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COP-27 à Charm el-Cheikh sous Présidence égyptienne : déroulement et enjeux en bref

  • Réf. : 2022_11_a01
  • Publié le: 4 novembre 2022
  • Date de mise à jour: 7 novembre 2022
  • International

Trente ans après l’adoption de la Convention Climat (CCNUCC), la Conférence de l’ONU sur le Climat se tient du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh (Egypte). La COP-27, qui fait partie de cette Conférence, est une COP à forts enjeux où l’accent sera sur la mise en œuvre du régime de Paris, à présent que l’ensemble de ses règles d’application (Rulebook) ont été finalisées et adoptées à Glasgow (lors de la dernière Conférence de l’ONU sur le climat (novembre 2021 –lire notre article sur les résultats).

 

Une COP à forts enjeux dans un contexte mondial difficile

La Conférence de Charm el-Cheikh intervient après quasiment deux ans de perturbations et restrictions des activités économiques et de la mobilité des personnes suite à la pandémie du Covid-19. La relance économique post-Covid, intervenue d’abord en 2021, s’est poursuivie en 2022, entraînant la reprise des émissions de GES et un nouveau record en 2021.

Par ailleurs, la Conférence intervient à un moment difficile. Depuis la COP-26, la situation mondiale a radicalement changé, le contexte géopolitique, énergétique et économique ayant été bouleversé de façon inattendue à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. La guerre menée en Ukraine a conduit à de fortes tensions géopolitiques, à une crise énergétique mondiale et à de fortes hausses des prix de l’énergie, des matières premières et des produits alimentaires.

Sur le plan politique, la Conférence de Charm el-Cheikh intervient avec, en toile de fond, le fait qu’après 13 ans, les pays industrialisés ne sont pas parvenus à atteindre l’objectif des 100 Md$ de financement climat par an à son échéance en 2020, selon le bilan définitif de l’OCDE publié le 29 juillet 2022 (lire notre article). En outre, l’OCDE a annoncé, le 29 août 2022, que les subventions publiques aux énergies fossiles ont quasiment doublé en 2021 et devraient continuer de croître en 2022 (lire notre article).

Enfin, la Conférence de Charm el-Cheikh intervient après la publication, ces derniers mois, et surtout ces derniers jours, de nombreux rapports, études ou analyses réalisés par les organisations internationales qui font référence en la matière (Giec, PNUE, OMM, AIE,…). Ces publications montrent que les voyants scientifiques sont de plus en plus au rouge, la fenêtre d’opportunité pour limiter le réchauffement à +1,5°C étant en train de se refermer, et la trajectoire des émissions de GES continuant à augmenter.

Lire aussi : Climat : les publications de référence en amont de la COP-27

Sept ans après l’adoption de l’Accord de Paris, la COP-27 est la première COP qui n’est pas axée sur la définition ou l’adoption de ses règles de mise en œuvre (Rulebook). Dans la continuité des 56èmes sessions des deux organes subsidiaires (SBSTA et SBI) à Bonn (6-16 juin 2022), la mise en œuvre de l’Accord de Paris constitue le nouveau focus des négociations climat, à présent que ses règles d’application sont désormais finalisées. La priorité de la COP-27 est donc la mise en œuvre concrète de l’Accord de Paris. En témoigne la Devise officielle de la Présidence égyptienne : “together for implementation – just and ambitious[« Ensemble pour la mise en œuvre juste et ambitieuse »].

Même si la COP-27 n’est pas une COP charnière (comme l’ont été la COP-15, la COP-21, la COP-24 et la COP-26) mais plutôt une COP de transition, elle n’en est pas moins une COP à forts enjeux. Les quatre principaux enjeux pour les Parties qui sont réunies à Charm el-Cheikh sont les suivants :

  • atténuation : relever leur ambition tant individuelle que collective, les pays grands émetteurs en tête,
  • adaptation et financement de l’adaptation : avancer sur le nouvel objectif mondial, en concrétisant sa définition et renforcer le financement de l’adaptation,
  • financement climat global : avancer sur le nouvel objectif post-2025 et renforcer le financement au sens large (cf. les 100 Md$/an),
  • pertes et préjudices : créer un mécanisme de financement dédié et inscrire ce sujet à l’ordre du jour formel de la CMA-4.

Par ailleurs, des discussions techniques vont être menées sur les modalités de mise en oeuvre de l’article 6.4 (mécanisme de développement durable, MDD) et sur la préparation du bilan mondial (Global Stocktake, GST, article 14). 

(Voir encadré en fin d’article pour une vue d’ensemble des enjeux de la COP-27).

 

Organisation et déroulement de la Conférence de Charm el-Cheikh

La Conférence de Charm el-Cheikh s’articule autour de cinq sessions de négociation qui se déroulent en parallèle :

 

Segments de haut niveau (dirigeants et Ministres) :

Les allocutions nationales seront mises en ligne ici.

 

Les principaux évènements mandatés

En outre, plusieurs évènements et réunions mandatés (mandated events) par une décision de la COP ou de la CMA (de Glasgow ou d’une année antérieure) auront lieu à Charm el-Cheikh, dont :

 

Autres réunions :

  • 3-5 nov. 2022: 3e réunion de l’organe de supervision (A 6.4 Supervisory Body) du mécanisme de développement durable (MDD qui prend le relais du mécanisme pour un développement propre, MDP). Il été établi par la décision 3/CMA.3, adoptée à Glasgow).

 

Journées thématiques

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA et de la CMP, la Présidence égyptienne a défini huit journées thématiques au cours de la Conférence :

  • mercredi 9 nov. : financement,
  • jeudi 10 nov. : science ; jeunesse et générations futures,
  • vendredi 11 nov. : décarbonation,
  • samedi 12 nov. : agriculture ; adaptation,
  • lundi 14 nov. : eau ; genre,
  • mardi 15 nov. : énergie ; société civile,
  • mercredi 16 nov. : biodiversité
  • jeudi 17 nov. : la journée des solutions.

 

Voir le calendrier de l’action climat (programme des journées thématiques dans le cadre du partenariat de Marrakech) défini par la Présidence égyptienne.

 

 

L’éclairage du Citepa

De la COP-26 à la COP-27 : nouveau dossier de fond du Citepa 

Le Citepa vient de publier un dossier de fond sur les enjeux de la Conférence de Charm el-Cheikh (durant laquelle se tiendra la COP-27) et les avancées de l’action climat internationale depuis la COP-26. Pour vous permettre d’avoir un décryptage clair, précis et objectif, ce dossier de fond vous fournit des éléments de contexte et les résultats de plusieurs événements-clés :

  • Que s’est-il passé à la Conférence de Gl asgow sur le Climat, dont la COP-26 (novembre 2021) ? Quels ont été les points de blocage ?
  • L’année 2022 a été marquée par la poursuite de la reprise post-Covid et une crise énergétique inattendue qui a bouleversé le contexte géopolitique et économique. Elle a vu les évènements climat internationaux habituels sans sommet exceptionnel cette année : sessions SBSTA/SBI notamment. Quelles avancées ont été obtenues ? Quels sont les points de blocage ?
  • Quels sont les enjeux de la COP-27 ?

 

Lire le dossier de fond.

 

 

Quelque 45 000 participants sont attendus à la Conférence, selon la Présidence égyptienne.

La Présidence britannique de la COP-26 prend fin à l’ouverture de la COP-27. L’Egypte détiendra la Présidence jusqu’à l’ouverture de la COP-28 (prévue au 6 novembre 2023).

 

Le Citepa suivra de près les avancées

Pendant toute la durée de la COP-27, dans cette rubrique Veille Air & Climat, le Citepa fera le point régulièrement sur les avancées techniques et politiques, ainsi que les annonces clés de la Conférence au fur et à mesure qu’elle se déroule. Le Citepa publiera un article sur les résultats obtenus (sortie prévue fin novembre 2022) et publiera ensuite une analyse plus détaillée des résultats obtenus sous forme de dossier de fond au premier trimestre 2023.

 

 

En savoir plus

Site de la CCNUCC, dont la page consacrée à la COP-27

Programme global de la Conférence (overview schedule) (état au 28 oct. 2022)

Programme du jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Calendrier de l’action climat (programme thématique du partenariat de Marrakech pour une action climat mondiale (MPGCA) : journées thématiques en dehors des négociations formelles

Programme des side events (événements et ateliers parallèles)

Communiqué de la CCNUCC (6 nov. 2022)

Secrétariat de la CCNUCC : NDC Synthesis Report + LTS Synthesis Report, 26 oct. 2022 (rapport de synthèse sur les NDC soumises et rapport de synthèse sur les stratégies bas-carbone 2050 soumises).

 

Présidence égyptienne

Site officiel de la Présidence égyptiennede la COP-27

Programme de la Présidence égyptienne

 

Ministère de la transition écologique

Les pages du site du MTE consacrées à la COP-27

 

Commission européenne

Communiqué

 

Analyses d’organismes de recherche ou centres de réflexion :

Couverture quotidienne de la Conférence par l’Institut International du Développement Durable (IISD),

IDDRI : Une COP africaine : les enjeux de la COP-27,  blog du 27 octobre 2022,

Carbon Brief : Interactive: Who wants what at the COP27 climate change summit, 2 nov. 2022,

Carbon Brief : What gets prioritised and ignored at UN climate negotiations? 25 oct. 2022,

Carbon Brief : Q&A: Should developed nations pay for ‘loss and damage’ from climate change? 26 sept. 2022 (Questions-réponses)

Carbon Brief : Timeline : the struggle over ‘loss and damage’ in climate talks, 26 sept. 2022 (cet article recense les étapes clés dans les négociations climat internationales sur les pertes et préjudices depuis….1991),

World Resources Institute (WRI):  Adaptation Finance: 11 Key Questions, Answered. 25 oct. 2022,

WRI : COP27’s Success Hinges on Loss and Damage Finance Discussions, 28 oct. 2022

WRI : State of NDCS 2022 (synthèse sur les NDC), 28 sept. 2022.

 

Rapports scientifiques par des organisations internationales de référence

OMM : Greenhouse Gas Bulletin 2022, 26 oct. 2022,

PNUE : Emissions Gap Report 2022, 26 oct. 2022,

PNUE : Adaptation Gap Report, 1er nov. 2022,

AIE : World Energy Outlook 2022 (perspectives énergétiques mondiales), 27 oct. 2022.

 

Les enjeux de la COP-27 

Dans un contexte géopolitique, énergétique et économique difficile suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Conférence de Charm el-Cheikh sur le Climat doit faire avancer quatre grands dossiers importants à forts enjeux.

 

Atténuation

 

Renforcement de l’ambition pré-2030 : niveau d’ambition individuelle

Les contributions nationales (NDC) et les stratégies bas-carbone à long terme (LTS) sont au cœur du régime de Paris (article 4). Les objectifs actuels des NDC sont insuffisants au regard des objectifs +1,5°C et de +2°C (lire notre article). Compte tenu de cette insuffisance, le renforcement de l’ambition pré-2030 des Etats via leur NDC-2 est donc un enjeu majeur à la COP-27, d’autant plus que les Parties devaient en principe soumettre leur nouvelle NDC ou leur NDC mise à jour, ainsi que leur LTS, avant fin 2020 (cf. décision 1/CP.21, § 23 et 24 [NDC] et § 35 [LTS]).

A Glasgow, lors de la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3), celles-ci avaient été priées de revoir et d’améliorer les objectifs fixés pour 2030 dans leurs NDC pour qu’ils soient compatibles avec les objectifs de +2°C et +1,5°C (cf. Pacte de Glasgow : décision 1/CMA.3, § 29). Or, depuis la COP-26 :

  • seulement 23 Parties avaient soumis leur nouvelle NDC ou leur ancienne NDC mise à jour (au 27 oct. 2022), ce qui porte le total des NDC-2 à 165 sur les 194 Parties de l’Accord de Paris (source : tweet Alok Sharma + WRI, NDC tracker). Sur ces 165, 99 ont soumis une NDC-2 avec des objectifs de réduction renforcés (dont l’Australie et l’Inde) ;
  • seulement neuf Parties avaient soumis leur LTS (au 27 oct. 2022), ce qui porte le total à 53 sur les 194 Parties (source : CCNUCC, liste des LTS soumises).

Enjeu de la COP-27 : les pays grands émetteurs qui n’ont pas renforcé leurs objectifs climat dans leur NDC-2 devraient soumettre à Charm el-Cheikh une mise à jour de leur NDC avec des objectifs renforcés.

 

Renforcement de l’ambition pré-2030 : niveau d’ambition collective

A Glasgow, lors de la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3), celles-ci se sont mises d’accord pour lancer un programme de travail pour relever de façon urgente le niveau d’ambition collectif en matière d’atténuation (cf. Pacte de Glasgow : décision 1/CMA.3, § 27). La CMA-3 a également demandé conjointement au SBSTA et au SBI de lui soumettre un projet de décision sur cette question pour examen et adoption à sa quatrième session (CMA-4, à Charm el-Cheikh). Or, les sessions intermédiaires dans le cadre des deux organes subsidiaires SBSTA et SBI à Bonn (6-16 juin 2022 – lire notre article) n’ont abouti à aucune avancée concrète depuis Glasgow.

Enjeu de la COP-27 : avancer sur ce programme de travail pour qu’il débouche sur des résultats concrets.

Financement climat

Le financement des actions climat des pays en développement par les pays industrialisés constitue le « nerf de la guerre » des négociations au sein de la CCNUCC et surtout une source de tension et de blocage depuis de nombreuses années.

 

Avancer sur le nouvel objectif collectif post-2025

Conformément à la décision 1/CP.21 (paragraphe 53), la CMA doit fixer, avant 2025, un nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat post-2025 (New collective quantified goal [NCQG] on climate finance) en matière de financement des actions climat à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de $ par an. Conformément à la décision 14/CMA-1, adoptée par la CMA à Katowice, en Pologne en décembre 2018 dans le cadre des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, les discussions sur le nouvel objectif post-2025 ont été lancées lors de la CMA-3 (Glasgow, nov. 2021). Par la décision 9/CMA.3, adoptée lors de la CMA-3, les Parties se sont mises d’accord sur l’organisation et la structure des discussions sur le nouvel objectif post-2025, qui comporte notamment un programme de travail ad hoc avec notamment quatre dialogues techniques d’experts par an, soit 12 en tout au cours des trois ans 2022-2024. La 4e réunion du ce dialogue se tiendra à Charm el-Cheikh le 5 novembre 2022. La réunion sera axée sur l’accès au financement climat.

Enjeu de la COP-27 : faire des avancées concrètes vers la définition de ce nouvel objectif.

 

Combler l’écart entre l’objectif 2020 et le résultat 2020

La non-atteinte de l’objectif des 100 Md$ en son année cible (2020) est de mauvais augure pour restaurer la confiance entre pays du Sud et pays du Nord en amont et pendant la COP-27 et, comme lors des COP précédentes, elle sera sans doute source de tensions vives, voire de blocages lors des négociations. Lors de la COP-27, les pays du Sud ne manqueront pas de critiquer vivement ce manque d’ambition. Un renforcement du financement climat est indispensable pour rétablir cette confiance.

Enjeu de la COP-27 : les pays industrialisés devraient faire preuve de davantage de volonté politique, en prenant de nouveaux engagements concrets de financement

 

Opérationnalisation de l’article 2.1(c)

La Conférence de Charm el-Cheikh (la CMA-4 en l’occurrence) devrait permettre d’avancer sur l’opérationnalisation de l’article 2.1c de l’Accord de Paris. Cet article fixe trois objectifs :

  • (a) température : contenir la hausse de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et en poursuivant l’action menée pour atteindre 1,5°C,
  • (b) adaptation: renforcer les capacités d’adaptation et promouvoir la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre,
  • (c) financement: rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

En clair, l’article 2.1(c) vise notamment à aligner l’ensemble des flux financiers avec un objectif de neutralité carbone.

Enjeu de la COP-27 : clarifier l’opérationnalisation de l’article 2.1(c).

Adaptation

Avancer sur la définition de l’objectif mondial sur l’adaptation

Les Parties de la CMA-3, à Glasgow (nov. 2021), ont reconnu l’importance de l’objectif mondial en matière d’adaptation pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris et elles se sont mises d’accord pour lancer un programme de travail de deux ans dit « Glasgow-Charm el-Cheikh » (Glasgow-Charm el-Cheikh Work Programme on the Global Goal on Adaptation) (cf. paragraphes 11 et 12 de la décision 1/CMA.3). Ce programme de travail, qui se déroule sur 2022-2023), vise notamment à améliorer la compréhension de l’objectif mondial (définition et choix de métriques, de méthodologies, d’indicateurs et de données,..) et, sur ces bases, à mieux quantifier les progrès accomplis par les Parties. La décision 7/CMA.3, également adoptée à Glasgow, a chargé le SBI et le SBSTA de déterminer conjointement les finalités et les modalités d’un objectif mondial en matière d’adaptation.

Sous la pression des pays en développement lors des sessions intermédiaires de négociation à Bonn (SBSTA/SBI-56, juin 2022), les Parties sont parvenues à un accord pour inscrire le sujet à l’ordre du jour formel de la CMA-4 (Charm el-Cheikh). Ceci constitue une avancée non négligeable en amont de cette Conférence.

Enjeu de la COP-27 : parvenir à un résultat concret vers la définition d’un objectif : au moins parvenir à une compréhension commune des domaines prioritaires d’action et de financement, d’autant plus que, comme les Etats de la planète n’ont pas réussi collectivement à baisser les émissions mondiales de GES, le sujet de l’adaptation prend de plus en plus d’importance, par rapport à l’atténuation.

Financement de l’adaptation

Le Pacte de Glasgow pour le Climat, adopté conjointement par la COP-27 et la CMA-3, exhorte les pays développés à au moins doubler, d’ici 2025, leur soutien financier collectif aux pays en développement pour leurs actions d’adaptation (par rapport aux niveaux de 2019), en s’efforçant de parvenir à un équilibre entre l’atténuation et l’adaptation (cf. paragraphe 18 de la décision 1/CMA.3), Cela correspond, en se basant sur le financement conscré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,1 Md$ – source : OCDE, p.8) à environ 40,2 Md $ en 2025.

Enjeux de la COP-27 :

  • établir un plan pour clarifier comment les pays industrialisés comptent concrétiser cet engagement et trouver un accord sur la forme du financement (des dons plutôt que des prêts) ;
  • les pays industrialisés devraient prendre de nouveaux engagements individuels concrets de financement pour l’adaptation.

 

Pertes et préjudices

Le sujet des pertes et préjudices, très clivant entre pays du Nord et pays du Sud, constitue le troisième volet de l’action climat, après l’atténuation et l’adaptation. Il se réfère aux pertes et dommages irréversibles induits par le changement climatique qui dépassent les capacités des sociétés et des écosystèmes à s’y adapter, ainsi qu’aux impacts socio-économiques qui en résultent. Parfois, ce sujet est appelé les « réparations climatiques ». Ce sujet est étroitement lié, d’une part, à la question très controversée de la responsabilité historique des émissions de GES, qui incombe en premier lieu aux pays industrialisés, et d’autre part, à la justice climatique. Le sujet des pertes et préjudices est très cher aux pays vulnérables (dont les petits Etats insulaires) qui sont les moins responsables du changement climatique (ils y ont contribué le moins), qui sont en première ligne face aux impacts et qui sont les moins bien équipés pour y faire face.

A Glasgow, la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3) a décidé d’établir le Dialogue de Glasgow (cf. décision 1/CMA.3 §73) entre les Parties pour discuter des modalités de financement des activités pour éviter, minimiser et traiter les pertes et préjudices (Losses and Damages en anglais) liés aux effets néfastes du changement climatique. Ce Dialogue n’est pas investi de pouvoirs de prise de décision. Il doit se tenir lors de la première session inter-COP du SBI de l’année (en juin) et terminer ses travaux au SBI-60 (juin 2024). La première réunion a eu lieu à Bonn, les 7, 8 et 11 juin 2022 (dans le cadre du SBI-57) et la prochaine se tiendra donc en juin 2023 (lors du SBI-59), et non pas pendant la COP-27.

Mécanisme de financement spécifique pour les pertes et préjudices

Les attentes sur le dossier du financement des pertes et préjudices sont très fortes cette année puisque c’est le continent africain qui accueille la COP-27. La question des pertes et préjudices cristallise l’important écart qui demeure entre la position des pays du Nord et celle des pays du Sud.

D’un côté, les pays en développement, soutenus par les ONG internationales, exigent la mise en place dès la CMA-4 (à Charm el-Cheikh) un mécanisme formel de financement dédié. Ce dispositif serait distinct du financement de l’adaptation (des financements nouveaux et additionnels donc). Un tel mécanisme aurait pour objet de canaliser les ressources financières pour les pertes et préjudices des pays vulnérables.

De l’autre côté, les pays industrialisés (UE et Etats-Unis en tête) se sont fermement opposés jusque-là à céder à cette demande des pays vulnérables, mais un revirement de la position de l’UE semble se dessiner depuis la pré-COP à Kinshasa (RCD) du 3 au 5 octobre 2022. Il faudra attendre les négociations à la Conférence de Charm el-Cheikh pour voir si ce revirement se concrétise.

 

Formaliser ce sujet au sein des négociations de la CCNUCC

A Charm el-Cheikh, les pays vulnérables vont exiger que ce sujet soit inscrit à l’ordre du jour formel de la CMA-4. Une fois qu’un sujet est à l’ordre du jour formel d’une COP ou d’une CMA, cela signifie qu’il a été validé par l’ensemble des Parties comme sujet légitime de négociation. Il s’agit donc d’une étape procédurale à franchir. Les négociations pourront alors démarrer.

Qu’il soit inscrit ou non à l’ordre du jour, ce mécanisme va être au cœur des négociations à Charm el-Cheikh. Les négociations vont surtout porter sur la question de savoir comment financer les pertes et préjudices et qui va les financer.

Un dernier enjeu de la COP-27, beaucoup moins visible mais non moins important, sur le sujet des pertes et préjudices est la poursuite des négociations sur le réseau de Santiago en vue d’adopter les dispositions institutionnelles et financières qui permettraient de le rendre opérationnel.

Etabli par la décision 2/CMA.2 (adoptée lors de la CMA-2 à Madrid en décembre 2019), le réseau de Santiago pour la prévention, la réduction et la prise en compte des pertes et dommages a pour objectif de catalyser l’assistance technique des organisations, organes, réseaux et experts compétents pour la mise en œuvre d’approches pertinentes aux niveaux local, national et régional dans les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique. A Glasgow, le Pacte de Glasgow sur le climat (cf. décision 1/CMA.3) a défini les fonctions du réseau de Santiago et a lancé un processus pour concrétiser ses modalités institutionnelles et opérationnelles. Les Parties, réunies au sein de la CMA, ont décidé que le réseau de Santiago recevrait des ressources financières afin de soutenir l’assistance technique aux pays en développement pour éviter, minimiser et traiter les pertes et dommages.

Enjeux de la COP-27 :

  • inscrire le sujet de la création d’un mécanisme de financement spécifique des pertes et préjudices à l’ordre du jour formel des négociations ;
  • adopter une décision établissant un tel mécanisme de financement ;
  • adopter les dispositions institutionnelles et financières pour rendre le réseau de Santiago opérationnel.

 

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