CITEPA

Contact
 image

Le Royaume-Uni se fixe de nouveaux objectifs climat : -78% d’émissions entre 1990 et 2035

  • Réf. : 2021_05_a04
  • Publié le: 20 mai 2021
  • Date de mise à jour: 20 mai 2021
  • International

Le 20 avril 2021, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé de nouveaux objectifs nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Royaume-Uni, avec la loi sur le changement climatique (Climate Change Act) de 2008, est le premier pays à s’être fixé dans sa législation des budgets carbone contraignants. Cette approche a été reprise par plusieurs pays, à l’instar de la France dans sa Stratégie Nationale Bas-Carbone.

 

Les premiers budgets carbone ont été respectés

Le gouvernement britannique indique d’abord avoir atteint et même dépassé ses objectifs initiaux pour son premier et deuxième budgets carbone (2008-2012 et 2013-2017) ; et qu’il est en phase de faire de même pour son 3e budget (2018-2022). En effet, entre 1990 et 2019, les émissions du pays ont été réduites de 44%, les deux-tiers de cette baisse étant dus au secteur de la production d’énergie (A noter qu’en France, où les émissions de GES liées à la production d’énergie sont déjà faibles, elles ont diminué de 20% entre 1990 et 2019). Un 4e et un 5e budget (respectivement 2023-2027 et 2028-2032) sont déjà définis, et que l’objectif, avant ces nouvelles annonces, était pour 2050 une réduction de 80% des émissions par rapport à 1990.

 

Un sixième budget plus ambitieux

Le 20 avril 2021, le gouvernement britannique a ainsi, suivant les recommandations de la Climate Change Committee (CCCvoir 1er encadré ci-dessous), défini un sixième budget carbone (menant à une baisse de de -78% des émissions entre 1990 et 2035, permettant de faire les trois-quarts de l’effort requis pour atteindre la neutralité carbone en 2050) et revu à la hausse l’ambition pour 2050 avec l’objectif de neutralité carbone à cette échéance (plutôt que l’objectif précédent de -80% (base 1990)). Ces nouveaux objectifs intègrent, pour la première fois, les émissions des transports maritime et aérien internationaux (voir 2e encadré ci-dessous), comme recommandé par la CCC, afin d’intégrer tous les pans de l’économie.

 

Les recommandations de la CCC

La Commission sur le Changement Climatique (Climate Change Committee ou CCC, dont l’équivalent en France est le Haut Conseil pour le Climat [HCC]) est un organisme consultatif indépendant créé par la loi britannique sur le changement climatique de 2008 (Climate Change Act). Le 2 mai 2019, la CCC a remis un rapport au Gouvernement britannique, lui recommandant notamment de fixer un nouvel objectif national de neutralité carbone d’ici 2050 (zéro émission nette). Lire notre article sur ce sujet. Le projet de loi modifiant la loi de 2008 pour inscrire l’objectif zéro émission nette en 2050 a été présenté au Parlement britannique le 11 juin 2019 et adopté le 24 juin 2019.

Le 3 décembre 2020, la CCC avait adressé au gouvernement une recommandation proposant de rehausser l’objectif du Royaume-Uni dans sa NDC, pour fixer un objectif d’au moins -68% entre 1990 et 2030 (hors transport international). Le gouvernement a pris en compte cette recommandation et a communiqué sa nouvelle NDC mise à jour en ce sens à la CCNUCC le 12 décembre 2020.

Le 9 décembre 2020, la CCC a remis au gouvernement britannique de nouvelles recommandations sur l’ambition du 6e budget carbone, proposant l’objectif de -78% entre 1990 et 2035 incluant désormais la part liée au Royaume-Uni des émissions du transport maritime et aérien international (émissions exclues des objectifs climat nationaux dans le cadre de la CCNUCC).

Le gouvernement indique que les nouveaux objectifs annoncés ne suivent pas l’intégralité des recommandations de la CCC (qui proposait des objectifs sur le déploiement des véhicules propres, la production d’électricité, l’évolution des régimes alimentaires, les pratiques agricoles, le boisement…).

 

 

Vers un budget carbone spécifique pour le transport international en France 

En France, la loi-énergie-climat (loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019, article 2) établit l’obligation pour les budgets carbone de définir également un plafond indicatif des émissions de GES induites par les liaisons de transport au départ ou à destination de la France et non comptabilisées dans les budgets carbone, dénommé “budget carbone spécifique au transport international” (obligation qui s’applique à partir du 1er janvier 2022).

 

 

De l’ambition à l’action

Le projet de loi formalisant l’adoption de ces nouveaux objectifs, présenté au Parlement britannique le 21 avril 2021, devrait être adoptée fin juin 2021. Pour mettre en œuvre concrètement les actions de réduction, secteur par secteur, le gouvernement compte notamment sur le déploiement de sa nouvelle stratégie de décarbonation de l’industrie, publiée le 17 mars 2021, et qui vise une réduction de deux tiers des émissions du secteur en 15 ans ; sur la stratégie interministérielle « net zéro » (Cross-government Net Zero Strategy), qui sera publiée en amont de la COP-26.

Avec cette nouvelle ambition, comme l’a déclaré Alok Sharma (le Président de la COP-26) le Royaume-Uni souhaite apparaître, alors qu’il sera le pays hôte de la COP-26, comme un modèle de pays dont l’ambition est alignée avec l’Accord de Paris.

En savoir plus

Communiqué du gouvernement britannique

La nouvelle NDC du Royaume-Uni

Lire notre article «  Brexit : quelles conséquences pour la politique climat-énergie de l’UE et au-delà ? » , publié le 31 janvier 2020 (qui comporte des chiffres clés et le rôle historique du Royaume-Uni dans la mise en place de la politique climat de l’UE.)

 

Article | International | Politique, gouvernance, réglementation | Climat et Gaz à effet de serre | Outils et plans politiques | CCNUCC/Protocole de Kyoto/Accord de Paris | Transport maritime | Transport aérien