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CH4 : hausse rapide des concentrations depuis 2014

  • Réf. : 2019_06_a3
  • Publié le: 14 juin 2019
  • Date de mise à jour: 20 mai 2020
  • International

Le 14 juin 2019, les résultats d’une étude menée par une équipe de chercheurs du National Institute of Water and Atmospheric Research (NIWA, Nouvelle-Zélande) sur l’évolution des concentrations atmosphériques mondiales de méthane (CH4) ont été publiés dans la revue Science.

Impact du CH4 sur le climat et la pollution de l’air

Le CH4 est le 2e gaz à effet de serre (GES), après le CO2, en termes d’impact sur le climat. Selon l’édition 2018 du Bulletin annuel sur les GES publié par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) le 22 nov. 2018, le CH4 est le 2e contributeur au forçage radiatif total des GES, à hauteur de 17% en 2017, après le CO2 (66%) et avant le N2O (6%). En 2017, les concentrations moyennes mondiales de CH4 dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque pré-industrielle (1750) : 1 859 ppb [parties par milliard], soit +157% depuis 1750 (722 ppb).

Quant aux émissions mondiales de CH4, 40% proviennent de sources naturelles (zones humides, termites,…) et 60% sont liées aux sources anthropiques : fermentation entérique des ruminants, déjections animales, riziculture, combustion de combustibles fossiles, transport/distribution du gaz naturel, centres de stockage des déchets (décharges), traitement des eaux usées (stations d’épuration) et la combustion de biomasse (sources : OMM, 2018/GCP, 2016.).

D’après le Projet carbone mondial (Global Carbon Project ou GCP), sur la période 2003-2012, les émissions mondiales de CH4 sont estimées à 558 Mt CH4 par an [émissions brutes, hors absorptions] selon une approche « top-down« , par des modèles d’inversion qui reconstituent les émissions à partir de l’observation, notamment par satellite, de l’atmosphère. Selon l’approche bottom-up (estimation des émissions par toutes les sources dans le cadre des inventaires nationaux), le total mondial est d’environ 736 Mt CH4 par an (soit 34% supérieur à celui de l’approche top-down). Cet écart reflète les incertitudes complexes des sources multiples de CH4 (source : GCP, 2016).

Quant au pouvoir de réchauffement global (PRG) du CH4, il est de 28 sur 100 ans mais, sur 20 ans, il est de 84 (valeurs 2013 du GIEC), c’est-à-dire qu’une tonne (t) de CH4 équivaut à 28 t CO2 émises sur 100 ans, mais 84 t CO2 émises sur 20 ans (source : GIEC, AR5, vol 1, chapitre 8, tableau 8.A.1). Le CH4 a donc un impact beaucoup plus fort sur le climat à court terme. Pour cette raison, le CH4 est considéré comme forceur climatique à courte durée de vie(6), tout comme le carbone suie, l’ozone troposphérique et certaines espèces de HFC. Enfin, le CH4 est un précurseur (polluant primaire) de l’ozone troposphérique.

 

 

Evolution des concentrations de CH4 2000-2018
(moyenne mondiale et tendance non corrigée des effets saisonniers)

Source : Science, 7 juin 2019 vol 364 n° 6444 d’après NOAA

Selon les chercheurs, après une période de stabilisation (2000-2007), une première hausse des concentrations a été observée sur la période 2007-2014, suivie par une nouvelle forte hausse entre 2014 et 2018 (voir graphique).

Les chercheurs soulignent que si les causes de la forte hausse depuis 2014 font encore l’objet de débats scientifiques, les conséquences, elles, sont manifestes : les scénarios d’émission élaborés par le GIEC pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 1,5°C d’ici 2100, et publiés dans son rapport spécial 1,5°C le 8 octobre 2018 (voir notre article sur le sujet), partent de l’hypothèse que les concentrations de CH4 dans l’atmosphère vont diminuer de 35% entre 2010 et 2050. Cependant, le rythme de hausse de ces concentrations a presque doublé sur la période 2014-2018 par rapport à celui observé entre 2007 et 2014, en passant de 5,7 ppb/an en moyenne à 9,7 ppb/an. Les chercheurs concluent que si cette tendance à la hausse se poursuit sans mise en œuvre de mesures supplémentaires visant spécifiquement le CH4, les réductions des émissions de CO2 et d’autres GES devront être encore plus fortes afin de respecter les objectifs de l’Accord de Paris.

Les travaux sur le CH4 au niveau de l’UE

Les résultats de cette étude du NIWA rejoignent ceux d’une autre étude sur les tendances mondiales des émissions de CH4 publiée le 30 octobre 2018 par le Centre commun de recherche (CCR ou JRC en anglais) de la Commission européenne. Celle-ci avait indiqué dans son rapport présentant les « Perspectives pour un air propre« , publié le 7 juin 2018 (voir notre article sur le sujet), que sur la base de ces travaux du CCR, elle évaluerait en 2019 le potentiel de réduction dans l’ensemble de l’hémisphère nord et l’impact associé sur les concentrations de CH4, afin de fixer des objectifs de réduction de ses émissions, en coopération avec la Convention de la CEE-NU sur la pollution atmosphérique transfrontalière à longue distance, la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAC) (voir notre article sur le sujet) et l’Initiative mondiale CH4 (GMI) [ex-Methane to Markets Initiative].

 

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