposée à cette proposition.
La plénière a été suspendue et des consultations informelles ont été menées entre les Présidents du SBI et du SBSTA et les chefs de délégation. Le lendemain, le 17 juin 2025, la reprise de la plénière d’ouverture du SBI et du SBSTA a été retardée à plusieurs reprises en raison de la persistance de ces divergences d’opinion sur ces deux ajouts.
Après 30 heures de négociations tendues et clivantes, en fin d’après-midi de la 2e jour des sessions SB-62, les Parties ont fini par se mettre d’accord sur la non-inclusion des deux sujets contentieux aux ordres du jour formels respectifs du SBI et du SBSTA et ce, sur la base d’un accord dégagé lors des consultations informelles. Cet accord a ouvert à la voie à l’adoption formelle de leurs ordres du jour respectifs (voir ordre du jour du SBI-62 adopté et ordre du jour du SBSTA-62 adopté). En contrepartie de ce compromis, il a été convenu :
- que sur le sujet « mesures unilatérales de lutte contre le changement climatique qui ont un effet restrictif sur le commerce » une note de bas de page a été ajoutée à l’ordre du jour pour préciser que les questions sur ce sujet feront l’objet de discussions dans les sujets pertinents inscrits à l’ordre du jour, dont le programme de travail sur la transition juste (JTWP) ;
- que sur le sujet « Application du paragraphe 1 de l’article 9 de l’Accord de Paris », une note de bas de page a été ajoutée à l’ordre du jour pour préciser que les Présidents du SBI et du SBSTA mèneront des consultations pour examiner des éléments concrets sur la mise en œuvre de l’article 9.1. Ils feront un bilan des progrès réalisés dans le cadre de ces consultations lors de ces sessions SB-62 et rendront compte des résultats de ces consultations lors des sessions SB-63 (Belém, 10-21 nov. 2025) en vue de définir les prochaines étapes, y compris la possibilité d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour de façon permanente.
Après cette première avancée des sessions SB-62, le Secrétaire exécutif de la CCNUCC Simon Stiell a souligné que « les 30 dernières heures [de négociations qu’il a fallu pour trouver un accord sur les ordres du jour] ont été difficiles et n’ont pas reflété l’urgence à laquelle nous sommes confrontés ».
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Les négociations
Les négociations ont été menées au sein du SBSTA et du SBI, notamment sur deux sujets qui n’ont pas fait l’objet d’un accord lors de la CMA-6 à Bakou (les deux premiers sujets dans la synthèse qui suit).
Le Citepa vous propose un tour d’horizon des principaux résultats par sujet de négociation clé :
- bilan mondial (Global Stocktake),
- transition juste,
- adaptation,
- pertes et préjudices,
- atténuation,
- financement climat,
- article 6,
- choix du pays hôte de la COP-31,
- budget 2026-2027 de la CCNUCC,
- autres sujets de discussion :
- recherche et science,
- MRV/transparence,
- océans.
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Bilan mondial (Global Stocktake ou GST)
Mise en œuvre des résultats du Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) (article 14) SBI/SBSTA
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19-20 juin 2025 : 2e dialogue annuel sur le GST
Les délégués réunis à Bonn ont repris les négociations, restées en suspens à Bakou faute de consensus entre les Parties, pour définir les modalités pratiques (plan, calendrier, participants,…) du dialogue des Emirats arabes unis sur la mise en œuvre des résultats du premier Bilan mondial (Global Stocktake ou GST). L’enjeu principal à Bonn était de rendre ce dialogue opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer.
Résultats
Des consultations informelles co-animées par Ricardo Marshall (Barbade) et Patrick Spicer (Canada) ont eu lieu les 18, 19, 20, 21, 23, 24 et 25 juin 2025. Des divergences d’opinion entre les Parties ont persisté sur plusieurs aspects de ce volet des négociations : périmètre à couvrir, format et résultats attendus du dialogue. En ce qui concerne le périmètre à couvrir, l’UE, les pays les moins avancés (PMA), l’alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), l’Australie et le Royaume-Uni se sont prononcés pour un périmètre large qui couvre tous les éléments de la décision 1/CMA.5 sur le GST et qui reflète les progrès accomplis dans sa mise en œuvre. Les PMA ont souligné que le dialogue ne devrait pas être un mécanisme pour évaluer les progrès collectifs, ou suivre la mise en œuvre des NDC ou de l’ensemble du GST. Selon eux, il devrait plutôt se concentrer sur le renforcement des catalyseurs d’action et l’identification des obstacles, tels que les mesures unilatérales qui réorientent les flux financiers au détriment des pays en développement. En ce qui concerne le format du dialogue, de nombreuses Parties ont soutenu la tenue de la première session du dialogue lors de la CMA-7 (Belém, nov. 2025), puis chaque année lors des réunions du SB de juin. L’UE et le Royaume-Uni ont également proposé que se tienne un dialogue ministériel annuel.
Les co-facilitateurs ont élaboré plusieurs versions d’une note informelle contenant un projet de texte de décision de la CMA. Cependant, les Parties n’ont pu se mettre d’accord pour soumettre une seule version de la note informelle au SBI-63 (Belém, nov. 2025) pour un examen plus approfondi. Les co-facilitateurs ont donc proposé de compiler deux versions du texte dans une note informelle globale qui servirait de base aux discussions à Belém et les Parties ont soutenu cette proposition et les co-facilitateurs ont produit la note informelle globale sans pour autant chercher à dégager un quelconque consensus auprès des Parties. En raison des fortes divergences d’opinion, il était clair que les Parties n’étaient pas en mesure d’y parvenir.
Cette note informelle globale ne comporte pas de référence directe à la « transition vers la sortie des combustibles fossiles » (cf. décision 1/CMA.5 § 28(d)). Entre crochets, ce qui signifie qu’il n’y a pas eu de consensus entre les Parties, une des options proposées sur le mandat du dialogue des Emirats sur le GST est qu’il « examinera les progrès collectifs et identifiera les possibilités de mettre en œuvre les éléments qui n’ont pas d’espace de négociation au sein de la CCNUCC, y compris les appels collectifs à la transition énergétique » (cf. option 2 du paragraphe 4 de la note informelle globale).
Le document indique clairement au début qu’il « comprend des points de vue divergents, n’a pas fait l’objet d’un accord, ne reflète pas un consensus, n’est pas exhaustif, n’a pas de statut officiel et est susceptible d’être révisé ».
Les deux textes du document contiennent de nombreux crochets et options, indiquant des éléments de divergence qui devront être traités avant la COP-30.
Les SB ont donc convenu de poursuivre l’examen de ce sujet lors des sessions SB-63 sur la base de cette note informelle en vue de soumettre un projet de décision pour examen et adoption par la CMA-7.
Voir la note informelle globale (du 26 juin 2025).
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Eléments procéduraux et logistiques du processus de GST SBI/SBSTA
Résultats
Dans la perspective du 2e Bilan mondial (GST-2) qui aura lieu en 2028, les délégués ont repris les négociations, également restées en suspens à Bakou faute de consensus entre les Parties, sur l’éventuelle amélioration du processus du Bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Belém.
Des consultations informelles co-animées par Kishan Kumarsingh (Trinité-et-Tobago) et Patrick Spicer (Canada) ont eu lieu les 18, 19 et 25 juin 2025, entre autres. En ce qui concerne les sources d’information scientifique, l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), les pays les moins avancés (PMA), le groupe Africain, l’Association des Etats indépendants d’Amérique latine et des Caraïbes (groupe AILAC) et le Royaume-Uni notamment ont souligné le rôle du GIEC en tant que principale source d’information scientifique pour le GST (alors que le groupe des pays partageant la même vision [LMDC] et la Russie s’y sont opposés). Ils ont soutenu l’idée de demander au GIEC d’aligner le calendrier de ses rapports d’évaluation sur le processus du GST et se sont opposés aux appels visant à équilibrer les sources du GIEC et celles qui ne le sont pas, tout en notant la pertinence d’autres sources.
Quant au périmètre à couvrir, l’AOSIS, l’AILAC et les PMA ont demandé à ce que les pertes et préjudices fassent l’objet d’un domaine thématique distinct au sein du GST (en plus des trois autres domaines thématiques existants : atténuation, adaptation [et pertes et préjudices] et moyens de mise en œuvre [soutien financier, développement et transfert de technologies et renforcement des capacités]).
Le SBI et le SBSTA ont convenu de poursuivre l’examen de ce sujet lors des sessions SB-63 (Belém, nov. 2025) sur la base du projet de texte issu des sessions SB-62, afin que la CMA-7 (Belém, nov. 2025) puisse conclure l’examen de ce sujet et adopter une décision en ce sens.
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Transition juste
Programme de travail sur la transition juste (Just Transition Work Programme ou JTWP) SBI/SBSTA
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Résultats
Les délégués réunis à Bonn ont repris les négociations, restées en suspens à Bakou faute de consensus entre les Parties, pour tenter de définir les modalités pratiques (plan, calendrier, participants…) du JTWP. Ces modalités doivent être concrétisées, puis adoptées par la CMA-7 avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer.
Dans le cadre du compromis conclu pour l’adoption des ordres du jour respectifs du SBI-62 et du SBSTA-62, les Parties ont convenu que les questions liées aux mesures unilatérales restrictives pour le commerce seraient discutées dans le cadre des sujets pertinents de l’ordre du jour, y compris le JTWP. Des discussions ont été menées au sein d’un groupe de travail restreint co-présidé par Federica Fricano (Italie) et Joseph Teo (Singapour) les 18, 19, 20, 24 et 25 juin 2025.
Au cours des négociations, les divergences précédentes sont rapidement apparues entre, d’une part, les pays du Nord qui souhaitaient se concentrer sur la transition des travailleurs, et d’autre part, les pays du Sud qui ont insisté sur le besoin de rendre le JTWP plus holistique. Parmi les éléments de désaccord figuraient la formulation de texte sur les moyens de mise en œuvre (MoI), les mesures pour le commerce, les trajectoires compatibles avec l’objectif +1,5°C, les droits humains et les peuples indigènes dans le processus du JTWP.
Par ailleurs, les discussions ont porté sur les prochaines étapes à définir pour le JTWP, sachant qu’il fera l’objet d’une évaluation lors de la CMA-8 en 2026, et notamment sur la question de savoir si et comment poursuivre le JTWP au-delà de 2026. Cet aspect a fait ressortir des divergences d’opinion entre les Parties.
Les SB ont convenu de poursuivre l’examen de la mise en œuvre du JTWP lors des sessions SB-63 (Belém, nov. 2025) en vue de soumettre un projet de décision pour examen par la CMA-7. Les Présidents du SBI et du SBSTA ont élaboré une note informelle pour alimenter les futures discussions sur ce sujet à Belém. Cette note inclut des options pour mettre en place de nouvelles dispositions institutionnelles qui pourraient inclure un mécanisme de suivi du JTWP actuel (voir § 28 de la note informelle), ce qui constitue en soi une avancée non négligeable pour les ONG et la société civile. Cet aspect fera l’objet de négociations lors de la CMA-7 à Belém (nov. 2025).
Voir la note informelle (du 25 juin 2025). Voir également le site Just Energy Transition in Coal Regions/Knowledge Hub pour une synthèse d’informations sur le JTWP.
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Adaptation
Plans nationaux d’adaptation (National Adaptation Plans ou NAP) SBI
Résultats
Les Parties se sont réunies en consultations informelles co-animées par AntwiBoasiako Amoah (Ghana) et Oliver Gales (Australie) les 18 et 19 juin, en s’appuyant sur le projet de texte transmis par la CMA 6. Cependant, les Parties n’ont pas pu parvenir à un consensus sur ce sujet et les consultations n’ont donc pas donné lieu à un texte formel sous forme de projet de conclusions. Le SBI a convenu de poursuivre l’examen de cette question à la session SBI-63 (Belém, nov. 2025) sur la base du projet de texte du SBI-62 en vue de soumettre un projet de décision pour examen et adoption par la COP-30. A noter que ce projet de texte contient plus de 160 paires de crochets, ce qui indique des éléments non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.
Voir projet de texte (draft text) du SBI-62 du 25 juin 2025.
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L’objectif mondial en matière d’adaptation (Global Goal on Adaptation ou GGA) SBI/SBSTA
Résultats
- 16 juin 2025 : évènement mandaté sous forme d’atelier pour faire le point sur la liste consolidée des indicateurs pour mesurer les progrès accomplis pour atteindre les sept objectifs thématiques et les quatre objectifs en matière de gouvernance au titre de l’objectif mondial sur l’adaptation SBI/SBSTA
Voir programme et note d’information (du 5 juin 2025).
L’objet de cet atelier était de réfléchir sur les travaux techniques réalisés en 2025 et sur la voie à suivre en vue de finaliser l’ensemble des 11 indicateurs lors de la COP-30 à Belém. Il visait également à soutenir les discussions sur les modalités de la feuille de route de Bakou sur l’adaptation et sur l’avancement de l’adaptation transformationnelle.
Des consultations informelles ont notamment eu lieu les 18, 20, 23, 24 et 25 juin et ont été co-facilitées par Tina Kobilšek (Slovénie) et Zita Wilks (Gabon). Sur la base de la liste consolidée des indicateurs pour suivre les progrès vers la réalisation du GGA (réf. FCCC/SB/2025/3, publiée le 23 mai 2025) et d’un document technique sur l’adaptation transformationnelle (réf. FCCC/ TP/2024/8, publié le 5 nov. 2024), les Parties ont mené des discussions sur :
- des orientations supplémentaires à l’intention des experts chargés d’élaborer la liste finale des indicateurs ;
- de l’opérationnalisation de la feuille de route de Bakou pour l’adaptation (Baku Adaptation Roadmap ou BAR) établie lors de la CMA 6 ; et
- du concept d’adaptation transformationnelle.
La plupart des discussions se sont concentrées sur l’élaboration des orientations sur les indicateurs, les principaux points de désaccord portant sur le nombre et la structure des indicateurs, l’inclusion de considérations transversales et de groupes vulnérables, les indicateurs relatifs aux moyens de mise en œuvre (means of implementation ou MoI, à savoir le soutien financier ; le développement et transfert de technologies ; le renforcement des capacités) et le calendrier à définir pour les travaux ultérieurs en amont de la CMA-7 (Belém, nov. 2025). Comme à Bakou lors de la CMA-6, les discussions à Bonn ont fait ressortir de fortes divergences d’opinion sur la question de savoir si la liste des indicateurs devait inclure ceux sur les moyens de mise en œuvre. Grosso modo, les pays en développement étaient pour, les pays industrialisés étaient contre.
A Bonn, la question du financement de l’adaptation était omniprésente dans l’ensemble des discussions sur l’adaptation. Le groupe G77+Chine a souligné que l’écart en matière de financement de l’adaptation s’élargit (source : Third World Network, Bonn Climate News Update n° 7, 24 juin 2025). Lors de la CMA-3 à Glasgow, les Parties avaient convenu de doubler le financement climat consacré à l’adaptation d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2019 (cf. Pacte de Glasgow pour le climat, décision 1/CMA.3, §18). Cela correspond, en se basant sur le financement consacré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,3 Md$ – source : OCDE, 16 nov. 2023, p.10) à environ 40,6 Md $ en 2025 (lire notre article). Toutefois, selon l’édition 2024 du rapport annuel de référence Adaptation Gap Report publié le 7 nov. 2024 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Même si ce doublement est réalisé, il ne réduirait l’écart de financement de l’adaptation que d’environ 5%. Le PNUE souligne ainsi que ’écart entre les besoins réels en matière d’adaptation et le financement fourni pour l’adaptation est compris entre 187 et 359 Md$/an). A noter que les chiffres définitifs pour 2025 ne seront disponibles qu’en 2027 du fait du dispositif de rapportage du financement climat en place. Le 24 juin 2025 à Bonn, le Président du groupe des pays les moins avancés a appelé à la fixation d’un objectif pour prendre le relais de celui pour 2025 : tripler le financement consacré à l’adaptation d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2022 (source : Climate Home News, Bonn Bulletin, 24 juin 2025).
En ce qui concerne la feuille de route de Bakou pour l’adaptation, à Bonn les Parties ont exprimé des points de vue différents sur sa fonction, son mandat, ses activités, l’utilité même de sa création et son articulation avec d’autres volets de négociation, notamment le bilan mondial (Global Stocktake). Quant à l’adaptation transformationnelle, plusieurs Parties ont demandé à ce que ce sujet soit traité dans le cadre de la feuille de route précitée.
Malgré de longues discussions pendant toute la dernière journée des sessions SB-62 (16 juin 25), les Parties n’étaient toujours pas parvenues à un accord sur les orientations concernant les indicateurs. Si plusieurs Parties ont soutenu la répartition des indicateurs en indicateurs principaux et sous-indicateurs, les discussions ont fait ressortir des points de vue divergents sur la catégorie qui devrait être applicable globalement et celle qui devrait être spécifique au contexte, ainsi que sur le nombre d’indicateurs à inclure dans chaque catégorie.
Les Parties ont fini par dégager un accord de compromis sur la base des consultations menées par les Présidents des SB avec les chefs de délégation dans la soirée du 16 juin 2025.
Dans leurs conclusions conjointes sur le GGA, les Présidents des SB invitent les 78 experts à réduire la liste consolidée des options d’indicateurs à un maximum de 100 indicateurs applicables à l’échelle mondiale, y compris, le cas échéant, des indicateurs pour les facteurs favorables à la mise en œuvre de mesures d’adaptation, les moyens de mise en œuvre (MoI – voir ci-dessus), les éléments transversaux et toutes les sous-composantes des objectifs.
Par ailleurs, les SB fournissent des conseils supplémentaires aux experts pour affiner les indicateurs, afin d’inclure notamment des indicateurs en matière de moyens de mise en œuvre de mesures d’adaptation, en particulier ceux qui mesurent l’accès au financement de l’adaptation, la qualité de celui-ci (prêts ou subventions/dons), y compris la mise à disposition du financement aux pays en développement pour les aider à répondre aux besoins et aux lacunes dans la mise en œuvre du GGA.
Sur le calendrier, les SB invitent les experts à soumettre leur rapport technique final en août 2025 et demandent au Secrétariat de la CCNUCC de publier ce rapport et la liste réduite des indicateurs avant l’atelier qui doit avoir lieu entre les sessions SB-62 et SB-63 dans le cadre du programme de travail Émirats arabes unis-Belém (cf. rapport de la session SBSTA-60, paragraphe 54 et rapport de la session SBI-60, paragraphe 92, 3-13 juin 2024). Cet atelier aura pour objet de mener une réflexion sur la liste définitive des indicateurs que la CMA-7 devrait arrêter.
Enfin, les SB ont convenu de poursuivre l’examen des questions relatives au GGA lors des sessions SB-63 sur la base d’une note informelle en vue de soumettre un projet de décision pour examen et adoption par la CMA-7.
Voir conclusions conjointes des SB sur le GGA, 26 juin 2025 et note informelle élaborée par les co-facilitateurs des consultations informelles (du 25 juin 2025).
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Pertes et préjudices
Mécanisme international de Varsovie (WIM) SBI/SBSTA
Résultats
Les Parties ont poursuivi leur réexamen (review) 2024 du WIM, initialement prévu lors de la CMA-6 en novembre 2024 à Bakou, où les Parties ne sont pas parvenues à un consensus et ont reporté le sujet aux sessions SB 62. Les consultations informelles ont été co-animées par Pasha Carruthers (Îles Cook) et Cornelia Jaeger (Autriche) et ont eu lieu les 18, 20, 24 et 25 juin 2025. Les SB ont convenu de poursuivre l’examen de ce sujet lors des sessions SB-63 sur la base de la note informelle des SB-62 en vue de soumettre un ou plusieurs projets de décision pour examen et adoption lors de la CMA-7 (Belém, nov. 2025).
Voir note informelle du 25 juin 2025.
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Atténuation
Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (Mitigation Ambition and Implementation Work Programme ou MWP) SBI/SBSTA
Résultats
Les délégués réunis à Bonn ont poursuivi les négociations sur le MWP. Les consultations informelles ont été co-facilitées par Ursula Fuentes Hutfilter (Allemagne) et Maesela John Kekana (Afrique du Sud). Celles-ci ont eu lieu les 18, 19, 20, 24, 25, et 26 juin 2025.
Les consultations ont commencé par des discussions tendues le 18 juin 2025 (source : IISD/ENB, 18 juin 2025). L’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS) a notamment souligné que le MWP ne remplissait pas son mandat de renforcer l’ambition et la mise en œuvre des mesures d’atténuation, tandis que l’Association des Etats indépendants d’Amérique latine et des Caraïbes (AILAC) a déploré l’absence de résultats concrets des cinq premiers dialogues dans le cadre du MWP.
Les Parties ont ensuite examiné :
- la création d’une plate-forme numérique pour faciliter la mise en œuvre des actions d’atténuation, conformément au mandat de la décision 2/CMA.6, et
- les éléments d’un projet de décision pour examen et adoption par la CMA 7.
Les discussions ont fait ressortir de fortes divergences d’opinion sur ces deux volets. Sur le premier, plusieurs Parties (UE, Royaume-Uni, Canada,…) ont mis en garde contre la duplication des efforts. D’autres Parties (les groupes AOSIS et AILAC notamment) ont souligné que la création d’une plateforme ne devrait pas primer sur la finalité de base du MWP laquelle consiste à renforcer l’ambition en matière d’atténuation.
Sur le 2e volet, les Parties n’ont pas été en mesure de parvenir à un consensus.
Les Parties n’ont pas non plus pu tomber d’accord sur la question de savoir si le MWP devrait continuer au-delà de l’échéance officielle prévue pour son achèvement, en 2026.
Enfin, les consultations n’ont pas donné lieu à un texte formel sous forme de projet de conclusions. Les SB ont donc fini par convenir de poursuivre l’examen de ce sujet lors des sessions SB-63. Les co-facilitateurs des consultations ont élaboré une note informelle sur les discussions de Bonn.
Voir note informelle du 26 juin 2025.
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Financement – flux financiers bas-carbone (article 2.1c de l’Accord de Paris) SBI/SBSTA
Résultats
17-19 juin 2025 : 5e atelier dans le cadre du dialogue de Charm el-Cheikh entre les Parties, organisations et autres parties prenantes, sur l’article 2.1(c)
Le thème principal de ce 5e atelier, le premier atelier en 2025, était « Les différentes approches de l’article 2.1c ». L’atelier s’est appuyé sur des exemples concrets et des mesures prises et visait à fournir l’occasion d’échanger des points de vue et d’identifier des solutions tournées vers l’avenir dans les domaines suivants :
· renforcement des capacités pour le développement d’un secteur financier déterminé au niveau national – études de cas sur l’adaptation et la résilience climatique dans divers contextes ;
· planification de la transition vers des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes au changement climatique et financement de trajectoires de transition justes dans divers contextes ;
· possibilités de soutenir la mise en œuvre du nouvel objectif collectif chiffré (NCQG) via l’article 2.1c.
Les discussions menées dans le cadre de ce 5e atelier seront synthétisées dans un rapport qui sera soumis pour examen par la CMA-7 (Belém, nov. 2025).
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Transparence du financement ex ante (article 9.5 de l’Accord de Paris)
20 juin 2025 – 3e atelier biennal sur les informations à fournir par les Parties sur le financement ex ante
Résultats
Ce 3e atelier visait à :
- améliorer les réflexions sur les opportunités, les défis et les enseignements tirés des informations contenues dans les troisièmes communications biennales ;
- identifier des idées sur l’état général de la prévisibilité et de la clarté des informations ex ante sur le soutien financier aux pays en développement pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur la base des enseignements tirés des troisièmes communications biennales ;
- discuter de la manière dont les informations contenues dans les communications biennales peuvent aider à évaluer les progrès accomplis dans les efforts liés au financement climat via le Bilan mondial (Global Stocktake).
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Feuille de route Bakou à Belém sur l’objectif des 1 300 Md$/an (Baku to Belém Roadmap on 1.3 T)
16 juin 2025 : consultations avec les Parties
19 juin 2025 : consultations avec les acteurs non-étatiques
Résultats
Lors de chaque session de négociation dans le cadre de la CCNUCC (que ce soit au sein de la COP, de la CMA ou des SB), le sujet du financement climat est « le nerf de la guerre » de ces négociations climat et constitue clairement une importante pomme de discorde entre les différents groupes de Parties. Le financement climat est étroitement lié à la responsabilité historique vis-à-vis de la crise climatique qui incombe en premier lieu aux pays industrialisés (voir analyse de Carbon Brief, publiée le 5 octobre 2021). Cette responsabilité historique cristallise l’important écart entre la position des pays du Nord et celle des pays du Sud et a constitué à Bonn, une fois de plus, une source de vives tensions entre ces deux groupes de pays. Les consultations à Bonn sur la feuille de route Bakou à Belém vers 1 300 Md$/an ont fait ressortir, une nouvelle fois, leurs positions intransigeantes. Ainsi, les pays du Sud ont insisté sur le fait que puisque les pays du Nord sont à l’origine de la crise climatique, ils devraient être les moteurs du financement climat et, par extension, les principaux contributeurs à cet objectif des 1 300 Md€/an via des subventions ou dons publics. De l’autre côté, les pays du Nord ont souligné l’importance d’élargir la base des contributeurs :
- à d’autres pays à revenu élevé : grands pays émergents (Chine, Corée du Sud, Singapour…) et pays du Golfe, dans le cadre d’une approche équitable basée non seulement sur la responsabilité historique, mais aussi sur les capacités financières actuelles des pays ;, et
- à d’autres sources : secteur privé, financement issu de la réforme des banques multilatérales de développement, et taxes mondiales (transport aérien et maritime international, énergies fossiles, transactions financières, superprofits…) afin de lever des ressources financières nouvelles et innovantes.
Dans le cadre de ces consultations sur la feuille de route Bakou à Belém, les Parties ont également évoqué le « Cercle des Ministres des Finances », mis en place par la Présidence de la COP-30 et qui est présidé par le Ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad. Le lancement de ce forum avait été annoncé par le Président de la COP-30, André Aranha Corrêa do Lago, dans sa 2e lettre aux Parties, transmise le 8 mai 2025. Les résultats des discussions du Cercle des Ministres des Finances devraient alimenter celles menées dans le cadre de la feuille de route Bakou à Belém.
A noter enfin que les discussions menées dans le cadre de la feuille de route Bakou à Belém ne constituent pas un volet formel des négociations de la CMA. L’impact des résultats qui seront issus de la feuille de route dépendra de la façon dont ces résultats seront intégrés dans le processus de la CMA-7 à Belém.
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Article 6 : approches non fondées sur le marché (Non-market approaches ou NMA) (article 6.8) SBSTA
Résultats
17 juin 2025 : atelier sur les approches non fondées sur le marché (avec notamment des présentations et tables rondes).
Voir note de cadrage et programme.
Un groupe de travail restreint (contact group) co-présidé par Jacqueline Ruesga (Nouvelle-Zélande) et Nikita Charles Hamilton (Bahamas) a examiné ce sujet le 21 juin 2025. Les Parties ont examiné la possibilité d’organiser une session dédiée à la CMA 7 pour examiner des NMA spécifiques. Le Secrétariat a également fait le point sur l’état de développement de la plateforme NMA. Le SBSTA a convenu de soumettre ce sujet aux sessions SB-63 pour un examen plus approfondi.
17 juin 2025 : 7e réunion du Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché (Glasgow Committee on Non-Market Approaches ou GCNMA – voir ci-dessous) (GCNMA-7).
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Choix du pays hôte de la COP-31 (2026) SBI/SBSTA
Selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU (Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie et région du Pacifique, dont les Etats du Golfe ; Europe de l’Ouest et autres Etats [Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, USA, Israël,…) ; Europe centrale et orientale]), la COP-31 aura lieu en Europe de l’Ouest et autres Etats. Le choix du pays hôte candidat de chaque COP doit se faire par consensus au sein du groupe régional en question. Ainsi, le choix du pays candidat de la COP-31 doit se faire au sein du groupe Europe de l’Ouest et autres Etats (29 pays), et il doit ensuite être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties au plus tard lors de la COP-30 (Belém, Brésil, 10-21 novembre 2025), ce qui signifie que les 29 pays de ce groupe doivent parvenir à un consensus sur leur candidat d’ici là.
Deux Parties ont informellement exprimé leur intérêt pour accueillir la COP-31 : Australie et Turquie. La 5e journée de la COP-29, le 15 nov. 2024, a néanmoins vu l’émergence d’une impasse politique entre ces deux pays potentiellement candidats. Lors d’une réunion à Ankara entre les Ministres australien et turc chargés du Climat et de l’Energie sur le sujet de leurs éventuelles candidatures respectives, aucun des deux pays n’a semblé vouloir céder la place à l’autre. Dans un post sur X, le Ministre de l’Environnement turc, Murat Kurum, a déclaré : « Nous avons souligné la détermination de notre pays à accueillir la COP-31, que nous sommes prêts sur le plan logistique et que nous pouvons créer un pont entre les pays développés et les pays en développement ». A Bakou, les 29 pays du groupe régional Europe de l’Ouest et autres États ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur leur choix final.
Résultats
A Bonn, ces 29 pays ne se sont pas mis d’accord sur la nomination du pays hôte. L’Australie et la Turquie ont toutes les deux indiqué qu’elles travailleraient de façon constructive pour aider à trouver un accord sur cette question. La proposition de candidature de l’Australie a été soutenue à Bonn par sa voisine, la Nouvelle-Zélande, et par la France, la Norvège et la Suisse (source : post sur X de Carbon Brief, 26 juin 2025).
Quoi qu’il en soit, Ils devront absolument trouver un consensus d’ici la COP-30 pour que la décision formelle confirmant ce choix puisse être adoptée par l’ensemble des Parties à Belém.
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Budget de la CCNUCC pour la période 2026-2027 SBI
A Bonn, le SBI a examiné le projet de budget de la CCNUCC pour la période biennale 2026-2027.
Résultats
Des discussions ont été menées au sein d’un groupe de travail restreint (contact group) co-présidé par Pacifica F. Achieng Ogola (Kenya) et Georg Børsting (Norvège). Dans ses conclusions (réf. FCCC/ SBI/2025/L.8), le SBI recommande que la COP-30 approuve ce projet de budget de programme de base de 92,2 M€ pour l’exercice biennal 2026-2027.
Par ailleurs, le SBI a soumis un projet de décision en ce sens pour examen et adoption par la COP-30.
Enfin, deux documents supplémentaires ont été publiés par le Secrétariat de la CCNUCC :
- sur les conséquences des nombreux mandats décidés par les décisions de la COP et de la CMA sur le budget de la CCNUCC – Budgetary implications of UNFCCC mandates: update on standard costs, réf. FCCC/SBI/2025/INF.4, 16 juin 2025,
- sur l’état d’abondement, par les Parties, du budget de base de la CCNUCC – Update on the extent to which the UNFCCC core budget and budgets in the UNFCCC trust fund for supplementary activities were funded as at 31 March 2025, réf. FCCC/SBI/2025/INF.5, 16 juin 2025.
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Autres sujets de discussion
Des discussions ont également été menées sur les sujets suivants.
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Recherche et science
Résultats
Lors de la 17e réunion du Dialogue sur la recherche, qui s’est tenue le 17 juin 2025, le Président du GIEC, Jim Skea, a fait le pont sur l’état d’avancement du 7e rapport d’évaluation (AR7) du GIEC. Ensuite, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a présenté les messages clés de son rapport sur l’état du climat mondial 2024 (version définitive publiée le 19 mars 2025), soulignant que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Lors de consultations informelles co-animées par Patricia Nying’uro (Kenya) et Frank McGovern (Irlande) convoquées les 18, 19, 20, 21 et 23 juin 2025, les Parties ont réfléchi aux éléments à inclure dans le projet de conclusions du SBSTA-62.
Les discussions ont fait ressortir des divergences d’opinion sur la formulation du projet de décision de la COP concernant : le GIEC et l’AR7, le rapport de l’OMM, les références au réchauffement à +1,5°C, ainsi qu’à l’élimination du CO2 (techniques dites CDR [Carbon Dioxide Removal]) et les technologies de réduction des émissions de GES.
L’UE a proposé que non seulement le SBSTA salue (« welcomes ») le point fait par le Président du GIEC sur ses travaux en cours, mais aussi qu’il salue les travaux eux-mêmes. Le Koweït a demandé la suppression de la phrase encourageant le GIEC à « continuer à fournir des informations scientifiques pertinentes pour les politiques et opportunes pour les travaux pertinents dans le cadre de la Convention et de l’Accord de Paris ». Cette prise de position n’est pas sans rappeler celle du même pays lors du SBSTA-49 (déc. 2018, parallèlement à la COP-24 et la CMA-1 à Katowice). En effet, lors de la plénière de clôture du SBSTA-49, le 8 décembre 2018, le Koweït, ainsi que trois autres Parties (Arabie saoudite, Etats-Unis et Russie) se sont fermement opposés à ce que le SBSTA « salue » le rapport spécial du GIEC sur le réchauffement à +1,5°C, publié le 8 octobre 2018 (voir projet de conclusions du SBSTA du 7 déc. 2018 sur le sujet Recherche et observation systématique). Ces quatre Parties, qui sont des pays pétroliers, ont insisté sur leur préférence pour la formulation moins forte « noted ».
En ce qui concerne le rapport sur l’état du climat mondial 2024 de l’OMM, plusieurs Parties ont proposé que le SBSTA « prenne note » du rapport de l’OMM « avec une grande inquiétude », alors que le groupe de négociation des pays arabes (dit groupe arabe) s’y est fermement opposé, mettant en garde contre une « formulation de texte alarmiste ».
Le jour de la clôture des sessions SB-62 (16 juin 2025), les Parties n’étaient toujours pas parvenues à un consensus sur ce sujet. Malgré de longues discussions lors des consultations informelles, il a fallu attendre le milieu de l’après-midi de cette dernière journée pour que les Parties se mettent d’accord sur une formulation de texte consensuelle.
Dans ses conclusions (réf. FCCC/SBSTA/2025/L.5), le SBSTA :
- salue le point fait sur les travaux en cours du GIEC, y compris le lancement des travaux sur l’AR7,
- encourage le GIEC à continuer à fournir des informations pertinentes aux Parties et à renforcer l’inclusivité et la représentation régionale dans son 7e cycle d’évaluation ;
- prend note des rapports de l’OMM « État du climat mondial 2024» et « Mise à jour annuelle à décennale du climat mondial 2025-2029 » (publié le 28 mai 2025), en prenant acte des informations fournies sur les évolutions du système climatique mondial et des estimations de réchauffement entre +1,34°C et +1,41°C ;
- note les besoins et les lacunes, y compris dans le domaine de la recherche.
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MRV/Transparence
Dispositif dans le cadre du régime de Paris – cadre de transparence renforcé (article 13) SBI
18 juin 2025 : atelier pour faciliter le partage d’expérience des pays en développement dans l’élaboration de leur premier rapport biennal de transparence dit BTR (Biennal Transparency Report), notamment en ce qui concerne l’accès aux fonds reçus et leur adéquation pour assurer la pérennité de la mise en œuvre du cadre de transparence renforcé (mandaté par la CMA via sa décision 21/CMA.6, adoptée lors de la CMA-6 à Bakou, nov. 2024).
Voir rapport de synthèse présentant les points de vue soumis par les Parties sur leur expérience et les défis liés à la mise en œuvre de l’article 13 de l’accord de Paris, y compris pour mettre en place et renforcer leurs capacités institutionnelles et leurs systèmes nationaux de rapportage, ainsi que les informations rapportées par les pays en développement dans leurs premiers rapports biennaux de transparence (publié par le Secrétariat de la CCNUCC le 30 mai 2025).
Pour le contexte, voir notre article sur le programme des sessions SB-62, publié le 13 juin 2025.
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Océans
- 18 juin 2025 : 4e dialogue sur les océans et le changement climatique SBSTA
Voir programme et note d’information (du 30 mai 2025). Pour le programme, voir p.12 du document.
Sur la base, d’une part, de la lettre datée du 24 mars 2025 adressée par les co-facilitateurs aux Parties et aux observateurs, et d’autre part, de l’échange de vues, les co-facilitateurs ont décidé que les trois thèmes du 4e dialogue seraient :
- les mesures basées sur l’océan dans les contributions déterminées au niveau national,
- l’océan dans le cadre de l’objectif mondial en matière d’adaptation,
- les synergies entre l’océan, le climat et la biodiversité.
Les thèmes transversaux seront les moyens de mise en œuvre (financement, transfert de technologies et renforcement des capacités), avec un accent particulier sur le financement, ainsi que la science.
Pour le contexte, voir notre article sur le programme des sessions SB-62, publié le 13 juin 2025.
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Bilan
Les négociations de Bonn se sont déroulées sur fond de fortes tensions géopolitiques à travers le monde, de guerres, de crise économique mondiale et d’inflation, avec des contraintes budgétaires (coupes, restrictions,…). L’année 2025 marque les 10 ans depuis l’adoption de l’Accord de Paris. Nous sommes à mi-parcours dans cette « décennie déterminante » [2021-2030], selon Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU.
L’ensemble des règles de l’Accord de Paris est désormais adopté : dans le processus de la CCNUCC, les Parties sont passées de la phase de négociation à la phase de mise en œuvre de ces règles, c’est-à-dire une phase désormais orientée vers l’action. Les trois priorités pour Belém fixées par la Présidence brésilienne sont l’adaptation (liste définitive des 100 indicateurs) ; la concrétisation du dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial (GST) ; et la concrétisation du programme de travail sur la transition juste.
A noter que l’administration Trump 2 n’a envoyé aucun négociateur à Bonn.
Malgré les négociations intenses, voire tendues dans certains cas, force est de constater que Bonn a abouti à très peu de progrès concrets sur les sujets clés. Les négociations ont toutefois pu déboucher sur des avancées concernant deux sujets clés : les indicateurs pour l’objectif mondial en matière d’adaptation et la transition juste, ainsi que sur l’aval du projet de budget de base de la CCNUCC pour l’exercice biennal 2026-2027.
Bonn a vu resurgir des blocages sur le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial, le programme d’atténuation MWP, ainsi que sur les plans nationaux d’adaptation.
Le clivage Nord Sud est plus apparent que jamais : les sessions de Bonn ont une fois de plus fait ressortir les profondes divergences de positions entre pays industrialisés et pays en développement (et notamment les grands pays émergents) surtout sur le financement climat, la responsabilité historique des émissions de GES et l’atténuation. La question du financement, et notamment le financement de l’adaptation, était omniprésente.
En savoir plus
– page du site de la CCNUCC consacrée aux sessions SB-62
– note de cadrage conjointe (Joint note) établie par les Présidents du SBSTA et du SBI : « préparation des sessions SB-62 » (du 6 juin 2025)
– programme global des sessions SB-62 (overview schedule, version du 4 juin 2025)
– programme complet des réunions lors des SB-60
– programme du jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)
– ateliers et réunions parallèles (side events)
– la page du site de la CCNUCC consacrée à la session SBSTA-62
– ordre du jour du SBSTA-62 adopté
– ateliers et réunions du SBSTA-62 mandatés par une décision précédente de la COP et/ou de la CMA
– la page du site de la CCNUCC consacrée à la session SBI-62
– ordre du jour du SBI-62 adopté
– ateliers et réunions du SBI mandatés par une décision précédente de la COP et/ou de la CMA
– documents soumis au SBSTA et au SBI pour examen lors des sessions SB-62
– le site général de la CCNUCC
– la page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29
– page du site de l’Institut International du Développement Durable (IISD) consacrée aux sessions SB-62 en anglais et en français. Dans un bulletin quotidien, l’IISD revient en détail chaque jour sur les avancées de la veille. Voir aussi la synthèse de l’ensemble des sessions SB-62 en anglais et en français, publiée le 30 juin 2025 (réf. Earth Negotiations Bulletin vol.12, n°876).
– IDDRI, « Négociations climatiques de Bonn: un premier test diplomatique pour le Brésil avant la COP 30« , billet de blog, 5 juin 2025
– IDDRI, « De quoi la COP 30 sur le climat a-t-elle désormais besoin ? Une liste de tâches pour le second semestre 2025 », billet de blog, 3 juillet 2025
– Carbon Brief : « Bonn climate talks: Key outcomes from the June 2025 UN climate conference », 27 juin 2025.
Le 27 mars 2025, le Secrétariat de la CCNUCC a publié les versions définitives (numérotées) des décisions adoptées par la COP-29, la CMA-6 et la CMP-19 avec leurs références formelles (disponibles dans la quasi-totalité en anglais uniquement pour l’instant) :
COP-29
- décisions 1/CP.29 à 10/CP.29 (en français)
- décisions 11/CP.29 à 21/CP.29
CMA-6
CMP-19
SBSTA-61
SBI-61