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United in Science 2022 – rapport de compilation international sur le climat

  • Réf. : 2022_09_b02
  • Publié le: 26 septembre 2022
  • Date de mise à jour: 26 septembre 2022
  • International

Le 13 septembre 2022, la 4e édition du rapport « United in Science » [Unis dans la Science], compilation de travaux sur le climat, réalisés par des grands organismes internationaux faisant autorité en la matière, a été publiée. Il a été préparé par l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) sous la direction du Secrétariat Général des Nations-Unies, et reprend les travaux récents de plusieurs organisations de référence : OMM, le Global Carbon Project (GCP), le Giec, le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), le Met Office (Agence météorologique du Royaume-Uni) et la Commission Intergouvernementale Océanographique de l’Unesco.

La première édition de United in Science avait été publiée le 22 septembre 2019 (lire notre article) ; la 2e édition, le 9 septembre 2020 (lire notre brève) et la 3e édition le 16 septembre 2021 (lire notre brève).

 

Messages clés de l’édition 2022

L’OMM présente comme message clé de ce rapport que « nous allons dans la mauvaise direction », pointant « un profond hiatus entre nos aspirations et la réalité tangible ». Le rapport montre ainsi que :

  • d’après la veille de l’atmosphère globale de l’OMM, les concentrations de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et d’atteindre des pics sans précédents. En mai 2022, la concentration de CO2 mensuelle a atteint 420,99 ppm sur le site de référence Mauna Loa(Hawaii, Etats-Unis – lire notre brève) (contre 419,13 ppm en 2021) ;
  • d’après les données du Global Carbon Project (GCP – lire notre brève), la baisse des émissions de CO2 d’origine fossile pendant la pandémie du Covid-19 n’a été que temporaire. Selon des données préliminaires, les émissions mondiales de CO2en 2022 (janvier à mai) sont supérieurs de 1,2% à ceux de la même période en 2019, en raison des hausses aux États-Unis, en Inde et dans la plupart des pays européens ;
  • d’après les données de l’OMM, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées (lire notre brève) ;
  • d’après les analyses du Met Office du Royaume-Uni, de l’OMM et du Programme mondial de recherche sur le climat, durant la période 2022-2026, les températures moyennes annuelles de la planète à proximité de la surface dépasseront les valeurs moyennes préindustrielles (1850‑1900) de 1,1 °C à 1,7 °C. La probabilité que la température moyenne durant l’une des 5 prochaines années dépasse de 1,5 °C celle qui prévalait entre 1850 et 1900 est de 48 % (lire notre article) ;
  • d’après le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), nous devons consentir à des réductions sept fois plus fortes d’ici à 2030 si nous voulons respecter l’Accord de Paris, en limitant le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles. Sans un renforcement des mesures d’atténuation, la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sera définitivement compromise. Selon les estimations (établies avec une probabilité de 66 %) pour le XXIesiècle, le réchauffement planétaire se situera à 2,8 °C (entre 2,3 °C à 3,3 °C) si l’on s’en tient aux politiques actuelles, ou à 2,5 °C (entre 2,1 °C et 3,0 °C) si l’on respecte les engagements nouveaux ou actualisés (lire notre article) ;
  • d’après les analyses du Programme mondial de recherche sur le climat, compte tenu de la persistance du réchauffement climatique, nous ne pouvons pas exclure un franchissement de points de bascule (seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise, souvent de manière soudaine et/ou irréversible) du système climatique. Par exemple, les auteurs citent la faiblesse de la circulation méridienne de retournement Atlantique (AMOC), courant océanique jouant un rôle majeur dans le système climatique, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique ou encore le dessèchement de la forêt équatoriale amazonienne. Dans certaines régions, les effets combinés de la hausse des températures et de l’augmentation de l’humidité pourraient prendre une ampleur redoutable au cours des prochaines décennies ;
  • D’après le Réseau de recherche sur le changement climatique urbain (Urban Climate Change Research Network), les villes, qui abritent 55% de la population mondiale, seront confrontées à des incidences socio‑économiques de plus en plus grande ampleur. Selon le rapport, qui donne des exemples de conditions météorologiques extrêmes dans différentes régions du monde cette année, ce sont les populations les plus vulnérables qui seront les plus touchées. Ainsi, entre mars et mai 2022, Delhi a connu cinq vagues de chaleur, marquées par des températures sans précédent atteignant 49,2°C. le rapport appelle à aux mesures favorables à l’adaptation, à l’atténuation et au développement durable par les villes ;
  • d’après l’OMM, les catastrophes météorologiques, climatiques et hydrologiques ont augmenté d’un facteur 5 au cours des 50 dernières années. Les scientifiques font apparaître plus clairement le lien entre le changement climatique d’origine anthropique et les phénomènes extrêmes observés, tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les cyclones tropicaux. Si les émissions de GES se poursuivent et si les températures continuent de s’élever, les épisodes de fortes précipitations deviendront plus fréquents. Ainsi, en juin et juillet 2022, l’Europe a été touchée par deux vagues de chaleur et de sécheresse extrêmes. En juillet, le Portugal a enregistré un pic de température de 47,0°C, une chaleur sans précédent dans le pays. Parallèlement, le Royaume-Uni passait pour la première fois la barre des 40°C. Selon l’initiative World Weather Attribution, le changement climatique d’origine anthropique avait au moins décuplé la probabilité d’une canicule au Royaume-Uni.
  • d’après le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UN Office for Disaster Risk Reduction), entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des conditions qui les rendent extrêmement vulnérables au changement climatique. Les systèmes d’alerte précoce sont des mesures d’adaptation efficaces : ils sauvent des vies, réduisent les pertes et les dommages, et ont un bon rapport coût-efficacité. Moins de la moitié des pays du monde disent disposer de systèmes d’alerte précoce multi-dangers (Multi-Hazard Early Warning Systems ou MHEWS). Or, la couverture est particulièrement faible en Afrique, dans les pays les moins avancés et dans les petits États insulaires en développement. LOMM appelle à ce que, d’ici à cinq ans, tous les habitants de la planète soient protégés par ces systèmes. La réalisation de cet objectif nécessitera une collaboration entre divers acteurs et des solutions de financement innovantes.

 

En savoir plus

Résumé sur le site de l’OMM (en français)

Page du rapport sur le site du PNUE

Lire le rapport (en anglais)

 

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