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Les concentrations atmosphériques de CO2 ont atteint un niveau record en avril malgré la pandémie de Covid-19

  • Réf. : 2020_05_a04
  • Publié le: 13 mai 2020
  • Date de mise à jour: 14 mai 2020
  • International

Le 11 mai 2020, ONU Environnement (anciennement le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, PNUE) a annoncé que les concentrations mensuelles moyennes de CO2 dans l’atmosphère ont atteint en avril 2020 le niveau le plus élevé jamais enregistré (depuis le début des relevés en 1958), soit 416,21 parties par million (ppm). Ce constat est issu d’une analyse des relevés réalisés par l’Agence nationale américaine Earth Systems Research Laboratories (ESRL, anciennement NOAA [Agence nationale d’observation des océans et de l’atmosphère]) sur son site de Mauna Loa (Hawaii, Etats-Unis – voir encadré ci-dessous).

 

Contexte

Le site de Mauna Loa est considéré comme étant le site de référence mondiale puisqu’il s’agit du plus ancien site d’observation en continu des concentrations atmosphériques de CO2 au monde (début des relevés : 1958). C’est ici que le seuil symbolique de 400 ppm avait été dépassé pour la toute première fois, le 9 mai 2013. Ce même seuil, mais à l’échelle des concentrations mensuelles moyennes de l’hémisphère nord seulement, avait été dépassé en avril 2014 (lire notre article sur le sujet) ; et, à l’échelle des concentrations mensuelles moyennes mondiales, avait été dépassé en mars 2015 (lire notre article sur le sujet).

Dans son 15e Bulletin annuel sur les gaz à effet de serre, publié le 25 novembre 2019 (lire notre article sur le sujet), l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) avait constaté que les concentrations moyennes mondiales de COdans l’atmosphère avaient atteint en 2018 les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle (1750).

 

Une baisse ponctuelle des émissions mondiales… mais une hausse continue des concentrations de CO2

Par ailleurs, ONU Environnement souligne que la baisse temporaire des émissions mondiales de CO2, observée depuis mars 2020 par plusieurs organismes (lire notre article sur le sujet), dont l’Agence Internationale de l’Energie (lire notre article sur le sujet), suite à la mise en place des mesures de confinement pour endiguer la propagation de la pandémie du Covid-19, ne doit pas occulter la crise climatique qui demeure, elle, un problème de fond permanent. Sans une transition énergétique mondiale radicale, il n’y a pas de raison de s’attendre à une réduction durable, des émissions mondiales de CO2, insiste ONU Environnement.

 

L’éclairage du Citepa

Emissions versus concentrations de gaz à effet de serre

Les émissions correspondent aux quantités de gaz à effet de serre (GES) directement rejetées dans l’atmosphère par les activités humaines ou par des sources naturelles. En France, les émissions sont estimées à partir de divers types de données (consommation de carburants, parc des véhicules, cheptel, etc.) par le Citepa pour le Ministère de la Transition écologique et solidaire dans le cadre des engagements européens et internationaux de la France.

 

Les concentrations, elles, sont mesurées à l’aide de capteurs situés dans les stations de mesure. Par exemple, les données de l’OMM sont issues du  réseau mondial de surveillance des GES qu’il gère dans le cadre de son Programme mondial de l’observation de l’atmosphère (Global Atmosphere Watch) qui s’étend sur plus de 50 pays.

En savoir plus : Citepa, inventaire format Secten, édition avril 2019, chapitre Comprendre nos données d’émission.

 

Le temps long de l’atmosphère

Enfin, il convient de garder à l’esprit deux autres paramètres déterminants pour expliquer pourquoi la baisse temporaire des émissions mondiales de CO2 suite au Covid-19 n’aura pas d’impact immédiat sur les concentrations atmosphériques de CO2 : la durée de vie de ce GES dans l’atmosphère et son taux d’absorption par les puits. Selon le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la durée de vie dans l’atmosphère des GES (dont le CO2) est déterminée par leurs sources et puits dans l’atmosphère, les océans et la biosphère. Dans son 3e rapport d’évaluation (2001), le Giec soulignait qu’il n’est pas possible de quantifier la durée de vie du CO2 en un seul et unique chiffre du fait des différents taux d’absorption par les différents procédés d’absorption. Il avait toutefois fourni une fourchette d’estimation de 5 à 200 ans selon les cas. Le Giec indiquait dans son premier rapport d’évaluation (1990) que le CO2 (tout comme le N2O) est absorbé lentement et par conséquent, si une baisse ou une hausse des émissions de CO2 intervient, les concentrations de CO2 dans l’atmosphère mettent des décennies à s’ajuster totalement. Même si toutes les émissions anthropiques de CO2 s’étaient arrêtées en 1990, environ la moitié de la hausse de ses concentrations induite serait toujours présente en 2100 (source : Giec (1990), rapport intégral du groupe de travail I, résumé, p.XVII).

A noter que dans son 5e rapport d’évaluation (vol 1, connaissances scientifiques de base, 2013), le Giec ne donne plus de fourchette d’estimation de la durée de vie du CO2 dans l’atmosphère, reprenant plutôt le constat du 3e rapport d’évaluation qu’il n’est pas possible de quantifier la durée de vie du CO2 en un seul et unique chiffre (cf. rapport de synthèse, encadré 3.2, tableau 1, p.87, 2014). Le Giec renvoie également aux travaux de Joos et al. qui constatent que le CO2, une fois émis, montre « une diminution rapide au cours des premières décennies suivie d’une diminution à l’échelle millénaire« . Ils estiment que « pour un rejet de 100 Gt CO2 qui viendrait s’ajouter à une concentration atmosphérique constante de CO2 de 389 ppm, on trouverait toujours un reliquat d’environ 25% dans l’atmosphère après 1 000 ans, les océans ayant absorbé environ 59% et les terres le reste (environ 16%)« .

Voir le communiqué d’ONU Environnement.

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