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Deux notes d’analyse de la Banque de France sur les risques macroéconomiques et financiers d’une transition bas-carbone désordonnée

  • Réf. : 2022_03_b14
  • Publié le: 1 avril 2022
  • Date de mise à jour: 30 mars 2022
  • France

Le 8 février 2022, la Banque de France a publié une note d’analyse pour quantifier les impacts économiques et les risques associés à des scénarios de transition bas-carbone, selon que cette transition est plus ou moins ordonnée ou abrupte. L’analyse se base sur des modèles développés par la Banque de France dans le cadre d’un exercice pilote conduit par l’ACPR [Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, institution intégrée à la Banque de France, chargée de la surveillance de l’activité des banques et des assurances en France] en 2021. Ces modèles permettent de désagréger les effets macroéconomiques de la transition bas carbone aux niveaux national, sectoriel et infra-sectoriel.

L’analyse considère trois grands scénarios :

1) une transition « ordonnée » où les politiques publiques mises en œuvre et les évolutions technologiques réduisent les émissions de gaz à effet de serre selon les objectifs fixés par l’Accord de Paris, tout en minimisant les dommages macroéconomiques. Dans ce scénario, les prix du carbone passent de 54 euros /t CO2e en 2025 à environ 180 euros en 2050 ;

2) une transition « désordonnée et tardive » avec une mise en œuvre retardée des politiques de transition ;

3) une transition « désordonnée et soudaine » où la mise en œuvre brutale de la transition n’est pas accompagnée des gains technologiques nécessaires. Dans ce scénario, le prix du carbone, véhiculé via une taxe, passe de 45 euros t CO2e en 2025 à plus de 900 euros en 2050.

 

Les effets des deux scénarios d’une transition désordonnée (ii et iii) sont comparés à ceux du premier scénario. Les deux scénarios de transition « retardée » et « soudaine » conduisent respectivement à des impacts de -2,1% et de -5,5% sur le PIB français en 2050. La forte hausse de la taxe carbone entraîne une contraction de la production (choc d’offre négatif), et induit d’abord un effet positif sur la demande (via la redistribution aux ménages des recettes de la taxe) puis négatif via la hausse de l’inflation suscitée par la hausse de la taxe carbone.

Même si les impacts macroéconomiques agrégés en 2050 paraissent relativement limités d’après cette modélisation, ils cachent des impacts très hétérogènes selon les secteurs. Les services et le secteur public sont moins affectés, et le sont de manière assez homogène alors qu’un petit nombre de secteurs, constituant environ 5% du PIB, sont très fortement affectés (cokéfaction et raffinage ; extraction de matériaux ; agriculture).

 

Le 25 février 2022, la Banque de France a publié une deuxième note sur l’impact de ces scénarios sur la stabilité financière. Le modèle a permis de réaliser un travail de micro-simulation avec des projections au niveau de 232 000 entreprises individuellement afin de ventiler des chocs sectoriels et de projeter les ratios financiers impactés par les chocs de valeur ajoutée ou de chiffre d’affaires, et d’obtenir la probabilité de défaut pour chaque entreprise, période et scénario.

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