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Hausse de 38 % des financements climat en France en 2019 mais aussi hausse de 70 % des investissements fossiles (Panorama I4CE)

  • Réf. : 2021_03_b08
  • Publié le: 23 mars 2021
  • Date de mise à jour: 23 mars 2021
  • France

L’Institut de l’économie pour le climat (Institute for Climate Economics ou I4CE) a publié le 12 mars 2021 l’édition 2020 de son rapport annuel « Panorama des financements climat en France ».

 

Objet

Il dresse l’état des lieux des dépenses d’investissement en faveur du climat en France, décrit quels porteurs de projets les réalisent et retrace comment ces opérations sont financées. Les résultats sont comparés d’une année à l’autre, ainsi qu’aux estimations d’investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de la transition énergétique, d’après les scénarios nationaux.

 

Méthodologie

Le Panorama se base sur une méthode transparente, et ses résultats sont discutés en atelier avec le Ministère de la Transition écologique et l’Agence de la Transition écologique (Ademe) (voir p.5 du Panorama).

 

Résultats 

I4CE souligne qu’avant la crise sanitaire mondiale, les investissements climat augmentaient rapidement, pour atteindre 47,9 milliards d’euros (Md€) en 2019 en France, en hausse de plus d’un tiers (+38 %) par rapport à 2011 et de 6 % par rapport à 2018 (voir graphique ci-dessous). Ils ont surtout été réalisés dans les secteurs du bâtiment, des transports et de la production d’énergie.

Source : I4CE, 2021

Parmi les leviers de réduction des émissions de GES, c’est l’efficacité énergétique qui vient en premier avec 40 % des investissements totaux. Mesuré relativement au PIB, l’effort d’investissement en faveur du climat a augmenté, passant de 1,7 à 2,4 % entre 2011 et 2019.

Les pouvoirs publics ont contribué à cette hausse. Les investissements climat de l’Etat, des collectivités, des gestionnaires d’infrastructures et des bailleurs sociaux ont augmenté de 57% depuis 2011. Néanmoins, l’enjeu pour les pouvoirs publics ne consiste pas seulement à investir dans leurs propres équipements, mais aussi de créer un cadre favorable aux investissements privés. Les montants de cofinancement public des projets des ménages et des entreprises ont augmenté, entraînant davantage d’investissements privés, mais leur effet de levier n’a pas progressé.

 

Les investissements réalisés au regard des besoins

Selon I4CE, malgré leur croissance récente, les investissements climat restent insuffisants au regard des besoins. Ce déficit s’explique notamment par le manque de rentabilité des projets, des freins réglementaires, ou par l’absence d’offre de financement adéquate. Pour rattraper le retard sur la trajectoire de la stratégie nationale bas-carbone (lire notre article), I4CE estime qu’il faudrait investir chaque année 13 à 17 Md€ de plus qu’en 2019 dans les secteurs du bâtiment, des transports (véhicules et infrastructures) et des énergies renouvelables. Pour espérer atteindre à terme la neutralité carbone, il faudrait envisager des besoins encore mal documentés, dans l’agriculture, l’industrie, ou la recherche et développement. Et il est encore trop tôt pour savoir si le volet climat du plan de relance adopté en septembre 2020 (lire notre article) aura permis d’accroître les investissements climat jusqu’à rattraper ce retard.

D’après I4CE, une combinaison de financements publics, de réglementation et d’accompagnement serait en mesure de déclencher les investissements nécessaires. A court terme, une impulsion publique de 9 Md€ par an permettrait de déclencher 21 Md€ d’investissements climat supplémentaires chaque année. A moyen terme, cet effort financier public devra augmenter pour atteindre 22 Md€ au-dessus des niveaux historiques. En effet, si les coûts de certains équipements devraient continuer à diminuer, le nombre de projets à financer grimpe, quant à lui, considérablement. L’argent public ne suffit pas : l’accompagnement, la réglementation et la mise en place de conditions propices à l’investissement privé sont indispensables.

Source : I4CE, 2021

Investissements dans les énergies fossiles

Par ailleurs, le panorama d’I4CE pointe un autre problème : les investissements dans les énergies fossiles ont encore augmenté en 2019 pour atteindre un niveau record de 71 Md€, soit 70 % de plus qu’en 2014. Il s’agit surtout d’investissements dans les équipements de consommation : à elles seules, les voitures particulières représentent près des deux tiers du total. 

Source : I4CE, 2021

Consulter le Panorama 2020 d’I4CE.

 

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