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Comparaison des émissions de CO2 liées à l’énergie de la France et des grands pays européens : note du SDES

  • Réf. : 2020_05_a08
  • Publié le: 25 mai 2020
  • Date de mise à jour: 25 mai 2020
  • France
  • UE

Le 30 avril et le 12 mai 2020, le Service des données et études statistiques (SDES) au sein du Commissariat général au développement durable (CGDD) a publié deux analyses sur les émissions de CO2 lié à l’usage d’énergie en France :

  • une analyse détaillée (36p) sur « les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France de 1990 à 2018 »
  • une note (4p) intitulée « Les Français émettent moins de CO2 que leurs voisins européens».

Il ne s’agit pas des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de ces pays, mais bien uniquement du CO2 et uniquement des sources énergétiques (ce qui représente tout de même plus de 80% des émissions de GES de l’UE).

 

Facteurs d’évolution des émissions énergétiques

La première publication du SDES se base sur les données du bilan de l’énergie relatif à 2018 (source importante utilisée dans l’inventaire d’émissions de GES officiel de la France, réalisé au Citepa). En premier lieu, elle examine les rôles qu’ont joué d’une part l’efficacité énergétique et d’autre part le bouquet énergétique dans l’évolution des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie (corrigées des variations climatiques) en France métropolitaine. Ces émissions ont diminué de 19% entre 1990 et 2018, avec une baisse concentrée sur la période 2005-2018. Pour comprendre les facteurs de cette évolution, les émissions par habitant sont décomposées en plusieurs paramètres : PIB par habitant (en euros constants), intensité énergétique de l’économie (énergie primaire/PIB) et contenu carbone de la consommation d’énergie primaire (émissions de CO2/énergie primaire) ; suivant l’équation de Kaya (pour définition, voir section En savoir plus en fin d’article). Cette diminution des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie s’explique ainsi par une forte baisse de l’intensité énergétique et du contenu carbone de l’énergie consommée (baisse qui vient plus que compenser la hausse de la croissance démographique et du PIB par habitant). La réduction du contenu carbone de l’énergie consommé s’explique d’abord par l’importance du parc nucléaire (depuis les années 1990) et le développement des sources renouvelables (depuis 2005), notamment les biocarburants, les pompes à chaleur et l’éolien.

En deuxième temps, cette publication analyse les facteurs d’évolution dans les grands secteurs consommateurs : résidentiel, transports, et « secteur productif » (somme des secteurs de l’industrie, du tertiaire et de l’agriculture). Dans le résidentiel, les émissions énergétiques de CO2 (y compris les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité et de chauffage urbain) ont diminué de 35% entre 2005 et 2018, grâce à la diminution du contenu carbone de l’énergie (recours aux énergies renouvelables thermiques, décarbonation de l’électricité). L’effet de l’amélioration des performances thermiques des bâtiments joue moins car il est en partie annulé par la hausse du nombre des logements et de leur surface moyenne.

Dans les transports, les émissions de CO2 ont augmenté entre 1990 et 2002 (+19%), puis ont été réduites entre 2002 et 2012 (-9%) et enfin se sont stabilisées. Dans le transport routier, cela s’explique notamment par l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules et un ralentissement de la hausse des déplacements.

Enfin, dans le secteur productif (industrie, tertiaire et agriculture), le SDES note une baisse des émissions énergétiques de CO2 de 21% entre 1990 et 2018, due à la baisse des énergies les plus carbonées comme le charbon, une baisse de l’intensité énergétique et la tertiarisation de l’économie (notamment via le remplacement d’une partie de la production industrielle domestique par de l’importation).

 

Moins d’émissions par habitant en France que chez ses voisins

En s’appuyant sur les données de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sur les émissions de CO2 lié à l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, produits pétroliers, gaz naturel), le SDES propose une analyse de l’impact carbone par habitant des différents mix énergétiques des pays européens. Les conclusions de cette note rejoignent les analyses de la publication précédente.

Les émissions de CO2 liées à l’énergie estimées par l’AIE et ramenées au nombre d’habitants s’élèvent, en 2017, à 6,3 tonnes par habitant en moyenne dans les grands pays voisins (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pologne) mais seulement à 4,6 tCO2/hab. en France. Cet écart est dû à un bouquet énergétique moins carboné en France : fortement dominé par le nucléaire (45% de la consommation d’énergie primaire, contre 15% en moyenne dans les pays européen précités) et avec un très faible poids du charbon (4%, contre 15% en moyenne).

Le SDES a réalloué ses émissions aux secteurs consommateurs (voir annexe méthodologique). Ils constatent ainsi que le « secteur productif » (somme des secteurs de l’industrie, du tertiaire et de l’agriculture) est le premier émetteur (2,6 tCO2/hab, plus faible que la moyenne européenne), devant les transports (1,9 tCO2/hab ; proche de la moyenne européenne) et le secteur résidentiel (1,4 tCO2/hab, plus bas que la moyenne européenne). Néanmoins, la consommation d’énergie primaire par habitant est de 20% plus élevée en France que la moyenne des cinq autres pays, en raison d’un PIB par habitant supérieur (+7%) et une intensité énergétique primaire plus élevée. Cela vient atténuer en partie le faible contenu carbone de l’énergie primaire en France. On voit cela dans le graphique ci-dessous qui décompose, par pays, les écarts à la moyenne, en fonction des différents termes de l’équation de Kaya :

Le SDES note que l’écart entre la France et les pays européens est surtout visible dans les émissions des secteurs productifs (industrie, tertiaire, agriculture). En effet, en France, dans ces secteurs, l’énergie la plus consommée est l’électricité, qui est plus fortement décarbonée que dans les pays voisins. Par ailleurs, le poids du secteur tertiaire dans l’économie française contribue aussi à cet écart, là où l’industrie a un poids plus fort dans d’autres pays comme l’Allemagne.

 

En savoir plus

CGDD/SDES, Les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France de 1990 à 2018 

CGDD/SDES, Les Français émettent moins de CO2 que leurs voisins européens Annexe méthodologique ; Synthèse graphique

Définition de l’équation de Kaya

 

 

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