particules inférieures à 2,5 µm (format Secten)
Evolution des émissions de PM2.5 de 1990 à 2018 pour la France métropolitaine (en kt)
Enjeux
Effets sanitaires
L’impact des particules sur la santé est désormais indéniable et plus les particules sont fines, plus elles représentent un risque sanitaire car elles peuvent pénétrer plus facilement dans le système respiratoire ou bien le sang.
Les particules dites fines, comme les PM2.5, ont attiré énormément l’attention ces dernières années, notamment dû au risque sanitaire qu’elles présentent sur les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, et ont été classées en tant que substance cancérigène. Les PM2.5 ont notamment été responsables de la mort prématurée de plus de 35 000 personnes en France en 2015. (Voir paragraphe « Effets sur la santé » en début de chapitre).
Effets environnementaux
En ce qui concerne l’impact que peuvent avoir les PM2.5 sur l’environnement, beaucoup de phénomènes distincts peuvent être considérés, à diverses échelles, et pour toutes tailles de particules. De ce fait, il est conseillé de se référer à la partie générale sur les effets sur l’environnement en début de chapitre pour en connaître davantage sur les enjeux environnementaux liés aux particules.
Objectifs de réduction
Les objectifs de réduction de particules à l’échelle internationale, nationale et même locale concernent principalement les émissions et les concentrations de PM10 et PM2.5 (cf. partie ci-dessus sur réglementations) avec notamment le protocole de Göteborg, qui fut transposé en droits européens par la directive de réduction des plafonds d’émissions de polluants (i.e., NECD en anglais) puis, en France, par le PREPA.
En ce qui concerne les émissions de PM2.5, les objectifs de réduction de la France pour 2020 et 2030 sont respectivement de -27% et -57%, comparativement aux niveaux d’émissions de 2005. A titre informatif, en 2018, le niveau d’émissions de PM2.5 est inférieur à celui de 2005 de -46%. De plus, en ce qui concerne la qualité de l’air, les concentrations de PM2.5 sont mesurées et surveillées quotidiennement et une limite seuil sur la concentration moyenne annuelle de 25 µg/m3 doit être respectée.
Enjeux méthodologiques et incertitudes
Comme évoqué précédemment, de nombreux enjeux méthodologiques existent sur la quantification de la part condensable des émissions de particules dans plusieurs secteurs de l’inventaire. La taille des particules condensables variant de quelques nanomètres à quelques dizaines de microns, la prise en compte de la part condensable des émissions impactera toutes les tailles de particules. Pour une présentation très détaillée des méthodologies d’estimation des émissions, téléchargez la dernière édition de notre rapport méthodologique « Ominea ».Au global, on estime l’incertitude (en niveau) sur ce polluant, tous secteurs confondus, à 49,5 %.
A noter
Il est important de noter que, dans l’inventaire national, certaines émissions de PM2.5 sont estimées mais ne sont pas incluses dans le périmètre national. Parmi elles, les émissions anthropiques du transport international aérien, fluvial ou maritime en font partie, ainsi que les émissions naturelles liées aux feux de forêts. D’autres émissions naturelles de particules dues aux volcans, à la foudre, à la végétation et autres, ne sont pas estimées dans l’inventaire français, mais ne font pas partie du périmètre d’inclusion national.
De plus, dans l’inventaire national, la part de particules condensables émise est complexe à estimer dans de nombreux secteurs. A l’heure actuelle, nous ne savons pas quantifier les recombinaisons qui peuvent se produire dans l’atmosphère et qui sont à l’origine de la formation des particules dites secondaires. Ainsi, les particules dites secondaires ne sont pas incluses dans les résultats d’émissions de PM2.5 de nombreuses sources.
Tendance générale
Le niveau des émissions de particules de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) observé est globalement en baisse et est aujourd’hui le plus bas observé depuis 1990. Ces émissions sont induites par tous les secteurs. Les principaux secteurs contributeurs sont :
- le résidentiel/tertiaire, dont la principale source est la combustion de la biomasse, majoritairement domestique, ainsi que, dans une moindre mesure, de fioul,
- l’industrie manufacturière, dont les principales sources sont le travail du bois puis les chantiers/BTP et l’exploitation des carrières,
- le transport, notamment dû à l’échappement de carburants brûlés (Diesel et essence principalement) et à l’usure des routes, des pneus et des freins (et des caténaires pour le transport ferroviaire).
Pour les secteurs moins représentés comme la transformation d’énergie, l’agriculture/sylviculture et le traitement des déchets, les émissions proviennent majoritairement de la combustion de biomasse, de charbon ou de carburants pour les engins mobiles non routiers, et des élevages. Cette répartition a relativement peu évolué depuis 1990, le secteur résidentiel/tertiaire étant toujours le secteur le plus émetteur de PM2,5.
Le secteur le moins émetteur de PM2,5 est celui du traitement des déchets, qui a connu de fortes réductions d’émissions entre 1990 et 2005 grâce à une mise en conformité des installations d’incinération des déchets.
Depuis 1990, les émissions ont été réduites de plus de 68%. Le niveau exceptionnellement élevé des émissions de l’année 1991, qui était particulièrement froide, s’explique, en particulier, par une forte consommation de bois dans le secteur résidentiel/tertiaire en réponse à un hiver particulièrement rigoureux.
Sur la période étudiée, une baisse plus ou moins importante des émissions est observée dans tous les secteurs. Cette baisse a plusieurs origines, dont l’amélioration des performances des techniques de dépoussiérage dans de nombreux secteurs de l’industrie manufacturière (sidérurgie, verrerie, cimenterie, etc.), l’amélioration des technologies pour la combustion de la biomasse (impact dans le secteur résidentiel/tertiaire), la mise en place de normes pour les engins routiers (Euro) et d’arrêtés pour les installations de combustion. De plus, l’arrêt de l’exploitation des mines à ciel ouvert en 2002 et des mines souterraines en 2004 a considérablement réduit les émissions de PM2,5 (impact dans le secteur de la transformation d’énergie).
Pour les années 2011, 2014, 2015 et 2018, en plus des raisons expliquées précédemment, le climat favorable de ces années est également responsable de la baisse des consommations d’énergie dans les secteurs du résidentiel/tertiaire et de la transformation d’énergie.
Évolution récente
Lors des dernières années, les émissions globales de PM2,5 sont globalement en baisse, malgré une légère stagnation entre 2014 et 2017, fluctuant notamment en fonction de la consommation domestique de bois et donc du climat.
En effet, pour le secteur du résidentiel/tertiaire, les émissions de PM2,5 ont poursuivi leur baisse générale après avoir augmenté et fluctué légèrement entre 2014 et 2016 à cause de climats moins favorables. Ainsi, il est plutôt difficile d’évaluer l’impact de l’amélioration des performances des équipements et des mesures tant la consommation de bois fluctue avec la rigueur climatique annuelle. Par exemple, pour les années 2011, 2014, 2015 et 2018, le climat très doux de ces années est principalement responsable de la baisse des émissions des secteurs du résidentiel/tertiaire et de la transformation d’énergie. En revanche, les années 2012, 2013 et 2016, plus froides, montrent un regain des émissions de PM2,5 notamment dans le résidentiel/tertiaire, du fait d’une consommation énergétique plus importante.
D’autres secteurs comme l’industrie manufacturière sont plutôt stagnants depuis quelques années, notamment à cause des sous-secteurs majoritairement contributeurs comme la construction, la métallurgie des métaux ferreux et les minéraux non-métalliques qui ne parviennent plus vraiment à réduire leurs émissions de PM2,5 depuis une dizaine d’années, tandis que d’autres secteurs moins émetteurs comme le papier/carton ou les autres industries voient leurs émissions croitre. Bien qu’il ne contribue pas majoritairement aux émissions de PM2,5, le secteur de la transformation d’énergie est également en stagnation depuis 2012 dû à l’intensification du sous-secteur du chauffage urbain (développement de la biomasse).
En ce qui concerne le transport et l’agriculture/sylviculture, les émissions sont en baisse continue même dans les années plus récentes, notamment grâce au renouvellement des engins mobiles vers des équipements répondant à des normes plus strictes.
Les PM2,5 suscitent beaucoup d’intérêt ces dernières années, du fait des risques sanitaires liées à l’inhalation de ces particules dites « particules ultrafines ». De plus, dans le cadre de la directive NEC (« National Emission Ceilings », c’est-à-dire plafonds nationaux d’émissions), des objectifs d’émissions sont fixés pour les années à venir au niveau français.
Par conséquent, il est attendu que les émissions de PM2,5 continuent de diminuer au cours des prochaines années. Les différentes mesures (à venir et existantes) concernant les particules en suspension sont, par exemple, les arrêtés sur les installations de combustion, les normes Euro, etc. qui devraient permettre de poursuivre les efforts réalisés dans la réduction des émissions. De plus, l’amélioration des performances des installations fixes, associée à des technologies de réductions comme les médias filtrants, laissent entendre que des réductions supplémentaires sont envisageables.
Néanmoins, il est difficile de prévoir l’évolution des émissions de PM2,5 du fait du rôle primordial du climat et, également, parce que la consommation de bois va être de plus en plus importante dans le mix énergétique.
Part des émissions liée aux combustibles
Pour les PM2.5, la contribution de la combustion de combustibles aux émissions nationales est majeure malgré le fait que leur part diminue progressivement au cours de la période (82% en 1990 contre 63% en 2018). Une des explications réside dans la différence des progrès effectués pour réduire les émissions énergétiques et non-énergétiques, avec des réductions respectives de 75% et 28% comparativement à leurs niveaux de 1990. En effet, l’amélioration des rendements énergétiques des procédés et équipements conjointement avec l’implémentation de normes et de valeurs limites d’émissions ont permis d’atténuer grandement les émissions de la combustion. A l’inverse, certaines sources d’émissions de PM2.5 non-énergétiques comme celles dues à l’abrasion des routes, des pneus et des freins ou encore celles liées aux élevages ou au brûlage de résidus agricoles, ne parviennent pas à diminuer leur contribution respective.
Parmi les combustibles, la consommation de biomasse est le principal contributeur aux émissions de PM2.5, représentant environ 57% des émissions de la combustion de combustibles en 1990 et 70% en 2018. Il est important de noter que, pour autant, les émissions de la biomasse ont diminué entre 1990 et 2018 de plus de 70%, notamment grâce au renouvellement des équipements de chauffage individuel par des équipements plus performants et moins émetteurs. Cette contribution croissante du bois semble être en partie due à l’intérêt récent porté à ce combustible en termes d’émissions de gaz à effet de serre en vue de le substituer à d’autres combustibles comme le fioul dans le chauffage résidentiel. De plus, l’abandon progressif des combustibles solides fossiles explique aussi la réduction globale observée des émissions de la combustion ainsi que la part croissante du bois (-96% pour les combustibles minéraux solides depuis 1990). Enfin, les combustibles liquides ont grandement contribué à réduire les émissions des combustibles avec principalement le fioul domestique et le gazole qui ont atteint des abattements respectifs de -96% et -74% grâce aux normes implémentées pour les véhicules passagers et les engins mobiles non routiers. Pour le gazole, l’implémentation de filtres à particules à partir de 2011 a également favorisé la baisse des émissions, alors même que sa contribution totale aux émissions de combustibles varie entre 16% et 25% sur la série.