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Les Ministres de l’environnement du G7 s’engagent sur leur action climat et notamment sur la fin des subventions publiques des centrales à charbon

  • Réf. : 2021_05_a08
  • Publié le: 27 mai 2021
  • Date de mise à jour: 27 mai 2021
  • International

Les Ministres de l’Environnement du G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), sous présidence britannique, se sont réunis virtuellement les 20 et 21 mai 2021. Au terme de la réunion, ils ont publié un communiqué portant sur leur action pour le climat et la biodiversité, deux « deux crises jumelles ». Ils y rappellent qu’ils mettent environnement et accélération de la transition énergétique au cœur de leur stratégie de reprise économique ; gardant pour objectif de limiter la hausse des températures moyennes mondiales à +1,5°C via l’atteinte, en 2050 au plus tard, de la neutralité carbone et via un objectif, en 2030, compatible avec cette trajectoire.

Pour cela, dans leur communiqué, ils indiquent notamment :

  • que si des solutions fondées sur la nature (Nature-based Solutions: restauration des écosystèmes forestiers, protection et amélioration de la qualité des sols, des zones humides, etc.) sont nécessaires, elles ne peuvent remplacer un besoin urgent de décarboner l’économie et de réduire les émissions de gaz à effet de serre ;
  • le besoin de mobiliser davantage les sources de financement, publiques et privées, notamment via les Banques Multilatérales de Développement (MDB) et les Institutions Financières de développement bilatérales (DFI) ; et de parvenir à la relance économique via des politiques et fiscales justes. Sur ce point, les Ministres notent l’utilité d’un rapport de Lord Stern, publié le 10 mai 2021 et commissionné par la présidence britannique du G7, intitulé « G7 Leadership for Sustainable, Resilient and Inclusive Growth and Recovery» ;
  • leur volonté d’une action climat menée dans une logique de justice environnementale et d’inclusion de tous ;
  • s’engager à montrer l’exemple en s’engageant tous à parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050 ; à publier, si possible d’ici la COP-26, des stratégies à long terme (long-term strategies ou LTS), conformément à l’article 4 de l’Accord de Paris et fixant des trajectoires concrètes de décarbonation ; et à revoir l’ambition, pour les membres du G7 qui ne l’ont pas encore fait (le Canada en l’occurrence), de leur NDC, d’ici la COP-26 ;
  • réaffirment leur engagement à respecter l’article 9.4 de l’Accord de Paris qui vise à atteindre un équilibre entre le financement des actions d’atténuation et d’adaptation ; et s’engagent à publier des Communications sur leur stratégie d’adaptation rapidement, si possible d’ici la COP-26. Ils appellent les acteurs étatiques et non-étatiques à coopérer sur les actions d’adaptation, notamment via les plateformes dédiées (Adaptation Action Coalition, InsuResilience Global Partnership, National Adaptation Plans Global Network, Race to Resilience Campaign) ;
  • reconnaissent le potentiel des marches carbone et du prix du carbone pour générer des gains d’efficience et d’innovation vers la décarbonation des économies ;
  • soulignent l’importance de finaliser, à la COP-26, les règles concrètes de mise en œuvre (le “Rulebook”) de l’Accord de Paris, dont certaines sont encore en suspens depuis les dernières COP (l’article 6 sur les mécanismes de marché notamment) ;
  • approuvent la création, par l’OCDE, du Programme International pour l’Action sur le Climat (PIAC, en anglais : International Programme for Action on Climate ou IPAC) ;
  • soulignent le rôle des acteurs non-étatiques (villes, entreprises…), pour piloter, au niveau local, des solutions vers l’objectif de zéro émissions nettes ;
  • notent avec inquiétude le déclin, au niveau mondial, des améliorations de l’efficacité énergétique et s’engagent à renforcer leurs efforts pour améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments, l’industrie et les transports ; et appellent à améliorer les échanges internationaux des bonnes pratiques. A ce titre, ils félicitent la création de la Plateforme sur l’Efficacité Energétique (Energy Efficiency Hub) au sein de l’AIE ; ainsi que l’initiative « Super-Efficient Equipment and Appliance Deployment» (SEAD) au sein du Clean Energy Ministerial (CEM) et approuvent son objectif de doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030 des produits d’éclairage, de réfrigération, de climatisation et des moteurs ;
  • s’engagent à apporter un soutien, en particulier aux pays en développement, de déployer des sources d’énergie renouvelables et d’accélérer des procédés de chauffage et de climatisation renouvelables ;
  • ils s’engagent à accélérer la sortie progressive du charbon dès lors qu’il n’est pas associé à des techniques de réduction ou de stockage de CO2 pour aller vers un système énergétique massivement décarbonisé dans les années 2030 (et ce, en cohérence avec leurs NDC). A ce titre, ils notent que plusieurs membres du G7 (tous sauf le Japon et les Etats-Unis) participent déjà à l’Alliance pour la sortie du charbon (Powering Past Coal Alliance ou PPCA, lancée à la COP-23). Ils conviendront, d’ici la COP-26, de mener d’autres actions conjointes sur ce point ;
  • conformément à l’article 2.1 de l’Accord de Paris, ils s’engagent à aligner la finance internationale avec l’objectif de neutralité 2050. Pour cela, ils s’engagent à supprimer progressivement toute nouvelle subvention publique envers des énergies fossiles intensives en carbone (donc, en particulier, le charbon) sauf exceptionnellement et « à la discrétion de chaque pays« . Ils reconnaissent aussi que l’investissement dans la production d’électricité à base de charbon sans techniques de réduction est incompatible avec l’objectif de +1,5°C, soulignent que les investissements internationaux dans le charbon sans techniques de réduction doivent s’arrêter dès maintenant ; et s’engagent pour parvenir à une fin absolue, d’ici fin 2021, de tout nouveau soutien public direct aux centrales électriques à charbon sans techniques de réduction. A noter que l’AIE, dans son dernier rapport Net zero by 2050 – A roadmap for the global energy sector, publié le 18 mai 2021 (voir pp.20 et 26), a indiqué que pour respecter une trajectoire compatible avec l’objectif de zéro émission nette, il fallait arrêter dès maintenant, en 2021, toute nouvelle autorisation de construction de centrales électriques à charbon sans techniques de réduction. Les membres du G7 s’engagent en conséquence à revoir leurs politiques publiques de commerce extérieur, et d’aides financières au développement à l’aune de cet engagement ;
  • réaffirment leur engagement à éliminer les subventions inefficaces aux combustibles fossiles d’ici 2025 ; et encouragent d’autres pays à le faire et à échanger en toute transparence sur ce point (voir encadré ci-dessous).

 

G20 : vers l’élimination des subventions aux combustibles fossiles – déclaration de Pittsburgh… en 2009

C’est le G20 qui avait fixé cet objectif (purement indicatif) pour la 1ère fois en 2009 “à moyen terme” lors du sommet de Pittsburgh (Etats-Unis) les 24-25 septembre 2009 (voir déclaration § 24). Cet objectif a ensuite été repris trois fois par le G7 : 2014, 2015 (voir déclaration p.13) et 2016 (voir déclaration p.28), année où c’était la 1ère fois que les dirigeants du G7 ont assorti cet objectif d’une échéance précise, à savoir 2025.

Le Parlement européen, dans une résolution adoptée le 6 octobre 2020, avait approuvé à la fois la proposition initiale de règlement de l’UE fixant l’objectif de neutralité climatique en 2050 et sa version modifiée ajoutant un objectif 2030 renforcé de -55%. Il avait ajouté l’amendement suivant : le PE souhaite que l’UE et les États membres éliminent progressivement toutes les subventions directes et indirectes aux combustibles fossiles d’ici au 31 décembre 2025 au plus tard.

 

  • reconnaissent l’importance d’une action urgente et ambitieuse pour réduire les émissions (et notamment les fuites) de méthane, issues des secteurs de l’énergie, des déchets ou de l’agriculture ;
  • s’engagent à développer des systèmes énergiques propres, sûrs et innovants, via le stockage de l’énergie, l’hydrogène, les bioénergies, les infrastructures en réseaux intelligents (smart grids), etc. ;
  • reconnaissent que le gaz naturel peut être nécessaire comme solution temporaire au sein d’une transition vers une énergie propre [s’inscrivant ainsi dans le contexte des vifs débats politiques au niveau de l’UE sur la taxonomie des investissements considérés comme durables] ; et indiquent qu’ils travailleront pour décarboner massivement les systèmes de production d’électricité au cours des années 2030 ;
  • soulignent la nécessité urgente de réduire les émissions du transport ; soutiennent le Conseil pour la transition vers des véhicules à zéro émission (Zero Emission Vehicle Transition Council, établi en 2020 à l’initiative du Royaume-Uni dans la perspective de la COP-26) et promeuvent le déploiement rapide de solutions de mobilité durables dans le monde ;
  • soulignent la nécessité urgente de réduire les émissions du transport international aérien et maritime et soutiennent l’adoption de mesures de réduction à moyen et long termes au sein de l’OMI et de l’OACI
  • s’engagent à accroître leurs investissements pour une énergie propre, soutiennent à ce titre le lancement de la deuxième phase de la Mission Innovation, plate-forme de coopération internationale rassemblant 24 pays et la Commission européenne, pour promouvoir les innovations techniques en ce sens ; soutiennent le démarrage de la 3e phase de la Clean Energy Ministerial, plate-forme de coopération et de partage d’expérience, et encouragent ces deux plateformes à coordonner leurs efforts ;
  • s’engagent à lancer l’Agenda du G7 pour la décarbonation de l’industrie (G7 Industrial Decarbonisation Agenda) ; s’engagent à réduire les émissions de GES des procédés industriels via l’efficacité énergétique, l’économie circulaire, l’électrification, la réutilisation de chaleur, les changements de combustibles, les combustibles de synthèse, l’hydrogène, la biomasse durable, le captage, le stockage et l’utilisation du CO2 (CCUS) ; et au plus vite pour les secteurs où les réductions d’émissions sont plus difficiles : sidérurgie, ciment, chimie et pétrochimie. Ils accueillent favorablement les actions en cours du Leadership Group for Industry Transition ainsi que la création de la Mission Innovation pour la décarbonation de l’industrie (Industrial Decarbonisation Innovation Mission) et de l’Initiative pour la forte décarbonation de l’industrie au sein de la Clean Energy Ministerial [NDLR : notons une fois de plus la multiplication des instances et plateformes à l’international dont les thématiques se recoupent largement].

 

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Communiqué du G7

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