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Journal de la COP-28 | Jour 1 : 30 novembre

  • Réf. : 2023_12_a03
  • Publié le: 30 novembre 2023
  • Date de mise à jour: 3 janvier 2024
  • International

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des cinq sujets clés des négociations (bilan mondial ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; financement climat), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la première journée

 

30 novembre 2023 : ouverture de la Conférence

Plénières d’ouverture :

 

Plénières d’ouverture des 59èmes sessions des deux organes subsidiaires (dits SB) de la Convention Climat :

Voir note de cadrage pour les sessions SB-59 rédigée par les co-Présidents du SBSTA et du SBI.

 

Retour sur la première journée

 

Adoption des programmes de travail des cinq organes en session

La première journée est toujours en très grande partie à caractère cérémonial et procédural. Ainsi, après la cérémonie d’ouverture et les discours d’ouverture entre autres par les Présidents de la COP-27 et de COP-28, le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, le nouveau Président du Giec, Jim Skea, et les Présidents des différents groupes de négociation, les trois organes de prise de décision (COP, CMA et CMP), et les deux organes subsidiaires (SBSTA et SBI) on tenu leurs réunions plénières d’ouverture respectives. La toute première tâche de ces cinq organes consistait à adopter chacun leur programme de travail respectif (agenda) et ce, par consensus (comme toutes les décisions adoptées au sein de la CCNUCC). Après les problèmes rencontrés lors des sessions SB-58 à Bonn (5-15 juin 2023), où les Parties ont mis neuf jours (sur les 10 jours de ces sessions) à adopter leurs programmes de travail respectifs (lire notre article), il était à espérer qu’à Dubaï, l’adoption des programmes de travail des cinq organes ne sera qu’une formalité. En effet, elle l’était à la plus grande surprise des observateurs extérieurs.

De nombreux points supplémentaires controversés avaient pourtant été proposés par divers groupes de négociation pour ajout dans les cinq programmes de travail respectifs. Cela faisait plusieurs jours déjà que les équipes de négociation nationales menaient des discussions, dans le cadre de consultations informelles menées par le Président de la COP-28, Sultan Ahmed Al Jaber, sur ces programmes de travail. Des discussions ont également été menées, en amont de l’ouverture de la Conférence, sur les questions de fond, comme le nouvel objectif chiffré collectif de financement climat post-2025. Ces journées de discussions ont abouti à un compromis pour la poursuite des négociations, en excluant la quasi-totalité des points supplémentaires proposés pour inclusion dans les cinq programmes de travail. Les chefs de délégation ont ainsi évité une situation de blocage, comme il y a eu à Bonn en juin 2023, en trouvant un compromis en amont de l’ouverture de la Conférence.

Le Président Al Jaber a rendu compte de ces consultations de pré-session. Il a proposé que la COP, la CMA, la CMP, le SBI et le SBSTA adoptent leurs programmes respectifs de la Conférence sans intégrer aucun des points supplémentaires proposés par les Parties (voir les « ajouts » ci-dessus), et en excluant également ce point à l’ordre du jour de la CMA relatif au dialogue de Charm el-Cheikh sur la portée de l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris, qui appelle à rendre les flux financiers cohérents avec une trajectoire de développement à faible émission de GES et résilient aux changements climatiques. Il a souligné que certains points supplémentaires proposés pourraient être discutés dans le cadre des points existants des programmes de travail, notamment :

  • le doublement du financement de l’adaptation,
  • la mise en œuvre des principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées et capacités respectives (voir encadré ci-dessous), 
  • les incitations positives pour accélérer les actions et les politiques précoces déterminées au niveau national.

 

Les principes de la Convention Climat

Au titre de la Convention Climat (article 3.1), les Parties doivent « préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives. Il appartient, en conséquence, aux pays développés d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes » [en raison de leur responsabilité historique dans la production des émissions de GES].

 

La COP, la CMA, la CMP, le SBSTA et le SBI ont ensuite adopté, sans remise en cause, leurs programmes respectifs, tels que présentés par le Président Al Jaber :

  • l’ordre du jour supplémentaire de la COP-28 (FCCC/CP/2023/1/Add.2) tel que modifié, les points 18, 19, 20 et 21 de l’ordre du jour étant supprimés ;
  • l’ordre du jour de la CMA-5 (FCCC/PA/CMA/2023/1/Add.3) tel que modifié, les points 10(h), 10(i), 16, 19, 20, 21, 22 et 23 étant supprimés ;
  • l’ordre du jour supplémentaire de la CMP-18 (FCCC/KP/CMP/2023/1/Add.2), tel que modifié, les points 14 et 15 de l’ordre du jour étant supprimés ;
  • l’ordre du jour supplémentaire du SBSTA-59 (FCCC/SBSTA/2023/5/Add.2) tel que modifié, les points 15, 16, 17 et 18 de l’ordre du jour étant supprimés ; et
  • l’ordre du jour du SBI-59 (FCCC/SBI/2023/11/Add.2) tel que modifié, les points 21, 22, 23 et 24 de l’ordre du jour étant supprimés.

 

Le fait que les Parties aient adopté si rapidement, et de manière inattendue, leurs programmes de travail respectifs a fait gagner du temps aux négociateurs, ce qui leur permet de se concentrer d’entrée de jeu sur les autres sujets complexes à traiter à Dubaï, au premier rang desquels l’adaptation, l’atténuation (dont les combustibles fossiles), ainsi que le financement.

 

Consultations informelles pendant la Conférence de Dubaï

Il a été décidé que la Présidence convoquera des consultations informelles sur :

  • les besoins et circonstances particuliers de l’Afrique, consultations dont les résultats devront être communiqués à la CMA ;
  • le septième examen du mécanisme financier inscrit à l’ordre du jour de la CMA, dont les résultats seront communiqués à la CMA ; et
  • les articles 3.9 et 21 du Protocole de Kyoto, dont les résultats devront être communiqués à la CMP.

 

Date et lieux des futures COP

Le Président Al Jaber a annoncé que le groupe régional Amérique latine et Caraïbes a désigné le Brésil pour accueillir la COP-30 (2025). Le 27 mai 2023, le Président Lula avait annoncé la candidature de son pays et qu’a été proposée pour accueillir la COP-30 la ville de Belém, Etat de Pará, dans le nord-est du pays, en pleine Amazonie. Le choix du Brésil comme pays hôte doit être formellement approuvé via une décision adoptée par l’ensemble des Parties à la COP-28.

Il a signalé que des consultations sont en cours concernant l’hôte de la COP-29 (2024) qui doit avoir lieu, selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU en Europe centrale et orientale (UE-11 + Europe orientale). Malgré les intenses discussions menées à Bonn en juin 2023 lors des sessions SB-58 (lire notre article), les 23 pays du groupe régional Europe de l’Est n’étaient pas parvenus à un consensus sur le choix d’un pays parmi les trois pays qui avaient manifesté leur intérêt pour accueillir la COP-29 : Arménie, Azerbaïdjan et Bulgarie. Ils avaient donc reporté leur choix à Dubaï. Le choix du pays hôte candidat de la COP-29 doit se faire par consensus d’abord au sein du groupe régional Europe de l’Est, et ensuite être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties à la COP-28. Quoi qu’il en soit, les Parties devront décider du pays hôte de la COP-29 à Dubaï car elle va avoir lieu l’année prochaine (novembre 2024).

 

Début des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) ont démarré les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le jour même.

 

Tour d’horizon des principaux points de discussion par sujet clé

Atténuation

Programme de travail sur la transition juste (voir encadré ci-après) : la CMA a renvoyé ce point aux organes subsidiaires, qui ont établi des consultations informelles conjointes.

 

Programme de travail sur la transition juste

Lors de la CMA-4 (à Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022), les Parties avaient décidé de mettre en place un programme de travail sur la transition juste pour examiner les trajectoires visant à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4). Le SBI et le SBSTA avaient été chargés par la CMA-4 de soumettre un projet de décision pour examen et adoption lors de la CMA-5. La CMA-4 avait également décidé d’organiser tous les ans, dans le cadre de ce nouveau programme de travail, une table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste, à compter de la CMA-5.

 

Article 6 : recommandations concernant l’article 6.2 de l’Accord de Paris (approches concertées) : la CMA a transmis la question au SBSTA, qui a établi des consultations informelles.

Règles, modalités et procédures applicables au mécanisme créé en vertu de l’article 6.4 (mécanisme de développement durable ou MDD) : la  CMA a transmis la question au SBSTA, qui a établi des consultations informelles.

Démarches non fondées sur le marché (article 6.8) : la CMA a transmis la question au SBSTA. La 4e réunion du Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché se tiendra sous forme de groupe de contact.

Mécanisme pour un développement propre (MDP, art. 12 du Protocole de Kyoto) : la  CMP a établi un groupe de contact (groupe de travail restreint).

Mise en œuvre conjointe (MOC, art. 6 du Protocole de Kyoto) : la Présidence de la COP-28 entreprendra des consultations.

Émissions provenant des carburants utilisé pour l’aviation internationale et le transport maritime : le SBSTA organisera des consultations informelles.

 

Adaptation

Programme de travail Glasgow-Charm el-Cheikh sur l’objectif mondial d’adaptation (voir notre guide sur les enjeux, section adaptation) : la  CMA a transmis la question aux organes subsidiaires, qui convoqueront des consultations informelles conjointes.

Plans nationaux d’adaptation (voir encadré ci-après) : le  SBI organisera des consultations informelles.

 

Les plans nationaux d’adaptation

Le processus pour élaborer les plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (Cancún Adaptation Framework ou CAF) qui fait partie des Accords de Cancún adoptés lors de la COP-16 (2010). Il permet aux Parties de formuler et de mettre en œuvre des NAP comme moyen d’identifier les besoins d’adaptation à moyen et long terme et de développer et mettre en œuvre des stratégies et des programmes pour répondre à ces besoins. Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui suit une approche axée sur les pays, sensible au genre, participative et totalement transparente. Afin d’améliorer la disponibilité du soutien à l’adaptation, la COP de 2015 a demandé au Fonds vert pour le climat d’accélérer le soutien à la formulation et à la mise en œuvre des plans nationaux d’adaptation.

Au 23 novembre 2023, 50 Parties (sur les 198 Parties à la CCNUCC) avaient soumis leur NAP (voir liste des NAP soumis).

 

 

Financement 

Un groupe de contact a été établi pour traiter les points suivants en matière de financement dans le cadre de la COP-28, de la CMA-5 et de la CMP-18 :

  • Financement à long terme de l’action climat ;
  • Comité permanent du financement (Standing Committee on Finance ou SCF) ;
  • Rapport et recommandations pour le Fonds pour l’environnement mondial et le Fonds vert pour le climat (lire notre article) ;
  • Nouvel objectif chiffré collectif post-2025 pour le financement de l’action climat (voir notre guide sur les enjeux, section financement) ; et
  • Compilation-synthèse des communications biennales d’informations relatives à l’article 9.5 de l’Accord de Paris (voir encadré ci-après).

 

Transparence du financement ex ante, art. 9.5

Au titre de la décision 12/CMA.1 – Identification des informations à fournir par les Parties sur le financement ex ante (adoptée dans le cadre des règles de mise en œuvre à Katowice en décembre 2018), la CMA a reconnu l’importance de la prévisibilité et la clarté des informations sur le soutien financier que les pays industrialisés prévoient de fournir aux pays en développement. Dans cette décision, la CMA a établi les modalités post-2020 qui s’appuient sur les modalités existantes pour la période 2014-2020 sur le financement climat à long terme. Les modalités post-2020 sont notamment :

  • des communications biennales contenant des informations quantitatives et qualitatives sur le soutien que les pays industrialisés prévoient de fournir (projections), à soumettre à la CCNUCC tous les deux ans, dont la première en 2020 (puis en 2022, en 2024, etc.). A ce jour (4 novembre 2021), 36 Parties à l’annexe I (sur les 43) ont soumis leur première communication biennale. Manquent sept Parties : Belarus, Islande, Liechtenstein, Monaco, Russie, Turquie et Ukraine) ;
  • un portail dédié en ligne pour consigner les communications biennales ;
  • une compilation et une synthèse des informations contenues dans les communications biennales que doit élaborer le Secrétariat de la CCNUCC à partir de 2021. Celui-ci a publié le 1er juin 2021 la première compilation-synthèse des premières communications biennales ;
  • des ateliers biennaux à organiser par le Secrétariat de la CCNUCC [lors des sessions des organes subsidiaires et/ou de la COP] à compter de l’année suivant la remise de la première communication biennale [2021 donc], et d’élaborer un rapport de synthèse sur chaque atelier. La CMA a décidé d’examiner les compilations, les synthèses et les rapports de synthèse à compter de sa 4e réunion (CMA-4). Le premier atelier a été organisé lors des sessions du SBSTA-SBI de mai-juin 2021, le 11 juin 2021. Le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 10 septembre 2021 le rapport de synthèse de ce premier atelier ;
  • la mise en place, à partir de 2021, d’un Dialogue ministériel biennal de haut niveau sur le financement climat, à l’instar de celui mis en place sur la période 2014-2020 – lire notre article). Il est à éclairer, notamment par les rapports de synthèse sur les ateliers biennaux et par les communications biennales. La première réunion de ce Dialogue se tiendra à Glasgow, le 8 novembre 2021.

Voir page du site de la CCNUCC consacrée aux informations ex ante sur le financement climat.

 

 

Pertes et préjudices (1) : modalités de fonctionnement du fonds spécifique 

Les co-Présidents du comité de transition, Richard Sherman (Afrique du Sud) et Outi Honkatukia (Finlande), ont présenté à la COP-28 et à la CMA-5 le rapport et les recommandations du comité (FCCC/CP/2023/ 9 et FCCC/PA/CMA/2023/9). Ces recommandations avaient été approuvées, sous forme de projet de texte de négociation, par le comité de transition lors de sa 5e réunion à Abu Dhabi les 3-4 novembre 2023 (voir notre guide sur les enjeux, section pertes et préjudices). Les deux co-Présidents ont souligné la fragilité du consensus autour de ce projet de texte de négociation, référence indirecte aux importantes concessions qu’avaient faits les pays en développement, et notamment ceux qui sont les plus vulnérables. Il faut également garder à l’esprit que ni la question des pays donateurs, ni celle des pays bénéficiaires, ne fait consensus à ce stade. Même si ce projet de texte issu des cinq réunions du comité de transition est loin d’être parfait, il représente le meilleur compromis auquel les membres du comité pouvaient parvenir : un texte de compromis qui vise à rallier toutes les Parties. 

La COP-28 et la CMA-5 ont ensuite adopté les projets de décisions (FCCC/CP/2023/L.1 et FCCC/PA/CMA/2023/L.1), tous deux reprenant le contenu du projet de texte de négociation approuvé le 4 novembre 2023. A noter que le Secrétariat de la CCNUCC mettra à jour ces décisions pour refléter toutes les contributions financières annoncées à Dubaï.

Ainsi, les modalités de fonctionnement du fonds spécifique pour les pertes et préjudices, préalablement approuvées par le comité de transition, ont été avalisées la première journée de la Conférence de Dubaï telles quelles par la COP-28 et la CMA-5. Cette avancée majeure, dès le début de la COP-28, a été accueillie par une ovation debout des délégués réunis dans la salle de conférence. C’est la première fois qu’une décision de fond a été adoptée le premier jour d’une COP. Cette décision, qualifiée d' »historique » par le Président de la COP-28, Sultan Ahmed Al Jaber, « envoie un signal positif au monde et à notre travail ici à Dubaï » (source : Climate Home News, 30 nov. 2023). Elle pourrait contribuer à rétablir une certaine confiance des pays en développement vis-à-vis des pays industrialisés en matière de financement climat. Selon Meena Raman, directrice des programmes du Third World Network et présidente de la branche malaisienne des Amis de la Terre, « cette adoption est un très grand coup de pouce pour lancer la COP[-28] dans la bonne direction » (propos rapportés dans Le Monde, 30 nov. 2023). Plus largement, elle constitue un pas très important vers la justice climatique. Reste que le texte adopté ne fournit pas une définition du concept de vulnérabilité, ce qui pourrait poser des problèmes lors de l’opérationnalisation concrète du fonds. Il faudra également déterminer de quelle somme ce fonds sera doté.

Après l’adoption de cette décision phare, plusieurs Parties ont annoncé des engagements de financement pour alimenter ce nouveau fonds :

  • Emirats arabes unis (pays hôte de la COP-28) : 100 M$ ;
  • Allemagne : 100 M$ ;
  • Royaume-Uni : jusqu’à 60 M£ ;
  • UE-27 : 225 M€ (englobant la contribution de l’Allemagne) ;
  • Etats-Unis : 17,5 M$ (sous réserve d’approbation par le Congrès) ; et
  • Japon : 10 M$.

A noter l’écart quantitatif entre les quatre premières contributions et les deux dernières. La contribution des Etats-Unis, 2e émetteur de GES au monde, est presque six fois moins que celle des Emirats arabes unis.

Ces engagements montrent que ces pays reconnaissent le principe selon lequel les pays industrialisés devraient montrer la voie en mobilisant des moyens de financement de l’action climat pour les pays en développement (conformément à l’article 9.3 de l’Accord de Paris).

 

Pertes et préjudices (2) : réseau de Santiago

 Le SBI et le SBSTA organiseront des consultations informelles conjointes sur le dossier du réseau de Santiago dans le cadre du mécanisme de Varsovie sur les pertes et préjudices. L’enjeu de Dubaï sur ce dossier est de décider d’un pays hôte (et d’un organe hôte) pour accueillir le Secrétariat du réseau de Santiag

 

Réseau de Santiago

Lors de la CMA-4 (Charm el-Cheikh, novembre 2022), les Parties à l’Accord de Paris avaient adopté les dispositions institutionnelles et financières (décision 12/CMA.4) pour rendre opérationnel le réseau de Santiago pour la prévention, la réduction et le traitement des pertes et préjudices. En particulier, les Parties s’étaient mises d’accord pour établir un secrétariat destiné à faciliter le travail du réseau de Santiago (dont le pays hôte restait à déterminer), un conseil consultatif (advisory board) qui doit fournir des recommandations et assurer une supervision sur la mise en œuvre effective des activités du réseau.

Le sujet a été repris lors des 58èmes sessions du SBSTA et du SBI à Bonn (5-15 juin 2023) : deux options figuraient sur la table, telles que proposées conjointement par le SBI et le SBSTA via un groupe d’évaluation (Evaluation Panel) dans son rapport publié le 1er juin 2023 :

Les débats sont restés bloqués à Bonn faute de consensus parmi les pays en développement sur l’option à retenir.

Les Parties ont donc décidé de poursuivre l’examen de cette question à la 59e session des SB (SB-59, 30 nov. – 12 déc. 2023), en tenant compte du projet de texte établi par les co-facilitateurs lors de la session SB-58. En d’autres termes, elles ont reporté la prise de décision à leur prochaine réunion qui aura lieu parallèlement à la COP-28.

Voir les conclusions conjointes SBI/SBSTA.

 

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST)

La CMA a transmis le sujet au SBI et au SBSTA qui ont établi un groupe de contact. Celui-ci s’est réuni dans la soirée. Selon Carbon Brief, le projet de texte de négociation, en cours d’élaboration et non encore rendu public, comporte, parmi les options, une référence aux combustibles fossiles. Ainsi, on peut notamment lire au paragraphe 20 « réduction/élimination progressive des combustibles fossiles, réduction/élimination progressive des installations de production d’électricité à base de charbon, aucune nouvelle installation de production d’électricité à base de charbon… » :  

Source : tweet de Carbon Brief, 1er déc. 2023

 

Mise en oeuvre et respect des dispositions de l’Accord de Paris

La CMA a pris note du rapport annuel (FCCC/PA/CMA/2023/4) du Comité institué pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect des dispositions de l’Accord de Paris (Paris Agreement Implementation and Compliance Committee ou PAICC, cf. article 15).

 

Autres temps forts de la première journée

Participants à la Conférence

Le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 30 novembre la liste provisoire des participants à la Conférence de Dubaï sur le climat : au total 97 372 participants, dont 51 695 délégués nationaux, 25 360 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs (y compris 14 338 représentants d’ONG, 4 885 « invités du pays hôte » [Emirats arabes unis]), ainsi que 3 972 journalistes. Par ailleurs, un total de 3 074 personnes se sont inscrites pour participer à distance (via visio-conférence), dont 177 délégués nationaux, 2 821 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs et 76 journalistes.

A noter que cette année, à la différence des années précédentes (voir liste des participants à la COP-27, par exemple), le Secrétariat de la CCNUCC n’a pas inclus dans la liste PDF, en complément du nombre total de participants à la COP-28, la liste des participants par pays. Ceux-ci ont été recensés dans un fichier excel, peut-être pour ne pas faciliter la tâche d’analyser la provenance des participants….

Ce total provisoire montre que Dubaï sera de très loin la COP ayant eu le plus grand nombre de participants. Il est plus du double du nombre de participants à la COP-27 (Charm el-Cheikh, nov. 2022) qui, jusque-là, avait accueilli le nombre record de participants à une COP (49 703). Viennent ensuite en 3e place la COP-26 à Glasgow (38 457 participants), puis en 3e place la COP-21 avec 30 372 participants (Paris, 2015) et en 4e place la COP-15 avec 27 301 participants (Copenhague, 2009) (sources : CCNUCC ; Carbon Brief, 1er déc. 2023). A titre de comparaison, la toute première COP, la COP-1 (Berlin, 1995) a réuni 3 969 participants.

 

 

Etat du climat 2023 (OMM)

Ce 30 novembre 2023, l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) a publié son bilan provisoire sur l’état du climat mondial en 2023. Les conclusions sont formelles : en 2023, le climat a battu des records accompagnés de phénomènes météorologiques extrêmes, sources de dévastation et de désespoir. Le rapport met en exergue cinq messages clés :

  • 2023 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée,
  • les concentrations de gaz à effet de serre continuent d’augmenter,
  • les températures de surface de la mer et l’élévation du niveau de la mer battent des records,
  • la banquise antarctique enregistre un minimum record,
  • les conditions météorologiques extrêmes sont meurtrières et dévastatrices.

 

Selon le rapport de l’OMM, les données recueillies jusqu’à la fin du mois d’octobre 2023 montrent que les températures de 2023 ont dépassé d’environ +1,40°C les valeurs de la période de référence préindustrielle (1850-1900). La différence entre les valeurs de l’année 2023 et celles des années 2016 et 2020 – qui étaient précédemment classées comme les années les plus chaudes – est si grande qu’il est très peu probable que les deux derniers mois de 2023 changent la donne. Les neuf dernières années (2015 à 2023) ont été les plus chaudes jamais enregistrées.

L’écart de température en °C par rapport à la période de référence 1850-1900

Source : OMM, 30 nov. 2023.

 

Le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial vise à appuyer les négociations de la COP 28 à Dubaï. La version définitive du rapport et les rapports régionaux connexes seront publiés au cours du premier semestre de 2024.

Voir rapport intégral de l’OMM.

 

En savoir plus

CCNUCC

Site général de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-28  

Programme global de la Conférence (overview schedule) (état au 23 nov. 2023)

Programme détaillé pour la première journée (30 nov.)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme des évènements et ateliers parallèles (side events)

Communiqué de la CCNUCC pour l’ouverture en français et en anglais

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 1ère journée

 

Présidence émiratie

Site officiel de la Présidence émiratie de la COP-28

Programme thématique de la Présidence égyptienne

 

 

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