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Polychlorobiphényls (format Secten)

Evolution des émissions de PCB de 1990 à 2018 pour la France métropolitaine (en kg)

Télécharger les données par gaz, par secteur et sous-secteur, et le rapport Secten comprenant les analyses détaillées

 

Enjeux

Effets environnementaux et sanitaires

Les polychlorobiphényles (PCB) forment une famille de 209 composés aromatiques organochlorés dérivés du biphényle. Ce sont des liquides plus ou moins visqueux, insolubles dans l’eau et très stables à la chaleur, ils ne se décomposent qu’à des températures dépassant 1 000 °C. Leur inertie chimique les rend peu sensibles aux acides, bases et oxydants.

Les PCB sont toxiques, écotoxiques et reprotoxiques (y compris à faible dose en tant que perturbateurs endocriniens). Ce sont des polluants ubiquitaires et persistants (demi-vie de 94 jours à 2 700 ans selon les molécules). Leur toxicité est variable selon leur nombre d’atomes de chlore et selon la configuration spatiale de leurs molécules. A l’instar des PCCD-F, les PCB sont liposolubles, ils font partie des contaminants bioaccumulables fréquemment trouvés dans les tissus gras chez l’humain (dont le lait maternel) et tout au long de la chaine alimentaire. Ils sont classés comme « cancérogènes probables » (groupe 2A du CIRC) pour les cancers hépatobiliaires (cancer du foie, cancer des voies biliaires, cancer du pancréas), et le PCB 126 a été classé cancérogène certain.

En raison de leurs caractéristiques chimiques et de leur rémanence (longue durée de vie liée à leur stabilité chimique et leur très faible biodégradabilité), les PCB sont des polluants encore fréquemment trouvés dans l’environnement : à proximité des lieux de production et d’élimination, sur les lieux d’accident, dans les sédiments sur de vastes zones, et par suite dans certaines boues de curage.

Les PCB sont bioaccumulables dans le réseau trophique notamment par les poissons gras et leurs prédateurs : les oiseaux pêcheurs et les mammifères marins. Certains animaux prédateurs mobiles et grands migrateurs (phoques et cétacés en particulier) peuvent aussi les « exporter » (phénomène de bioturbation) dans des régions éloignées des sites pollués, via leurs déplacements et leurs cadavres à cause de la place qu’ils occupent dans la chaîne alimentaire.

Chez l’être humain, les matières animales grasses sont la première source d’exposition alimentaire. La contamination aux PCB est principalement liée à la consommation de poisson et de lait.

Enjeux méthodologiques et incertitudes

Pour une présentation très détaillée des méthodologies d’estimation des émissions, téléchargez la dernière édition de notre rapport méthodologique « Ominea ». Au global, on estime l’incertitude (en niveau) sur ce polluant à 44 %.

 

Tendance générale

De nos jours, en France, les émissions atmosphériques de PCB sont principalement dues soit à la formation accidentelle de PCB dans les divers procédés de combustion, soit à l’élimination de produits ou matériaux contenant des PCB.

Trois secteurs contribuent principalement aux émissions de PCB en 2018, à savoir, par ordre de prédominance, l’industrie manufacturière (56%), le résidentiel/tertiaire (30%) et la transformation d’énergie (12%). Les autres secteurs ont une contribution faible (2%). En 1990 le secteur du traitement centralisé des déchets était prédominant avec près de 40% des émissions totales de PCB.

Entre 1990 et 2018, les émissions ont diminué d’un facteur 4. Cette baisse est observée sur l’ensemble des principaux secteurs émetteurs mais elle est la plus marquée dans le secteur du traitement centralisé des déchets, puis celles des secteurs de la transformation d’énergie et de l’industrie manufacturière.

Dans le secteur du traitement centralisé des déchets, la baisse importante des émissions entre 1990 et 2018 (plus de 99%) est imputable, d’une part, aux installations de traitement des déchets industriels dangereux et non dangereux (mise en conformité avec l’arrêté du 20 septembre 2002 relatif aux déchets dangereux) et, d’autre part, à l’incinération de déchets hospitaliers, à la suite de la baisse des quantités incinérées (mise en conformité de ces installations avec l’arrêté du 20 septembre 2002 relatif aux déchets non dangereux).

Dans le secteur de la transformation d’énergie, la principale source d’émission est la production d’électricité. Depuis 1990, les émissions de ce secteur ont baissé de plus d’un facteur 4 suite, en particulier, à la mise en place de traitements des effluents atmosphériques sur les installations d’incinération avec récupération d’énergie, afin de respecter les nouvelles valeurs limites en PCDD-F définies dans l’arrêté du 20 septembre 2002 (directive européenne 2000/76/CE), qui impactent également les émissions de PCB.

Concernant le secteur de l’industrie manufacturière, les émissions proviennent essentiellement de la métallurgie des métaux ferreux en 2018 et du secteur de la chimie en 1990. La baisse de près de 70% des émissions du secteur est principalement liée à la décroissance très importante des émissions du secteur de la chimie (près de 96%), dans lequel sont rapportées les émissions de l’incinération in-situ des déchets industriels dangereux. Concernant la métallurgie, la baisse des émissions sur la période 1990-2018 est plus modérée (environ 24%). Les émissions de ce sous-secteur ont été en augmentation constante entre 1990 et 1997 puis se sont stabilisées jusqu’à la crise de 2009 où une diminution constante jusqu’à aujourd’hui a été initiée.

Pour le secteur résidentiel/tertiaire, les émissions proviennent principalement du résidentiel et la baisse des émissions entre 1990 et 2018 fait suite à une réduction de la consommation de charbon.

 

Évolution récente

Dans les années récentes, les faibles émissions constatées en 2011 sont liées au secteur de la transformation d’énergie et plus particulièrement de la production d’électricité du fait de la faible consommation de charbon car 2011 est une année au climat très doux. De même, la forte baisse constatée en 2014 et les faibles niveaux d’émissions depuis lors sont principalement liés au passage au gaz naturel ou à l’arrêt de plusieurs sites de production centralisés d’électricité.

 

Part des émissions liée aux combustibles

En 1990, la combustion des déchets représentait 54% des émissions nationales de PCB. Cette part a augmenté jusqu’en 1994 atteignant les 60% puis a rapidement décrue pour atteindre les 2% à partir de 2007. Aujourd’hui la combustion des déchets est responsable de seulement 1% des rejets de PCB en France.

Les combustibles fossiles solides occupent depuis 1990 une place relativement importante dans les émissions de PCB malgré leur baisse constante entre 1990 et 2018. Sa part dans les rejets globaux a fluctuée entre 13% (en 1993) et 29% (en 2007). Aujourd’hui les combustibles fossiles sont responsables de 15% des émissions de PCB.

Les émissions de polychlorobiphényles liées à la combustion du bois sont restées plutôt stables sur la période 1990-2018. Ainsi la part de ces dernières dans les émissions totales est passée de 6% en 1990 à 29% aujourd’hui.

Enfin, les émissions non-énergétiques sont restées stables entre 1990 et 2004 et ont entamé une baisse à partir de 2005. Cependant cette dynamique de réduction est moins marquée pour ce sous-secteur que pour l’ensemble des émissions de PCB. Ainsi, la part des émissions non-énergétiques est passée de 17% en 1990 à 44% en 2018.

 

Et ailleurs ?

En 1990 le Royaume Uni était le premier émetteur de l’Union Européenne avec 41 % des émissions totales, suivi du Portugal (21 %) et de l’Allemagne (12 %). En 2017 les rejets européens ont chuté de 83 % par rapport à 1990. En 2017 les principaux contributeurs aux émissions de l’UE sont la Pologne (24 %), le Royaume Uni (22 %) et la Croatie (18 %). La France est le 7ème contributeur aux émissions de PCB. Sur la période 1990–2017, seule la Grèce a vu ses rejets croitre.

En parallèle, on note que les émissions par habitants en France en 2018 (0,6 mg/hab/an) sont très inférieures aux rejets par habitant de l’Union Européenne (28) pour la même année (5,8 mg/hab/an).

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