Retour sur la journée d’études du Citepa sur le thème « Adaptation au changement climatique : suivre, rapporter et évaluer »
Plusieurs interventions de professionnels de l’adaptation en France et à l’international se sont succédé afin de dresser l’état des lieux des systèmes de suivi et d’évaluation de l’adaptation lors d’une matinée dédiée.
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Pourquoi professionnaliser l’adaptation ?
Jérôme Boutang, directeur du Citepa, a d’abord présenté l’évolution du rôle de l’association face aux nouveaux enjeux de l’action climat. En effet, si le Citepa est l’inventoriste historique des émissions de gaz à effet de serre de la France et joue un rôle clef dans la mise en place de l’Accord de Paris, il doit désormais intégrer les enjeux d’adaptation et se faire gardien de la bonne comptabilité en matière d’adaptation. La question se pose notamment de développer une approche de suivi de l’adaptation, combinant différents outils et métriques, avec des indicateurs qualitatifs et quantitatifs, permettant d’identifier les risques et les vulnérabilités d’une part et de définir et évaluer les actions mises en place d’autre part
Alexandre Magnan, de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI), est ensuite revenu sur les fondamentaux de l’adaptation et sur les grands messages du second volet du dernier rapport du GIEC (2022) : si l’adaptation permet de réduire les risques liés au changement climatique, elle ne permet pas de totalement les éliminer et l’espace des solutions pour l’adaptation se réduit au fur et à mesure que le changement climatique augmente. Il a souligné la progression de la part liée à l’adaptation dans la finance climat et les instruments de planification de plus en plus nombreux. Néanmoins, il est aussi nécessaire de savoir si les actions mises en œuvre apportent des réponses pertinentes et efficaces par rapport aux besoins et priorités d’adaptation. Un certain nombre d’outils et de méthodologies sont en cours de développement, sans consensus à ce jour sur un référentiel et des indicateurs communs.
Comment suivre et rapporter l’adaptation ?
Il n’existe pas de système unifié de suivi et de rapportage de l’adaptation, qui est fortement liée aux contextes dans lesquels elle s’inscrit. Néanmoins, des dynamiques sont à l’œuvre.
Le Citepa a ainsi présenté ses recherches sur le développement d’une métrique spécifique à l’adaptation. La métrique ex ante Fitness se fonde sur les résultats des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) pour lesquelles chaque projet qui y est inscrit, est associé à un ou plusieurs aléas. Ces projets sont ensuite classés par aléa afin de développer une mesure permettant d’identifier les types de projets les plus pertinents pour chaque aléa en tenant compte du degré de vulnérabilité du pays sur l’aléa concerné caractérisé par le Climate Vulnerability Monitor de DARA.
Un état des lieux des référentiels et pratiques en lien avec la mise en œuvre du Cadre de Transparence de l’Accord de Paris a ensuite été réalisé par Ghislaine Tandonnet-Guiran du Citepa. Elle est revenue sur les prémices de cette question du rapportage de l’adaptation et ses évolutions. C’est un thème qui a véritablement émergé à la suite du Cadre de Cancun pour l’Adaptation (Cancun Adaptation Framework).
Depuis l’Accord de Paris, et dans le cadre des travaux autour du Global Adaptation Goal, une nouvelle dynamique est en place sur la question du M&E (Monitoring & Evaluation) de l’adaptation, tenant compte des retours d’expérience de la première génération des dispositifs de suivi-évaluation mis en œuvre par les pays.
Quelles initiatives MRE à différentes échelles ? retours d’expérience
Lors de la seconde partie de cette matinée, quatre retours d’expérience ont été présentés.
L’Agence Française de Développement (AFD) a tout d’abord présenté des résultats de son programme Adapt’Action qui a pour but d’appuyer la mise en œuvre des CDN, de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’accompagner la montée en puissance des investissements en matière d’adaptation.
Le Citepa a ensuite exposé la démarche appliquée au Pakistan pour le développement d’un système de transparence climatique, basée sur t le développement de chaînes d’impacts et de cadres logiques sectoriels afin d’aboutir à des propositions de sets d’indicateurs. La plateforme RISQ© de transparence climatique a par ailleurs été présentée.
Sur le plan national, l’ONERC est venu faire part des avancées dans le développement du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) de la France et du dispositif de suivi-évaluation associé. Il s’agit d’un double mécanisme de suivi avec, d’une part, la coordination du Plan assurée par l’ONERC, et d’autre part, un suivi sectoriel assuré par les différents ministères pilotes.
Ces trois retours d’expérience ont souligné la nécessité du développement d’indicateurs de contexte et d’observation (sur les paramètres climatiques), de processus (mise en œuvre des actions) et de résultats (impacts des actions d’adaptation). Ils ont également mis en évidence le besoin d’indicateurs spécifiques permettant de rendre visibles certains enjeux, par exemple sur les solutions fondées sur la nature.
Enfin, l’Agence Européenne de l’Environnement a expliqué le contenu et le fonctionnement de la plateforme européenne Climate-Adapt https://climate-adapt.eea.europa.eu/ . Cette plateforme fournit des informations sur l’adaptation, ses principes et sa mise en œuvre, mais aussi sur les politiques européennes et les avancées des pays en la matière. Elle est également l’hôte de deux autres plateformes : European Climate Data Explorer et European Climate and Health Observatory.