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Fin du charbon : où en est le G7 de la décarbonation de l’électricité ?

  • Réf. : 2022_08_b07
  • Publié le: 23 août 2022
  • Date de mise à jour: 18 août 2022
  • International

Dans une note d’analyse publiée le 23 juin 2022, le think tank Ember dresse un état des lieux des enjeux, pour les pays du G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), liés à la sortie du charbon pour la production d’électricité.

 

La nécessité de décarboner massivement la production d’électricité d’ici 2030

Ember rappelle d’abord les conclusions que l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) dressait dans un rapport d’octobre 2021 : les pays du G7 doivent progressivement cesser de produire de l’électricité via du charbon sans techniques de réduction d’émissions de CO2 (« unabated coal power ») d’ici 2030, et, dans le même temps, accroître leur part d’éolien et de solaire pour passer de 14% en 2020 à 42% en 2030. L’AIE montre que les pays du G7 doivent ainsi adopter une stratégie de réduction massive des émissions de CO2 pour la production d’électricité, avec seulement 2% d’électricité provenant de centrales d’appoint au gaz.

Ember rappelle aussi que cette recommandation de l’AIE est en phase avec le dernier rapport d’évaluation du Giec publié le 4 avril 2022 (AR6 – 3e groupe de travail sur l’atténuation. Lire notre dossier de fond), où, dans les scénarios compatibles avec un réchauffement limité à +1,5°C, seulement 3% de l’électricité des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pourrait provenir de centrales au gaz, le reste devant provenir de sources décarbonées.

 

La situation actuelle des pays du G7 sur le charbon

Le G7 a déjà prouvé sa capacité à définir des objectifs ambitieux pour la transition énergétique, concernant par exemple la fin des subventions publiques des centrales à charbon (lire notre article) et sur la décarbonation du secteur de l’électricité d’ici 2035 (lire notre article). Ember dresse un état des lieux de la situation actuelle des membres du G7, dans le contexte de la crise énergétique générée par l’invasion russe de l’Ukraine.

 

Lire aussi : Le point sur les objectifs de sortie du charbon en Europe
et l’impact de la guerre en Ukraine

 

  • France, Allemagne et Italie : en réponse à la guerre en Ukraine, l’UE a accru son ambition de sortie des combustibles fossiles via le nouveau plan « RePowerEU » (lire notre article) visant notamment une part de production d’électricité renouvelable de 69% en 2030. L’Italie avait annoncé le 24 octobre 2017 vise la sortie du charbon en 2025 et l’atteinte d’une part de 70% à 72% de renouvelables pour sa production d’électricité. L’Allemagne vise une électricité propre en 2035 et a réaffirmé son objectif de sortie du charbon d’ici 2030. En France, dont l’électricité est déjà en grande partie décarbonisée, le 3 avril 2019, le Ministre de la Transition écologique et solidaire avait présenté une feuille de route pour la fermeture, d’ici 2022, des dernières centrales de production d’électricité qui fonctionnement au charbon, fermeture prévue par le Plan Climat adopté le 6 juillet 2017 (cf. axe 8). Néanmoins, compte tenu de difficultés de production de ces centrales nucléaires et de la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, des dérogations exceptionnelles au plafond d’émissions de GES des deux centrales thermiques en fonctionnement ont été décidées.
  • Royaume-Uni : le pays a défini une stratégie pour arriver à une part de production d’électricité bas-carbone de 95% en 2030, avec notamment l’amplification de l’éolien en mer et du solaire.
  • Etats-Unis: Le gouvernement Biden s’est engagé à atteindre 100% d’énergie propre en 2035, avec un objectif intermédiaire de 30 GW de production d’éolien en mer d’ici 2030. Le Defense Production Act a aussi été invoqué pour accroître la production de panneaux photovoltaïques, de pompes à chaleur et pour accélérer la rénovation des bâtiments. Si les Etats-Unis n’ont pas d’engagement officiel de sortie progressive du charbon, la production d’électricité par des centrales à charbon continue de décroître très fortement.
  • Canada: le pays s’est engagé en 2018 à une sortie progressive du charbon, mais risque d’augmenter par ailleurs la production de centrales à gaz. Le Canada a également lancé, le 15 mars 2022, une consultation nationale sur la question de l’électricité propre avec une stratégie vers une électricité propre d’ici 2035.
  • Japon : la part d’électricité produite par des sources renouvelables est actuellement de 25%, et un plan vise à atteindre 38% en 2030. D’après une autre analyse d’Ember publiée le 24 mai 2022, le Japon dispose d’opportunités importantes pour développer le solaire et l’éolien en mer.

 

La crise comme opportunité pour porter cette ambition

L’AIE, dans son dernier rapport sur le marché de l’électricité publié le 5 août 2022 (voir résumé et rapport complet) souligne une hausse attendue des émissions de CO2 liées à la production d’électricité en Europe de 3% en 2022, en raison d’un recours en urgence de gaz et de charbon dans le contexte de la crise énergétique russe. Dans le même temps, l’AIE souligne que « l’Europe se prépare à réduire sa dépendance aux importations russes de combustibles fossiles en accélérant sa transition vers une énergie propre », dans un contexte mondial où « les énergies renouvelables croissent plus vite que la demande et remplacent les combustibles fossiles ».

Ember conclue qu’il est nécessaire, pour les pays du G7, de sortir progressivement du charbon d’ici 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif d’une production électrique décarbonée en 2035. La crise énergétique actuelle, déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine, représente une opportunité pour que le G7 porte cette ambition au niveau mondial.

 

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