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Particules ultrafines : Airparif publie les résultats de sa deuxième campagne de mesure

  • Réf. : 2022_10_a02
  • Publié le: 14 octobre 2022
  • Date de mise à jour: 14 octobre 2022
  • France

Airparif, l’association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, a publié le 6 octobre 2022 les résultats de sa deuxième campagne, en Île-de-France, de mesure des particules ultrafines (PUF, comprises entre 1 et 100 nanomètres, ce qui correspond à la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN), soit les PM0,1. Ce polluant dit « émergent » n’est pas réglementé à ce jour, mais fait l’objet d’inquiétudes sanitaires croissantes et de recommandations de renforcement de leur surveillance de la part de l’Anses(1) en France et de l’OMS à l’international.

 

Calendrier et méthodologie

Cette deuxième campagne de mesure, annoncé le 7 juillet 2021 (lire notre article) et qui s’inscrit dans une étude plus large (prévoyant au total trois campagnes de mesure – voir encadré de contexte en fin d’article), était destinée à évaluer les concentrations en nombre de PUF à proximité des axes routiers. Elle a été réalisée pendant l’été 2021. Dans ce cadre, trois stations de mesure du réseau de surveillance d’Airparif ont été équipées d’un analyseur de comptage et de tri de type SMPS (Scanning Mobility Particle Sizer), appareil permettant de mesurer les particules dans l’air ambiant sur 136 classes granulométriques (sur la gamme 5 – 400 nm). Ces stations reflètent une diversité de conditions de circulation des axes routiers : la première située le long du boulevard périphérique, la deuxième dans Paris intra-muros, et la troisième en grande couronne francilienne, en plus du site urbain de fond de référence Paris Les Halles.

 

Résultats : le rôle prépondérant du transport routier

Les résultats de la deuxième campagne de mesure montrent que les PUF mesurées à proximité de trois axes routiers d’Île-de-France présentent des niveaux deux à cinq fois plus élevés que celui constaté au cœur de Paris, à distance des axes routiers.

Les niveaux de PUF mesurés varient largement d’un axe routier à l’autre : de 16 600 particules/cm3 mesurées en moyenne à proximité d’un boulevard parisien à 53 300 particules/cm3 mesurées à proximité d’une route nationale, en passant par 23 200 particules/cm3 mesurées à proximité du périphérique parisien. À titre de comparaison, 9 200 particules/cm3 ont été mesurées en moyenne sur la même période sur la station de référence d’Airparif (Paris- Les Halles) qui y mesure les niveaux de particules ultrafines loin du trafic routier.

Cependant, souligne Airparif, les niveaux de PUF mesurés ne semblent pas directement proportionnels à la quantité de véhicules ayant circulé sur ces axes, ce qui montre que d’autres facteurs, comme la composition du parc roulant, les régimes moteurs en lien avec la pente de l’axe ou la congestion, entrent en compte dans les émissions de ces PUF. Airparif insiste sur la nécessité d’acquérir une meilleure connaissance des émissions des PUF du trafic routier et de ses facteurs d’influence pour agir et diminuer les niveaux d’exposition.

 

Prochaines étapes

La troisième campagne de mesure des concentrations de PUF a été lancée par Airparif le 16 septembre 2022 à proximité de la plateforme aéroportuaire francilienne Paris-Charles de Gaulle. Cette nouvelle campagne vise à documenter pendant trois mois les concentrations en nombre de PUF en milieu péri-aéroportuaire.

Dans ce cadre, trois sites de mesure implantés à différentes distances de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle seront équipés d’un analyseur de comptage et de tri de particules de type SMPS. Ces équipements seront complétés sur un des sites par un second outil de comptage de particules, le FIDAS, capable d’étendre le comptage de particules sur une gamme comprise entre 180 nm à 18 µm. La composition chimique des particules sera également étudiée à l’aide de mesures complémentaires de carbone suie (ou black carbon), afin de distinguer finement les particules issues de la combustion de biomasse et d’énergie fossile. 

Airparif prévoit de publier un rapport intermédiaire dans les six mois suivant la fin de la campagne de mesure présentant les premiers résultats. Ceux-ci pourront permettre d’identifier des zones ou typologies nécessitant une surveillance approfondie ou permanente.

 

En savoir plus

Communiqué d’Airparif sur les résultats de la 2e campagne de mesure

Communiqué d’Airparif sur le lancement de la 3e campagne de mesure

 

Contexte

En 2018 et 2019, l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait émis des avis(1) sur les enjeux sanitaires de ces PUF, en tant que polluant dit « émergent », et sur la nécessité de mieux les surveiller.

Le 1er décembre 2020, Airparif avait lancé une étude exploratoire comportant une campagne de mesure des PUF en Île-de-France (lire notre brève). L’étude, qui s’étalera sur quatre ans (2020-2024) et qui s’appuiera sur trois campagnes de mesure successives, vise à renforcer la surveillance opérationnelle des PUF, en appui aux évaluations d’impact sanitaire et aux politiques publiques. Ce programme d’étude mené par Airparif est cofinancé par Airparif, la Métropole du Grand Paris, la Ville de Paris, l’ARS (Agence Régionale de Santé), la communauté d’agglomération Paris Saclay, et les Aéroports de Paris.

Actuellement, contrairement aux particules de taille plus grossières (PM10) et aux particules fines (PM2.5), les PUF ne font pas l’objet d’une obligation de surveillance réglementaire. A noter que dans l’inventaire national des émissions réalisé par le Citepa, un niveau plus fin, (PM1.0) est estimé.

Les objectifs de cette étude lancée le 1er décembre 2020 étaient principalement :

  • d’évaluer la variabilité spatiale et temporelle des PUF (niveaux en nombre [et non en masse comme les autres particules] et classe granulométrique) dans différents environnements : en situation de fond (loin des sources de pollution) ; le long du trafic routier ; et à proximité des aéroports ;
  • d’évaluer l’influence des différentes sources de PUF (chauffage au bois, trafic routier, trafic aérien…) sur les profils granulométriques mesurés, en vue d’identifier « l’empreinte » (différences de répartition par taille des particules) en fonction des environnements surveillés (situation de fond, proximité du trafic routier ou proximité du trafic aérien) ;
  • d’étudier la composition chimique des particules, en mesurant la composante carbone suie (ou black carbon, composante aussi estimée spécifiquement dans l’inventaire national réalisé par le Citepa), afin de distinguer les particules issues du chauffage au bois et celles issues de la combustion (trafic routier).

 

Les trois campagnes de mesure ciblent différents environnements :

  • campagne de mesure 1 : en situation de fond (voir ci-dessous),
  • campagne de mesure 2 : à proximité du trafic routier (dont les résultats font l’objet du présent article du Citepa),
  • campagne de mesure 3 : à proximité des plateformes aéroportuaires (voir section « Prochaines étapes » plus haut).

La première campagne de mesure, qui a duré trois mois (de décembre 2020 à février 2021), avait pour objectif de mesurer les PUF dans l’air ambiant francilien en zones résidentielles urbaines et en zone rurale loin des sources de pollution pendant la période hivernale en situation de fond. Les résultats de cette première campagne ont été publiés le 1er février 2022 (lire notre article). Ces premières observations ont montré que les PUF sont omniprésentes et que, pendant la campagne de mesure, leurs concentrations ont été en moyenne deux à trois fois plus élevées dans les zones urbaines (jusqu’à 9 300 particules/cm3), du fait d’émissions plus fortes, que dans la zone rurale (2 700 particules/cm3). Des PUF émises par le trafic routier ont été mesurées dans l’air, même à distance des zones de trafic routier. Les niveaux de PUF sont également 1,5 à 2 fois plus élevés lors des épisodes de pollution hivernaux aux particules par rapport à une semaine de faible pollution. En agglomération, bien que les points de mesure soient éloignés du trafic, la contribution de ce dernier à la pollution de PUF est prépondérante, tout comme celle du chauffage au bois, avec des tailles de PUF et des périodes de pic bien distinctes pour ces deux sources.

 

(1)avis du 28 juin 2018 (lire notre article) et du 16 juillet 2019 (lire notre article).

 

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