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Sommet des dirigeants sur le climat : des annonces fortes en amont de la COP-26

  • Réf. : 2021_04_a07
  • Publié le: 5 mai 2021
  • Date de mise à jour: 6 mai 2021
  • International

A l’initiative du Président des Etats-Unis, Joe Biden, le sommet des dirigeants sur le climat (Climate Leaders’ Summit) s’est tenu, en visio-conférence (et diffusé publiquement en direct), les 22 et 23 avril 2021 (lire notre article sur l’objectif du sommet et les invités). En 2020, année marquée par le Covid-19, aucune COP n’a eu lieu. La COP-26 doit se tenir du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow (Ecosse). Ainsi, ce sommet constitue une étape politique clé en cette année d’action climat pour renforcer, en amont de la COP-26, l’ambition des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) de la planète.

Le Sommet organisé par Joe Biden a ainsi rassemblé 40 dirigeants mondiaux, à la fois en réinstallant le Forum des économies majeures sur l’énergie et le climat, en veilleuse depuis 2017 suite à la position de l’ancien Président des Etats-Unis sur le climat (16 grands pays émetteurs, dont la France + UE) ; et en conviant aussi des dirigeants d’autres pays, particulièrement vulnérables aux changements climatiques ou porteurs d’innovations dans la voie de la neutralité carbone.

Le Sommet était organisé autour de cinq sessions :

  1. Hausse de l’ambition climat ;
  2. Investir dans les solutions climatiques ;
  3. Action climat à toutes échelles, adaptation et résilience, solutions basées sur la nature, sécurité climatique ;
  4. Innovation climatique ;
  5. Opportunités économiques.

Plusieurs annonces majeures peuvent être retenues de cet évènement.

 

De nouveaux objectifs de réduction d’émission d’ici 2030

La plupart des Chefs d’Etats conviés ont profité de cet évènement, et en particulier de la Session 1, pour annoncer (ou rappeler) de nouveaux engagements, plus ambitieux, en termes de réduction d’émissions de GES à moyen terme (2030) et ce, en amont de la COP-26, et dans le contexte où les NDC-2 attendues initialement en 2020 sont encore peu nombreuses à avoir été publiées (voir liste des NDC-2).

Les Etats-Unis ont annoncé la mise à jour de leur NDC, avec un rehaussement de leur objectif de réduction des émissions de GES, passant d’un objectif de -26-28% entre 2005 et 2030 à un objectif de 50-52% sur la même période. Cet objectif s’inscrit dans le cadre d’un programme climat ambitieux, visant notamment à décarboner la production d’électricité d’ici 2035, à maximiser les puits de carbone, et à développer l’hydrogène. La Maison Blanche a dans le même temps publié plus de détail sur ce programme. Le nouvel objectif de réduction a été inscrit dans la NDC-2 des Etats-Unis, remise à la CCNUCC le 22 avril 2021.

Le Japon a annoncé la rehausse de sa NDC avec un objectif de réduction des émissions de 46% entre 2013 et 2030, ajoutant qu’il s’efforcera de les réduire de 50% (contre son objectif précédent de -26% sur la même période, inscrit dans sa NDC-2 remise à la CCNUCC le 31 mars 2020, cet objectif de -26% ayant été le même que celui inscrit dans sa NDC-1  soumise en 2016). L’enjeu pour ce pays est la transition énergétique pour se passer du charbon.

Le Canada a indiqué rehausser son ambition pour 2030, passant de l’objectif de réduction de -30% par rapport à 2005 à un nouvel objectif de -40 à -45%, toujours par rapport à 2005.

L’Inde n’a pas annoncé de nouvel objectif d’atténuation (le pays représente 7% des émissions de CO2 fossiles mondiales en 2018 (source AIE, 2020)), mais s’est concentrée sur les annonces visant l’énergie (voir plus loin).

L’Argentine prévoit de renforcer sa NDC, avec un objectif de 2 points de pourcentage plus élevé que sa NDC soumise en 2016, via notamment une hausse des énergies renouvelables et une réduction des émissions de méthane.

Le Royaume-Uni a pris en compte les recommandations du Climate Change Committee (l’équivalent du Haut Conseil pour le Climat [HCC] en France) pour viser l’objectif, inédit pour un pays industrialisé, de -78% des émissions entre 1990 et 2035.

L’Union européenne, par la voix de la présidente de la Commission, U. Von der Leyen, a présenté sa récente proposition de « Loi climat » incluant l’objectif de -55% entre 1990 et 2030 (lire notre article), ce qui renforce sa position de chef de file dans l’action climat mondiale.

La Corée du Sud a rappelé son objectif de neutralité carbone en 2050 et publiera une nouvelle NDC d’ici la fin de l’année, avec un objectif de réduction renforcé qui soit compatible avec son objectif 2050.

La Chine n’a pas annoncé de nouvel objectif d’atténuation, le pays représentant 29% des émissions de CO2 fossiles mondiales en 2018 (source AIE, 2020)). Cependant, elle a annoncé qu’elle ratifierait l’amendement de Kigali sur les HFC, puissants gaz à effet de serre. Elle a aussi annoncé des actions dans le domaine des énergies fossiles (voir plus loin).

Le Brésil s’engage sur un objectif de zéro émission nette d’ici 2050 (au lieu de 2060) mais n’a pas indiqué s’il a l’intention de renforcer son objectif 2030 inscrit dans sa NDC-1 (-43% d’ici 2030 par rapport à 2005) ; et annonce des actions sur la protection de la forêt (voir plus loin).

L’Afrique du Sud a rappelé sa volonté d’arriver à un pic de ses émissions en 2025. Elle indique par ailleurs que la mise à jour de sa NDC est en cours, les nouveaux objectifs proposés et soumis à consultation étant « beaucoup plus ambitieux à deux titres : d’abord, la valeur supérieure de l’objectif 2030 a été réduite de 28% (soit de 174 Mt CO2)« . Ensuite, elle propose d’avancer de 2035 à 2025 la date où elle commencera la réduction des émissions (c’est-à-dire de ne plus attendre 2035 pour entamer la réduction comme elle avait prévu dans sa NDC-1).

La Russie n’a pas annoncé de nouvel objectif de réduction mais a appelé à une coopération internationale pour réduire les émissions de méthane.

La Turquie, qui n’a toujours pas ratifié l’Accord de Paris, a rappelé son objectif, dans sa NDC de 2015, d’une réduction de 21% de ses émissions entre 2012 et 2030.

L’Indonésie vise la neutralité carbone à horizon 2050, objectif conditionné à des financements internationaux.

La Colombie s’engage sur une réduction d’émissions de GES de -51% en 2030 (par rapport à un scénario de référence pour la même année) et vise la neutralité carbone en 2050.

 

De nouvelles mesures pour se désinvestir des énergies fossiles, notamment du charbon

Le Secrétaire Général des Nations Unies, A. Guterres, a souligné que la fin progressive du charbon était nécessaire dans les pays de l’OCDE d’ici 2030 et d’ici 2040 dans les autres pays.

Les Etats-Unis, lors de la session 2, a appelé, avec d’autres pays, à la fin des subventions aux énergies fossiles.

La Chine, lors de la session 1, a annoncé un contrôle strict des projets de centrales au charbon, et une limitation de la hausse de la consommation de charbon dans son 14e plan quinquennal (2021-2025), puis une réduction progressive de la hausse de la consommation dans le 15e plan (2026-2030). A noter néanmoins que cet engagement n’inclut ni de plafond de la consommation de charbon au cours des cinq prochaines années, ni de date de sortie totale du charbon, ni de date pour la fin du financement de la construction de centrales à charbon à l’étranger.

La Corée du Sud a annoncé, lors de la session 1, mettre fin au subventionnement public de vente à l’étranger de centrales au charbon. Cet engagement va sans doute mettre la pression sur les Gouvernements des deux derniers pays qui financent encore la construction de centrales à charbon à l’étranger (Chine et Japon, source : World Resources Institute) pour qu’ils suivent son exemple. Le pays ne construira plus de nouvelles centrales au charbon sur son territoire et a déjà anticipé la fermeture de 10 centrales.

Pour l’Allemagne, la chancelière A. Merkel a indiqué que la fin, progressive, du charbon était prévue pour 2038 au plus tard. Elle souhaite investir davantage dans les renouvelables après la pandémie.

L’Inde, lors de la session 1, a rappelé son objectif d’atteindre 450 GW d’énergies renouvelables en 2030, et a annoncé la création d’un partenariat avec les Etats-Unis sur les énergies propres, baptisé Partenariat sur un Agenda du Climat et des énergies propres pour 2030 pour mobiliser la finance et les innovations dans ce domaine.

Le Mexique souhaite interdire ses exportations d’hydrocarbures (pétrole et gaz).

Le Chili souhaite devenir un grand producteur d’hydrogène vert, grâce à l’énergie solaire et éolienne.

L’Afrique du Sud annonce l’objectif d’atteindre 17 GW d’énergies renouvelables en 2030.

La Colombie indique qu’elle devrait atteindre 14% de renouvelables en 2022 dans sa production d’énergie.

L’Australie mise entre autres sur les énergies renouvelables et un hydrogène vert.

L’Argentine vise un objectif de 30% de renouvelables [sans préciser d’échéance pour l’atteindre] et souhaite devenir un exportateur d’hydrogène vert.

La Russie annonce un programme visant le développement de l’hydrogène.

Enfin, à l’initiative des Etats-Unis (Department of Energy, équivalent du Ministère de l’Energie), un nouveau forum de coopération a été créé, baptisé le Zero Net Producers Forum, et réunissant les Ministères de l’Energie de cinq pays responsables collectivement de 40% de la production mondiale de pétrole et de gaz (Arabie saoudite, Canada, Etats-Unis, Norvège, Qatar). Le nouveau forum a pour mission d’élaborer des stratégies à long terme pour contribuer à la réalisation de l’objectif mondial de zéro émission nette. A cette fin, leur tâche sera notamment d’identifier et de mettre en œuvre des solutions pour éliminer les émissions de CO2 et de CH4 de la production de pétrole et de gaz sans captage et stockage de CO2. A noter néanmoins que le Forum n’envisage pas de mettre fin à l’extraction des réserves pétrolières et gazières.

 

Les marchés carbone, un outil mis en avant

Les règles concrètes liées au recours aux marchés carbone font partie des points de blocage des négociations lors des deux dernières COP (COP-24 et COP-25) et freinent la mise en place pleine et effective de l’Accord de Paris. Quoi qu’il en soit, cet outil des politiques publiques, au niveau régional ou mondial, a été mis en avant par plusieurs dirigeants.

Pour l’Union européenne, U. Von der Leyen a annoncé l’élargissement du SEQE (marché européen d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre) au transport [routier] et aux bâtiments (une consultation publique avait été lancée entre octobre et novembre 2020 sur la révision du SEQE en ce sens). Aujourd’hui, le SEQE vise les secteurs de la production d’électricité, de l’industrie manufacturière et de l’aviation.

La Russie annonce le lancement d’une initiative pilote pour un marché carbone sur l’île de Sakhaline.

 

Reforestation / puits

A l’occasion d’un volet sur les « solutions basées sur la nature », lors de la session 3, beaucoup de pays ont aussi insisté sur les programmes de boisement, dans le contexte de la nécessité de générer d’importants puits de carbone pour contrebalancer les émissions non réduites et atteindre leur objectif zéro émission nette. On note que toutes les annonces sont exprimées en nombre d’arbres, afin d’indiquer des chiffres impressionnants – qui le seraient moins s’ils étaient exprimés en unités de surface. A noter que les programmes de plantations peuvent aussi être menés au sein de forêts déjà existantes, pour les renouveler, en améliorer la productivité et la résilience, et donc ne pas signifier toujours la création de nouvelles forêts.

Le Mexique souhaite planter 3 milliards d’arbres en Amérique centrale pour stocker du carbone.

L’Argentine prévoit de faire de la déforestation un délit environnemental.

L’Indonésie annonce un gel permanent des nouvelles licences d’exploitation du bois et de la tourbe, ainsi que la restauration de 620 000 hectares de mangroves d’ici 2024, dont le puits de carbone pourrait générer des crédits carbone.

Le Brésil s’engage à mettre fin à la déforestation illégale d’ici 2030.

La Turquie a rappelé son récent programme de plantation (5,1 milliards d’arbres).

La Colombie a présenté son programme de plantation de 180 millions d’arbres d’ici 2022.

Le Bhoutan, un des rares pays dont le bilan est déjà un puits net de carbone (comme le Gabon), indique que (selon sa constitution) 60% de son territoire doit rester boisé.

L’Arabie Saoudite confirme son projet de plantation massive d’arbres dans la région (dans le cadre de la Saudi Green Initiative annoncée précédemment).

Le Canada annonce la plantation de 2 milliards d’arbres. Il s’engage à dépenser 4 Mds $ pour la protection des terres et des océans.

La Russie, lors de la session n°1, a noté l’importance de tous les moyens de séquestration du carbone, via les puits de carbone et le CCS.

 

Mobilisation du financement international

La Session 2 fut l’occasion pour les Etats « présents » et pour l’ONU de remettre en avant la question du financement climat, une des questions clés des négociations climat lors des COP. L’objectif d’atteindre 100 Mds $ / an a été rappelé. Plusieurs institutions financières ont exprimé leur soutien pour des coalitions telles que la Glasgow Financial Alliance for Net Zero et la Net Zero Banking Alliance.

Les Etats-Unis promettent de doubler leur contribution à la finance climat d’ici 2024 (par rapport à la moyenne 2013-2016), dont un triplement de leur aide aux pays vulnérables pour l’adaptation, sans pour autant avancer de chiffres concrets. Cependant, selon le World Resources Institute (WRI), centre de réflexion international basé à Washington, cette contribution totaliserait environ 5,7 Md€ par an d’ici 2024. Les Etats-Unis ont également rappelé le rôle des banques multilatérales de développement pour financer la transition.

L’Allemagne annonce avoir doublé sa finance climat pour atteindre 4 milliards € par an jusqu’en 2020 et déclare qu’elle apportera une contribution équitable dans les années à venir.

Pour l’Union européenne, le président du Conseil européen a rappelé que l’UE était le plus gros contributeur mondial en termes de finance climat et qu’elle animait la Plate-forme internationale sur la Finance durable (International Platform on Sustainable Finance). Il a indiqué que depuis cette année [2021], la Banque européenne d’investissement a aligné l’ensemble de ses activités de financement sur les objectifs de l’Accord de Paris [et notamment l’article 2.1c), en dédiant au moins 50% du montant de son financement annuel aux investissements verts d’ici 2025. Elle soutiendra un total de 1 000 milliards € d’investissements dans des projets verts au cours de cette décennie.

Le Mexique a appelé les Etats-Unis à financer son programme de boisement en Amérique centrale (Guatemala, Honduras et El Salvador)

La France a annoncé qu’elle ira plus loin dans les prochains mois sur le sujet de la finance climatique, sans plus de précision. Elle organise un sommet (prévu le 18 mai 2021) sur le sur le financement durable des économies africaines.

Enfin, les dirigeants de pays membres de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), de pays les moins avancés et du Forum des pays vulnérables au climat (Climate Vulnerable Forum ou CVF), qui ont participé au sommet, ont appelé les pays développés à accroître leur financement pour l’ensemble des pays en développement, notamment pour la mise en œuvre d’actions d’adaptation.

 

Evènements

En raison de la pandémie mondiale, la COP-26 a été décalée à novembre 2021 (lire notre article) et aucune COP n’a eu lieu en 2020. La continuation des négociations en amont de la COP-26 est essentielle pour que celle-ci puisse être fructueuse, et notamment régler des points en suspens sur les règles de mise en œuvre concrète de l’Accord de Paris. Des évènements politiques sont aussi nécessaires pour amener les pays à renforcer leur ambition, compte tenu de l’insuffisance des NDC actuelles pour atteindre l’objectif de +2°C.

La Corée du Sud a annoncé la tenue d’un sommet en juin 2021 à Séoul (la deuxième édition du Partnering for Green Growth and the Global Goals 2030 ou P4G, la première édition s’étant tenue en 2018 à Copenhague) pour accélérer la transition vers la neutralité carbone.

L’Italie a rappelé qu’elle organisera une pré-COP à Milan du 30 septembre au 2 octobre 2021.

 

Effets économiques de l’action climat

Les Etats-Unis ont rappelé que leur plan d’investissement pour le climat est aussi destiné à créer des millions d’emplois. « Quand les gens parlent de climat, je pense emploi » a affirmé J. Biden. Lors de la session 2, les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé la mise en place d’un système pour mesurer, dévoiler et atténuer les risques climat liés au système financier.

Pour le Royaume-Uni, B. Johnson a aussi rappelé que la question climatique était aussi une question de croissance et d’emploi.

Pour U. von der Leyen représentant l’Union européenne, lutter contre le changement climatique sera un moteur de la relance économique mondiale. A noter que ce sommet intervient dans le contexte d’avancées dans la mise en place du plan de relance européen (lire notre article).

L’Italie a aussi mis en avant l’enjeu climat comme une opportunité de relance verte.

 

 

Que retenir du sommet ?

Après quatre années difficiles, le sommet a indubitablement engendré une nouvelle dynamique politique en faveur de l’action climat mondiale, cruciale, en amont de la COP-26. Il a également ouvert la voie au renforcement de l’ambition et de l’action climat par d’autres pays, ne serait-ce que par la pression des pairs, outil qui, de fait est central dans le cadre peu contraignant du régime de l’Accord de Paris.

D’un point de vue diplomatique, ce sommet marque le retour sur le devant de la scène des Etats-Unis comme moteur de la dynamique climat, en amont de la COP-26, et ce après les quatre années marquées par la présidence Trump. L’Union européenne n’a pas réellement assumé ce rôle, et les observateurs ont noté que l’intervention d’U. von der Leyen n’avait pas été l’occasion d’affirmer un rôle fort de l’UE en termes de diplomatie climat internationale, sur le lancement de partenariats et sur la finance climat. Ce retour des Etats-Unis a eu un effet d’entraînement certain sur d’autres pays grands émetteurs (Canada, Corée du Sud, Japon,…).

Parmi les thèmes les plus cités du sommet : le désinvestissement des énergies fossiles et notamment du charbon ; la neutralité carbone (objectifs de zéro émission nette) ; la finance climat internationale et les programmes de boisement. Le méthane (sur lequel V. Poutine a appelé à une collaboration internationale) et les marchés du carbone sont aussi des sujets souvent mis en avant.

Néanmoins, les annonces faites lors du sommet restent au stade des promesses, et certaines se limitent au long terme (2050). Par exemple, le plan de relance américain nécessite le vote du Congrès, ce qui n’est pas une certitude à ce stade. Autre exemple, les modifications législatives nécessaires pour concrétiser le nouvel objectif européen 2030 ne sont pas finalisées non plus.

Les objectifs à horizon 2030 sont de plus en plus nombreux, notamment dans le cadre de la révision de nombreuses NDC promettant des réductions d’émissions à cette échéance. E. Macron a insisté sur l’importance de se concentrer sur cet horizon en déclarant : « Au fond 2030 est le nouveau 2050». Selon Climate Action Tracker, institut de recherche internationale, les annonces les plus importantes au sommet en termes d’ambition viennent des Etats-Unis, de l’UE-27, du Royaume-Uni, du Japon et de la Chine. Le nouvel objectif de réduction des Etats-Unis constitue l’avancée la plus importante en matière d’action climat jamais réalisée par un Gouvernement américain.

Cependant, il appartient désormais aux Gouvernements nationaux qui ont annoncé de nouveaux objectifs 2030 de les concrétiser, en traduisant leurs promesses en actes législatifs ou réglementaires et en les mettant en œuvre afin d’atteindre ces objectifs. Par ailleurs, plusieurs pays grands émetteurs n’ont pas annoncé de nouveaux objectifs de réduction 2030 (Arabie Saoudite, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie,…).

Si le sommet a vu d’importantes avancées en termes d’ambition pour la réduction d’émissions, sur le dossier financement des actions climat, nerf de la guerre des négociations climat, en revanche, peu de progrès ont été enregistrés. Le financement mobilisé à ce jour par les pays industrialisés en faveur de la mise en œuvre d’actions climat dans les pays en développement demeure insuffisant au regard de l’objectif des 100 milliards de $ par an en 2020. Le sommet n’a pas été l’occasion de nouvelles annonces fortes en ce sens.

On observe aussi que de nombreux pays continuent de considérer l’objectif de +1,5°C, objectif qui reste donc d’actualité, du point de vue politique et des négociations, alors qu’il paraît de moins en moins atteignable au regard des données scientifiques. Or, comme le Giec l’indiquait dans son rapport spécial sur le réchauffement à +1,5°C (publié le 8 octobre 2018), les émissions mondiales de CO2 doivent baisser de 45 % entre 2010 et 2030.

Enfin, les différents objectifs annoncés ne doivent pas masquer que pour l’instant, les émissions mondiales de GES n’ont toujours pas atteint leur pic : elles sont reparties à la hausse après une baisse temporaire en 2020 (lire notre article). Parmi les plus grands émetteurs actuels, la Chine et l’Inde continuent de prévoir une hausse à court terme de leurs émissions.

 

Prochains rendez-vous internationaux hors CCNUCC

Les prochains rendez-vous internationaux en dehors des négociations de la CCNUCC, le Dialogue de Petersberg sur le Climat (6-7 mai 2021), les sommets G7 (11-13 juin 2021) et G20 (30-31 octobre 2021), pourraient être l’occasion pour les autres pays de renforcer leur ambition climat dans le sillage notamment des Etats-Unis, du Japon, et de l’UE. Comme a souligné John Kerry, envoyé spécial sur le climat pour le Président Biden, Comme a souligné John Kerry, envoyé spécial sur le climat pour le Président Biden, « les six mois à venir vont être absolument cruciaux pour faire de Glasgow [la COP-26] un succès« . Avant la COP-26, au-delà de nouveaux objectifs de réduction, cette ambition climat accrue doit surtout passer par de nouvelles annonces de financement, base de la confiance entre pays industrialisés et pays en développement.

 

En savoir plus

Page du site gouvernemental américain consacrée au sommet

Programme détaillé du sommet

Synthèse du sommet par le site de la Maison blanche

Fiche d’informations (fact sheet) de la Maison blanche sur les nouvelles initiatives annoncées lors du sommet

Fiche d’informations (fact sheet) de la Maison blanche sur le nouvel objectif des Etats-Unis

Synthèse du Plan de financement climat international des Etats-Unis

Plan de financement climat international des Etats-Unis

Communiqué de la CCNUCC

Analyse de l’Institut International du Développement Durable (IISD) : »Leaders Summit Showcases Clean Energy Commitments to Tackle Global Climate Crisis« 

Analyse de Climate Action Tracker : « New momentum reduces emissions gap, but huge gap remains – analysis« 

Analyse du World Resources Institute (WRI) : « Leaders summit on climate offers jolt of momentum for global action« 

Pour y voir clair entre annonces objectifs en pourcentages qui n’ont pas tous la même année de référence, voir cet article de l’institut de recherche RHG et cette analyse de Carbon Brief.

The Guardian : « Which country has made the biggest climate commitment« , 23 avril 2021.

 

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