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Réduction des incertitudes liées à l’impact des activités humaines sur le climat (étude)

  • Réf. : 2015_04_a5
  • Publié le: 1 avril 2015
  • Date de mise à jour: 7 juin 2019
  • International

Le 23 février 2015, les résultats d’une étude évaluant les incertitudes liées à l’impact des activités humaines sur le climat ont été publiés dans la revue scientifique Nature Geoscience.

L’analyse a été réalisée par une équipe internationale de cinq chercheurs sous la direction de Gunnar Myhre [Centre de recherche international sur le climat et l’environnement (CICERO)]. Parmi les autres auteurs figurent deux climatologues français, Olivier Boucher [Laboratoire de météorologie dynamique (LMD), CNRS)] et François-Marie Bréon [Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), CEA], ainsi que l’américain Drew T. Shindell [qui a dirigé plusieurs études sur le carbone suie (lire notre article sur ce sujet) / (lire notre article sur ce sujet) / (lire notre article sur ce sujet) et qui, avec Gunnar Myhre sont les deux principaux auteurs du
chapitre sur le forçage radiatif dans le
1er volume du 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) auquel ont également contribué les trois autres chercheurs de l’équipe].

S’appuyant sur les données du GIEC issues des 4e [AR4, 2007] et 5e [AR5, 2013 (lire notre dossier complet sur ce sujet)] rapports d’évaluation, les chercheurs soulignent la contribution croissante du CO2 à la perturbation du climat par les activités humaines, ce qui conduirait mécaniquement, à l’horizon 2030, à réduire de 50% l’incertitude sur la sensibilité du climat (voir ci-après) à ces perturbations, même sans nouvelles améliorations des connaissances scientifiques [ce qui est fort improbable].

Définitions

Forçage radiatif : mesure d’un déséquilibre du bilan énergétique du système Terre-atmosphère (exprimée en watt par mètre carré ou W/m2), comme mécanisme potentiel du changement climatique, à la suite, par exemple, d’une modification des concentrations atmosphériques de CO2. Un forçage radiatif positif a tendance à réchauffer la surface du globe tandis qu’un forçage radiatif négatif a tendance à la refroidir (Source : GIEC, 2007, AR4, Vol 1, SPM (p.2)(1)).

Sensibilité du climat : variation de température à la surface de la Terre pour un forçage radiatif donné. Elle permet dans les modèles de quantifier les données prévisionnelles d’évolution du climat (source : CNRS/CEA, communiqué de presse, 23/02/2015).

Les modèles actuels d’évolution du climat indiquent un réchauffement dû à l’effet de serre provoqué par des concentrations atmosphériques de CO2 d’origine anthropique [forçage radiatif positif] en hausse [+43% entre l’estimation du GIEC pour 2005 (AR4) et celle pour 2011 (AR5) (source : GIEC, AR5/Vol 1, ch.8, p.661, 2013)], compensées en partie par un refroidissement lié à la présence de particules émises par les activités humaines [forçage radiatif négatif]. L’ampleur de cet effet de refroidissement n’est pas caractérisée de façon suffisamment précise. Cela conduit à des incertitudes sur le calcul du forçage radiatif (lire notre dossier complet sur ce sujet), ce qui rend difficile l’estimation d’une valeur empirique de sensibilité du climat.

Les résultats de l’étude mettent en évidence la contribution dominante du CO2 au forçage radiatif dans les 20 prochaines années. Selon les auteurs, les concentrations atmosphériques des aérosols [sulfates, carbone suie, carbone organique, nitrates, poussières,…] devraient diminuer au cours des prochaines décennies [notamment suite à la mise en œuvre des politiques de réduction des polluants atmosphériques]. Leur contribution à l’évolution globale du climat va donc se réduire. Cela va diminuer mécaniquement l’incertitude sur la perturbation climatique due aux activités humaines. Par ailleurs, les concentrations atmosphériques de CO2 vont continuer à augmenter [du fait d’une hausse des émissions et de sa longue durée de vie dans l’atmosphère]. Puisque la compréhension scientifique de l’impact du CO2 sur le climat est plus fine que celle de l’effet des aérosols, cela devrait permettre aux climatologues d’entrevoir une meilleure quantification de l’impact global des activités humaines sur le climat dans les décennies à venir.


(1)
Voir ED n°162 p.III.24.

www.nature.com/ngeo/journal/v8/n3/full/ngeo2371.html

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